Salut Denis, salut Jean-François (Vincent, Paul et les autres…)
Denis, dans cette
file tu dit :
Denis a écrit :Je m'empresse de préciser que la niaisité (comme la conscience et le langage) est un
continuum.
Mon "non" est un arrondis à l'option dichotomique la plus proche.
Tu me demandes aussi :
J'ai du mal à voir le lien d'équivalence que tu fais entre tes deux questions. Je considère donc que ta seconde question est indépendante de la première et j'y réponds encore "non" (réponse arrondie à l'option dichotomique la plus proche).
Oui. Tu dis : « "non" (réponse arrondie à l'option dichotomique la plus proche. »
Si je comprends le sens des guillemets autour du "non" et l’expression « arrondie à l’option dichotomique la plus proche », tu n’es sans doute pas très loin du "peut-être". Me tromperais-je ?
La seconde question se référait à mon point de vue de pop-corniste perpendiculariste :
Le perpendicularisme :
- différence de plans entre :
. le groupe matière/sensation/sentiment/émotion/pensée/conscience_de_soi (le corps et toutes créations mentales
élaboration complexissime inter-neuronale de l’humain - à évolution horizontale, je suis d’accord - et, également de
l’animal - je le comprends désormais - merci au forum) et
. la Conscience (saut vertical mais non nécessairement récurent), facteur commun de toute vie dans l’univers ;
Synonymie des termes suivants : Evolution = Intelligence (mot dangereux) = Vie = Conscience.
Le pop-cornisme :
- la réceptivité pleine et entière de mon ipséité qui me permet de constater que :
« Je suis et je suis conscient d’être conscient que je suis conscient ». Chaque mot entre guillemet a son importance
(il y en a 12). Cette conscience, en toute forme de vie, s’est révélée à elle-même ou pas.
Sans demi-mesure ni progressivité possible (bien tordu celui-là).
Le grand test :
Tu as déjà perçu une image 3D.
Tu n’y parviens plus. Bon. Refais-le et rappelle
cette image à l’écran (au besoin, imprime-la, peu importe la couleur) et tu comprendras de façon sensorielle et métaphorique ce qu’est le pop-cornisme. Le truc pour y parvenir est de ne surtout pas se focaliser sur l’image. Il faut s’en détacher complètement, regarder à travers et la laisser venir à toi (1).
Je fais le lien avec les précédents échanges entre toi, Jean-François, quelques autres et moi-même :
A ce propos Jean-François, avez-vous fait le test de cette image. Si, oui est-ce concluant ? Qu’en pensez-vous ? Si non, pourquoi ?
L’émergence de la conscience (je n’ai pas dit pensées, sensations, sentiments ou émotions), procède d’une façon assez analogue (1). Il faut arrêter d’y « penser » ; lâcher prise avec nos idées, nos concepts, les préjugés que nous en avons. Ce qui ne veut pas dire « faire » le vide ou les chasser. Ce serait encore être aux prises avec eux. Il ne faut pas demeurer dans le même champ, le même plan. Le seul moyen pour y parvenir, c’est de ne plus s’y attacher, ne plus s’y identifier. Juste les laisser défiler devant soi afin de les considérer que pour ce qu’ils sont : des danseurs sur la scène d’un théâtre intérieur ou bien encore de simples nuages dans le ciel cérébral (si le mot méditation a un sens, c’est celui-ci. Je ne choque personne jusque là ?). Mais ils ne te définissent pas. Tu peux tout aussi bien congédier la troupe et/ou renouveler tout ou partie du casting ; ou bien encore te rendre dans des contrées mentales où il pleut tant que tu ne distingues aucun nuage en particulier.
Je suis un peu long, excuses-moi. Décroches-tu ?
Donc, je reviens à ce que je te disais.
Etre simplement réceptif, passif en demeurant simplement présent dans l’ici et le maintenant, ce qui est une façon de demeurer hors du temps. A partir de ce « point là », si tu y parviens enfin, la Conscience, sa prise même, peut s’imposer à toi comme une évidence telle que tu ne l’aurais jamais soupçonné auparavant. Une expérience comme celle-ci opère une véritable mutation sur ta façon de voir les choses. Elle est une ré-évolution, une sorte d’ascension vers un « autre plan » bien que l’expression soit impropre.
Ce faisant, je n’ai rien ajouté à ce qu’il y a autours et devant moi. Je n’ai rien surimposé d’une quelconque nature. Et ce qui « vient à moi », ce que je vois désormais est plus vivant que jamais. Vibrant de vie, de luminosité. Il surgit le constat que tout est sa place, depuis toujours et, quoiqu’il arrive, pour toujours. Ma vision des choses s’est métamorphosée. Pas seulement au plan intellectuel. Je suis toujours le même mais avec « quelque chose » en plus.
La personne est reléguée à ce qu’elle est, sans être reniée (ce serait encore une manière de m’identifier à elle). Je suis « manifesté » par son truchement depuis ma naissance. Et d’ailleurs pourquoi serait-elle un problème ? (Au contraire. Elle est une expression de la multiplicité infinie de la vie). Sauf à ce qu’elle s’oppose à autrui et qu’elle décide, par exemple, que la couleur de sa chemise est supérieure à la couleur d’un autre. Ou je décide d’en changer contre celle portée par un autre encore. Là, c’est la guerre. En revanche, ayant Conscience que je ne suis pas la personne, le conflit est tué dans l’œuf. Il est de la nature de personne de s’approprier, de comparer, de conceptualiser, de s’identifier, de projeter, de désirer, de dominer. Cela n’est pas mal en soi. C’est un outil extraordinaire. En s’identifiant à elle, j’ai besoin d’être rassurer dans mes certitudes (quelles qu’elles soient). Cela me rassure et donne de la crédibilité à mon existence « personnelle » ; moi qui ait si peur de mourir, et à raison. Alors je m’accroche. J’effectue des aller et retours incessant entre le passé et le futur. Voilà ce que j’étais. Mais j’aimerais devenir ceci. Voilà ce j’ai. Mais je veux cela. Et davantage encore. Ainsi, je ferais la guerre à ce ou à quiconque se mettra en travers de mon chemin. C’est comique. De vrais primates ! Et pour le coup, je suis d’accord : l’homme est un animal.
Malheureusement, on n’emporte rien avec soi. et rien ne nous appartient. Tout peut nous être enlevé, comme ça. Sur un simple claquement de doigt des circonstances et du hasard. La personne, c’est la partie qui se prend pour le tout. C’est une vasque comédie dramatique. Mais elle n’est qu’un costume qui, la représentation terminée, sera reléguée au placard (la morgue).
La conscience, quant à elle, n’est pas un « contenu »…
Si je ne passe pas pour un illuminé avec tout ça !… Mais bon. Quelle importance ? Pourquoi ne pas dire le fond de ma pensée et relater une expérience. C’est à partir de cette dernière que j’ai tenté de conceptualiser plus ou moins avec bonheur ma vision des choses.
Pour en revenir à l’image, si tu veux la percevoir, cesse de projeter sur elle ce qu’elle pourrait être. Ne t’attache pas aux détails (un peu les pieds de la lettre sur lesquels nous achoppons lorsque nous ne comprenons pas l’idée de l’autre ; ou ne voulons pas la comprendre). Regarde passivement « à travers l’écran ou le papier » sans rien fixer de particulier et en quelques instants (de 1 seconde à 2 heures, parfois 3 mois), elle s’imposera à toi comme une évidence.
Alors ? La vois-tu ?
Et quel rapport avec la science ? Il n’y en a pas ?
David Bohm était de l’avis contraire. Extrait :
« Théorie de l'ordre implicite :
Bohm est à l'origine de la théorie de l'ordre implicite (invelopped order, hidden order, implicate order) :
Dans l'ordre implicite (ou implié), l'espace et le temps ne sont plus les facteurs dominants qui déterminent les relations de dépendance ou d'indépendance entre les éléments. Un type entièrement différent de connexions fondamentales est possible, dont nos notions ordinaires de temps et d'espace, ainsi que celles relatives à des particules existant séparément, deviennent des abstractions de formes dérivées d'un ordre plus profond. Ces notions ordinaires apparaissent dans ce qui est appelé l'ordre explicite (ou déplié), qui est une forme spéciale et distincte contenue dans la totalité générale de tous les ordres implicites / impliés (Bohm, 1980, p xv.)3
Cette théorie rejette la fragmentation de la physique Newtonnienne et se fonde sur le holisme également présent dans la théorie de la relativité et la physique quantique4. Trois analogies sont utilisées par Bohm pour illustrer l'ordre implicite : l'hologramme, la goutte insoluble d'encre diluée dans la glycérine, le poisson d'aquarium filmé sous deux angles différents5.
L'hypothèse rejette le dualisme, la séparation entre la conscience et la matière : l'ordre implicite expliquerait la relation entre matière et conscience. Dans ce modèle, l'esprit et la matière sont perçus comme des projections dans notre ordre explicite de la réalité sous-jacente, l'ordre implicite. »
Amicalement, Jean-Alain
(1)A l’attention de ceux qui me liront jusqu’au bout. Je ne fais pas d’amalgame. Je sais, il s’agit d’un mécanisme optique parfaitement compris et expliqué. Une fois encore, attention à ne pas prendre « au pied de la lettre », au risque de faire du rase-motte et de ne jamais pouvoir accéder à la tête (de la lettre) qui, elle, est par définition située un peu plus haut.
Fluctuat nec mergitur.