Mireille a écrit :...je conserve le même discours, je considère qu’il faut respecter, mais informer les communautés concernées du fait que si elles travaillent dans un état laïques que pour bien représenter ce pays qu’ils ou elles s’astreignent à un minimum de représentation religieuse et qu’en aucun temps ici au Canada cela pourrait nuire à ou porter atteinte à leur identité et culture. C’est une question d’apprentissage, à mon avis.
Greem a écrit :Le débat porte sur les libertés individuelles...
Malheureusement, on ne peut pas faire d'omelette sans casser des oeufs! Et comme le dit Wooden ALi, on ne vit pas dans un monde de Bisounours!
Si je demande à un invité d'enlever ses chaussures lorsque je l'accueille dans ma demeure, le fait que ce soit moi qui l'accueille, le fait que je sois propriétaire (ou locataire) de l'endroit où je l'accueille, le fait que ce soit lui l'invité et le fait qu'il a le choix de se plier à mes règles ou de refuser l'invitation (et de conserver ses chaussures ailleurs que chez moi) définit le contexte (le référentiel). Et c'est ce contexte qui détermine à qui revient la responsabilité (la charge) de faire preuve de respect.
Une des erreurs que plusieurs font dans ce genre de situations, c'est de corrompre la notion de respect et d'inverser à qui en revient la charge. Sous prétexte de respecter les droits et libertés individuels de l'invité, nous devrions respecter (peu importe ses motivations : culturelles, de gouts, de confort perso, etc), son « droit » de conserver ses chaussures dans notre demeure?
Parce que cela ne fait pas de « mal » à personne?
Il faut saisir qu'il est impossible de « respecter » les deux partis simultanément. Forcement, il y en a un qui se sentira brimé au niveau de ses « libertés individuelles ». Par conséquent, concevoir le respect comme quelque chose qui doit être appliqué de manière égale en toute situation est un non-sens.

C'est la situation qui détermine qui doit faire preuve de respect par rapport l'autre. Et lorsqu'une personne invoque ses droits et libertés individuelles afin de justifier de ne pas respecter ce qu'exige une situation (ou ce que désire ou a décidé son hôte, peu importe ses raisons et motivations), elle inverse en fait à qui revient la charge du respect.
De plus, compter uniquement sur la discussion, la bonne foi et la sensibilisation est une grossière erreur qui démontre la méconnaissance du genre humain et de la nature humaine. Que ce soit lors de l'éducation des enfants ou concernant la vie en société, l'Humain à besoin d'encadrement : d'exemples et d'explications (bien sûr), mais aussi de balises, de règles, de lois, de contraintes, de conséquences et de punitions.
Il y a plusieurs années, au Québec, nous avons déconfessionnalisé nos institutions publiques et gouvernementales, et, à cette époque (
même si la laïcité de l'état ne signifie pas la laïcité des individus), tous nos religieux se sont départis de leur accoutrement au travail (nous avons par contre toujours toléré les petits bijoux comme les chaines, bracelets ou bagues). Malheureusement (à ce que je crois comprendre depuis quelques jours), aucun texte de loi, noir sur blanc, n'a jamais été écrit pour délimiter clairement ce qui devait en être et créer des balises permettant de trancher facilement (et non arbitrairement, au cas par cas) tous genres de situations susceptibles de se produire. Le port du voile n'est qu'un aspect du problème et un élément parmi plusieurs autres. Nous pouvons naturellement débattre de cet élément précis, mais, au final, nous devrons choisir ce qu'on veut et créer des balises et des lois, car, sans elles (et la nature humaine étant ce qu'elle est) et le fait qu'on accueille toujours de plus en plus d'immigrants, le manque de règles claires et applicables pour tous permettra à quiconque d'invoquer les droits et libertés individuelles pour toute sorte de raisons.
Greem a écrit :J'avais dans l'idée qu'on était tous égaux en droit et qu'on en avait un peu rien à faire de savoir qui est quoi (bis)
C'est ça le problème! Tout le monde interprète ceci comme ça lui plait et surtout pour justifier tout et rien. C'est vrai, à la base, ou fondamentalement (et légalement), nous sommes égaux en droit, mais pas du tout en pratique. Dépendamment de notre fonction, de notre position, des circonstances et des situations, de notre passé et de nos actions, nous somme toujours en position de devoir respecter des règles ou d'avoir à les faire respecter. Nous sommes à tout moment contraint de respecter des lois et des règles!
Pour moi, le voile n'est qu'un élément parmi d'autres, mais, à la base, je persiste à penser qu'il est complètement insensé d'avoir un État et des institutions laïques tout en permettant à leurs employés et représentants de pouvoir exprimer leur foi et de faire étalage d'objets correspondant pendant leurs fonctions et sur les lieux de leurs fonctions (et ce, même s'ils sont compétents). C'est une question d'image et de représentations.
Imaginez un instant, sous prétexte de respecter les droits et libertés individuelles, sous prétexte qu'elle est compétente et que ses croyances n'interfèrent pas avec ses tâches et ses décisions, si les SdQ embauchaient (supposons, créons le besoin) une secrétaire qui porte l'étoile (étoile de David + swastika) des Raéliens!
Vous pouvez rire de cet exemple grotesque, mais si nous ne faisons rien et conservons le statu quo, c'est exactement ce qui pourrait arriver! Si un jour les SdQ ont besoin d'engager quelqu'un pour faire des tâches qui ne concerne pas la rédaction d'articles ou le fait de faire du militantisme actif, une employée pourrait très bien (après avoir été engagé sans mentionner ses croyances) décider d'exprimer sa foi au travail et, selon la Commision des droits de la personne (et le statu quo), l'employeur devra la conserver même si elle affiche des signes qui vont à l'encontre de ce que représente l'entreprise et ne pourra même pas lui exiger de les retirer. C'est juste complètement absurde!
À ce compte-là, alors pourquoi ne pas autoriser les policiers à porter des
t-shirts de groupes de
gangsta rap ou avec des feuilles de cannabis comme logos? ...pendant qu'ils procèdent à l'arrestation d'un
dealer de drogue?

...de toute façon, chandail avec feuilles de cannabis ou uniforme, cela n'empêche pas le policier de consommer en privé et en cachette (ou juste d'être en accord avec la légalisation du produit), chez lui, non? Ça ne changera pas l'individu de toute façon, alors, pourquoi pas?
Permettre d'être représentant d'une institution laïque tout en permettant l'expression de la religion en la représentant, c'est un non-sens, c'est absurde! Soyons sérieux!