Pardalis: [...] je sais que c'est possible qu'il y ait fraude dans les domaines scientifiques [...]
Denis: Bien sûr que des complots ont existé, existent et existeront.
Bati: "le doute extrême" mène au négationnisme. le négationnisme est naturellement lié aux idées conspirationniste.
Le sujet est "croissance du truthing". Pourquoi les truthers croissent ?
Il faut voir ça comme un tribunal, où les internautes sont les jurés, et voir les preuves qu'on leur présente.
Vous êtes l'avocat de la défense, et les truthers sont la partie civile.
Le présumé coupable ( gouvernement us ) à déjà menti plusieurs fois ( Irak, golfe du Tonkin, etc. ).
Les sceptiques se basent sur des preuves scientifiques, mais les preuves scientifiques peuvent être falsifiés et les jurés le savent ou croient savoir ( Mediator, Viox, Arme de destruction massives, etc. ).
Les truthers ne font pas confiance aux preuves du NIST parce qu'il est raisonnable de penser qu'il existe un conflit d'intérêt et que les preuves soit potentiellement falsifiées.
Depuis quand est-il raisonnable de présenter aux jurés, des preuves provenant du présumé coupable ?
Faute de preuves indépendantes ( enquête internationale ), il faut douter et chercher.
Ne pas comprendre ça et traiter les truthers et les internautes qui les écoutent, de conspiro/négatio/... c'est facile.
Dans un tribunal, vous perdriez probablement malgré vos "preuves".
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Petites et grandes fraudes scientifiques, Le poids de la compétition
http://conferences-cdf.revues.org/354
"Selon les sources, la proportion des fraudeurs est évaluée entre 1 % et 35 %"
"Au sens étroit, qui correspond à la définition de la fraude scientifique par l’OSTP26, la faute grave recouvre trois réalités : « fabrication, falsification, plagiat » (FFP) – « que ce soit dans un projet de recherche, dans l’exécution, dans la procédure du peer review, ou dans la citation »27. Fabriquer des données, c’est les inventer de toutes pièces. Falsifier des données, c’est les arranger, donc les modifier."
"Quelle est l’ampleur de ces manquements à la déontologie ? Une fraude réussie étant une fraude non détectée, il est illusoire (pour évaluer la fréquence de la fraude) de compter les cas de fraude confirmés officiellement (1 pour cent mille chercheurs aux États-Unis), ou le nombre d’articles retirés de la base PubMed pour faute (retracted papers : 0,02 %). Plus instructif est un audit effectué par la FDA29 aux États-Unis sur des études réalisées entre 1977 et 1990 : entre 10 % et 20 % présentaient de gros défauts, 2 % furent jugées clairement frauduleuses (rétrospectivement)."
"Des enquêtes réalisées auprès des chercheurs (principalement aux États-Unis et en Grande-Bretagne) approchent de plus près la question. On demande aux chercheurs de dire (sous le couvert de l’anonymat) s’il leur est déjà arrivé de frauder, et/ou s’ils ont personnellement connaissance de chercheurs qui ont fraudé. En se limitant aux enquêtes qui mettent en évidence des pratiques nuisibles au progrès des connaissances (ce qui exclut le plagiat), Daniele Fanelli30 a analysé 21 études et réalisé une méta-analyse sur 18 d’entre elles. Les résultats sont de deux sortes. D’une part, près de 2 % des personnes interrogées admettent avoir au moins une fois fabriqué, falsifié ou arrangé leurs données ou leurs résultats, et plus du tiers (34 %) des personnes interrogées avouent d’autres pratiques contestables. D’autre part, interrogées sur les pratiques des collègues, plus de 14 % pointent des falsifications, et 72 % d’autres pratiques contestables."
"Une étude américaine34, financée par l’ORI, publiée dans Nature, portant sur des fraudes mineures, intentionnelles ou non (honest mistakes), aboutit à des résultats décourageants. On demande à des chercheurs s’il leur est arrivé d’intervenir auprès de collègues pour leur signaler qu’ils font quelque chose de contestable et qu’ils devraient corriger leur attitude. Les auteurs de ce travail ont obtenu 2 599 réponses utilisables. Sur les 2 193 personnes qui déclarent avoir constaté une faute, 63 % disent être intervenues (celles qui n’ont rien fait savaient souvent que quelqu’un intervenait). Pour quel résultat ? Dans 28 % des cas, la faute a été corrigée, dans 27 % des cas la faute a été niée."
Cette partie va vous plaire. Les no-life du web ressemble plus que vous le pensez à ceux que vous retrouverez en science
"les jeunes qui arrivent à l’université ont un niveau scientifique faible, et ils ont été éduqués dans une ambiance de triche généralisée (le Web, le téléphone portable). Nous avons là, disent-ils, « une génération de tricheurs »37, qu’ils soient, au demeurant, chercheurs ou banquiers !
"Ensuite, il faut avouer que la politique de promotion de l’intégrité a été combattue par un lobbying tenace venant des scientifiques, qui prétendent que les enseignements d’éthique sont une perte de temps et qu’il suffit d’une bonne formation scientifique pour faire de bons chercheurs. Enfin, la profession cultive le secret. Quand une fraude se produit dans un laboratoire, c’est la honte, et la tendance est à étouffer l’affaire."
"Plus que le plagiat, qui ne nuit qu’à la réputation des chercheurs, la fabrication ou la falsification des données nuit à la science elle-même. L’entreprise scientifique a pour objet de découvrir et analyser ce que le monde où nous vivons est réellement. Tricher sur ce qu’on prétend avoir observé est un manquement à la fidélité due à l’objet qu’on étudie (la Nature). Certes, on peut argumenter qu’un jour ou l’autre l’erreur sera redressée, qu’elle ne résistera pas à l’épreuve des faits : les faits sont « têtus » (stubborn), disait Alfred Whitehead49.
Mais les faits peuvent se laisser longtemps manipuler avant d’imposer leur loi."