eatsalad a écrit :Oui ça l'est certainement devenu! Comment discréditer quelqu"un sans trop se fatiguer : le faire passer pour un raciste !
En effet!
De plus, comme pour n'importe quel autre sujet, tout n'est pas que blanc ou noir. Il est navrant de constater que dès qu'il est question d'ethnies ou de cultures, on ne puisse même plus exprimer de préférences sans se faire traiter de raciste. Raphaël l'a expérimenté dernièrement en disant qu'il préférait les femmes d'une certaine ethnie par exemple.
Pour rappel, le racisme, c'est croire qu'il y a une race supérieure aux autres qu’il faut préserver de tout croisement et qui est destinée à dominer les autres. Et la xénophobie, c'est manifester de l'hostilité et de la fermeture envers tout ce qui est étranger. Un véritable xénophobe ne doit même pas avoir vraiment le loisir de « choisir » les étrangers qui lui font peur. Il est tout à fait possible de préférer certaines cultures à d'autres sans être raciste ou xénophobe pour autant. Tout comme il est tout à fait possible de considérer certaines religions comme étant plus nuisible ou dangereuse que d'autres sans pour autant ne pas respecter le droit à chacun de croire en ce qu'il veut. Ce qui importe, en pratique, c'est d'avoir le discernement et la capacité d'agir avec un individu en fonction de ce qu'il est et fait et non pas selon le « caractère général » de sa culture ou selon nos a priori.
Il y a longtemps, j'ai travaillé quelques années dans une salle de réception où il y avait souvent des soirées organisées par des gens de culture spécifique. Des traits culturels « généraux », ça existent! J'ai pu observé que, pour certaines cultures, les gens étaient par exemple plus polis, timides ou réservés, d'autres étaient portés à avoir le « sang plus chaud », à être plus « impulsif », d'autres plus «
friendly », joyeux et fêtard, d'autres plutôt fermés et difficiles d'approche, etc. Est-ce normal d'observer ce genre de généralité? Bien sûr! Ces généralités observées sont-elles nécessairement représentative de l'ensemble des gens concernés, parfois, peut-être (de façon générale, on s'entend), mais assurément, parfois pas du tout (biais, facteur circonstanciel, etc.).
En réalité, des vrais racistes (qui croient en une race supérieur faite pour dominer les autres), il y en a très peu (ici du moins). Le vrai problème, concernant certaines personnes, c'est bien plus de faire des généralisations abusives et donc d'avoir des a priori sans avoir la capacité d'en faire abstraction lors des interactions «
one on one » avec les gens. Et cela ne concerne pas que les cultures ou les différentes ethnies, mais aussi les genres, les âges, les classes sociales, les sous-cultures, etc. Je ne pense pas que le présent débat implique beaucoup de vrais racistes ou de réels xénophobes. Au Québec, nous sommes même réputés pour être plutôt accueillants, tolérants et accommodants (de façon générale, naturellement. C'est un trait de caractère propre à notre culture, parait-il). Mais il est vrai, je l'avoue, que le présent débat (au QC) n'aurait pas pris cette ampleur si le voile n'existait pas. Car, au-delà de la stricte question du port des signes religieux au sein de l'État, il y a en effet d'autres facteurs qui ont incidence et, en cela, ceux qui disent que ça concerne essentiellement le port du voile n'ont pas tors.
Mon analyse est la suivante...
Ce qu'il y a de particulier avec ce qui se passe au Québec présentement, c'est que jamais, étant impliqué dans un débat, il n'y a eu une aussi forte convergence entre 3 éléments ayant une aussi forte connotation négative. Ces éléments sont les suivants :
— L'islam : la religion (et donc le Coran)
— L’Islam : l'ensemble des peuples dont l’islam est la religion (Arabes, Maghrébins, Syriens, etc.)
— Le hidjab : Vêtements portés par les musulmanes respectant l’obligation de pudeur et signe de soumission envers l'homme (voile, niqab, burqa, etc.)
Le problème avec l'islam (la religion), c'est que sa « bible »
contient des textes, concernant les rapports entre les genres, entre autres, qui sont sans communes mesures avec la plupart des autres livres sacrés. Bien qu'on puisse relever certains extraits « négatifs » dans d'autres livres sacrés (comme dans l'Ancien Testament, par exemple) le Coran se distingue tout particulièrement comme faisant l'apologie de la domination de l'homme envers la femme, entre autres. Donc, dès le départ, il faut saisir qu'il ne s'agit pas que d'une question de respect de croyances (comme en la vie après la mort, en un Dieu, aux anges ou à l'enfer et au paradis ou au Karma, P. Ex.), mais d'une idéologie qui a une répercussion, une application bien pratique et réelle et qui est diamétralement opposé aux valeurs de notre société.
Le problème avec le hidjab, c'est qu'autant historiquement qu'encore présentement dans plusieurs pays, il est porté en tant qu'application concrète de la domination de l'homme envers la femme et qu'il est porté majoritairement par les peuples islamistes. C'est bien sûr que, dans la vie, tout le monde peut bien avoir une raison personnelle de porter un truc qui n'a rien à voir avec la généralité, sauf que cela ne primera jamais sur le symbole.
Et enfin, le problème avec L’Islam ou la culture islamique, c'est que, peu importe à quel point certains individus respectent la femme, leurs cultures, moeurs et coutumes se confondent, plus que toute autre culture (étant aussi nombreuse), avec leur religion. Le fait est aussi que les fondamentalistes, les intégristes et les extrémistes semblent nettement plus nombreux au sein de L’Islam qu'au sein des autres cultures ou religions et que leurs actions sont beaucoup plus nombreuses et sanguinaires (ou médiatisé?) que n'importe quels autres des grands mouvements religieux.
Je pense que la majorité de la population sait qu'il faut faire attention de ne pas généraliser et que la plupart des gens, en pratique, interagissent avec chaque personne, «
one on one », selon les comportements, attitudes et actions des gens plutôt que selon leurs préjugés ou selon les apparences vestimentaires. Tout comme HarryCauvert le dit, il n'y a pas nécessairement de problèmes avec les échanges de personne à personne entre ceux qui portent des signes religieux au Québec. Mais étant donné que de plus en plus de femmes résidant au QC le portent, la question de ce que représente le hidjab (nonobstant la récupération politique du PQ) et de savoir si l'on veut le tolérer ou non au travail est tout à fait légitime. Surtout vu ce qu'il représente et la raison pour laquelle la majorité des femmes le porte.
Demander aux gens de ne pas s'inquiéter de voir de plus en plus de femmes voilées au QC (peu importe où), portant un symbole associé à l'islam, à la culture islamiste, un symbole représentant l'application concrète de la domination de l'homme envers la femme; c'est une aberration, une utopie! Comme si, humainement, on ne pouvait pas ou ne devait pas tenir compte de ce qu'il représente et de tout ce qui lui est associé.
Avoir peur d'une religion qui fait l'apologie de la domination de l'homme envers la femme, est-ce irrationnel? Est-ce normal?
Ici, au Québec, société dans laquelle on s'efforce de maintenir l'égalité entre les hommes et les femmes, s'inquiéter que des femmes portent des vêtements respectant l’obligation de pudeur et de soumission prescrits par une religion ou une culture misogyne, est-ce irrationnel? Est-ce normal?
Craindre qu'une culture qui se confond plus ou moins avec cette religion se manifeste de plus en plus au Québec, prennent de l'expansion, ou, à tout le moins, servent les intérêts de certains intégristes ou extrémistes, est-ce irrationnel? Est-ce normal?
Il est absurde de prétendre que ce que représente le hidjab n'a pas d'importance et il est très facile de traiter les gens de racistes ou de xénophobes (pour se donner bonne conscience). Dans ce débat, le voile est en effet un élément particulier, mais ce dont les gens ne veulent pas ou ont peur, ça ne concerne aucunement l'origine ethnique, la race ou le fait que se soit des étrangers, ce que les gens ne veulent pas, c'est d'une culture de pensée idéologique qui méprise la femme et qui la considère inférieure à l'homme. Ainsi que des vêtements qui représentent l'application pratique de cette culture de pensée misogyne. Ce que les gens ne veulent pas, c'est d'une culture de pensée qui, même si ce sont des actes non généralisés ici, encourage la violence gratuite envers la femme, sa soumission, son meurtre, l'excisons, etc. Et c'est, malheureusement, parce que le voile représente un peu tout ça ( dans l'imaginaire collectif) que les gens y sont si réfractaires ou le méprisent (et que ce dernier biaise, en effet, le débat). Mais sortez un peu de votre bulle, la majorité des gens ne sont pas des racistes et ne se couche pas le soir en se disant : «
je suis fier de mépriser une culture juste parce qu'elle est étrangère à la mienne » voyons.
De plus, il est intéressant de constater que dans la phrase «
...qui la considère inférieure à l'homme » l'on retrouve le sentiment de supériorité qui définit en fait ce qu'est réellement le racisme. Donc, craindre, avoir peur ou s'opposer à ce qu'on puisse porter des signes qui représente la
supériorité d'un genre sur l'autre, ne peut pas être considéré comme étant du racisme. C'est autres chose!
Alors oui, cet aspect du voile islamique dépasse le cadre du débat du port des signes religieux par les employés de l'État (et le biaise, assurément), mais, ne pas comprendre qu'une certaine partie de la population ait peur, prétendre que cela n'est pas justifié, niez l'incidence de ce que représente le hidjab et l'islam à travers le monde et l'Histoire et traiter simplement les gens de racistes ou de xénophobes, c'est manquer cruellement de discernement, c'est réducteur et c'est penser de façon simpliste. Moi, je suis tout à fait capable de concevoir et de comprendre qu'avec tout ce que représente l'islam, le Coran et le hidjab (entre autres) que les gens aient une plus grande aversion contre cette religion et contre ce symbole que pour certaines autres. Les religions et les idéologies ne sont pas toutes au même pied d'égalité et tout n'est pas que blanc ou noir dans ce débat.
Personnellement, lorsque j'interagis concrètement avec des gens d'autres cultures ou ethnies, j'agis avec eux en fonction de leurs attitudes et comportements, comme je le fais avec quiconque (peu importe mes préjugés). Sauf que cela ne m'empêche pas de penser que les signes religieux n'ont pas leur place dans la fonction publique et cela ne m'empêche pas non plus de considérer que certaines cultures de pensées et religions sont plus néfastes et inquiétantes que d'autres.