Cartesy a écrit :Si l' "agnostisme" est simplement "admettre qu'on ne connait pas les causes de l'origine de l'univers", je vous l'accorde, toute personne sensée est agnostique. Mais, admettez-vous au moins qu'il est improbable que cette cause soit douée d'une forme conscience quelconque?
Je n'ai rien à admettre, ma réponse se suffit à elle même.
A partir du moment où il n'est pas possible de déterminer quelque chose, il n'y a pas de probabilité particulière à mettre dessus. Un agnostique, même si trop de gens (et même certain qui se considèrent agnostique) pense ça, n'est pas quelqu'un qui met 50% de possibilité pour Dieu et 50% pour rien. Il estime simplement qu'il n'est pas possible d'évaluer et reste sur sa réserve, probablement parce qu'au final, il s'en fiche pas mal de savoir.
En fait, la posture agnostique relève moins de la question de l'existence d'un dieu, qu'il ne se pose en réalité pas réellement, que de problèmes de logique.
Un athée dit qu'aucun dieu n'existe parce qu'il n'en a pas de preuve.
Un agnostique estime que la question de dieu n'est pas déterminable, pour un tas de raisons plus ou moins valable selon l'agnostique.
Ma raison est un peu la même que celle qui me rend agnostique de la vie extra-terrestre.
-D'un coté, je n'ai aucune preuve de l'existence d'une cause première (intelligente ou pas, à ce niveau ça n'est pas la question)
-mais de l'autre, j'ai une preuve de l'existence de la causalité (qui réclame une cause à l'effet dans la majorité des cas)
-et entre les deux, je n'ai aucun moyen de savoir, pour le moment, si la causalité est lié à la structure de l'univers et en est donc une composante (ce qui implique que l'univers en tant qu'ensemble n'a pas besoin de cause pour exister, de la même manière qu'un ensemble de math n'a pas besoin que les nombres qui le compose le précède), ni le moyen de savoir si le Big Bang peut être un élément aléatoire comme une désintégration, ni même le moyen d'être sur que l'aléatoire existe réellement.
A partir de là, il me semble que ça n'est pas vraiment possible de trancher faute de donnée ou d'absence de donnée, puisque, l'absence de preuve se définit aussi par un environnement: on constate une absence de preuve dans un environnement qu'on a étudié au moins un peu, mais à ce niveau là, l'environnement n'est même pas étudié faute de remonter la connaissance assez loin.
Comme Dieu (je donne ce nom générique, mais c'est plus l'horloger de Voltaire que Jésus ou Allah) se situe parmi les possibilités derrière la terra incognita du début des temps, je lui concède aussi d'être une probabilité inconnue.
Cela dit, ça c'est une rationalisation que j'ai fait après coup lorsque je me suis demandé pourquoi, au fond, la question de savoir si une divinité existe m'indiffère totalement en temps normale et pourquoi, finalement, je n'y réfléchis que quand quelqu'un d'autre me le demande.
Elle m'indiffère parce que faudrait répondre d'abord à ce qui le précède, à savoir l'origine de tout ce bordel.
Et à mon avis, même si les scientifiques trouvaient, la question continuerait de me laisser indifférent, sachant que, soit elle serait réglé, soit la probabilité d'une divinité créatrice serait la même que la probabilité d'une machine créatrice dans un univers parallèle ou de n'importe quoi créateur et que, dans tous les cas, ça ne vaudra toujours pas la peine de s'inquiéter d'une potentielle cause première qui existerait de toute manière en dehors des lois de l'univers et donc aurait toutes les chances d'être parfaitement incompréhensible faute de référence permettant l'analyse.
Igor a écrit :J'estime aussi que la position philosophique la plus proche de la science est celle des agnostiques.
Non, celle des athées est tout aussi proche. Ca dépend des questions.
Par exemple, la vie extraterrestre me semble relevé d'une position agnostique, vu que:
-on n'a aucune preuve d'une vie ailleurs
-on a la preuve que la vie existe et est capable de se développer à partir de la matière inerte
-on n'a la preuve que la matière inerte existe ailleurs.
-on ne sait pas sous quelle variété de formes peut exister la vie, ni quelles sont les conditions exactes de son apparition.
A partir de là, il me semble qu'on a aussi un e terra incognita sur la question faute de donné, puisqu'on a la preuve que la vie peut exister et aucun moyen de savoir si les même condition existe ailleurs. A ce niveau là, ça serait un peu exagéré de dire qu'on n'a aucune preuve que les conditions terriennes ne sont pas unique, vu l'immensité de l'univers. C'est une posture qu'on peut avoir, mais elle est peut-être un rien extrémiste.
Après, être agnostique de l'existence d'une divinité nommé Allah, elle, n'a pas beaucoup de sens, dans la mesure où le personnage d'Allah est intrinsèquement lié à un ensemble de fait mythologique présenter comme réel et qui sont démontrer comme inexistant. A ce niveau là, rester agnostique n'a pas beaucoup de sens.
Idem pour les autres divinités qui sont liés à une mythologie qu'on sait fausse.
Tout est question de ce qu'on évalue comme vraisemblable. Il est invraisemblable qu'Allah, Dieu ou Yahvé existe après avoir prouver qu'il n'y a jamais eu de paradis terrestre, ni de déluge, ni tout un tas de miracle de prophète, par contre.
Il ne n'est pas forcement de dire qu'il existe peut-être des conditions similaires à celle de la terre ailleurs, ou que l'univers a une cause originelle, entrainant donc une posture agnostique sur les sujets qui découlent de ces question (que la cause soit intelligente ou pas, que les mêmes conditions entrainent la vie ou pas...)
Curieux a écrit :L'agnostique dit : "peut-être que ce Dieu existe, j'attends des preuves irréfutables", en attendant il laisse la porte ouverte.
Je ne sais pas si "laisser la porte ouverte" est le terme qui résume le mieux. Personnellement, je ne dis pas "peut-être que Dieu existe", je dis "s'il doit y avoir un dieu, il se situe là où on n'a pas encore de réponse, répondez d'abord, on verra pour les dieux après."
C'est moins un "peut-être" qu'un "je m'en fiche pour le moment".
Mais c'est peut-être juste ma façon d'être agnostique.