Kraepelin a écrit :Le retour de feu massif contre Regnerus est un témoignage éloquent de ce que Christian Smith et moi prétendons. Les milieux professionnels (et celui des sociologues) baignent dans un courant idéologique de rectitude politique qui conditionne leur réaction.
Mais vous ne critiquez pas vraiment les arguments exprimés à l'encontre de l'étude de Regnerus. Vous vous contentez de prétendre que leurs auteurs "
baignent dans un courant idéologique (...) qui conditionne leur réaction".
Le fait de
militer activement au sein de Witherspoon ou du Ruth Institute vous laisse par contre totalement froid.
Quant à Christian Smith, s'agit-il bien du Christian Smith qui a étudié une année la théologie à la Harvard Divinity School et qui enseigne aujourd'hui à la bien nommée
Université Notre-Dame? Celui qui a écrit
How to Go From Being a Good Evangelical to a Committed Catholic in 95 Difficult Steps? (résumé sur
Amazon), qui a été membre du Board of Advisor ainsi que
Grant proposal referee de la John Templeton Foundation?
Mais tout le monde a droit à ses marottes idéologiques, bien sûr, y compris celui qui faisait partie du jury de thèse de Regnerus
Penchons-nous donc sur son article,
An Academic Auto-da-Fé (j'adore quand les catholiques puisent dans leur riche histoire pour illustrer leurs propos).
Ça commence bien avec:
A sociologist whose data find fault with same-sex relationships is savaged by the progressive orthodoxy
La plupart des sujets de l'étude n'ont pas vécu dans le cadre d'une "
same-sex relationship". Deux seulement si je me souviens bien ont vécu toute leur jeunesse avec un des parents et son partenaire de même sexe.
L'expression "
progressive orthodoxy" est une manière simple de mettre tout le monde dans le même sac, depuis les illuminés qui insultent Regnerus par courriel jusqu'à ceux qui ont critiqué son étude et l'attitude de la revue de sociologie qui l'a publiée, arguments à l'appui.
Cela permet aussi de mettre le lecteur "en condition" pour la suite.
Smith fait ensuite semblant de croire que le but des critiques est de faire "
payer" Regnerus pour avoir osé publier un papier idéologiquement incorrect:
Regnerus published ideologically unpopular research results on the contentious matter of same-sex relationships. And now he is being made to pay
(...)
Those who are attacking Regnerus cannot admit their true political motives, so their strategy has been to discredit him for conducting "bad science." That is devious.
À le lire on pourrait croire qu'aucun argument n'a été opposé au papier de Regnerus, mais uniquement des invectives et des insultes.
That is devious.
Et c'est en fait à peu près tout ce que Smith a à dire sur ces critiques, comme on le verra plus bas.
Smith écrit que:
His article underwent peer review, and the journal's editor stands behind it.
L'histoire est cruelle.
C'était avant que la revue mandate Darren Sherkat pour qu'il fasse un audit de l'étude en question et surtout du processus de
peer-review qui a abouti à sa publication.
Sherkat a donné un avant-goût de cet audit (à paraître dans le numéro de novembre): l'étude souffre de gros défauts, n'aurait pas dû être publiée en l'état, et les reviewers n'ont pas bien fait leur job.
Smith nous joue ensuite un bel air de pipeau quand il affirme:
Advocacy groups and academics who support gay marriage view Regnerus's findings as threatening. (As an aside, that is unnecessary, since his findings can be interpreted to support legal same-sex marriage, as a way to counter the family instability that helps produce the emotional and social problems Regnerus and others have found.)
Tout d'abord parce qu'effectivement le droit au mariage pour tous
est bel et bien menacé (il suffit de voir comment Witherspoon et d'autres groupes antigay ont accueilli ce papier et l'usage qu'ils comptent en faire) et ensuite parce que, bien évidemment, personne n'a tenu compte des quelques phrases prudentes contenues dans le papier de Regnerus: ni ceux qui l'ont financé, ni ceux qui aujourd'hui brandissent son étude devant les tribunaux et devant le public.
Vous noterez au passage que Smith n'a pas grand chose à dire sur la démarche de Witherspoon & Cie, qui ont pourtant bien l'intention de mobiliser cette étude au service de la cause antigay.
Tout le reste de son article n'est qu'une longue lamentation à l'encontre de l'influence néfaste de la "
progressive orthodoxy".
Smith n'explique pas en quoi les critiques de Regnerus ont tort: il se contente de les accuser d'être des "
inquisiteurs" en pleine "
witch hunting".