Aggée a écrit : 01 févr. 2018, 04:45
...mais il manque un élément important,la notion de sacrifice,car la fidélité comme l’amour se prouve par le sacrifice qui est une opportunité fantastique pour convaincre l’autre qu’il a une valeur supérieure à tout autre prétendant ou concurrent.
C’est marrant cette idée, car comment expliquer que dans la plupart (
pas tous, naturellement) des couples « conventionnels » que je connais ou que j’ai connus, si les 2 font « preuve de sacrifice » en demeurant exclusif, ils sont par contre souvent incapables de faire cette même « preuve de sacrifice » pour tout un tas d’autres situations ou problématiques qui sollicitent au quotidien pourtant bcp moins d’efforts (
euphémisme) que de contenir une pulsion aussi forte que celle qui nous pousse à nous reproduire par instinct de survie?
Je pense à un couple en particulier, parmi plusieurs autres : Ok, ils étaient exclusif l’un pour l’autre sur le plan sexuel, ce qui « prouvait leur amour pour l’un et l’autre », selon vos dire, mais les deux avaient bcp moins d’écoute réelle, d’attention et de compréhension que je peux en avoir moi-même avec de « simples copines » avec lesquels je ne baise même pas?
Qu’est-ce qui est préférable, comment évaluer tout ça?
Et sinon, comment pouvez vous quantifier « l’amour » (
la considération, le respect, la tendresse, etc.) que l’on peut porter à un être quand, dans certains cas, certains arrivent à pardonner/accepter/gérer que leur conjoint ait eu du plaisir avec un autre alors que pour certains, ils cesseront immédiatement de l’aimer, de le respecter, etc.?
Aimer malgré les défauts et faiblesses, c’est valable juste pour ceux et celles que vous choisissez arbitrairement?
Qu’est-ce qui demande le plus de sacrifices? Qu’est-ce qui est le plus difficile entre le fait de passer véritablement, dans les faits concrets, par dessus l’orgueil, l’égo, le sentiment de possessivité qui sont fortement sollicités par le fait d’accepter et comprendre que notre conjoint puisse éprouver une interaction (parce qu’il ne s’agit que de ça en fait*) avec un autre être humain, d'entre le fait de contenir un autre besoin?
Qui décide de l’ordre, sur la « pyramide des valeurs morales »?
Et qu’est-ce qui vous assure (
pour faire moi aussi de la psycho de comptoir) que ce n’est pas seulement le fait que vous seriez incapable de gérer cette situation (
émotionnellement), qui vous fait vous abstenir (par peur de subir)? Du coup, vous rationalisez, vous valorisez avec vos « histoires de sacrifices » votre façon (
incapacité) de gérer une potentielle situation et vos incapacités, c’est tout. Et c’est très humain!
Et tant qu’à faire de la psycho de comptoir (
j’y excelle moi aussi), ce que j’ai réalisé et constaté, en observant plusieurs couples qui « s’aiment et perdurent », mais pas que (
comme celui de mes propres parents, entre autres) c’est que plusieurs personnes s’ont victime d’un biais (
dont j’ai oublié le nom et/ou qui n’est pas répertorié) que je nomme personnellement « ne pas savoir qu’on ne sait pas/ignorer qu’on ignore ». Autrement dit, plusieurs ne savent pas qu’il est possible de vivre de « vraies » relations humaines intimes et profondes basées sur le respect et la transparence où la communication est réellement effective et où la relation ne
repose pas sur la possessivité*. Du coup, parce qu’ils demeurent ensemble et sont exclusifs sexuellement (
pour toute sorte de raisons : habitudes, commodité, finance, enfants, faute de mieux, etc.) malgré leurs difficultés et malgré qu’ils ne soient pas vraiment satisfaits et heureux, ils croient que cela est une preuve « d’amour » et que c’est « le maximum » que deux êtres peuvent parvenir à construire ensemble (demeurer ensemble, ne pas se séparer, être exclusif sexuellement).
Mais bon, je les comprends et je ne peux les blâmer, car ils ne connaissent pas autre chose et de toute façon, ils n’ont ni la maturité ni l’intelligence émotionnelle pour gérer autrement leur relation. Mais, du coup, pour ces personnes, sachant et anticipant (
avec les aptitudes dont ils disposent) qu’ils auraient effectivement du mal à gérer un type de relation qui va bien au-delà de ce qu’ils connaissent et vivent (
question transparence, communication et « laisser vivre »), ils s’imaginent que cela doit forcément être le cas pour tout le monde et donc que ces « façons différentes » de vivre sont nécessairement des « rêves idéalistes » ou des signes de dysfonctionnements, de troubles, de vices, etc. Et ça, c’est typique d’une forme « d’égo-centrisme » qui consiste à croire que tout le monde doit réagir et gérer les choses exactement comme eux, avec les mêmes limitations et difficultés. D’où leur besoin, parfois, de démoniser (
comme vous l’avez fait ici, Aggée) ce qui les dépasse, car accepter que ce soit possible, sans que ce soit forcément « mal », les mettrait face au fait qu’eux n’y arrivent pas (
ou ne pourraient le supporter) et donc qu’ils sont moins « doués » que d’autres, en quelques sortes.
Oui, bien sûr, il est vrai qu’il y a plusieurs individus et couples qui, par « besoin d’exotisme » ou simplement pour suivre une tendance/mode (
ou pour satisfaire la demande d’un conjoint/conjointe) et se sentir «
in/open », s’essaient à certaines choses sans avoir (
ou au moins l’un des deux) au préalable ce qu’il faut pour bien gérer le tout. C’est vrai,
mais ce n’est pas une preuve que personne d’autre n’y arrive. Et des gens qui n’ont pas ce qu’il faut pour faire ce qu’ils font (
avoir des enfants, partir en affaire, etc.) il y en a plusieurs aussi et l’on ne remet pas en cause pour autant que d’autre réussissent très bien.
Bref, que vous et votre conjointe (
dans votre relation) votre exclusivité sexuelle soit un gage et une preuve « d'amour », ça ne
me pose aucun problème en soi (
c'est bien sûr possible dans un couple sain où les deux sont matures et où c'est un véritable choix assumé qui ne cache pas autre chose). Ce à quoi je m'oppose, pour la
4e fois, c'est que vous prétendez que ce n'est
pas possible de faire autrement et/ou que les
tous les autres s'aimeraient moins et/ou
feraient moins de sacrifice au sein de leur couple du fait qu'ils sont «
open » et/ou fréquentent des clubs xyz.
*
Qu’il y ait du sexe ou non en jeux n’est même pas nécessaire en fait, car la possessivité se manifeste aussi très souvent pour tout genre d’activités que peut faire le conjoint sans eux, même des trucs banals. Et ça existe aussi dans certaines relations d’amitié ou la sexualité est inexistante.