@ Aggée
...mais ce n’est pas là que se situe votre principale pierre d'achoppement, au fur et à mesure que je vous lis, je réalise que le modèle que vous défendez indirectement, par votre dénigrement incessant des écologistes est en fait un modèle suprématiste et hyper technocratique, vous idolâtrez les experts scientifiques qui seraient les détenteurs d’une vérité absolue , une vérité qu’ils incarneraient , parce qu’ils seraient les seuls capables de proposer une formule rationnelle et optimale ( il faudrait d'abord définir à qui profiterait cette formules, quelles sont ses desseins) mais en plus votre point de vue est relativement faux parce que ce sont des applications scientifiques mal utilisées qui ont conduit aux problèmes climatiques que l'on connait maintenant , ou étaient donc, durant les 50 dernières années que vous citez, ou était donc tous les experts qui auraient pu utiliser au mieux ces applications scientifiques, , ensuite vous prétendez que l’on avance pas dans le débat parce que vous critiquez de manière confuse des solutions politiques réalisables, mais qui sont en fait refusées par une volonté politique adverse extrêmement farouche... .
Je me suis livré à un petit jeu.
J'ai relevé quelques biais flagrants avec le lexique idéologique qui va bien avec.
Je ne vais pas détailler chaque point, il ne faut pas exagérer.
Si tu ne prends pas conscience que ce genre de ritournelle me hérisse le poil, dommage.
Attention! Il y a des idées qui ne sont pas fausses.
Idolâtrer des experts scientifiques... c'est du Mélenchon, du Besancenot ou du Arthaud dans le texte.
Grosse bêtise: un scientifique dispose d'une expertise dans son domaine à un moment T, ce n'est pas immuable. Son point de vue, sourcé, documenté, étayé, est recevable à un moment donné, c'est tout, en attendant d'être réfuté un peu plus tard.
Suprématiste.... tu n'exagères pas un peu, là? Le terme, franchement... Heureusement que nous en sommes sortis, tu aurais été capable d'écrire impérialiste...
Dénigrement incessant: non! Rappel de faits précis et mise au point, ce n'est pas dans une optique de généralisation qui serait abusive et contre-productrice.
Applications scientifiques mal utilisées et dérèglements climatiques: c'est bien flou, tout cela, ça manque de précisions.
Etc, etc...
Il y a des formulations que j'apprécie chez toi, et d'autres qui sont proprement exaspérantes.
Une autre source:
https://www.marianne.net/agora/tribunes ... -du-mepris
Militants et sympathisants écolos, nous avons consacré talents, énergie et passion en faveur d'une cause que nous estimons juste. Notre vie est tendue vers un idéal, une utopie magnifique, une soif inlassable de rendre la Planète enfin respirable. Lors des dernières élections municipales, les victoires écologistes ont fleuri dans les grandes villes de France. Partout apparaissaient de nouveaux visages ! Plus jeunes, plus dynamiques, plus inclusifs, les élus écolos, allaient, sans aucun doute, porter haut et fort un véritable changement de paradigme. Les défis étaient immenses : luttes contre les violences faites aux femmes et pour l'égalité entre les genres, résorption des inégalités sociales, végétalisation, révolution des transports doux, meilleure gestion des ressources naturelles, accès égal à la culture, résilience urbaine, nous étions prêts, tous ensemble, à construire un réseau, français, européen et méditerranéen, de municipalités vertes.
En ce sens l'écologie n’est pas de Gauche ! Elle épuise ce concept, beaucoup trop marqué par la superstition productiviste. Elle n'est pas non plus une notion compatible avec le Libéralisme sans frein. Les idées de limites, de responsabilités et de préservation de l'écosystème ne peuvent, à notre sens, « verdir » les appétits des gouvernements néolibéraux.
Dans le même ordre d'idée, nous désavouons une écologie semi-complotiste, susceptible, à notre désarroi, de flirter avec des tendances anti-scientifiques et irrationnelles. Le renouveau des discours anti-vaccins doit être ainsi dénoncé. Trop de responsables écologistes, par maladresse ou naïveté, ont pu, sur ce point, véhiculer des informations erronées. Non, les vaccins ne sont pas destinés à réduire la population mondiale. Non les scientifiques, chimistes et pharmaciens ne fomentent pas un nouveau « complot des blouses blanches ». Oui L'écologie est compatible avec la Raison. Elle peut embrasser l’innovation, faire confiance aux ingénieurs et aux experts. La réaction de certains d'entre nous, face par exemple à la 5G, est certes compréhensible mais parfois excessive. Progrès et écologie ne sont pas ennemis ! Le principe de précaution ne pouvant servir à enfermer la pensée au sein de cadres passéistes et réactionnaires.
Notre écologie réside précisément dans la rupture. Elle implique une Révolution de civilisation où qualité de vie et solidarité priment sur l'extractivisme et l'individualisme.
Qu'est-ce qu'il te faut de plus?
Un autre point de vue, joliment relaté. C'est un peu long, mais très instructif.
Vous êtes un Américain de la classe moyenne, vous ne pouvez plus rembourser votre crédit immobilier, payer votre loyer, votre retraite sécurité sociale se monte à 500 dollars grand max après une vie de labeur, alors prenez la route , comme vos ancêtres l'ont fait dès que tout va mal.
Vous rejoindrez d'autres ruinés par les frais de santé ou les prêts étudiants, les procédures de divorce aussi. Certains sont revenus de la société de consommation, veulent vivre libres sans attaches, sans factures ou impôts sous le ciel étoilé, en devenant écolos ou décroissants .
Secrétaires, profs, vendeuses, chômeurs de toutes branches, rejoignez cette étrange tribu nomade sans adresse fixe , le cauchemar démographique d'une administration tatillonne qui aime compter des gens qui habitent quelque part. Ils refusent d'être qualifiés de clochards, gitans, hobbos, okies, ou SDF. Ils sont campeurs.
Jessica Bruder fait ici du remarquable journalisme d'investIgation très documenté sur des années et nous livre un croquis humaniste des classes moyennes américaines qui s'appauvrissent et s'adaptent pour survivre. Au delà de la traditionnelle bougeotte des Américains qui sillonnent le continent, il y a depuis la crise de 2008, une population croissante sur roues, des gens dignes qui font contre mauvaise fortune , bon coeur , le fameux positivisme américain.
Elle nous livre des portraits très précis, des récits du parcours de chacun, réalisés sur des années . Ce faisant , nous découvrons la face cachée et le cynisme d'entreprises comme Amazon, Walmart, ou bien celle des parcs de loisirs, des campings dans les parcs nationaux. Petits boulots exténuants mal payés, conditions de travail dantesques pour des personnes souvent âgées de plus de 65 ans .
Des signes de révolte? Pas vraiment, À moins que ce gigantesque terrain de camping que devient l'Amérique ne soit une protestation en soi, une contre culture de refus d'un système qui broie les énergies vitales créatives d'une grande puissance qui se tiers-mondise.
C'est un excellent essai, plein d'humanité, une étude sociologique qui nous fait rencontrer des personnes attachantes et ingénieuses qui réinventent de nouvelles solidarités quand tout fout le camp.
La journaliste et écrivaine américaine Jessica Bruder, qui s'intéresse depuis longtemps au monde du travail et aux «sous-cultures», a longtemps cru que les personnes âgées en camping-car qu'elle croisait étaient des retraités qui profitaient de leur temps libre pour voyager après des décennies de dur labeur, avant de découvrir qu'un grand nombre d'entre eux était sur les routes malgré eux.
Ils ont refait leurs calculs des dizaines, des centaines de fois, souvent tard dans la nuit, en proie aux insomnies. Après la crise financière de 2008, avec le coût élevé du logement et le niveau ridiculement bas des salaires, ils ont dû admettre que l'espoir d'une vie de classe moyenne s'était véritablement envolé. Ils ont dû quitter leur maison pour vivre dans une résidence sur roues après avoir perdu leur logement, toutes leurs économies et l'espoir d'une retraite méritée dans le sillage dévastateur de la crise.
Jessica Bruder a suivi pendant trois ans les traces de ces nouveaux nomades, s'installant finalement elle-même dans un mini-van et s'enrôlant comme eux, en tant que travailleur précaire pour la récolte des betteraves sucrières ou dans les entrepôts d'Amazon, expérience racontée dans ce livre publié en 2017, traduit de l'anglais par Nathalie Peronny pour les éditions Globe (février 2019).
Linda May, une grand-mère de soixante-quatre ans qui a élevée seule ses deux filles, pleine d'empathie et de courage malgré l'accumulation des problèmes, est emblématique de ces seniors (souvent des femmes) isolés sur les routes. Tout au long du livre, du camping de la forêt nationale de San Bernardino (Californie) aux entrepôts d'Amazon, Linda tente de survivre dans sa Jeep Grand Cherokee Laredo, en rêvant d'acquérir un terrain pour y construire sa maison utopique, une géonef, une maison à énergie solaire passive, bâtie à l'aide de matériaux de récupération.
"En 2010, bien avant d'entamer sa vie nomade, Linda May était seule le jour de Thanksgiving dans son mobile home à New River, Arizona. A soixante ans, elle n'avait ni électricité ni eau courante car cela lui coûtait trop cher. Elle ne trouvait pas de travail et ne touchait plus ses indemnités de chômage. La famille de sa fille aînée, chez qui elle avait vécu plusieurs années en enchaînant une série de boulots mal payés, venait d'emménager dans un appartement plus petit. Avec trois chambres à coucher pour six personnes, ils n'avaient plus de place pour l'accueillir. Elle était coincée là, dans son mobile home, privée de lumière et de perspectives."
Linda est l'une d'entre eux et ce qui frappe à la lecture de «Nomadland» est la diversité des niveaux d'étude et des trajectoires de vie de ces faux nomades américains, trajectoires si facilement fragilisées en l'absence d'un filet de protection sociale. Dans la détresse, leurs points communs sont un incroyable courage, leur lutte pour la dignité, pour ne pas être rabaissés au rang de râleurs ou de profiteurs, et leur volonté de refaire société, en créant une communauté d'entraide et d'astuces partagées, en cherchant à transformer leur situation de grande détresse en une vision de liberté, même mince, restes en lambeaux du mirage éventé du rêve américain.
Jessica Bruder souligne qu'il n'existe aucun chiffrage précis du nombre de nomades aux Etats-Unis, bête noire du démographe, mais grâce à son livre précis, juste, poignant, elle donne visages et voix à ces travailleurs itinérants, hobos motorisés sans la dimension romantique du mythe américain, qui sillonnent les états en quête d'un travail saisonnier : récolte des betteraves sucrières dans le Dakota du Nord ou des pommes dans l'état de Washington, gardiennage et entretien de campings dans les parcs nationaux, animation de stands en bord de route, détecteurs de fuite sur les gazoducs ou travailleurs saisonniers dans les entrepôts Amazon, etc.
Un fil rouge de ce livre est le programme tentaculaire de recrutement d'Amazon, CamperForce, pour recruter des travailleurs, la plupart du temps des seniors, pour travailler dans leurs sites logistiques (qui s'appellent, ironiquement, des « centres d'exécution ») pendant la période des fêtes de fin d'année. Les conditions y sont harassantes, rendues supportables uniquement par l'absorption de hautes doses d'antidouleurs.
"« C'est la première fois que j'effectue un travail d'ouvrière. Je le respecte bien plus qu'avant », m'a confié Linda Chesser, une ancienne conseillère académique de la Washington State University. Elle étendait pour qu'ils sèchent des tee-shirts près de la laverie du camping, vers la modeste bibliothèque où des fleurs sauvages poussent dans les trous d'un puzzle inachevé de mille pièces. Âgée de soixante-huit ans, elle remerciait chaque jour l'inventeur de l'ibuprofène : « J'en prends quatre avant de partir au boulot le matin et quatre en rentrant le soir. » Mais pour certains, l'ibuprofène ne suffisait pas. Karren Chamberlen, ancienne conductrice de bus âgée de soixante-huit ans et affublée de deux prothèses de hanche, m'a racontée qu'elle avait dû quitter CamperForce au bout de cinq semaines car ses genoux ne supportaient pas les heures de marche sur un sol en ciment. Lors d'une visite dans un autre campement Amazon (le Big Chief RV Park à Coffeyville), j'ai fait la connaissance de Kenny Harper, qui démissionnera peu de temps après. Plus tard, dans un mail, il m'a expliqué que son « rotateur gauche refusait de faire ce job ». D'autres travailleurs m'ont parlé de « doigt à ressaut », une pathologie du tendon liée notamment à l'usage répété de la scannette."
La précarité contamine tout dans la vie de ces nomades, embauchés comme travailleurs saisonniers ou journaliers, qui effectuent souvent des semaines de 40 heures ou bien davantage, pour des salaires horaires réels parfois aussi bas que 5$ et qui, entre deux contrats, cherchent refuge sur les derniers lieux gratuits de l'Amérique, les parkings.
Comme Christian Garcin l'avait fait sous forme romanesque pour une poignée d'humains rejetés par les courants contraires aux marges de la société dans «Les oiseaux morts de l'Amérique» (Actes Sud, 2018), comme Florence Aubenas dans son enquête «Le quai de Ouistreham» (L'Olivier, 2010), Jessica Bruder rend visible une classe d'oubliés que beaucoup de villes américaines voudraient rendre invisibles, et démonte sans démonstration, grâce à ce journalisme d'immersion sensible et plein de tact, les mécanismes de la chute et de l'exploitation de ces individus fragiles pour lesquels le nomadisme apparaît comme le dernier recours.
"Les Apperley n'étaient pas les seuls membres de CamperForce à avoir vécu la saisie de leur bien immobilier. J'ai parlé avec des dizaines de travailleurs-campeurs au Nevada, au Kansas et dans le Kentucky. Tous avaient eu de gros problèmes d'argent. J'avais parfois l'impression de me rendre dans des camps de réfugiés de la récession, des lieux de la dernière chance où échouaient les citoyens américains ostracisés du marché traditionnel du travail par la fameuse « reprise sans emploi ». A d'autres moments, j'avais l'impression de m'adresser à des prisonniers, au point que j'étais presque tentée de couper court aux amabilités d'usage pour leur demander carrément : « Et vous, vous êtes tombés pour quoi ? »"
https://www.babelio.com/livres/Bruder-Nomadland/1077030
Un film vient de sortir:
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_ ... 71687.html
Tu crois toujours que j'ai envie de le défendre, ce modèle de capitalisme productiviste?
Tu comprends où je veux en venir?
Pour en apprendre plus:
L'hebdomadaire Marianne va sortir un hors-série consacré à l'écologie (courant avril).
Quant au mensuel Pour la science, ce sera "Les défis de l'alimentation: santé, environnement, démographie".