Dans les pays où les dirigeants sont élus, les élus n'ont pas longtemps la possibilité de prendre des mesures que la majorité de l'opinion publique réprouve parce que cette majorité d'électeurs les estime, à tort ou raison, nuisibles (un mandat tout au plus, et encore),
• parfois à juste raison (un "bon" exemple de décision erronée est celui de la poll tax de Thatcher,)
Il est tout de même difficile de concevoir pire comme méthode :
- efforts pour se faire élire (stratégies quasi militaire, élimination des adversaire…),
- mensonges par "nécessité" (gestion de ce qu'il faut dire pour être élu, de ce qu'on croit devoir faire pour le pays, de ce qu'il faut faire pour rester élu),
- nécessité de l'affrontement peuple/gouvernement dans le processus de régulation des "abus",
- "abus" ne désignant au final qu'une forme de tolérance d'une opinion publique qui ne peut pas avoir de vision claire.
Jusqu'à quel niveau est-ce qu'on peut se permettre de tels gaspillages ?
Quand ceux de nos élus qui ont réellement à cœur de résoudre nos problèmes de fond veulent engager des réformes qu'ils pensent nécessaires pour atteindre cet objectif, une des plus grandes difficultés à surmonter, c'est de parvenir à convaincre de la pertinence et de la nécessité des réformes qu'ils souhaitent engager.
Il est impossible de parvenir à convaincre quand on est dans une situation où on ne peut pas exposer honnêtement une situation (pour ne pas dire quand on est condamné à mentir). Ce qu'on demande au peuple, c'est une conscience aveugle sous prétexte que 5 ans plus tard il devra choisir à nouveau où placer cette confiance aveugle. Ça ne peut pas fonctionner de façon saine. Ce n'est pas lié aux intentions des élus mais aux règles du jeu.
Tout ce qu'on peut faire dans une telle situation, c'est acheter la paix sociale. Soit directement (démagogie) soit plus subtilement en faisant admettre l'idée que le pays est en train de réussir (autre forme de démagogie).
Mais quand on a plus les moyens… La réussite ne se décrète pas, surtout lorsque la règle généralisée est la compétition.
Ce poids dont nous pesons sur les décisions bonnes ou moins bonnes qui sont prises et surtout sur les décisions qui ne sont pas prises (sous la pression que nous exerçons souvent sans même en être conscients) donne lieu à des conséquences qui ne sont pas systématiquement celles que nous souhaitons.
Absolument, puisqu'il n'y a pas de véritable dialogue.
Notre système (que tu décris il me semble assez justement), me semble basé sur l'ignorance.
Ce ne peut être que par hasard ou par illusion que parfois lesdites conséquences sont celles que "nous souhaitons".
Et même quand c'est le cas, nous sommes toujours en situation d'échec puisque les raisons de ces convergences sont inconnues, incomprises ou non actées.
Comme nous ignorons être directement ou indirectement à l'origine d'une bonne partie des décisions qui sont prises et surtout des décisions qui ne sont pas prises, nous ignorons aussi être impliqués dans les conséquences de ces décisions prises et non prises. Les défauts et injustices propres à notre société ainsi que la distribution laissant parfois à désirer des rôles et des pouvoirs politiques et surtout économiques propres à notre organisation socio-économique sont alors interprétés comme la principale explication des dysfonctionnements que nous subissons, par exemple :
• impôts trop lourds,
• chômage,
• loyers trop élevés…
L'ignorance marche des deux cotés ("peuple" et "élus" sont également ignorants de ce que veut l'autre).
Aux "raisons" des "non consentements" populaire sont substitués des approximations ou des histoires ad-hoc pour justifier l'action suivante (ce qui est vécu à toute ou a raison de la façon la plus désastreuse et humiliante qui soit = on ment au peuple jusque dans l'interprétation de ce qu'il a voulu dire).
On crée un enchainement de mécontentements en entretenant la frustration du plus grand nombre.
…et déficit des différents systèmes de protection et du budget de l'état (du moins pour ceux d'entre nous qui sont conscients de la menace qu'un tel déficit fait peser sur notre société en cas de hausse des taux d'intérêts suite, par exemple, à une élection qui amènerait au pouvoir une personnalité inspirant une méfiance, probablement justifiée d'ailleurs, dans notre capacité à rembourser nos emprunts d'état).
Cette incapacité est totale depuis des décennies. Mais c'est aussi un leurre : si demain on découvrait je ne sais quel trésor et que notre gouvernement décidait de rembourser définitivement ses dettes, ce serait une agression envers l'économie mondiale.
Mais peu importe. Perdre notre souveraineté pour ne pas déplaire à nos bailleurs ou reprendre notre souveraineté en abaissant notre niveau de vie ou pire est un choix qui doit être posé honnêtement en tant que tel (si on est effectivement devant une telle alternative).
...Mais comment en trouver la motivation ??? Où trouver une information fiable sur de tels sujets. Comment se prémunir du risque de nous cantonner aux sources d'information qui nous disent les mensonges (ou simplement les erreurs) que nous avons parfois envie d'entendre. Comment réaliser :
• que des mesures susceptibles de donner lieu à des conséquences que nous estimons nuisibles (le plus souvent à juste titre) sont parfois des mesures que nous croyons être les bonnes ???
• que les mesures susceptibles de donner lieu à des conséquences que nous souhaitons (le plus souvent à juste titre) sont parfois des mesures que nous croyons être nuisibles ???
La motivation pour l'action existe dans la nature humaine. C'est le moteur de base de tout le système. Cette ressource est simplement gaspillée (quand elle n'est pas ouvertement désignée comme un défaut à corriger).
Créer une relation de confiance et de connivence entre le peuple et l'état devrait être une priorité depuis des décennies. C'est du long terme, c'est une nécessité aisée à comprendre et ça ne coute pas forcément cher.
Plus concrètement, "comment trouver la motivation", je dirais qu'il faut le formuler "comment faire que les motivations tendent vers des buts de bien commun". Mais nous sommes sous une chape de plomb idéologique où l'idée même de "bien commun" est tabou. C'est peut-être pour ça qu'il semble difficile même à des esprits éclairés et instruits d'envisager autre chose que la loi de la jungle 2.0 comme principe indépassable de gestion de nos destinées.
Je ne vais pas prôner le RIC pour le RIC car je n'ai pas tous les tenants et aboutissant de ce qui est derrière cet acronyme. Mais le principe de mettre à disposition du peuple un outil de démocratie directe me semble une excellente solution. Tout système de gouvernance est faillible et imparfait. Cela ne peut pas d'un coup de baguette magique gommer les clivages. Mais les discussions se feraient au bon niveau et pour les bonnes raisons.
Exemple fictif : le gouvernement veut abaisser l'âge de la majorité à 17 ans. Si une telle annonce tombe, immédiatement, ce n'est pas une réflexion sur la question de ce que signifie l'âge de la majorité qui va mobiliser les esprits. Ce sera juste une ligne de front de plus ouverte sur un champ de bataille stérile et insensé. Quelqu'en soit l'issue, ce sera toujours grâce à ou à cause du gouvernement. Que peut-on trouver là-dedans de motivant ? Mais surtout, les informations échangées pour l'occasion seraient polluées par les intentions attribuées au gouvernement. Faute de pouvoir faire quoi que ce soit d'autre qu'observer et juger l'action du gouvernement (c'est la seule fonction démocratique demandée au peuple entre deux élections), les motivations sont cantonnées dans l'accumulation de foi ou de rancœur. Et on peut se demander si les abstentionnistes ne sont pas les plus sages ou les plus conscients.
Si j'ai compris l'exemple suisse, par le canal du référendum d'initiative populaire, ça donnerait que les personnes intéressées par cette question se compteraient, qu'ils devraient donc mener une campagne d'information, que le clivage sur la question déclencherait des efforts de documentation et d'instruction à charge et à décharge sur un tel projet et que au final la décision prise, bonne ou mauvaise, serait une démonstration incontestable de la possibilité d'un fonctionnement démocratique. Comment, si on le généralise ou si on l'étend, un tel système ne tendrait-il pas à convertir des spectateurs-censeurs en acteurs ? Mais surtout, le prétendu mécontent chronique n'aurait plus que deux cibles pour son mécontentement : lui-même et ses voisins qu'il n'a pas su convaincre. Ce n'est pas simple, ça demande un cadre, une organisation, mais ça semble une voie féconde.
Formation et information économique ? Mouais, ma foi, pourquoi pas, mais par qui, quand et comment et comment corriger les erreurs volontaires et involontaires circulant par différents canaux relativement à ces questions difficiles :
• tant sur un plan technique et objectif,
• que sur un plan humain et subjectif ?
Je n'ai pas la réponse, mais je pose quand même cette question difficile. Elle me semble en effet importante et il est encore plus difficile de répondre à une question non posée."
Je ne sais pas non plus. Wikipedia ? Ou des sessions de formation ?
Le peuple dans la pratique ne s'intéresse pas directement à l'économie en tant que science. Reprenons mon exemple fictif. Comme toute décision, elle a des implications économiques. Les documenter clairement n'aurait rien de particulièrement difficile. Les controverses peuvent être exprimées et documentées. Par ce bout de la lorgnette on peut éclaircir suffisamment une question simple.
Alors on va peut-être toucher quelques % de personnes sur un tout petit aspect de l'économie, mais petit à petit, pourquoi diable la connaissance ne l'emporterait pas ?
Pour le moment, les "formations à l'économie" auxquelles j'ai pu assister (en entreprise, puis en tant que créateur d'entreprise) avaient pour fond idéologique affiché la présentation de l'état comme une calamité et du banquier comme un demis-dieu. Du coup on ne nous a pas appris grand chose d'autre que se battre pour sa gamelle et comment prendre ce qui peut être pris. On est pas des chiens mais on nous demande de nous comporter comme tels.
Bref, comment faire des formations à l'économie qui soit idéologiquement neutre ?