Iran a écrit :J'avoue ne pas être trop au courant de leurs moyens, mais c'est un pays tout de même parfaitement développé.
Euh, non.
C'est un pays qui est sous sanction internationale depuis plusieurs années, qui a peu d'alliés stratégique, une économie minée par le corporatisme des pasdaran, qui font office à la fois d'armée dans l'armée, d'Etat dans l'Etat et d'économie dans l'économie...
Evidement, ça reste l'un des pays les plus développé de la région et un pays très développé en général, mais ils restent quand même très en retard en matière d'armement moderne, par rapport à Israël ou aux Etats-Unis ou même à la Chine.
En fait, l'Iran a connu de très importante perte pendant la guerre Iran-Irak qui n'ont jamais pu totalement être comblées. La guerre était déjà technologiquement à l'avantage de l'Irak et les forces armées iraniennes ont pu contre-attaquer parce que plus nombreux.
Par la suite, l'Iran c'est fait peu d'allié susceptible de lui vendre du matériel, et s'il y a eu probablement des fournitures russes, puis chinoise et Nord Coréenne, le pays n'a pas eu la possibilité de s'armer à la hauteur de son ambition régionale.
L'armée Iranienne est puissante, mais c'est surtout une armée de fantassins et de blindés, souvent armés d'un matériel quand même assez ancien, avec une armée de l'air qui n'est pas au niveau et une capacité d'offensive à distance très limitée, bref, une armée capable de défendre les frontières sans trop de problème, mais pas d'atteindre un objectif éloigné.
C'est d'ailleurs bien pour ça que la bombe atomique est intéressante pour ce pays, parce que sans ça, son armée reste incapable de se projeter en dehors de ses frontières immédiates et le pays n'a donc aucun moyen de lutter contre une attaque qui viendrait d'Israël, qui surpasse technologiquement l'armée iranienne.
Au mieux, l'Iran pourrait envoyer quelques missiles balistiques, mais l'aviation Iranienne, elle, ne pourrait pas atteindre le ciel israëlien, donc une contre-attaque à distance face à un assaut Israëlien serait inefficace, l'Etat hébreux ayant de quoi riposter 10 fois plus forts.
L'Iran actuel montre les muscles, de la même façon que la Corée du Nord, pour prendre l'initiative du jeu diplomatique, mais n'aurait pas les moyens de ces ambitions en cas de conflit. S'il pourrait sans aucun doute résister à une offensive terrestre sur son territoire, un raid aérien serait impossible à totalement repousser et la contre-attaque serait très difficile.
Et plus que tout, ils ont un rigolo au pouvoir. Et les rigolo, c'est souvent imprévisible.
Le président actuel de l'Iran n'est pas, et de loin, le centre du pouvoir Iranien, donc sa gesticulation n'aura aucun effet s'il n'a pas l'appui des autres acteurs du jeu politique iranien que sont les gardiens de la Révolution, le guide suprême, les pasadarans et les Bassidji, le clergé.
L'Iran n'est pas une dictature où l'arbitraire du chef domine, c'est au contraire une sorte d'oligarchie qui place à la tête de l'Etat ses membres. Le guide Suprême, même s'il est le chef théorique de tout ça, parce qu'il a une prééminence en terme d'autorité, est très loin d'être un roi absolu et doit composer avec les rouages du pouvoir officiel et les rouages internes de la République islamique.
De la même manière, le président, s'il a un réel pouvoir, doit aussi composer avec d'autres forces.
Il n'y a pas un rigolo au manette, mais un jeu de pouvoir féroce pour obtenir un maximum d'appui des différentes composantes du pouvoir iranien et c'est loin d'être simple (surtout que contrairement à d'autre dictature, le peuple iranien est aussi une composante à se ménager).
Si le président actuel est connu pour ses discours débiles contre Israël, je ne serais pas surpris d'apprendre que c'est un discours d'avantage à destination de son propre peuple et notamment des miliciens pour s'en ménager le soutien afin de peser face au reste de l'appareil d'Etat iranien qui ne lui est pas forcement favorable, qu'un discours réellement vindicatif.
Il suffit qu'il se sente soutenu par exemple par la Russie et hop il organiserait une réplique.
Oui, mais la réplique ne déboucherait sur rien.
Un monde ouvert comme le nôtre aujourd'hui rend presque indispensable l'état de droit et par conséquent donne un petit coup de vieux aux "dictatures" où les libertés fondamentales sont pas au mieux.
L'Etat de droit des entreprises plus que l'Etat de droit en fait. Dans un monde aussi concurrentiel qu'actuellement, les entreprises ont surtout besoin d'un garant légal pour éviter les coups en traitre trop évident des concurrent, garant qui s'avère être les Etat, mais aussi d'une stabilité fiscale et légale, or pour ça, les démocraties sont loin d'être le mieux.
S'il est vrai que la mondialisation donne un coup de vieux aux dictatures à l'ancienne avec un chef guidant la révolution, elle s’accommode très bien des dictatures type chinoise ou Iranienne, où la stabilité du pouvoir est assuré parce que c'est une oligarchie qui détient le pouvoir et pas un seul qui aura du mal à le transmettre et où la stabilité légale est assuré par l'absence de souveraineté réelle du peuple, qui ne peut donc pas changer d'avis du jour au lendemain.
Donc oui, la mondialisation favorise l'Etat de droit, mais pas forcement l'Etat de droit démocratique.
TTiger a écrit :Tu pense quoi de cette nouvelle alliance Bettlejuice?
Saudi Arabia And China Team Up To Build A Gigantic New Oil Refinery - Is This The Beginning Of The End For The Petrodollar?
http://theeconomiccollapseblog.com/arch ... etrodollar
Que vous devriez peut-être vous informer autrement que sur des sites un peu catastrophistes...
Sinon, pas grand chose de plus que ce que j'ai déjà dit:
-on assiste à un affaiblissement progressif de l'influence américaine au moyen-orient et avec lui un affaiblissement du dollar comme référence mondiale. On s'achemine petit à petit vers ce que je disais: une rupture de l'universalité du dollar comme monnaie mondiale et une constitution de grandes zones monétaires avec encore pour un moment une zone dollar qui domine.
La question sera de savoir dans laquelle se situera les producteurs de pétrole.
A mon avis l'enjeu des prochaines décennies sera d'attirer un maximum de producteur de ressource dans une zone monétaire, avec, dans le meilleur des cas, accords entre les zones pour se stabiliser dans le pire, guerre monétaire qui déclenchera probablement divers conflit régionaux instrumentalisés de loin selon que les pays décident de libeller leur produit en telle ou telle monnaie.
Pas de quoi s'étonner. Les révolutions arabes ont fait pas mal reculer l'influence US dans la région et ont fait assez peur à l’Arabie Saoudite, alors que dans le même temps, l'Iran continue de l'inquiéter. Ca n'est pas étonnant qu'elle mène une politique plus autonome et sympathise avec la Chine pour s'ouvrir des marchés en expansion.
D'abord parce que ça lui permet d'avoir d'autres débouchés, ensuite parce que ça lui permet d'éviter que l'Iran deviennent trop important en Chine et donc que la Chine devienne un élément hostile aux actions Saoudienne.
C'est plutôt une bonne chose, ça évite que se constitue des blocs autour de l'enjeu pétrolier. Même si ça ne fera sans doute pas plaisir aux USA, ça participe de la détente sur les enjeux géopolitiques de la région. Et puis les USA diversifient aussi leurs sources de pétroles, donc ça n'est qu'un juste retour des choses.
Brève a écrit :Reste à voir quel impact cela aura sur le yuan qui est une monnaie un peu à part, car arrivera un moment, quand la Chine sera de très loin la première économique du monde, qu'elle revoie sa politique de change
Ca arrivera avant qu'elle soit première puissance mondiale.
Déjà actuellement, la Chine a assouplit certains aspects de sa politique et prépare doucement son économie à internationaliser sa monnaie. Elle est de toute manière obligé. Avec une consommation intérieure qui se développe et des exportations qui augmente à un rythme moins soutenue, elle va faire face à un grave problème d'inflation à terme si elle maintien sa politique monétaire favorable à l'export.
A l'inverse, une monnaie internationale lui permettra d'attirer plus encore de capitaux étranger dont elle aura in fine besoin pour soutenir sa modernisation, vu ses déséquilibres internes.
La Chine est un pays qui vieillit et qui aura besoin au final de pouvoir investir aussi à l'étranger aussi pour se ménager des rentes, ce qu'elle ne peut pas faire avec une monnaie à ce point déprécié et avec une politique de change trop rigide.
Hibou a écrit :Pour l'instant l'Europe est la première puissance économique mondiale avec un pib de 16 mille milliards de $
Non, c'est impropre de parler de l'Europe comme puissance. Ca implique une capacité d'action que sa désunion ne lui permet pas. C'est une puissance en devenir, peut-être une des grandes puissances du XXIème siècle si elle arrive à mieux rationaliser ses processus de fonctionnement pour définir au moins un embryon de politique économique européenne, mais ça n'est pas encore fait.
Si elle continue à ce rythme.
Elle décroit déjà.
S'il n'y a pas un renforcement dans les liens économiques entre Usa et Europe.
Même si ça reste dans le domaine du possible, c'est quand même assez improbable. Les deux zones ont des intérêts et des zones d'influences qui divergent de plus en plus et même si pour la forme, il y a un affichage de l'unité occidentale dans le fond, les désaccords sont de plus en plus fort.
Il y a toujours la possibilité d'un volontarisme politique coté américain pour rétablir une relation plus forte, mais sans ça, je doute que les liens ne se resserre. L'Europe et les USA resteront encore longtemps des partenaires importants les uns des autres, mais plus aussi unie politiquement, militairement et économiquement qu'avant.
A mon avis, sauf cas de guerre contre l'Iran qui pourrait rallier l'OTAN encore un moment, la fin de l'occupation de l'Afghanistan marquera la fin d'une des dernières grandes opérations des Occidentaux sous bannière de l'ONU et de l'OTAN.
Je peux me tromper, mais la volonté affichée de tous les protagonistes de ce conflit de s'en désengager, mais de le faire individuellement (avec un calendrier de replis pour chaque force armées) sonne pour moi comme une sorte de glas de l'occident comme force et le signe d'une sorte de décrépitude du lien atlantique. L'Afghanistan aura peut-être été une sorte de baroud d'honneur de cette unité et il n'en restera peut-être désormais qu'une façade d'union autour de valeur et de structures communes mais un peu vidées de leur substance.
D'une certaine manière on a la même décrépitude de l'ONU, qui devient petit à petit une structure symbolique rongée par les club émergents du XXIème siècle que sont la conférence des BRIC, le conseil européen, le G20...