LES MÉTHODES DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES
Peut-on être vraiment scientifique en sciences humaines?
La rigueur scientifique est un idéal qui est très difficile à atteindre. Cela est vrai en sciences
de la nature, mais cela est encore plus vrai en sciences humaines. Il y a différentes raisons à
cela. D’abord, il y a des limites éthiques à ce qui peut être entrepris comme recherches avec
des êtres humains. On ne peut nuire d’aucune manière à des êtres humains, ni les tromper.
Ensuite, on doit considérer le fait que l’être humain est certainement l’objet le plus
complexe de la nature, et donc celui dont l’étude est la plus difficile. Troisièmement, il faut
considérer le fait que les êtres humains ne sont pas transparents: on ne peut pas étudier
leurs pensées intimes, par exemple. De plus, ils attribuent des significations à leurs actes,
différentes de celles que les scientifiques pourraient proposer. Quatrièmement, les
chercheurs eux-mêmes sont humains et donc ont des intérêts et des partis pris liés à leur
objet d’étude; il leur est très difficile de garder la neutralité et l’objectivité nécessaires en
bien des circonstances. Finalement, on ne doit pas oublier que les sciences humaines sont
relativement jeunes par rapport aux sciences de la nature.
Toutes ces raisons font que les sciences humaines sont des disciplines complexes et que les
recherches qu’on y mène sont très exigeantes. Il est donc essentiel pour un chercheur ou
une chercheuse en sciences humaines d’avoir une connaissance approfondie des règles de
la méthode scientifique, et de chercher à les appliquer avec le plus de rigueur possible.
Comment peut-on éviter certains biais?
Le principe du
simple aveugle vise à prémunir les chercheurs contre certains biais au cours
d’une recherche. Ce principe ordonne que les sujets de l’expérience ne sachent pas s’ils sont
soumis à un traitement ou non: par exemple, s’ils reçoivent un médicament donné ou s’il
s’agit d’un placebo. En outre, il est préférable que les sujets ne sachent pas exactement ce
que les chercheurs veulent déterminer, qu’ils ne connaissent pas précisément leurs
hypothèses de travail ou leurs attentes, car ils pourraient être tentés d’y répondre par des
comportements artificiels.
Le principe du double aveugle suppose que ni les sujets ni l’expérimentateur (la personne
chargée d’appliquer une procédure ou d’analyser un résultat) ne savent qui a reçu un
traitement et qui a reçu un placebo, par exemple: c’est là la forme classique du principe.
Plus généralement, le principe du double aveugle s’applique chaque fois que les attentes
des sujets ou du chercheur peuvent influencer les résultats. Par exemple, si la recherche
suppose la correction d’un test, les sujets ne doivent pas savoir quels sont les résultats
attendus, ni même l’objet exact du test; et le correcteur du test ne doit connaître ni les
hypothèses de recherche, ni l’identité des sujets, ni la provenance des tests à corriger: son
jugement ne peut alors être biaisé par ses attentes. Il arrive fréquemment qu’une
expérience menée sans précaution ne donne pas les mêmes résultats que lorsqu’on
applique le principe du double aveugle, car, dans ce dernier cas, on neutralise toute
possibilité de la part du chercheur de biaiser les résultats.