Re: Déterminisme et libre arbitre
Publié : 24 oct. 2015, 11:26
Le problème du libre-arbitre est moins un problème philosophique qu'une nécessité sociétale. Une société où les choix de chacun seraient absolument déterminés serait une société "Inch Allah" où personne ne serait responsable de rien. Tout acte serait le résultat d'un conditionnement total, social et génétique, impossible à infléchir. La responsabilité de chacun serait réduite à celle de ses parents et de la société. Je ne vois pas comment organiser une telle société où les individus seraient totalement exonérés de responsabilité. Quel engagement pourrait-on leur demander s'ils n'y peuvent rien ?Un test de Turing c'est une expérience par la pensée. Pas besoin de compétence particulière. Ma question est en fait "Si tu ne peux communiquer que par écrit avec une entité, comment feras tu pour déterminer si elle a du libre arbitre ou non?"
Donc toute société ne peut vivre sans qu'elle attribue à chacun de ses membres une part de responsabilité dans les actions et les décisions qu'ils prennent.
Est-ce raisonnable ? Est-ce légitime ?
Il semble que oui. Même si l'on suppose un déterminisme philosophique absolu, l'algorithme de décision total n'apparaît pas connaissable ni par l'individu lui-même ni a fortiori par la société. Il apparaît être aussi grand que l'Univers entier. Aucun individu (à part les « aquabonistes » dépressifs de Serge Gainsbourg) n'admettra qu'il n'ait pas, de temps à autres, à prendre des décisions difficiles et qu'il les prend grâce à un algorithme extrêmement limité, en tout cas sans commune mesure avec celui impliqué par le déterminisme philosophique.
C'est ce libre-arbitre, limité mais réel qui est intéressant puisqu'il détermine notre capacité à vivre en société. Celui des philosophes manque d'intérêt, si ce n'est de celui de pouvoir en discuter, le coude sur la cheminée, dans les dîners en ville.
Quant à la détermination du libre-arbitre d'un robot, dont le champ d'action est considérablement limité et connu, une façon d'aborder le problème serait de tester l'algorithme* de décision de ce robot en le mettant face à un grand nombre de situations toutes légèrement différentes puis au même nombre de situations mais toutes identiques. On saurait grâce à la deuxième série si un processus purement stochastique intervient ( la décision ne serait pas toujours la même). Quant à la première série, si toutes les décisions ne peuvent pas être déduites logiquement du seul algorithme, ce serait une présomption de libre-arbitre, c'est à dire que la décision dépendrait d'un autre facteur non pris en compte et non-aléatoire.
*Les limitations dues à la conception du robot, d'ordre cognitif et sensoriel, ses moyens d'actions limités à ceux dont on les a dotés et son manque flagrant d’irrationalité (pas de sentiments, pas de croyances) réduit beaucoup l'algorithme de décision et le rend virtuellement connaissable.