Ubu a écrit :Les théologiens s'occupent aussi de dénoncer les situations actuelles qui leur paraissent inacceptables
Je ne nie pas qu'il y ait des théologiens (et autres religieux) engagés qui s'occupent réellement en bien des problèmes humains. Par contre, lorsqu'ils se positionnent sur la religion, je ne crois pas qu'il le font sur des bases fondées. En l'absence de la moindre preuve de l'existence de Dieu, baser l'éthique/la morale sur ce qu'on croit être Sa parole (ou Ses intentions) est déplacé.
À mon avis, les théologiens engagés pourraient tout aussi bien laisser tomber Dieu que cela ne changerait pas grand-chose à leurs actions. Cela changerait évidemment la portée de celles-ci au sein de sociétés où la religion tient toujours une place insidieuse, car pour que le message porte il faut qu'il soit adapté, mais cela ne changerait à la manière de concevoir ce qui est juste ou non. De plus, pour que la réflexion morale soit correcte, il faut aussi qu'elle ne soit pas parasitée par des principes absolument non-fondés, comme le libre arbitre (qui n'a que pour but de dédouaner Dieu du "mal" qui est observable) ou le péché originel (piège tendu par Dieu si on en croit le mythe) ou même la rédemption par le Christ (passablement illogique si on y réfléchit*). Tant que ces principes sont pris en considération sans démonstration, toute théologie est spéculative**.
Après tout, si on ne veut pas laisser croire que Dieu aurait changé d'avis plusieurs fois sur plusieurs sujet au court du temps, il faut considérer que les fondamentalistes passéistes et rétrogrades sont plus près de cette parole que les "modernistes".
Et là je ne parle pas seulement ni principalement des sujets de prédilection des fanatiques: l'homosexualité, l'avortement, la fornication, etc.
Vous me corrigerez mais il me semble que Saint-Augustin n'est pas particulièrement tendre envers les homosexuel, les femmes, les païens, etc. La liste de ses "bugs" est très
datée. Faut-il croire qu'il n'avait pas compris le message de Dieu?
En théorie, si la science prouve un jour que le libre arbitre est une illusion, cela serait probablement fatal à toute théologie, et il faudrait tenir le christianisme pour définitivement réfuté
Selon moi, le christianisme qui prétend porter un regard sur la réalité des choses devrait démontrer lui-même ce qui le fonde et non attendre qu'on le réfute. Il ne l'a jamais fait pour des raisons historiques qui l'ont conduit à une position dominante en occident. Cela dit, comme il est basé sur la foi, il ne peut pas vraiment être réfuté.
L'être humain serait réduit à l'état d'animal parmi d'autres, et même d'automate...
Présentation négative des choses ayant pour but de diaboliser l'idée que nous puissions ne pas avoir d'"âme", être plus que de la matière. Sauf que cela ne changera rien: si nous sommes des animaux, nous en sommes. C'est ce que tout indique et souhaiter que ce ne soit pas le cas ne changera rien au fait que notre impression de posséder un esprit est une illusion.
Il n'y a rien de négatif en soi à être une forme d'"automate biologique" donc très complexe. Un guépard n'est pas moins beau ou rapide si on l'imagine comme une mécanique complexe.
Ni chez les philosophes (où la question du libre arbitre a atteint un degré extrême d'abstraction)
La question du nombre d'anges sur une tête d'épingle c'est complexifiée mais elle toujours aussi vaine car détachée de la réalité des choses. L'intérêt premier de la science est justement de faire en sorte que la réalité (la plus) objective (possible) serve de garde-fou et d'arbitre aux idées. C'est pourquoi, si le côté "philosophe" de certains théologiens peut aider à poser la réflexion sur des bases, le côté "religieux" de la théologie n'apportera jamais rien d'objectif... à moins que Dieu lui-même ne vienne nous dire d'arrêter nos céhoenneries, évidemment. Mais tant que l'existence de Dieu sera à deviner dans son absence et son silence manifestes, la réalité demeurera le meilleur arbitre dont nous disposons.
Les théologiens vivent parfois avec des doutes réels. Ils défendent ce qui leur semble vrai pour le moment, mais sans dogmatisme ou servilité
Qu'attendent-ils pour enfin s'assumer pleinement et devenir athées
À moins de supposer que toute une population d'hominines aient été d'un coup «humanisées» par un miracle, mais cela me semble un peu absurde comme hypothèse
D'autant plus qu'il existe des indices génétiques à l'effet que les humains et les australopithèques se sont croisés pendant des millénaires.
Jean-François
* Non seulement c'est fondé sur le piège divin tendu à Ève et Adam mais ça c'est révélé totalement inefficace (même si on peut prétendre qu'une tache aussi illusoire qu'invisible a été nettoyée). À croire que Dieu ne sait pas trop ce qu'il fait.
** Oui, une partie de la théologie concerne l'histoire de la chrétienté et est de ce point de vue plus objective. Mais, pour qu'elle le soit réellement, il faut qu'elle adopte une neutralité qui la rapproche de celle qu'on (ou devraient avoir) les historiens ou des philologues. Cela revient aussi à mettre la question de Dieu de côté.