Et bien moi, perso, je ne considérerais pas que l'objet d'une perception existe parce que 75% des gens le percevraient. Sinon, on aurait prouvé que la Terre est plate étant donné le nombre de gens qui, il y a quelques siècles, la percevait comme plate.DarthBug a écrit :Je pense qu'à partir (au moins) de 75% de la population qui décrit une perception quelconque, on a l'habitude de parler du sujet de la perception comme étant existant.
(e.g. si 75% des gens prétendait avoir vu un OVNI, on parlerait des OVNI comme d'une réalité).
Pour que ce taux soit convainquant, il faudrait que ce soit majoritairement des personnes rationnelles ayant jugés être dans de bonnes conditions d'observation, et qui explicitent leur jugement.
Mais si seulement quelques pourcents de personnes rationnelles jugeant être dans de bonnes conditions d'observation, et explicitant leur jugement, disent avoir perçu tel phénomène, ça se corse.
C'est trop peu pour conclure à l'existence objective, mais il me semble que c'est un peu trop pour classer cela dans la catégorie mensonge, hallucination ou illusion. Il peut y avoir des circonstances atténuantes ou aggravantes, bien entendu. Mais en règle général, j'estime qu'il faudrait être plus circonspect. La rationnalité (celle des autres qui n'ont pas expérimenté le phénomène) devrait se comporter davantage comme un scalpel que comme une hâche.
J'ai une petite histoire qui illustre assez bien cette idée :
"Supposons qu’un meurtre soit commis à l’université. Toutes les apparences sont contre moi. La victime est un de mes collègues qui m’a humilié publiquement ; il a été assasiné avec une arme qui m’appartient et dont je suis incapable d’expliquer pourquoi elle n’est plus en ma possession ; il a tracé de son sang les lettres " Roger m’a tuer " (son orthographe est déplorable) sur le mur où il agonisait ; on ne peut lui supposer aucun autre ennemi que moi ; je ne possède aucun alibi. Pourtant, je ne suis pas le meurtrier. Ce jour là, j’errais seul dans les bois à la recherche du sens commun. L’évidence est contre moi. Mais est-il irrationnel que je crois fermement n’être pas le meurtier ? Ne serait-il pas parfaitement irrationnel que je dise : " Bon, je me rends à la raison. Je suis le meurtrier puisque l’évidence est contre moi ". Ma croyance que je n’ai pas tué mon collègue est une croyance de base. Je n’ai aucune croyance pour fonder ou justifier cette croyance. On pourrait trouver encore d’autres bonnes raisons de ma culpabilité, par exemple quelqu’un m’a entendu la veille proférer des menaces à l’encontre de mon collègue, malgré cela, je continuerais à être parfaitement rationnel en croyant à ma propre innocence."
(Source : http://www.ac-rennes.fr/pedagogie/philo ... tionalisme)
C'est pourquoi je suis tenté de dire que parler d'existence subjective (comme notion intermédiaire entre l'existence objective et l'inexistence pure et simple) n'est pas forcément un non sens. Après tout, qu'est-ce qui pourrait bien s'opposer à ce que des choses existent subjectivement ? Et le paradoxe sorite que j'ai exposé dans les propositions M18 à M22 suggère, il me semble, qu'une telle chose est logiquement possible.
Donc il n'existe pas de critère objectif de l'existence, donc l'existence est un concept vague.DarthBug a écrit :J'estime qu'un tel seuil (grossièrement exagéré à 75% compte tenu des habitudes des gens) existe bel et bien. Il ne me semble pas pour autant quantifiable de manière précise, limitable à tout le moins.
De là, on peut émettre deux hypothèses :
Ou bien notre concept d'existence est vague mais précis, c'est-à-dire que c'est la réalité elle-même qui est vague. Il y a des choses qui sont littéralement réelles, irréelles ou semi-réelles.
Ou bien notre concept d'existence est vague car imprécis, c'est-à-dire que la réalité n'est pas vague (les choses sont soit 100% réelles soit 0% réelles sans cas intermédiaires) mais que c'est notre capacité de discrimination vrai/faux qui est imprécise.
Miky