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Denis
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On peut jouer "un peu" du violon

#76

Message par Denis » 15 déc. 2011, 19:37


Salut HMS_Jean-Alain.

Tu demandes :
Le pressentiment de la mort (animal) est-il comparable à sa certitude/étude (humain). Peut-il y avoir une étape intermédiaire ? Je n’affirme pas. J’essaie de le raisonner. Peut-on être un peu conscient de la mort, par exemple ? Si oui, être un peu conscient, est-ce véritablement être conscient ? J’ai un gros gros doute.
Bien sûr qu'il y a des niveaux intermédiaires et qu'on peut être un peu conscient d'un machin.

De la même façon qu'on peut un peu jouer du violon. Pour toi, y a-t-il une discontinuité radicale entre "savoir jouer du violon" et "ne pas savoir jouer du violon" ? Pas pour moi. Il y a des zillions de niveaux intermédiaires entre le bébé du voisin et David Oistrakh.

À propos de la notion de "saut qualitatif", JF vient de t'écrire :
Je veux dire qu'il y a une rupture dans une chaine plus ou moins graduelle (ici, celle des manifestations cognitives). Pour illustrer, vous qu'aimez les images: vous prenez une règle qui commence a 1 et qui finit à 40. S'il vous manque les portions de chiffres entre 22 et 37, disons, le saut se fera entre le 21 et le 38. On ne peut nier qu'il manque actuellement des animaux possédant des degrés cognitifs intermédiaires entre les chimpanzés et l'humain, ça donne l'impression d'une rupture franche (qualitative) mais ce n'est sans doute qu'une impression.
Quand j'ai lu « vous qui aimez les images », je me suis attendu à ce qu'il rappelle explicitement celle-ci, plutôt qu'implicitement. On y voit assez clairement les étapes 22 à 37 dont il parle, et qui ont disparu. Les vois-tu aussi clairement que moi ? Si "non", on tient peut-être là un autre exemple de la continuité dans les degrés de prise de conscience.

D'après toi, le premier qui, après avoir vu mourir plusieurs de ses camarades, a confusément compris que, un jour, ça sera son tour, l'a-t-il tout de suite compris "à fond" ? Ça m'étonnerait. Avant de comprendre clairement un machin, on commence pratiquement toujours par le concevoir confusément.

À JF, tu dis aussi :
votre image de la règle, sur le fond, me semble mal choisie (...). Ce n’est pas un saut horizontal. C’est un saut vertical.
Ce n'est pas un gros problème. Tu n'as qu'à faire pivoter la règle de 90° et la mettre verticale.

Tu lui dis aussi :
un carré est-il comparable par nature à un cube ? Ou bien mon image est-elle totalement inadaptée ?
Pas "totalement", mais beaucoup moins que celle de la règle.

Disons, 20~25 fois moins.

Amicalement,

:) Denis
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Jean-Francois
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#77

Message par Jean-Francois » 15 déc. 2011, 19:40

HMS_Endeavour a écrit :Pourquoi « rabaisser » ?
Parce que "carrosserie" a une connotation péjorative (la carrosserie n'est qu'une portion de la voiture, qui ne sert même pas au mouvement). Vous ne disiez pas "l'animal n'arrive pas à la cheville de l'homme dans l'exercice du langage", vous utilisiez une image.

Sinon, certains animaux arrivent largement à la cheville de l'homme dans l'"exercice du langage"*... mais pas du langage parlé ni conceptuel.

* Même chez les invertébrés: la communication chromatique de certains céphalopodes est très complexe. On retrouve d'autres formes élaborées de langages qui échappent facilement à l'humain, souvent parce qu'il n'est pas équipé sur le plan sensoriel pour comprendre et apprécier.
JF a écrit :En anglais, on voit souvent male/female. C'est vrai qu'en français, on parait souvent plus "prude" de ce côté-là.

Oui, d’ailleurs les anglais roulent à gauche. C’est très dangereux. :ouch:
Les américains ? Des copieurs linguistiques juste un peu plus pragmatiques !
Vous êtes un sacré boute-en-train :mrgreen:
Sur le plan physiologique, anatomique, génétique… oui. Je l’ai intégré. L’homme fait parti du règne animal
Il n'y a donc que sur des plans "conceptuels" que l'homme se démarque des autres animaux. Ces plans sont les plus sujets à interprétations biaisées.
En revanche, votre image de la règle, sur le fond, me semble mal choisie
Pourtant, une règle peut se placer à la verticale ce qui annule votre principale critique (on peut faire du saut en longueur autant qu'en hauteur). Cela dit: aucune importance puisque votre histoire de "hauteur" n'est que métaphorique. S'il est vrai que vous n'êtes pas religieux, vous semblez quand même imprégné de la (mauvaise) notion d'échelle des êtres qui place l'homme au "sommet".
C’est un saut vertical. L’humain prend de la hauteur (de vue sur lui-même et le monde qui l’entoure) et ce, quel que soit la performance de ses fonctions cognitives
Je ne nie pas qu'il y a une importante différence dans les capacités cognitives de l'homme et celles des autres animaux. Simplement je ne vois aucune raison de croire qu'il s'agisse d'une différence qualitative et, en ceci, aucune raison de penser que l'homme n'est pas un animal même sur le plan cognitif. Cela malgré les réalisations culturelles, technologiques, etc. proprement humaines.
Je vais vous faire une confidence. J’ai cru, un certain temps, aux esprits
Rétrospectivement, vous sentez-vous soulagé de ne plus y croire? remarquez, je ne vois pas trop dans ce que vous dites après ce qui vous a fait changer d'idée.
Cela échappe au connu. Mais on peut en déduire l’existence ; de façon discursive, en l’occurrence. [...] Admettre cela, éventuellement, n’empêche en rien de poursuivre les recherches scientifiques rigoureuses en cours, selon les mêmes protocoles etc etc.
Pour moi, quelque chose qui échappe au connu et qui n'influence rien d'autre que des discours est aussi bien qu'inexistant. Si la seule raison de croire a son existence est "discursive" autant s'en foutre complètement quand il s'agit d'expliquer la réalité, car qu'on y croit ou qu'on y croit pas ne change rien cette dernière. C'est à classer avec dieu, les petites fées voleuse de clé, les ET visiteurs, les fantômes, le psi, etc. dans la catégorie "croyances infondées". Un des principaux effets de ce genre de croyances est d'empêcher une réflexion saine et logique sur ce qu'est vraiment la réalité des choses. C'est une forme de préjugé et c'est ce dont les scientifiques essaient (le plus possible) de se débarrasser lorsqu'il s'agit d'évaluer la nature des choses.
De tout ceci, je conclue que le psychisme des animaux est en deux dimensions. Le nôtre en trois (et même en quatre. L’astrologie… non, je vous taquine !)
Vous pouvez fournir le détail des calculs? Si non, c'est qu'elle probablement inadaptéeéquate ;)

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Re: On peut jouer "un peu" du violon

#78

Message par Jean-Francois » 15 déc. 2011, 19:49

Denis a écrit :Quand j'ai lu « vous qui aimez les images », je me suis attendu à ce qu'il rappelle explicitement celle-ci, plutôt qu'implicitement
J'aurais aussi pu faire référence à cette vidéo ;)

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Re: L'instinct dans tous ses états.

#79

Message par davidsonstreet » 15 déc. 2011, 20:00

Denis a écrit :Avant de comprendre clairement un machin, on commence pratiquement toujours par le concevoir confusément.
Vrai. Mais il y a une variable matérielle dans l'équation; la « qualité » de la conscience est liée aux quantités de neurones et aux nombres de connexions neuronales. La simple répétition des événements et le passage du temps ne suffit pas pour tous les cerveaux. Caverne-Bob pourra bien voir 428 de ses amis disparaître, il ne comprendra rien tant qu'il n'aura pas le nombre de neuronnes suffisant. Quel est-il? Personne ne le sait. Chose certaine, en dessous d'un certain seuil, on en conçoit rien.
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#80

Message par Brève de comptoir » 15 déc. 2011, 20:03

homme/femme plutôt que mâle/femelle ? Si nous étions des lapins, on mettrait lapin/ lapine. Il y a deux informations données : l'espèce (qui va de soit) et le genre.

Pour ce qui est du "tridimentionnalisme" du "psychisme" humain face à la base carrosserie psychique des autres animaux, pour moi c'est encore un anthropocentrisme. Ce qui caractérise l'homme ce n'est pas qu'il a un quelque chose en plus, c'est le niveau de complexité de ses réseaux neuronaux, mentaux et sociaux. Il s'avère que cette complexité permet à cet ensemble pensant qu'est le cerveau de prendre de la distance, de se penser entant qu'ensemble définit et donc de s'identifier comme un élément unique, de la même manière que quand il voit une table constitué de milliard de milliard d'atomes, il décide de l'identifier, d'abord mentalement, puis avec un mot qui va conceptualiser l'élément. Si un autre animal (ou une table) ne peut pas prendre cette distance pour conceptualiser sa propre "existence", ce n'est pas une question d'être, puisqu'il existe bien, mais une question de de complexité. L'homme ne diffère en rien de l'animal sauf sur ce point. On est exactement pareil, sauf que nos réseaux neuronaux sont infiniment plus complexes et nous permettent se prodige de conceptualiser notre existence, notre conscience, notre mort, etc.

Cette capacité à se détacher et de prendre conscience de son existence a permis à l'homme de comprendre les fonctionnements sociaux qui l'animait. Et alors, il lui a été permis d'agir sur ces processus instinctifs pour les améliorer, tromper, ruser et finalement complexifier encore tout le système. C'est la naissance du libre arbitre. La capacité de l'homme de se détacher des processus instinctifs prévisibles pour trouver de meilleurs voies. S'il peut prévoir le comportement instinctif parce que son intelligence lui permet, ça lui permet de prévoir le comportement des animaux, mais également de ses congénères, donc, il lui est nécessaire de ruser pour ne plus répondre seul à l'instinct. Tout le reste est une lutte, une concurrence pour sortir vainqueur de ce jeu. Pour reprendre une comparaison, l'homme n'a pas une dimension supplémentaire que les autres animaux, la partie qu'il joue est juste plus complexe. On est passé d'un jeu de dames à un jeu d'échec, mais au final on joue à peu de chose près sur le même terrain et avec le même but : gagner. On n'a cessé d'évoluer parce que si on jouait avec des pions capables d'avancer comme des des tours et des dames face à des animaux qui ne pouvaient avancer à chaque fois que d'une case, la partie se poursuivait non plus avec les autres espèces mais entre les hommes eux-mêmes. Il lui restait donc à inventer le cavalier, cette pièce bizarre capable d'avancer de biais en contradiction avec toute logique. Le cavaliers est imprévisible, c'est la conscience. Restait le fou, cette pièce qui se prend pour une grande dame alors qu'il est incapable d'avancer droit. C'est cette pièce là du moteur qui sera peut-être la pièce qui se transformera un quelque chose d'autre, de plus abouti, on en sait rien. Reste que ce jeu d'échec, n'est rien d'autre qu'un jeu de dames plus évolué. Mais un jeu de dames quand même. On n'a pas abandonné nos vieux pions qui avancent d'une case, parce que, la pièce maitresse, celle qui faut préserver à tout prix, c'est la raison, et celle-ci aussi n'avance que d'une case. Elle décide certes d'aller où elle veut mais elle est totalement tributaire du reste. Perdez votre roi et vous perdez la partie. Et même un pion, avec toute sa simplicité, sa bidimentionnalité, peu venir à bout du roi. Tout le monde joue sur la même table. Animaux et hommes dans la même partie. La pièce capable de jouer au niveau d'une autre dimension n'existe pas, cela reste le rêve du fou.

Sur la question du langage, il faudrait se demander si de la même manière que la complexité de la société provoque des "erreurs", la complexité du langage humain, n'induit pas aussi "ces erreurs". Sinon on ne serait pas ici à déblatérer (rah les blattes !) à force de ne pas se comprendre. Avec les phéromones, il se pourrait qu'on arrive plus facilement à se comprendre^ Quoi qu'on puisse imaginer une fourmis, phérosermoner une autre : "Voyons Tsi ! quel imprécision dans ton précédent message ! fais attention un peu plus aux sécrétions de phéromones que tu sécrètes !"

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HMS_Endeavour
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#81

Message par HMS_Endeavour » 16 déc. 2011, 01:49

Salut Denis et Jean-François,

A tir groupé, réponse groupée.
Et j’espère qu’à défaut d’avoir une queue, mon discours aura au moins une tête.

Oui. Je le confesse. J’aurais peut-être dû dire le châssis, mais sans direction assistée alors (cerveau-volant trop petit).
Et : oui, n’en prenez pas ombrage, j’aime les images tout autant que les mots. C’est si pratique.

A propos de langage, il y a autant de différence entre les langages animaux et le langage humain qu’il y en a entre une flamme de briquet et une étoile interstellaire. Il n’est pas né le jour où les animaux nous pondrons une bonne vieille pièce de Molière.

Jean-François dit : « Pour moi, quelque chose qui échappe au connu et qui n'influence rien d'autre que des discours est aussi bien qu'inexistant. »
Vous sous-estimez le pouvoir des mots et des idées, je le crains. Il existe une assertion qui dit à peu près ceci :
« Tout ce que l’imagination conçoit existe ». A ne pas prendre au pied de la lettre. Les petites fées voleuses de clefs n’existent que dans les écoles maternelles (les coquines !).

Nous sommes façonnés par les mots, construits autour d’eux. Notre mental est inextricablement lié au Verbe. (Jean-Alain, attention à la dérive biblique. Y vont pas te rater). Verbe dans sa plus large acception. La conceptualisation n’est possible qu’à partir de celui-ci. Les images du réel qui s’imposent à notre conscience ou que notre conscience élabore constituent une matière brute, mais nos capacités cognitives ne peuvent émerger puis se déployer que grâce au Verbe. Quel est l’impact, à long terme, d’un discours. Quel est l’impact de la philosophie ? Un petit discours, trois fois rien… qui sait ce qu’il peut en advenir ? Le verbe est une « onde » aux influences incalculables (attention !!!). Pourquoi ne serait-il d’aucun secours aux scientifiques, indirectement ? A l’origine de chaque grande découverte, il y a une intuition (houlà, t'es pas un peu fou ?). Et ce n’est pas Albert qui me contredira. Ben oui… Il est mort.

L’exigence de preuves matérielles est une posture admirable remarquable. Toutefois, elle a son revers. Elle peut constituer une inhibition considérable : l’impossibilité de n’envisager le réel que sous son aspect visible, mesurable et quantifiable. Vous me direz : comment la science peut-elle faire autrement ? Le scepticisme, oui. Est-ce au prix d’une réflexion qui peut paraitre de prime abord « audacieuse » (imprudente et/ou inutile pour vous). En quoi est-ce dérangeant d’envisager (je n’ai pas dit croire mordicus) que l’humain puisse ne pas être qu’un simple animal (par exemple) ?
Vous pouvez me retourner la question. Comme le dit de temps à autre Denis, la symétrique est vraie.

Le plan vertical ou horizontal ! Et hop, ni vu ni connu je t’embro… ! Soyons sérieux, ce n’est pas la question (quoique ! J’ai ri à haute voix, ce qui a eu pour effet de réveiller mon chien. Merci Denis !). Il s’agit d’envisager des plans différents. C'est-à-dire, de façon explicite : règle horizontale, saut vertical ; règle verticale, saut horizontal (si la règle est inclinée à 30°, le saut devrait s’effectuer à un angle de 120°00’00’’, 30° par rapport à un plan horizontal ; si mes calculs sont exacts bien sur ; de bout en bout, bout en train jusqu’au bout).

Avec l’exemple du violon, nous restons sur le plan horizontal, la linéarité.
Je doute fort que l’univers, le monde vivant n’ait pas d’autres capacités d’expansion que celle d’une progression linéaire bien établie avec des trous à combler. Je me sens très désappointé face à une telle conception de la vie. Et il ne me semble pas déraisonnable (pour ne pas dire superstitieux) de penser (croire vous conviendrait-il mieux ?) qu’il ne pourrait en être de même pour son expression biologique, pour l’Humain. Au fait, oui, je place l’Humain bien au dessus (je veux dire : point ultime d’aboutissement de la vie sur Terre) du règne qu’il est communément admis d’appeler (j’ai compris cela au moins) animal. Vanité ? Bêtise ? Ignorance ? Les trois ?

Nonobstant le fait que je ne sois pas physicien, il ne m’a pas échappé qu’il existait des paradoxes étonnants, des comportements « particulaires » qui échappent à toute probabilité, à toute logique. La physique quantique peut-elle espérer progresser si elle ne s’affranchit pas de la notion de « linéarité » ?

Vous me faites penser à ceux qui regardent désespérément une image conçue en 3D et n’y voit que de vagues formes incompréhensibles, tentant, à taton, de comprendre le sens de chaque point d’encre afin d’en percer le mystère. RECHERCHER UNE IMAGE 3D. Pour tenter de vous transmettre de manière intuitive que je tente d’exprimer, faisons un test, voulez-vous ? Sur cette image étrange, que voyez-vous ? Je peux vous certifier que l’image est très nette. Comment allez-vous vous y prendre pour parvenir à une vision globale de l’image ? Jouez le jeu et dites-moi ce que vous voyez. Pour ma part, j’ai un modeste écran cathodique de 17" et je distingue parfaitement ce que c’est. Donnez-vous votre langue au... chien ?

J’en ai autant pour moi. C’est parti :
Lorsque je vous lis, je comprends intellectuellement ce que vous tentez de m’inculquer. Ce faisant, je me dis que je suis vraiment un zozo irréductible, incapable de bon sens rationnel, irrémédiablement ancré sur sa quête d’absolu, comparable à un pauvre bernard l’ermite accroché sur un rocher à la dérive, balloté par le flot de ses idées et de ses intuitions, buvant la tasse souvent mais, ironie du sort, flottant toujours.

Quelle que soit notre prise de position, notre « confrontation » est très intéressante.
Merci pour cette vidéo. Je l’ai visionné avec beaucoup d’émotion. Elle est désormais sur mon PC, attendant impatiemment d’autres spectateurs. Les enfants !...

Cordialement, Jean-Alain

PS : ma croyance aux esprits remonte à l’enfance et n’a pas survécu à l’âge adulte même si je me suis intéressé de près à tout ce qui touche la zozologie ultérieurement. J’ai bien été mordu de temps à autre. Mais mon bon sens reprenait le dessus, invariablement. Quelques lectures y ont aussi contribué. Et ma foi, il me semble que je suis entier.
Fluctuat nec mergitur.

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#82

Message par Denis » 16 déc. 2011, 06:16


Salut HMS_Jean-Alain.

Pour économiser ton temps et le mien, droit aux coeurs du sujet.

Tu dis :
n’en prenez pas ombrage, j’aime les images tout autant que les mots. C’est si pratique.
Moi aussi je les aime, sauf celles qui valent mille maux.
HMS a écrit :A propos de langage, il y a autant de différence entre les langages animaux et le langage humain qu’il y en a entre une flamme de briquet et une étoile interstellaire.
Je pense que tu exagères. J'admets que le langage d'un humain adulte (et éduqué) est beaucoup plus performant que celui des chimpanzés sauvages, mais ça ne m'empêche pas d'attribuer ce contraste au fait qu'il nous manque beaucoup d'échelons intermédiaires. Le langage n'a pas pop-corné. Il a évolué. Pareil pour le vol des oiseaux, qui a évolué (plutôt que pop-corné).

Moi, je suis convaincu que le premier proto-oiseau qui a volé l'a fait de justesse (je suppose qu'on dispose d'une définition précise~discriminante~opérationnelle de "voler"; une définition de type "on/off") et ses parents volaient presqu'aussi bien que lui (et avaient raté la "note de passage" de justesse). Pareil pour le langage. Pareil pour la conscience.
HMS a écrit :Il existe une assertion qui dit à peu près ceci :
« Tout ce que l’imagination conçoit existe ». A ne pas prendre au pied de la lettre.
Ton assertion a trop de contre-exemples (tu en donnes un, parmi des zilliards) pour valoir plus que « Tout ce qu'on dit est vrai ». Le mieux qu'on peut en dire tourne autour de « Mieux vaut lire ça qu'être aveugle ». Je t'épargne le pire qu'on peut en dire.
HMS a écrit :Nous sommes façonnés par les mots, construits autour d’eux. Notre mental est inextricablement lié au Verbe.
Parfaitement d'accord là-dessus. Les mots (et les règles de grammaire) structurent notre danse des idées d'une façon fondamentale. Je pense à peu près la même chose des notations mathématiques. Quand on utilise des notations fécondes, elles "raisonnent" pratiquement à notre place.

Faut quand même se méfier de ce que ça donne quand on laisse paresseusement les mots (et la grammaire) penser à notre place. Bobo les sorties de route.
HMS a écrit :A l’origine de chaque grande découverte, il y a une intuition (houlà, t'es pas un peu fou ?).
Pourquoi ce "houlà" ? On est pleinement d'accord sur ton affirmation. C'est si tu avais dit le contraire que je t'aurais rétorqué "houlà !".

Tu dis :
L’exigence de preuves matérielles est une posture admirable remarquable. Toutefois, elle a son revers. Elle peut constituer une inhibition considérable : l’impossibilité de n’envisager le réel que sous son aspect visible, mesurable et quantifiable.
Tu me rappelles la métaphore par laquelle je distingue l'approche zozo de l'approche zézé. Toi qui aimes les images, elle devrait te plaire.

Imagine qu'un zézé et un zozo sont au bord de la mer. L'horizon lointain (plus précisément, ce qu'il y a au-delà) représente l'inconnu. La rive représente le connu et l'eau représente le "plus ou moins connu". Nos deux amis, souhaitant apprendre ce qu'ils ne savent pas, décident de construire un quai qui les mènera aussi loin qu'ils pourront. Le zézé construit son quai à partir de la rive, en s'appuyant constamment sur du connu grandissant. Le zozo, lui, essaye de construire son quai en partant le l'horizon. Misère!
HMS a écrit :Avec l’exemple du violon, nous restons sur le plan horizontal, la linéarité.
Pas plus qu'avec les exemples du langage et de la pensée. Et pas moins. Dans les trois cas, on est dans un continuum.

Je précise que ne ne nie pas qu'un progrès quantitatif puisse faire émerger une différence qualitative. Par exemple, le tracteur de gauche peut tirer une charge que le petit tracteur ne pourrait pas tirer. Il y a donc une différence qualitative dans ce que ces deux tracteurs peuvent tirer. Ça n'empêche pas qu'il y ait (continûment) plein de tracteurs de tailles intermédiaires et que celui qui peut (de justesse) tirer la charge en question n'est pas beaucoup plus fort que celui qui, toujours de justesse, n'y parvient pas.

Mais j'admets que ma comparaison tracteurs~humanoïdes a une grosse faiblesse : contrairement à une charge donnée (qu'on peut tirer ou non), la pensée et le langage sont flouement continus. Ma comparaison serait plus juste si on remplaçait "tirer une charge donnée" par "tirer des charges non spécifiées".
Jean-Alain a écrit :En quoi est-ce dérangeant d’envisager (je n’ai pas dit croire mordicus) que l’humain puisse ne pas être qu’un simple animal (par exemple) ?
Je veux bien t'accorder que l'homme soit un animal complexe, plutôt que simple.

Tu dis aussi :
Nonobstant le fait que je ne sois pas physicien, il ne m’a pas échappé qu’il existait des paradoxes étonnants, des comportements « particulaires » qui échappent à toute probabilité, à toute logique.
Bien sûr qu'il y a des paradoxes étonnants. En mathématiques, il y en a des zillions. J'ai un faible très fort pour celui de Russell.
HMS a écrit :Sur cette image étrange, que voyez-vous ? Je peux vous certifier que l’image est très nette.
Malheureusement, je n'ai pas réussi à bien voir ce que cache ton stéréogramme. Je vais essayer encore. Je connais bien ce genre d'image (j'ai déjà eu un livre où il y en avait beaucoup, que je voyais sans peine). Il y en a un grand (format poster) dans la chambre de mon fils qui a toujours sa chambre à la maison (il vit en Califourchonnie et, deux fois par année, vient passer deux semaines à la maison). Après 1 minute, j'ai renoncé à y voir popper les dinosaures que j'y ai déjà vus. Mais je sais qu'ils sont toujours là.

Je me demande si ma chatte les verrait mieux que moi.

Tu dis enfin :
Quelle que soit notre prise de position, notre « confrontation » est très intéressante.
Encore un point sur lequel on est d'accord.

Amicalement,

:) Denis

P.S. Désolé d'avoir écrit un peu long (6.8 Ko). La prochaine fois, ça sera "max 1.5 Ko", promis.
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.

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Hallucigenia
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#83

Message par Hallucigenia » 16 déc. 2011, 10:53

Salut HMS_Endeavour,
HMS_Endeavour a écrit :Au fait, oui, je place l’Humain bien au dessus (je veux dire : point ultime d’aboutissement de la vie sur Terre) du règne qu’il est communément admis d’appeler (j’ai compris cela au moins) animal.
Cette position de l'homme au-dessus de toutes les autres espèces du règne animal, c'est ce que défendent les religieux de tout poil.

Les scientifiques eux, affirment le contraire. L'un des piliers de la théorie de l'évolution est justement le refus de cette "échelle des êtres vivants", qui placerait l'homme tout en haut (évidemment...), c'est aussi le refus d'une vision de l'évolution allant forcément vers une complexité croissante (sous-entendu vers l'homme...).

Non, l'homme n'est pas l'aboutissement de la vie sur Terre. Cette vision fantasmée de la vie est encore très courante, mais elle est dépassée. Rien ne la fonde factuellement. Les vulgarisateurs de la théorie de l'évolution ont beaucoup de difficulté à faire comprendre au public à quel point cette conception de l'Homme est une erreur.

HMS_Endeavour a écrit :Vanité ? Bêtise ? Ignorance ? Les trois ?
Toi seul le sait. :a1:

Toujours est-il que si c'est de l'ignorance, ou plus simplement une mauvaise compréhension de la théorie de l'évolution, on pourra prendre le temps de t'expliquer quels raisonnements nous amènent à rejeter ce concept d'homme~aboutissement. Ce sera avec plaisir.

Pour finir sur une remarque plus légère :
HMS_Endeavour a écrit :A propos de langage, il y a autant de différence entre les langages animaux et le langage humain qu’il y en a entre une flamme de briquet et une étoile interstellaire.
Toi qui parlais de paradoxe, tu nous en proposes un beau. C'est quoi, une "étoile interstellaire" ? :a4:

Amicalement,
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Poulpeman
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#84

Message par Poulpeman » 16 déc. 2011, 10:55

Salut HMS,
HMS_Endeavour a écrit : Oui, je m’en suis rendu compte (grâce, notamment, à l’insistance catégorique de Brève de Comptoir). Ma position était beaucoup trop radicale parce que mal informée et beaucoup trop centrée sur l’aspect « psychique » de l’humain.
Content que tu te sois détordu sur ce sujet. C'est justement le but du forum.
Faire une erreur, c'est pas le bout du monde. La vraie erreur, c'est de rester dans l'erreur.
Je connaissais, comme beaucoup de gens l’existence de Konrad Lorenz et Boris Cyrulnik. Tu avais cité aussi « L’animal moral », de Robert Wright. Lectures en perspective pour cet hiver…
Vu les sujets auxquels tu t'intéresses, je te recommande en effet "L'Animal Moral", qui , en plus d'être facile à lire, est une excellent introduction à la psychologie évolutionniste. Probablement l'un des livres les plus instructifs que j'ai lu.

Bon c'est dommage que je n'ai pas trop le temps de trainer sur le forum ces temps-ci. Je me serais bien investit un peu plus dans la discussion mais je n'arrive pas à suivre le fil.

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Re: L'instinct dans tous ses états.

#85

Message par Jean-Francois » 16 déc. 2011, 16:05

HMS_Endeavour a écrit :Et : oui, n’en prenez pas ombrage, j’aime les images tout autant que les mots. C’est si pratique
Pour me paraphraser: c'est pratique d'utiliser des images pour éclaircir sa pensée. Les problèmes surviennent quand on prend l'image pour la chose elle-même.
A propos de langage, il y a autant de différence entre les langages animaux et le langage humain qu’il y en a entre une flamme de briquet et une étoile interstellaire
Vous y connaissez quelque chose en langage animal? Vous savez, on a identifiez un gène qui joue un rôle important dans l'acquisition du langage chez l'homme qui est aussi nécessaire dans l'acquisition du langage articulé chez d'autres primates et même du chant chez les oiseaux. (Et il existe d'autres formes de langages que l'articulé.) Disons que la différence n'est peut-être aussi insurmontable que vous le pensez.

Remarquez, si le summum du langage est pour vous d'écrire une pièce de Molière... non seulement c'est une vision fortement anthropocentrique mais elle est pas mal chauvine :lol:
Jean-François dit : « Pour moi, quelque chose qui échappe au connu et qui n'influence rien d'autre que des discours est aussi bien qu'inexistant. »
Vous sous-estimez le pouvoir des mots et des idées, je le crains
Je ne sous-estime rien, je distingue la réalité des choses des désirs de chacun. Votre maxime est bien mignonne mais elle est totalement inadaptée à la compréhension du réel. Que le langage ou l'imagination soient très importants pour façonner la vision qu'on les gens des choses ne veut pas dire qu'ils sont suffisants pour comprendre la réalité des choses. D'ailleurs, vous en êtes conscient puisque vous vous hâtez de retirer toute valeur à votre maxime juste après l'avoir posée.

Le langage est important, je ne le nie pas. Bien au contraire, c'est un outil fondamental pour l'expression d'une pensée articulée. Mais, il est souvent trompeur lorsqu'il s'agit de décrire les choses réelles. C'est d'ailleurs un excellent outil dans l'arsenal des pseuo-sciences (c.f., "Des pièges du langage tu abuseras"; vous apprécierez la "dérive biblique" :lol: ).
mais nos capacités cognitives ne peuvent émerger puis se déployer que grâce au Verbe
"Que"? Il existe d'autres moyens de communiquer que le verbe (le langage gestuel, par exemple).
A l’origine de chaque grande découverte, il y a une intuition
À l'origine de chaque idée folle aussi, il y aune intuition. Ce qui va réellement distinguer la grande découverte de l'idée folle n'est pas l'intuition mais la vérification empirique de la véracité de cette intuition.
Elle peut constituer une inhibition considérable : l’impossibilité de n’envisager le réel que sous son aspect visible, mesurable et quantifiable
Ce n'est un "revers" que pour ceux qui postulent a priori qu'il existe quelque chose d'"autre" (mais qui ne savent pas vraiment quoi). De plus, vous vous trompez: en science rien n'interdit d'envisager autre chose, mais il faut commencer par bien vérifier ce qui est vérifiable avant de d'envisager l'invérifiable.

Vous tromper en supposant que la science n'est pas audacieuse. Elle l'est bien plus que n'importe quelle spéculation de penseur de salon ou de théologien (et pas mal de philosophes) car elle demande de confronter les idées aux faits. C'est bien plus risqué que de lancer (ciseler, dans le meilleur des cas) des discours que l'on ne prendra jamais la peine de vérifier sérieusement.
En quoi est-ce dérangeant d’envisager (je n’ai pas dit croire mordicus) que l’humain puisse ne pas être qu’un simple animal (par exemple) ?
Ce qui moi, personnellement, me dérange c'est ce côté passablement stérile. Qu'est-ce que ça apporte de dire "l'humain n'est pas un simple animal"? L'humain est un animal particulier, avec de grandes capacités cognitives et intellectuelles, personne ne le nie alors c'est enfoncer une porte ouverte que de le souligner à l'envi.

Maintenant, dire que "l'humain n'est pas un animal" a des conséquences plus importantes et est une affirmation parfaitement fausse quand on tient compte les faits. De plus, c'est un cul-de sac intellectuel si on cherche à comprendre ce qu'est l'humain et ce qui le distingue des autres animaux. Dire que l'humain n'est pas un animal (malgré les nombreuses preuves du contraire) est renoncer à tirer la moindre conclusion de toute comparaison.
Le plan vertical ou horizontal ! Et hop, ni vu ni connu je t’embro… !
Il est intéressant de constater que vous défendiez le côté "pratique" des images mais que vous refusez de comprendre celle-ci. Vous* vous accrochez à la "linéarité" alors que ce n'est pas le point.

Après tout, l'image de la règle était une tentative d'explication: c'est pour vous signaler que l'humain se trouve sur un continuum de possibilités cognitives. (Si vous voulez une représentation plus scientifique de cette idée voir ce graphe.) Le fond du message demeure que même si actuellement il n'existe pas d'animaux proche de l'humain sur le plan de ces propriétés, cela ne veut pas dire que l'humain n'est pas un animal pour autant. Il est futile de détacher l'humain des autres animaux si on veut comprendre ce qui génère de ces propriétés.

* Et non moi, car je n'accorde pas beaucoup d'importance à cette image. Je sais qu'elle n'est pas la chose mais une représentation faussée (car trop sommaire) de celle-ci.
Je doute fort que l’univers, le monde vivant n’ait pas d’autres capacités d’expansion que celle d’une progression linéaire bien établie avec des trous à combler. Je me sens très désappointé face à une telle conception de la vie. Et il ne me semble pas déraisonnable (pour ne pas dire superstitieux) de penser (croire vous conviendrait-il mieux ?) qu’il ne pourrait en être de même pour son expression biologique, pour l’Humain
.

Qu'est-ce qui "ne pourrait en être de même"?
Au fait, oui, je place l’Humain bien au dessus (je veux dire : point ultime d’aboutissement de la vie sur Terre) du règne qu’il est communément admis d’appeler (j’ai compris cela au moins) animal. Vanité ? Bêtise ? Ignorance ? Les trois ?
Préjugé anthropocentrique. C'est parfaitement compréhensible et normal, mais cela repose sûrement sur une mauvaise connaissance du monde vivant. Pas étonnant que la majorité des propriétaires d'animaux domestiques comprennent très mal leur animal?
Quelle que soit notre prise de position, notre « confrontation » est très intéressante.
Tout à fait. Merci à vous.

------------------
Denis a écrit :Le zozo, lui, essaye de construire son quai en partant le l'horizon. Misère!
Belle image :lol:

------------------
Poulpeman a écrit :Non, l'homme n'est pas l'aboutissement de la vie sur Terre
En partie parce que cela suggère insidieusement qu'une certaine volonté à décider d'en arriver à cet état de fait. Même si l'échelle des être n'est pas forcément religieuse (l'image remonte à Aristote qui était peut porté sur les dieux), elle a largement été récupérée par la judéo-islamo-chrétienté.

---------------------
davidsonstreet a écrit :Mais il y a une variable matérielle dans l'équation; la « qualité » de la conscience est liée aux quantités de neurones et aux nombres de connexions neuronales
Pas seulement, il est probable que l'hodologie (la nature des connexions entre différents groupes de neurones) joue un rôle dans les propriétés de la conscience. Si on étudie attentivement les choses, on s'aperçoit que la conscience de soi n'est pas un processus homogène.

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#86

Message par davidsonstreet » 16 déc. 2011, 17:08

Jean-François a écrit :Pas seulement, il est probable que l'hodologie (la nature des connexions entre différents groupes de neurones) joue un rôle dans les propriétés de la conscience.
Oui, je me rappelle avoir lu ça ici:
Jean-François a écrit :Si on étudie attentivement les choses, on s'aperçoit que la conscience de soi n'est pas un processus homogène.
Je n'en doute pas, tout comme je ne doute pas de l'existence d'une échelle de la conscience.

Par contre , je doute (beaucoup) de l'efficacité des images présentées à ce jour par les intervenants du forum pour expliquer un phénomène qui tient encore d'un certain mystère pour la neurologie. Le fait que la conscience n'est pas un processus homogène ne change rien au fait qu'il s'agit d'un phénomène matériel et que les neurones (et leurs connexions) y jouent un rôle majeur dans son apparition.

Encore une fois, je ne doute pas que les animaux (incluant nos ancêtres) ont ou ont eu une conscience, je doute que cette conscience leur permettait de réfléchir à leur propre conscience. Je pense qu'ils n'ont pas, ou n'avaient pas, les capacités physiques de le faire.
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#87

Message par Raphaël » 16 déc. 2011, 18:08

HMS_Endeavour a écrit :La personne vit dans une dimension temporelle, le temps étant (non, je ne suis pas bègue) linéaire.
À ma connaissance il n'existe aucune expérience ou démonstration physique qui pourrait réfuter l'existence d'un temps parallèlle.

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#88

Message par Poulpeman » 16 déc. 2011, 18:37

Salut Davidsonstreet,
davidsonstreet a écrit : Encore une fois, je ne doute pas que les animaux (incluant nos ancêtres) ont ou ont eu une conscience, je doute que cette conscience leur permettait de réfléchir à leur propre conscience. Je pense qu'ils n'ont pas, ou n'avaient pas, les capacités physiques de le faire.
Des expériences sur les singes montrent qu'ils ont des bribes d'une conscience d'eux-mêmes, qu'ils adoptent parfois des comportements étranges face à la mort d'un congénère.
Ceci montre qu'il y a de bonne raisons de penser qu'il y a eu toute une gradation dans l'apparition de la conscience de soi.
Je doute que nos ancêtres aient pu avoir une conscience de leur existence aussi développée que la notre, mais je crois qu'ils avaient quelque chose qui s'en rapproche. En tout cas, je ne crois pas que la conscience de soi soit apparue avec l'homo-sapiens.

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#89

Message par davidsonstreet » 16 déc. 2011, 18:46

Salut Poulpeman,

Tu dis :
Des expériences sur les singes montrent qu'ils ont des bribes d'une conscience d'eux-mêmes, qu'ils adoptent parfois des comportements étranges face à la mort d'un congénère.
Si tu arrives à retrouver ta source, je suis preneur.
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#90

Message par Invité » 16 déc. 2011, 19:00

davidsonstreet a écrit :Si tu arrives à retrouver ta source, je suis preneur.
Salut DS.

Tu peux regarder les travaux de Marc Bekoff.

Un article pertinent.

I.
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#91

Message par davidsonstreet » 16 déc. 2011, 19:42

Salut Invité,

Quel lien fais-tu entre sentiment de deuil et conscience de soi?

Je sais que les animaux peuvent ressentir (et exprimer) des émotions et ressentir de la douleur. J'aurais justement tendance à voir ces manifestations de tristesse comme une forme de douleur plutôt qu'une forme de conscience de soi.

Évidemment, ce ne sont que des opinions.
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#92

Message par Hallucigenia » 16 déc. 2011, 20:08

Poulpeman a écrit :En tout cas, je ne crois pas que la conscience de soi soit apparue avec l'homo-sapiens.
Bien sûr. On a retrouvé de nombreuses sépultures de l'homme de Néandertal, et même d'Homo heidelbergensis avant lui.

Ça témoigne non seulement d'une conscience de soi, de sa propre mort, mais aussi d'une vie spirituelle (voire proto-religieuse).

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#93

Message par Invité » 16 déc. 2011, 20:13

davidsonstreet a écrit :Salut Invité,

Quel lien fais-tu entre sentiment de deuil et conscience de soi?

Je sais que les animaux peuvent ressentir (et exprimer) des émotions et ressentir de la douleur. J'aurais justement tendance à voir ces manifestations de tristesse comme une forme de douleur plutôt qu'une forme de conscience de soi.

Évidemment, ce ne sont que des opinions.
Salut DS.

J'ai donné le lien en référence à ceci:
...comportements étranges face à la mort d'un congénère
Pour la question, à savoir si les animaux perçoivent la mort comme un phénomène "étrange", j'aurais tendance à penser que la réponse c'est oui (chez certains animaux) et certains rituels observés semblent aller dans ce sens.

Par contre, s'ils appréhendent la permanence et le "non-retour" de leur compagnon décédé, je ne crois pas.

Mais tout ça ne me semble pas tellement différent du deuil chez un enfant de très bas âge. Sans saisir la finalité et la permanence de la chose, il perçoit bien l'absence du disparu.

I.
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#94

Message par Poulpeman » 16 déc. 2011, 20:17

davidsonstreet a écrit :Si tu arrives à retrouver ta source, je suis preneur.
Où avais-je la tête ? Je faillis à mon devoir de sceptique de toujours citer ses sources :)

Pour la conscience de soi chez les singes : source
Pour la conscience de la mort : source

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#95

Message par Brève de comptoir » 16 déc. 2011, 20:22

Beaucoup de "proto" je dirais". La conscience, on ne pourra l'appeler ainsi qu'une fois qu'un mec se sera levé et dit "ok bon on va appeler ça la conscience". Avant ça, de centaines de milliers d'années où la conscience se limitait dans le langage à un "moi je". Est-ce que la conscience, ce n'est pas simplement la naissance de la philosophie ? Un peu comme on dit que la naissance de l'histoire, c'est à l'apparition de l'écriture. Problème, on peut toujours imaginer trouver des traces d'écriture pour dater le début de l'histoire. Or forcément la philosophie précède l'écriture.

Parce que dire qu'on ne peut pas définir précisément quand la conscience a germé, ça me va parfaitement. Mais dire qu'elle a germé avec les premières sépultures, là je doute. Ça peut bien sûr. Sauf qu'on aura jamais assez de données pour en juger. Protéger les membres morts de sa troupe des charognards pour ne pas à les voir bouffé, projeter sa propre image là-dedans, et le faire comme on espérerait qu'on le fasse pour soit, est-ce qu'on peut parler de conscience ? Pas sûr. Si ça a permis d'imprégner les vivants de monde d'esprits, de concepts, d'abstrait, et donc que ça a mené à la conscience, ok. Mais est-ce que c'est déjà la conscience ?... A partir de quand le lait devient du fromage ? franchement, je voudrais pas à avoir à le dire. On peut être sûr que ça en est une fois dans le rayon de notre supermarché, comme produit fini. Si on se limitait à ça pour la conscience, ça m'irait très bien. On peut réfléchir sur le menu, les ingrédients, les pré-requis, nécessaire à la conception et au développement de la conscience, mais chercher à définir quand où et dans quelle étagère, ça me parait un peu vain. Indémontrable et facilement critiquable.

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Re: L'instinct dans tous ses états.

#96

Message par Jean-Francois » 16 déc. 2011, 21:16

davidsonstreet a écrit :Le fait que la conscience n'est pas un processus homogène ne change rien au fait qu'il s'agit d'un phénomène matériel et que les neurones (et leurs connexions) y jouent un rôle majeur dans son apparition
On est d'accord sur la base neuronale de la conscience*, ce n'est pas le point que je soulevais. Les neurones jouent certainement un rôle mais l'assemblage des neurones entre eux est important. Il n'est pas suffisant de prendre 400 000 neurones connectés les uns aux autres pour obtenir de la conscience, il faut une organisation de la connectivité.
Encore une fois, je ne doute pas que les animaux (incluant nos ancêtres) ont ou ont eu une conscience, je doute que cette conscience leur permettait de réfléchir à leur propre conscience. Je pense qu'ils n'ont pas, ou n'avaient pas, les capacités physiques de le faire.
À moins de supposer un fiat lux ou de nier l'évolution, il y a forcément eu un moment où cette capacité est apparue, plus sommairement exprimée que chez l'humain actuel.

Jean-François

* Même si je ne dirais pas que la conscience est matérielle, pas plus que la vision. Conscience et vision sont des phénomènes, ce qui est matériel ce sont les structures qui permettent l'émergence de ces phénomènes.
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#97

Message par davidsonstreet » 16 déc. 2011, 21:35

Salut Jean-François

Jean-François a écrit : Les neurones jouent certainement un rôle mais l'assemblage des neurones entre eux est important. Il n'est pas suffisant de prendre 400 000 neurones connectés les uns aux autres pour obtenir de la conscience, il faut une organisation de la connectivité.


Je suis d'accord.
Jean-François a écrit : il y a forcément eu un moment où cette capacité est apparue, plus sommairement exprimée que chez l'humain actuel.


C'est ce que je dis. Je n'ai jamais nié que cette capacité a pu évoluer après son apparition.
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Re: L'instinct dans tous ses états.

#98

Message par Hallucigenia » 17 déc. 2011, 00:19

Salut Brève de comptoir,
Brève de comptoir a écrit :Parce que dire qu'on ne peut pas définir précisément quand la conscience a germé, ça me va parfaitement. Mais dire qu'elle a germé avec les premières sépultures, là je doute.
Personne ne dit que la conscience a germé avec les premières sépultures.

Je dis juste que, si on veut une preuve solide que les hommes de cette époque avaient déjà une conscience développée, probablement très similaire à la nôtre, on peut se tourner du côté des sépultures.
Brève de comptoir a écrit :Protéger les membres morts de sa troupe des charognards pour ne pas à les voir bouffé
Il y a une énorme différence entre enterrer un membre de son groupe pour lui éviter les charognards, et : lui organiser un rite funéraire, protéger sa tombe, préparer son corps, l'habiller, l'accompagner de divers objets et offrandes.

Et personnellement, je n'ai quasiment aucun doute qu'Homo erectus avait aussi une conscience proche de la nôtre, et que, s'il en naissait un aujourd'hui dans notre société moderne, il s'y intègrerait sans trop de difficultés (dans le sens ou on pourrait communiquer "normalement" avec lui). Après tout, il utilisait un langage articulé, et il a domestiqué le feu, créé des bifaces délicats, etc.

Je suis aussi de ceux qui pensent que la différence avec les autres grands singes (gorilles et chimpanzés en particulier) est ténue: elle est quantitative, certainement, mais pas qualitative. Une différence de degré, et non de genre.

Alors laisser entendre que j'affirme que "la conscience a germé avec les premières sépultures" en reprenant mes propos, c'est carrément du vandalisme d'idées ! :D

Quant à ta proposition de définir la naissance de la conscience avec l'apparition de la philosophie, ça me semble juste un moyen spécieux de faire croire que la conscience est spécifique à l'homme. Un peu comme dire que l'animal est devenu propre quand il a inventé la douche et le savon.

Amicalement,
Hallu

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Re: L'instinct dans tous ses états.

#99

Message par Brève de comptoir » 17 déc. 2011, 01:12

Je paraphrase, mais je vois toujours pas beaucoup de différence. Je doute qu'il y ait des centaines de milliers d'années entre les premiers corps enterrés pour leur éviter de se faire "charogner" et les premiers rites. S'il y a des preuves que oui, ok, mais comme ça, ça me parait bien être lié. A partir du moment où on comprend enterre, c'est pour échapper à l'indignation d'un corps attaqué dévoré par les charognards. Ce n'est pas un réflexe de défense. Le corps, qui plus est qui n'est pas le sien^, n'a plus rien à craindre, vu qu'il est mort... Si on l'enterre, c'est donc qu'on est capable de se représenter à la fois l'existence de la dignité de l'autre mais aussi sa propre mort. Une proto-conscience donc.

Tout ça s'est probablement "éveillé" en même temps, à travers différentes espèces d'homme, région du monde, tribus, ça s'est perdu, y a du avoir des trucs bien étrange comme des hommes qui continuaient à avoir des rites alors qu'ils ne savaient plus pourquoi ils le faisaient (ah la voilà la naissance des esprits : toujours le même problème, c'est mon bon vieux téléphone arabe, vous en avez un qui dit qu'il faut enterrer les morts des défunts pour par que les charognards viennent roder, puis on sait plus pourquoi il faut enterrer, mais alors un autre demande pourquoi il faut donc enterrer, alors ça ne peut être que pour honorer l'esprit du défunt, et puis de fil en aiguille, si on ne l'honore pas, il va revenir nous hanter, alors on a tellement peur qu'on lui créé une magnifique sépulture, qu'on l'enterre avec tout son attirail, déjà le matérialisme... bref).

La conscience existait sans doute à cette époque. Mais à partir du moment où il est déjà assez compliqué de définir la conscience, et qu'il est impossible de quantifier pour quels hommes, suivant quels rites, on peut avoir la certitude que c'est lié à la conscience (et non à la tradition d'un rite lié à un "éclair" de conscience perdue transformée en quelque chose de cultuel). Si on veut être sûr, on parle de conscience bien établi, une fois qu'on est sûr que tous les hommes on non seulement une conscience mais qu'ils ont appris à la définir et jouer avec. Et ça bah, c'est la philosophie. Et comme on ne peut pas dater l'apparition de la philosophie, ça me va très bien. De la même manière où dire que l'homme est devenu bipède en sortant de la savane est un raccourci grossier, ça me parait tout aussi grossier de suggérer que la conscience de l'homme moderne soit la même que celle des hommes qui pratiquaient des rites funéraires (désolé je paraphrase encore). Les hommes ont enterré leurs morts et procédé à des rites avant que l'homme moderne (homo sapiens yvescopiens) arrive. La proto-conscience, ce n'est pas la conscience, comme marcher (ou courir plus vraisemblablement) pour rejoindre plus efficacement un autre arbre perdu trente mètres plus loin dans la savane où un prédateur nous guette, c'est pas encore tout à fait la marche où on se balade le nez à l'air pour contempler les étoiles.

Quand on ne peut pas savoir, bah il faut le dire. Il est important de rappeler que la conscience n'est pas née comme ça d'une souche d'arbre brûlée par un éclair et aurait donné la lumière aux hommes, mais parler de conscience similaire à tel ou tel moment de l'histoire avec pas tout à fait des hommes, mais ce qu'on pense être des rites... c'est un truc à se prendre les pieds dans le tapis. Il reste très dur déjà d'interpréter les usages des peuples dont un retrouve des traces. Alors se représenter ce qu'ils pensaient, si leurs capacités cognitives était similaires aux nôtres, c'est que de la spéculation, on ne pourra jamais savoir. Tu peux dire que erectus n'aurait jamais de problème à s'adapter à notre société, on en sait rien. On ne pourra jamais savoir. On peut juste savoir s'il se curait les dents avec des os lapin ou plein d'autres choses matérielles. Ça ne dira jamais rien sur ce qu'il avait dans la caboche. C'est déjà assez compliqué aujourd'hui. Forme de conscience oui, mais la conscience, non. Un peu comme le terme "vie". On cherche "de la vie ailleurs que sur terre". Hum, moi je dirais plutôt que la vie c'est la "forme de vie" propre à la terre. Et que si on trouve "autre chose" ailleurs, on pourra toujours les identifier avec d'autres termes. Ainsi si le champanzé est doué d'une "forme de conscience", elle est nécessairement différente de la notre. Pourquoi donc l'appeler "conscience" ? La "conscience" doit rester un terme générique pour l'espèce humaine contemporaine. Pour le reste, il vaut mieux parler "de forme de conscience". Avant pourquoi pas de laisser les singes et les baleines, puisqu'ils en seraient capable (ou pas) de nommer eux-mêmes cette capacité propre qui s'approcherait de la nôtre.

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Re: L'instinct dans tous ses états.

#100

Message par HMS_Endeavour » 17 déc. 2011, 10:20

Salut Denis, salut Jean-François (Vincent, Paul et les autres…)
Denis, dans cette file tu dit :
Denis a écrit :Je m'empresse de préciser que la niaisité (comme la conscience et le langage) est un continuum.

Mon "non" est un arrondis à l'option dichotomique la plus proche.

Tu me demandes aussi :
Exprimer autrement, crois-tu que je devrais arrêter de fumer la moquette ?
J'ai du mal à voir le lien d'équivalence que tu fais entre tes deux questions. Je considère donc que ta seconde question est indépendante de la première et j'y réponds encore "non" (réponse arrondie à l'option dichotomique la plus proche).
Oui. Tu dis : « "non" (réponse arrondie à l'option dichotomique la plus proche. »
Si je comprends le sens des guillemets autour du "non" et l’expression « arrondie à l’option dichotomique la plus proche », tu n’es sans doute pas très loin du "peut-être". Me tromperais-je ?

La seconde question se référait à mon point de vue de pop-corniste perpendiculariste :

Le perpendicularisme :
- différence de plans entre :
. le groupe matière/sensation/sentiment/émotion/pensée/conscience_de_soi (le corps et toutes créations mentales
élaboration complexissime inter-neuronale de l’humain - à évolution horizontale, je suis d’accord - et, également de
l’animal - je le comprends désormais - merci au forum) et
. la Conscience (saut vertical mais non nécessairement récurent), facteur commun de toute vie dans l’univers ;
Synonymie des termes suivants : Evolution = Intelligence (mot dangereux) = Vie = Conscience.

Le pop-cornisme :
- la réceptivité pleine et entière de mon ipséité qui me permet de constater que :
« Je suis et je suis conscient d’être conscient que je suis conscient ». Chaque mot entre guillemet a son importance
(il y en a 12). Cette conscience, en toute forme de vie, s’est révélée à elle-même ou pas.
Sans demi-mesure ni progressivité possible (bien tordu celui-là).

Le grand test :
Tu as déjà perçu une image 3D.
Tu n’y parviens plus. Bon. Refais-le et rappelle cette image à l’écran (au besoin, imprime-la, peu importe la couleur) et tu comprendras de façon sensorielle et métaphorique ce qu’est le pop-cornisme. Le truc pour y parvenir est de ne surtout pas se focaliser sur l’image. Il faut s’en détacher complètement, regarder à travers et la laisser venir à toi (1).

Je fais le lien avec les précédents échanges entre toi, Jean-François, quelques autres et moi-même :
A ce propos Jean-François, avez-vous fait le test de cette image. Si, oui est-ce concluant ? Qu’en pensez-vous ? Si non, pourquoi ?

L’émergence de la conscience (je n’ai pas dit pensées, sensations, sentiments ou émotions), procède d’une façon assez analogue (1). Il faut arrêter d’y « penser » ; lâcher prise avec nos idées, nos concepts, les préjugés que nous en avons. Ce qui ne veut pas dire « faire » le vide ou les chasser. Ce serait encore être aux prises avec eux. Il ne faut pas demeurer dans le même champ, le même plan. Le seul moyen pour y parvenir, c’est de ne plus s’y attacher, ne plus s’y identifier. Juste les laisser défiler devant soi afin de les considérer que pour ce qu’ils sont : des danseurs sur la scène d’un théâtre intérieur ou bien encore de simples nuages dans le ciel cérébral (si le mot méditation a un sens, c’est celui-ci. Je ne choque personne jusque là ?). Mais ils ne te définissent pas. Tu peux tout aussi bien congédier la troupe et/ou renouveler tout ou partie du casting ; ou bien encore te rendre dans des contrées mentales où il pleut tant que tu ne distingues aucun nuage en particulier.

Je suis un peu long, excuses-moi. Décroches-tu ?

Donc, je reviens à ce que je te disais.
Etre simplement réceptif, passif en demeurant simplement présent dans l’ici et le maintenant, ce qui est une façon de demeurer hors du temps. A partir de ce « point là », si tu y parviens enfin, la Conscience, sa prise même, peut s’imposer à toi comme une évidence telle que tu ne l’aurais jamais soupçonné auparavant. Une expérience comme celle-ci opère une véritable mutation sur ta façon de voir les choses. Elle est une ré-évolution, une sorte d’ascension vers un « autre plan » bien que l’expression soit impropre.

Ce faisant, je n’ai rien ajouté à ce qu’il y a autours et devant moi. Je n’ai rien surimposé d’une quelconque nature. Et ce qui « vient à moi », ce que je vois désormais est plus vivant que jamais. Vibrant de vie, de luminosité. Il surgit le constat que tout est sa place, depuis toujours et, quoiqu’il arrive, pour toujours. Ma vision des choses s’est métamorphosée. Pas seulement au plan intellectuel. Je suis toujours le même mais avec « quelque chose » en plus.

La personne est reléguée à ce qu’elle est, sans être reniée (ce serait encore une manière de m’identifier à elle). Je suis « manifesté » par son truchement depuis ma naissance. Et d’ailleurs pourquoi serait-elle un problème ? (Au contraire. Elle est une expression de la multiplicité infinie de la vie). Sauf à ce qu’elle s’oppose à autrui et qu’elle décide, par exemple, que la couleur de sa chemise est supérieure à la couleur d’un autre. Ou je décide d’en changer contre celle portée par un autre encore. Là, c’est la guerre. En revanche, ayant Conscience que je ne suis pas la personne, le conflit est tué dans l’œuf. Il est de la nature de personne de s’approprier, de comparer, de conceptualiser, de s’identifier, de projeter, de désirer, de dominer. Cela n’est pas mal en soi. C’est un outil extraordinaire. En s’identifiant à elle, j’ai besoin d’être rassurer dans mes certitudes (quelles qu’elles soient). Cela me rassure et donne de la crédibilité à mon existence « personnelle » ; moi qui ait si peur de mourir, et à raison. Alors je m’accroche. J’effectue des aller et retours incessant entre le passé et le futur. Voilà ce que j’étais. Mais j’aimerais devenir ceci. Voilà ce j’ai. Mais je veux cela. Et davantage encore. Ainsi, je ferais la guerre à ce ou à quiconque se mettra en travers de mon chemin. C’est comique. De vrais primates ! Et pour le coup, je suis d’accord : l’homme est un animal.

Malheureusement, on n’emporte rien avec soi. et rien ne nous appartient. Tout peut nous être enlevé, comme ça. Sur un simple claquement de doigt des circonstances et du hasard. La personne, c’est la partie qui se prend pour le tout. C’est une vasque comédie dramatique. Mais elle n’est qu’un costume qui, la représentation terminée, sera reléguée au placard (la morgue).

La conscience, quant à elle, n’est pas un « contenu »…

Si je ne passe pas pour un illuminé avec tout ça !… Mais bon. Quelle importance ? Pourquoi ne pas dire le fond de ma pensée et relater une expérience. C’est à partir de cette dernière que j’ai tenté de conceptualiser plus ou moins avec bonheur ma vision des choses.

Pour en revenir à l’image, si tu veux la percevoir, cesse de projeter sur elle ce qu’elle pourrait être. Ne t’attache pas aux détails (un peu les pieds de la lettre sur lesquels nous achoppons lorsque nous ne comprenons pas l’idée de l’autre ; ou ne voulons pas la comprendre). Regarde passivement « à travers l’écran ou le papier » sans rien fixer de particulier et en quelques instants (de 1 seconde à 2 heures, parfois 3 mois), elle s’imposera à toi comme une évidence.
Alors ? La vois-tu ?


Et quel rapport avec la science ? Il n’y en a pas ?
David Bohm était de l’avis contraire. Extrait :
« Théorie de l'ordre implicite :
Bohm est à l'origine de la théorie de l'ordre implicite (invelopped order, hidden order, implicate order) :
Dans l'ordre implicite (ou implié), l'espace et le temps ne sont plus les facteurs dominants qui déterminent les relations de dépendance ou d'indépendance entre les éléments. Un type entièrement différent de connexions fondamentales est possible, dont nos notions ordinaires de temps et d'espace, ainsi que celles relatives à des particules existant séparément, deviennent des abstractions de formes dérivées d'un ordre plus profond. Ces notions ordinaires apparaissent dans ce qui est appelé l'ordre explicite (ou déplié), qui est une forme spéciale et distincte contenue dans la totalité générale de tous les ordres implicites / impliés (Bohm, 1980, p xv.)3
Cette théorie rejette la fragmentation de la physique Newtonnienne et se fonde sur le holisme également présent dans la théorie de la relativité et la physique quantique4. Trois analogies sont utilisées par Bohm pour illustrer l'ordre implicite : l'hologramme, la goutte insoluble d'encre diluée dans la glycérine, le poisson d'aquarium filmé sous deux angles différents5.
L'hypothèse rejette le dualisme, la séparation entre la conscience et la matière : l'ordre implicite expliquerait la relation entre matière et conscience. Dans ce modèle, l'esprit et la matière sont perçus comme des projections dans notre ordre explicite de la réalité sous-jacente, l'ordre implicite. »


Amicalement, Jean-Alain

(1)A l’attention de ceux qui me liront jusqu’au bout. Je ne fais pas d’amalgame. Je sais, il s’agit d’un mécanisme optique parfaitement compris et expliqué. Une fois encore, attention à ne pas prendre « au pied de la lettre », au risque de faire du rase-motte et de ne jamais pouvoir accéder à la tête (de la lettre) qui, elle, est par définition située un peu plus haut.
Fluctuat nec mergitur.

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