Richard a écrit :je ne me moque pas
Je sais, et vous vous moquez ouvertement assez rarement, cependant j'ai peur qu'en continuant la conversation, vous retombiez dans les travers que je décris au dessus, à savoir le trolling malveillant par goût de la polémique et jeu de manipulation de l'auditoire.
Pour cette fois, je vais vous faire confiance, vu que vous êtes plus amené à faire ça face à des gens qui sont plus radicaux que moi, mais je vous préviens que le moindre prémisse d'orientation dans cette direction m'amènera à cesser de vous parler purement et simplement et à considérer que vous n'avez rien dit.
Je dis ça sans animosité, mais je n'aime pas m'escrimer en pure perte contre quelqu'un qui, en plus, n'objecte pas par conviction personnelle. Autant j'admets de le faire sur un conspiro ou un créationniste, parce que même si j'ai peu de chance de faire flancher sa croyance, je peux toujours amener un lecteur à ne pas le croire sur parole, et puis il peut toujours se rappeler de ce que j'ai objecté plus tard, autant le faire avec vous est sans intérêt quand vous ne discuter pas sérieusement.
cependant je me demande si la psychologie de groupe ne s'applique pas à tout groupe constitué qu'il soit homogène ou non.
Non, car le terme groupe est vaste en fait, il désigne aussi bien un ensemble déterminé par le locuteur, qu'il juge lui même pertinent dans le contexte, par la mise en avant d'un dénominateur commun. Mais ce dénominateur commun peut, par exemple, simplement être la couleur d'un vêtement. Appliqueriez vous une psychologie de groupe à un groupe constitué de personne prise au hasard et portant des pulls verts ? Pourtant il s'agit d'un groupe.
La psychologie de groupe ne s'applique qu'à des groupes sociaux constitués et homogène sur le plan de la culture commune (idéologie ou pratique commune) et donc des groupes qui sont pertinent dans le cadre des études sociologiques ou psychologique.
Dans le cas des sceptiques et plus encore dans le cas des sceptiques du forum des sceptiques (qui n'est pas le même groupe, et n'est pas définit de la même façon) le dénominateur commun n'est pas une culture commune (ne serait-ce que, pour les sceptiques du forum, parce qu'ils ne viennent même pas du même pays), mais une façon commune d'appréhender les choses.
On peut éventuellement mettre ça comme homogénéité de pratique, mais la seule pratique, sans au moins une idéologie commune ne suffit pas à faire un groupe où la psychologie de groupe s'applique, ou du moins, où elle permet d'établir des pratique aussi forte que celle du conformisme ou du bouc émissaire.
En parlant de ces deux pratiques, vous négligez la forte hétérogénéité d'idéologie qui existe au sein du forum ainsi que la différence culturelle, générationnelle (l'âge des participant allant de la vingtaine à plus de la soixantaine), et professionnelle (il existe ici des étudiants, des techniciens, des chercheurs, mais aussi toutes sortes de métiers pas forcement directement lié à la science)
De même, vous négligez aussi un facteur pourtant essentiel qui est le facteur internet.
L'internet, par définition, exacerbe l'égo des participants et leur permet une libération de certaines conventions sociales qui amène souvent violence et mépris dans les cas de désaccord. Mais cette exacerbation de l'égo va à l'encontre de la psychologie de groupe.
En fait, et surtout sur un forum de débat avec autant d'opinion différente et de sujet différent, on ne fonctionne pas dans une logique de groupe mais plutôt dans une logique Allié/ennemi qui est individuel.
Là où vous voyez un conformisme et un principe de bouc émissaire qui sont des logique de groupe, moi je vois des logiques individuels d'exacerbation de l'égo et de prise en compte des alliées et des ennemis.
Dans le cas d'un conspiro, par exemple, le fait est qu'un certain nombre de "sceptiques" face à quelqu'un qui est résolument à l'opposé de leur façon de penser, prend en compte le fait qu'il est dans un forum où il a majoritairement plus d'allié que d'ennemie et donc, de façon individuel, se permet d'être plus virulent qu'il ne le serait sans ça (ce qui ne veut pas dire que virulence=insulte).
S'ensuit un effet d'emportement du mécanisme, puisque le conspiro, emporté par son égo exacerbé par l'anonymat et la protection d'internet, et se sentant, à l'inverse, menacé par son manque d'allié, va, par réaction, se lancer dans une virulence plus grande encore pour compenser le fait qu'il est en terrain qu'il juge peuplé d'ennemi.
Si la discussion ne se faisait qu'entre deux participants, on n'aurait pas forcement ce type de réaction, mais le fait est que le conspiro sait que d'autre sceptique peuvent intervenir et il se sent immédiatement menacé.
Ce n'est pas un principe du groupe contre le bouc émissaire, c'est une addition de processus individuel conforté par la logique Allié/Ennemi.
Il n'y a pas le caractère exutoire du bouc émissaire dans cette logique, simplement un emballement permis à la fois par internet et par la forme du débat qu'internet impose: débat anonyme où tout le monde est, à l'origine, égal, puisqu'on ne se vois pas. La recherche de soutien de sa position (pas les idées, mais l'impression de domination, la place que l'on pense occupé face à son interlocuteur) est donc une solution pour s'imposer tout comme la violence et la provocation.
C'est d'ailleurs cette logique propre à internet qui provoque le trolling (que l'on ne trouve aussi quasiment que sur internet). Cette addition de processus individuel lié à l'égo et à l'égalité imposé par l'anonymat amène les réactions parfois extrême qu'on voit, faute de convention sociale de groupe justement.