Lefauve a écrit :La raison est que plus tu est instruit plus tu es informé sur le contenu des programmes politiques et par concéquent tu choisis plus vite le candidat qui vas représenter tes intérêts.
Vous avez des stats de ça ?
Parce que ce n'est pas vraiment ce que j'ai pu entendre de la part des sociologues et anthropologues pendant la campagne présidentielle en France. Ce n'est pas fondamentalement faux, mais ils reliaient d'avantage l'indécision à une population qu'on qualifierait de classe moyenne-inférieur, c'est à dire des gens relativement instruit, mais peu riche qui sont sensible à un peu tout les discours et oscille entre indécision et abstention.
On pouvait aussi y rajouter une part des centristes, majoritairement de classe-moyenne ou moyenne-supérieur en terme de revenu, instruit et qui sont sensible autant à certaine valeur de gauche qu'à certaine valeur de droite et qui se décideront plus sur la personne que sur le parti.
Je n'ai pas entendu qu'on pouvait corréler l'indécision à une seule variable, d'autant qu'on remarque que chez les populations les moins instruite, c'est plus l'abstention par désintérêt voir le rejet du vote (selon l'âge) qui prédomine si je me souviens bien.
Cela dit, le corps électoral est peut-être très différent au USA où le centre n'existe pas de la même manière qu'en Europe (encore qu'en France, le centre soit une notion relative, vu qu'il n'y a pas vraiment de parti centriste mais plutôt des courant au sein des principaux partis)
Ou alors c'est moi qui ne me souvient pas bien de ce que j'ai entendu à l'époque.
Pour en venir à Romney, son discours est symptomatique de la fracture politique qui se dessine aux USA et qui est notamment lié à l'évolution démographique (le partis républicains touchant majoritairement les WASP qui deviennent petit à petit "moins majoritaire").
Il fait ici un discours très libéral, voir extrémiste quand il y inclus une notion de "parasite sociaux" en parlant des gens qu'il considère comme assistés qui reflète un peu l'opinion de la droite républicaine majoritairement blanche, protestante, de classe moyenne et plus âgée qui se sent dépossédée de son Amérique.
Il y a une sorte de tentative de réactivation du mythe de l'american way of life et du self-made men dans ce type de discours pour une droite qui se retrouve face à un pays qui n'est plus totalement dominé par cet imaginaire (même s'il reste très fort).
(à noter que je ne parle pas ici de racisme ou de lutte des classes, mais les mythes US se sont construit sur la culture des WASP et aujourd'hui, la population devenant de plus en plus dominé par d'autres minorités, ceux-ci perdent petit à petit cette majorité absolue qu'ils avaient sur la définition des mythes identitaires. De fait, ils ont parfois l'impression d'être dépossédé du pays dont ils fantasment le passé et c'est un levier puissant pour les Républicain qui exploitent cette nostalgie, parfois de façon extrême avec le tea part qui fait tenir son discours essentiellement en se servant de ce type de mythe, comme le caractère quasi sacré de la constitution, les pères fondateurs, les mythes des colons...)
Le problème avec ce discours là, c'est qu'il va plus loin que ça en disant qu'il ne souhaite pas s'occuper d'une partie de la population, hors le mythe du self-made men que la droite tente de reprendre ne repose pas sur ça. Ils se positionnent là comme celui qui a déjà réussit et qui regarde les autres d'en haut et parle ici à une frange extrémiste de son électorat.
Or ça contredit l'idéal d'une réussite à la portée de tous, où ceux qui ont déjà réussit n'enfonce pas les autres et ne prétendent pas aider uniquement une partie de la population et surtout ça contredit la morale protestante où chacun doit se réaliser en trouvant sa place dans la société et où la charité est d'aider l'autre à justement retrouver une place (mais il ne s'agit pas de l'assister en le faisant vivre de cette charité).
Prétendre remettre au centre la responsabilité individuelle et l'effort individuel est typique de la droite US, mais là ce n'est pas ce qu'il dit, il ne prétend pas remettre la responsabilité de tous au centre, mais faire que l'Etat ne s'occupe plus d'une partie "parasitaire" de la population et prétendre n'être que le président d'une partie de la population.
Même pour les électeurs républicains, le raccourcit est vite fait entre dire ça et prétendre être le président des riches et ça risque de réveiller des démons qui existe même dans le camp républicain.
Dans un pays comme les USA, encore en crise, pas sur que le discours soit favorablement accepté par une majorité de la population.
Donc c'est clairement une faute, même vis à vis de son propre électorat.
Cela dit, pas sur que ça soit aussi décisif que ça. Un discours n'est pas forcement suffisant pour faire chuter une campagne.