Jean-Francois a écrit : 12 août 2025, 22:23Arrêter de penser en termes de gain financier permettrait de penser plus en termes de gains écologiques ou humains. Ce qui retient une entreprise de changer alors qu'elle serait prête à le faire, c'est le gain financier. La concurrence se joue à ce niveau. Si le but était les gains écologiques et humains, la concurrence deviendrait plus une question de coopération.
- Un investissement dégage un gain financier si le prix des biens et services produits est supérieur au prix des biens et services détruits ou consommés lors du processus de production.
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- Un investissement dégage un gain réel (en regard de nos besoins réels) si la valeur réelle des biens et services produits est supérieure à la valeur réelle des biens et services détruits ou consommés lors du processus de production.
La recherche d'un gain financier nous contraint donc à choisir des investissements favorables à notre intérêt réel
si toutefois le prix que nous sommes prêts à payer les biens et services représente correctement
leur valeur réelle en regard de nos
besoins réels.
Rajoutons que :
- d'une part la notion de valeur réelle en regard de nos besoins n'est pas une notion universelle (sa définition passe donc par des négociations très difficiles),
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- d'autre part, nous ne sommes pas prêts (à ce jour) à accepter les changements et contraintes dans nos modes de consommation et de production requis pour protéger notre avenir (des contraintes à mon avis très sous-estimées car une partie d'entre nous croit qu'il suffirait, pour réussir, de les faire supporter à une petite catégorie de coupables).
Du coup, nous avons tendance (pas nécessairement consciemment) à nous réfugier dans le déni, dans le défaitisme ou dans une focalisation sur des causes extérieures sur lesquelles nous n'avons pas de prise ou sur des coupables dont les choix expliqueraient à peu près tout (avec l'objectif inconscient de nous décharger du poids de notre responsabilité dans les dommages que nous déplorons) (1)...
...mais ce choix ne nous offre pas la moindre chance de faire face au défi extraordinairement difficile que nous devons relever.
Nous devons donc parvenir, peu à peu, à rapprocher la valeur que nous accordons aux biens et services de leur valeur réelle en regard de nos besoins réels, tout particulièrement, la préservation de notre avenir (2).
... A noter qu'il y a une difficulté supplémentaire importante. Une partie des nuisances et/ou des bénéfices induits par un produit ou service acheté par un individu ou une entreprise est supporté
individuellement mais une partie de la nuisance ou du bénéfice engendré est (au moins pour certains produits ou services) supporté en partie
collectivement. Même une fois que nous serons prêts à payer individuellement un bien ou un service de façon plus cohérente avec sa valeur réelle en termes de réponse à notre besoin réel, il reste donc un écart de prix à corriger. En effet, il faut apporter la correction (taxe ou subvention) permettant de prendre en compte la nuisance collective non supportée individuellement ou le bénéfice collectif non reçu individuellement par l'acheteur.
Des taxes, quotas et règlements doivent donc corriger les prix des biens et services pour qu'ils aient une représentation la plus correcte possible de leur valeur réelle en regard de nos besoins en tenant compte, aussi, de la partie de leur valeur dont la retombée (favorable ou défavorable) est supportée collectivement. Leur choix est très difficile (on doit tenir compte des contraintes industrielles, technologiques, économiques, sociologiques, écologiques, géopolitiques et militaires...) et passera (si nous réussissons à les mettre en place) par des négociations très difficiles, et ce, à une échelle nécessairement internationale.
(1) Les ultrariches, la CGT, les patrons, les gens qui ne sont rien, les fonctionnaires, le MEDEF, LFI, les immigrés, le RN, les élites, les écolo, les Enarques, l'état profond, les responsables politiques... Chacun choisit la catégorie de coupables répondant le mieux à sa catégorie d'appartenance, sa culture et ses préférences idéologiques, en s'efforçant de se convaincre que c'est là que se trouve l'apha et l'oméga de tous nos problèmes. On aime bien les explications simples répondant à ce que nous avons envie de croire...
...et qu'il n'y a donc pas de solution, un point de vue favorable à un immobilisme "bénéfique" (croient-ils) à ceux qui ne veulent pas se remettre en cause... ...c'est à dire une assez large majorité, toutes catégories confondues.
(2) Nous devons trouver les moyens de réussir ce changement culturel quant à la valeur que nous attribuons à tel ou tel bien ou service acheté ou détruit et la motivation pour réussir ce changement culturel. Comprendre qu'il nous faut atteindre cet objectif est nécessaire. Attention, donc, d'éviter un piège fréquent : considérer qu'il y a équivalence entre intérêt de connaître un objectif à atteindre ET les moyens de l'atteindre avec l'absence d'intérêt de connaître seulement l'objectif à atteindre. Cette erreur conduit à croire que signaler un objectif à atteindre sans pouvoir préciser les moyens de l'atteindre (par exemple quand ils passent par des décisions collectives négociées qu'on ne peut donc pas anticiper) serait sans intérêt nous incitant ainsi à croire que le signaler n'a pas d'intérêt.