LoutredeMer a écrit :L'acceptation du déterminisme ne doit pas conduire à une acceptation aveugle de tout (déterminant).
Exactement. Nous devons exercer un discernement et faire nos choix personnels. Mais apparemment, dès qu'on fait le rapprochement avec ce-dont-on-doit-taire-le-nom, ça semble poser des problèmes intellectuels majeurs
curieux a écrit :Si Mr Dupont qui est face au problème n'est pas conscient que ce sont ces contraintes qui l'ont forgé tel qu'il est, alors pour celui qui les a déjà analysés, ce Mr Dupont croit qu'il exerce son libre-arbitre. Tu avoueras tout de même qu'agir sans connaitre ce qui nous influence ne risque pas de nous faire évoluer alors qu'en étant conscient de ça on a toutes les chances de ne pas commettre les erreurs de jugement de ce Mr Dupont.
Pour moi, Mr Dupont ne sait même pas que n'importe qui pourrait le mener à l'abattoir, du coup moi je le désignerais plutôt en tant que Mr Mouton
Ce que tu dit marcherait si on était capable de connaitre ce qui nous influence. Or, on en connait une part ridicule. Il faut bien entendu chercher à en savoir plus et en tenir compte. Il n'y a pas de discussion la-dessus. Mais justement, si Mr Dupont était convaincu qu'il n'a pas la capacité de décider librement. S'il était convaincu que sa décision ne serait qu'illusoire. Pourquoi se fatiguerait-il à chercher à discerner les ficelles que d'autres s'ingénient à tisser autour de lui pour le manipuler ?
curieux a écrit :Il me rappelle ma mère, incapable de se débarrasser de ce qu'elle a subie dans sa jeunesse et qui a un jour, comme punition, coupé les longs cheveux de ma petite sœur comme sa mère lui avait coupé pour l'humilier d'avoir fait une bêtise...
En la voyant faire je n'ai rien dit mais j'ai trouvé ça d'une telle stupidité et d'un tel manque d'imagination que je m'en souviens encore.
Encore une qui ne devait pas être aux premiers rangs à la distribution d'intelligence.
Dans cet exemple, il y a ce que tu vois (la répétition du geste de couper les cheveux) et il y a ce que tu sais aussi (la volonté de punir). Je ne sais pas comment il faut classer ton jugement de valeur (pour l'humilier).
On pourrait écrire une thèse sur cette anecdote. Mais je voulais juste dire que je ne crois pas du tout qu'il soit possible d'établir la liste des déterminants de cette affaire. Au moment de son geste, c'est bien elle qui a agit et ça c'est pour moi un préalable non négociable.
Que l'analyse des déterminants de son acte soient utile à une vie meilleure pour elle et ses proches, j'en ai aussi la profonde conviction.
DEF a écrit :Une information intégrée et digérée devient forcément autonome… L'information intégrée est vraiment autonome et agit à notre insu. C'est pour cette raison que le déterminisme rend illusoire le libre arbitre.
Justement non. L'action "réflexe" est un des modes d'action du corps. Une autre de ses capacité.
Dans ton propos, tu es dualiste. Tu fais de la conscience un objet de référence vis-à-vis duquel il pourrait y avoir des informations autonomes.
Je dis qu'on en sait rien. Qu'on est incapable de prouver quoi que ce soit qui concerne le statu de la conscience. Et donc par défaut je considère l'être complet. L'information intégrée est à l'intérieur du corps. Ça me suffit pour dire qu'elle ne fait qu'un avec la conscience. Et ça, je le sais et peut le défendre.
DEF a écrit :Si le libre arbitre signifie faire tout ce que l'on désire, tu ne fais rien d'autre que ce pour quoi tu es déterminé…
Comme je n'ai jamais envisagé que ce soit ça, la suite ne me concerne pas. Tu parle de sentiments, de la perception que l'on a de soi-même. Mon point de vue part de l'extérieur.
neuneutrinos a écrit :le comportement du cerveau tend à montrer l'illusion du libre arbitre…
De mon point de vue non puisque ce-dont-on-doit-taire-le-nom n'est pas un truc qui existe quelque part à l'intérieur du corps mais une capacité du corps complet. L'observation du fonctionnement interne du corps est passionnante et utile. En tirer la conclusions que ce que le corps fait est une illusion est illogique.
Nicolas78 a écrit :Mais ne dit rien de la nature de l'univers.
Tout cela ne nous apprend rien sur la nature ontologique de l'univers.
Car ce détachement est compatible autant avec le LA qu'avec le déterminisme (ou les deux en même temps, d'un point de vue observationnel c'est même obligatoire, mais d'un point de vue ontologie de l'univers, ça ne dit rien...au mieux, ça décrit un comportement, mais l’observation seule ne suffit pas à interpréter ce qu'elle implique sur une question aussi peut palpable que la nature même des choses).
Oui. ce-dont-on-doit-taire-le-nom n'apporte rien sur l'explication de la nature de l'univers. Complètement d'accord.
DEF a écrit :L'idée de loi universelle est alors nécessairement remplacée par celle d'exploration de stabilités et d'instabilités singulières.
J'aime bien cette vision des choses. Mais je remplacerais "est alors nécessairement remplacée", je dirais qu'elle "se traduit alors par". Ca évite de se fritter avec ceux qui, éventuellement a raison, croient à la loi universelle.
Nicolas78 a écrit :La LA c'est pareil, sauf qu'on le fait reposer sur la conscience. Ce qui est un problème puisque on ne peut étudier la conscience sans s'accorder sur sa définition.
Or ce sujet est loin de faire l'unanimité et demeure un sujet controversé dans une science "molle".
Je ne ferais même pas rentrer le LA dans une science, même molle. La notion d'épiphénomène me semble appropriée. C'est une capacité parmi tant d'autres observable dans le comportement d'un organisme vivant particulier et sur lequel des règles sociales se sont construites.
Ça vaut quoi, sur le plan de des sciences mêmes molles ?
La longueur de la discussion vient j'en ai peur de l'idée que reconnaitre que ce-dont-on-doit-taire-le-nom existe reviendrait à contredire le déterminisme.
Cette idée stupide est héritée de vieux débats sans intérêt relancés par des documents de vulgarisation scientifique pour le moins malhabiles.
DEF a écrit :La différence entre le déterminisme humain et celui strictement matérialiste, c'est que l'homme peut modifier le sien avec sa volonté.
Cette formulation me semble inappropriée. Le déterminisme est un principe selon lequel les effet sont produit par des causes. La volonté ne change pas ce principe. C'est également un effet et une cause. Par contre, elle appartient à l'homme.
DEF a écrit :Jean pense avoir exprimé pendant 21 pages son libre arbitre, alors qu'il n'a fait qu'exprimer son déterminisme.
Jean a expliqué depuis bien plus longtemps que sa position est que le libre-arbitre vient du déterminisme et ne trouve donc pas de signification à ta remarque.