Mireille a écrit :Bonjour,
Si on supporte l’idée que l’humain est un animal comme les autres, du même coup sont écartés toute idée religieuse qui place l'homme au centre de la création. J'ai l'impression que plusieurs parmi vous tiennent beaucoup à cette idée.
Si au contraire on se voit comme étant des êtres supérieurs aux animaux, cela signifie que l’on fraient obligatoirement avec des idées religieuses, enfin c'est ce qui ressort de vos réponses.
J'ai l'impression d'assister à un combat de coq : Croyance que l'homme est un animal comme les autres contre croyance que l'homme est un animal supérieur aux autres animaux.
Bonjour Mireille,
Je vous réponds à vous (et uniquement à vous), tant votre intervention est pertinente. Vous fréquentez ces lieux depuis bien plus longtemps que moi, vous devriez en connaitre un peu la couleur, non ?
Ici prédomine une seule et unique théorie au sujet de l'apparition et du développement de la vie : la théorie de Darwin. La théorie de Darwin présente un intérêt formidable : elle obéit à une mécanique finalement simple qui dit que le seul et unique but d'une espèce est d'assurer sa propre préservation. Pour faire très court : l'apparition de la vie est un pur hasard, le progrès n'existe pas. Tout juste concède t-on que si évolution il y a, elle est due simplement à cette sélection naturelle pour la survie de l'espèce. C'est mécanique, c'est matérialiste, et ça tombe vachement bien !
La théorie de Darwin, de par sa mécanique aveugle et impersonnelle, réfute évidemment toute idée de divin ou de "but dans la nature".
Le français Jean-Baptiste de Lamarck, pourtant matérialiste, pourtant père de la biologie, dont la théorie est pourtant proche de celle de Darwin, est totalement négligé par nos biologistes matérialistes modernes. Pourquoi ? Parce que ce qui différencie Darwin de de Lamarck, c'est tout simplement que ce dernier a eu l'outrecuidance de théoriser
la complexification des êtres vivants au cours de l'évolution. En gros, la vie va nécessairement vers plus en plus de complexité.
Mais, me direz-vous, de Lamarck est bien matérialiste ? Oui da, Madame. Alors, quel est le problème ?
Le problème, Mireille, est que si l'on considère une complexification au cours de l'évolution, on pourrait légitimement considérer que l'humain représente le sommet de cette complexification. Et la grande question, cette question qui a rendu dingues une partie de nos amis, se trouverait à nouveau posée : "Pourquoi l'homme ?". (Vous comprenez peut-être maintenant pourquoi je qualifiais la question de terrifiante pour le matérialiste...)
Et vous pouvez comprendre pourquoi lorsque la question du "pourquoi l'homme ?" est posée, certains sceptiques de par ici vous répondrons invariablement et habilement que la science ne s'intéresse qu'au "comment".
C'est comme si, suite à la découverte d'outils ancestraux retrouvés dans les cavernes, je vous disais que suivant le principe ci-dessus énoncé, nos bons scientifiques ne s'étaient préoccupés que du "comment" fonctionne l'objet découvert sans jamais se soucier du "pourquoi" l'objet découvert ?... Invraisemblable, objectivement faux ? Pas pour tout le monde...
Pepejul a cité un nom qui est essentiel pour le matérialiste qui voit le monde comme cette mécanique impitoyable : Stephen Jay Gould.
Qui est Stephen Jay Gould ? Il est le pape des tenants de la théorie darwinienne de l'évolution. (On récusera l’appellation "pape", mais lorsqu'on s'accroche à une théorie à l'exclusion de toutes les autres, il faut bien parler de croyance et religion plutôt que de méthode sceptique).
Stephen Jay Gould nie farouchement - et prétend l'avoir prouvé, le vilain menteur - toute idée qu'il y aurait une tendance générale de la vie vers plus de complexité pour une autre raison que le hasard...
Un seul et unique mot d'ordre pour le dogme gouldien : préservation de l'espèce ! Chez Gould et consorts il n'y pas de supériorité, pas d'avantage, pas d'adaptation. Tout juste monsieur Stephen Jay Gould a t-il arbitrairement décidé que, le progrès consistant à survivre, les organismes les plus résistants montrent une supériorité sur tous les autres. Voilà pourquoi, lorsque j'évoquais la suprématie intellectuelle de l'humain sur toutes les autres espèces, différents intervenants, suivant le bon gourou Gould, m'ont répondu que ce critère est subjectif au regard de la résistance de la bactérie et du tænia (oui, sans rire, le tænia...)
Une fois que vous avez compris cela, Mireille, vous aurez compris toute la rhétorique qui anime une partie des membres les plus virulents de ce forum et ce sur de nombreux sujets. Tout ce qui concerne le vivant (donc l'être humain) n'a d'autre origine et but que la préservation de l'espèce :
- Pourquoi une telle supériorité intellectuelle et une telle palette d'émotions chez l'être humain ? Langage. Pourquoi langage ? Préservation de l'espèce.
- Pourquoi la morale ? Pour éviter de s'entretuer. Pourquoi ? Préservation de l'espèce.
- Pourquoi le sens de la beauté ? Préservation de l'espèce (si, si, cela a été textuellement dit et d'ailleurs non contesté par les autres...)
La température d'ébullition de l'eau est démontrable. Poseriez-vous une question à ce sujet qu'on vous en ferez la démonstration simplement, sans grand débat, sans colère.
Hors la théorie de Darwin reste une théorie que certes les faits ne semblent pas contredire jusqu'aujourd'hui, mais c'est une
théorie. D'où des dizaines de pages de débat sur un sujet que pourtant chacun ici juge péremptoirement simplissime et non discutable !
Voilà pourquoi dès que ce dogme est à peine égratigné, vous obtenez des réactions épidermiques dignes de celles du créationniste à qui on demande de prouver la véracité de ses croyances. Ah, obscurantisme quand tu nous tiens...
(Désole, je file, avis de tempête force 13...)