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Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 08 oct. 2012, 23:30
par Ptoufle
Bonjour à tous,
je suis tombé sur
cette vidéo, ou l'intervenant, Ben Goldacre, talentueux, dénonce les différentes méthode pour produire de la mauvaise science.
Il dénonce aussi quelques biais sur les homologations des différents médicaments. Il parle notamment de la nouvelle génération d'anti-dépresseur, où une très grande partie des études négatives auraient été occultées par l'industrie. Ça me paraît gros, mais est-ce bien vrai ?
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 12 oct. 2012, 12:21
par Poulpeman
Salut Ptoufle,
Ptoufle a écrit : Il parle notamment de la nouvelle génération d'anti-dépresseur, où une très grande partie des études négatives auraient été occultées par l'industrie. Ça me paraît gros, mais est-ce bien vrai ?
De mémoire : des labos ont été condamnés pour avoir caché certains effets secondaires de ces antidépresseurs (les ISRS) et avoir fait leur promotion pour des pathologies pour lesquelles ils n’avaient pas été approuvés.
La principale polémique sur ces antidépresseurs, c’est qu’ils semblent peu efficaces voire inefficaces pour des dépressions légères, mais efficaces pour les dépressions majeures. Je n’ai rien trouvé de sérieux concernant de supposées études cachées sur l’efficacité de ces médicaments. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que des études sur l’absence d’efficacité sur les dépressions légères aient été occultées, mais j’aimerai bien connaître les sources de Ben Goldacre sur ce sujet.
Poulpeman
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 12 oct. 2012, 14:42
par julien99
La principale polémique sur ces antidépresseurs, c’est qu’ils semblent peu efficaces voire inefficaces pour des dépressions légères, mais efficaces pour les dépressions majeures.
Est-ce plausible qu’un agent actif réagisse plus facilement sur des symptômes lourds ? Le contraire me parait bien plus évident, à moins que les grosses dépressions soient le résultat de disfonctionnements chimiques autres que pour les dépressions dites légères.
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 12 oct. 2012, 15:08
par spin-up
julien99 a écrit :à moins que les grosses dépressions soient le résultat de disfonctionnements chimiques autres que pour les dépressions dites légères.
Peut etre qu'il y a de ca. Mais il faut aussi voir le rapport benefices/effets secondaires: dans le cas d'une dépression lourde, l'amélioration apportée peut prévaloir sur les effets secondaires. Ce qui ne sera pas forcément le cas pour une dépression légère.
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 12 oct. 2012, 15:51
par Poulpeman
Salut Julien,
julien99 a écrit :La principale polémique sur ces antidépresseurs, c’est qu’ils semblent peu efficaces voire inefficaces pour des dépressions légères, mais efficaces pour les dépressions majeures.
Est-ce plausible qu’un agent actif réagisse plus facilement sur des symptômes lourds ? Le contraire me parait bien plus évident, à moins que les grosses dépressions soient le résultat de disfonctionnements chimiques autres que pour les dépressions dites légères.
Le cerveau est un organe complexe et ne répond donc pas forcément à une logique où les symptômes légers seraient plus facile à soigner que les symptômes sévères.
D'ailleurs le mécanisme d'action des antidépresseurs reste assez méconnu. Il n'est donc pas facile de dire pourquoi ils sont plus efficaces pour les dépressions sévères que les dépressions légères.
Poulpeman
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 12 oct. 2012, 16:41
par Ptoufle
Poulpeman a écrit :Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que des études sur l’absence d’efficacité sur les dépressions légères aient été occultées, mais j’aimerai bien connaître les sources de Ben Goldacre sur ce sujet.
Peut-être à creuser du côté du "Cochrane institute"
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 14 oct. 2012, 20:12
par julien99
Poulpeman a écrit :Salut Julien,
julien99 a écrit :La principale polémique sur ces antidépresseurs, c’est qu’ils semblent peu efficaces voire inefficaces pour des dépressions légères, mais efficaces pour les dépressions majeures.
Est-ce plausible qu’un agent actif réagisse plus facilement sur des symptômes lourds ? Le contraire me parait bien plus évident, à moins que les grosses dépressions soient le résultat de disfonctionnements chimiques autres que pour les dépressions dites légères.
Le cerveau est un organe complexe et ne répond donc pas forcément à une logique où les symptômes légers seraient plus facile à soigner que les symptômes sévères.
D'ailleurs le mécanisme d'action des antidépresseurs reste assez méconnu. Il n'est donc pas facile de dire pourquoi ils sont plus efficaces pour les dépressions sévères que les dépressions légères.
Poulpeman
Si le cerveau ne répond pas à une logique comme pour tout le reste du corps humain, il répond à quoi alors ?
Vous êtes entrain de nous dire que nous sommes restés plus ou moins au stade empirique quant à la manière de soigner cette maladie ?
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 14 oct. 2012, 20:15
par julien99
spin-up a écrit :julien99 a écrit :à moins que les grosses dépressions soient le résultat de disfonctionnements chimiques autres que pour les dépressions dites légères.
Peut etre qu'il y a de ca. Mais il faut aussi voir le rapport benefices/effets secondaires: dans le cas d'une dépression lourde, l'amélioration apportée peut prévaloir sur les effets secondaires. Ce qui ne sera pas forcément le cas pour une dépression légère.
Vous n'avez pas tort, mais nous parlions de l'efficacité de l'agent actif proprement dit.
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 14 oct. 2012, 21:43
par Kraepelin
Ptoufle a écrit :Bonjour à tous,
je suis tombé sur
cette vidéo, ou l'intervenant, Ben Goldacre, talentueux, dénonce les différentes méthode pour produire de la mauvaise science.
Il dénonce aussi quelques biais sur les homologations des différents médicaments. Il parle notamment de la nouvelle génération d'anti-dépresseur, où une très grande partie des études négatives auraient été occultées par l'industrie. Ça me paraît gros, mais est-ce bien vrai ?
Je ne sais pas si «c'est bien vrai», mais je puis te dire qu'il est généralement admis en psychiatrie que les antidépresseurs font "tout juste" mieux que les placebos. Ensuite, ils agissent uniquement avec les DM sévères à condition qu'elles ne soient pas compliquées par un autre diagnostic psychiatrique.
Pour les dépressions légères et modérées, la psychothérapie est plus efficace.
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 14 oct. 2012, 21:52
par Kraepelin
Jalon, une équipe ad hoc de Qualaxian, a produit une Guide de Pratique pour le traitement de la dépression majeure. Ce guide fait la synthèse de l'état des connaissances (validées empiriquement) sur le sujet.
Télécharger «
Faire face à la dépression » ici:
http://www.qualaxia.org/sante-mentale-d ... .php?lg=fr
Re: Homologation des antidépresseurs biaisées ?
Publié : 14 oct. 2012, 23:00
par Poulpeman
julien99 a écrit :Si le cerveau ne répond pas à une logique comme pour tout le reste du corps humain, il répond à quoi alors ?
J'ai dit
"pas forcément".
Pour certains médicaments comme les anesthésiques, on a bien une logique dose - effet.
Pour d'autres médicaments comme les antidépresseurs, ça n'est pas le cas.
julien99 a écrit :Vous êtes entrain de nous dire que nous sommes restés plus ou moins au stade empirique quant à la manière de soigner cette maladie ?
Oui et non.
Les antidépresseurs ont pour but d'élever les taux de sérototine (et pour certain de noradrénaline) dans le cerveau. L'idée de créer des molécules qui auraient ces propriétés fait suite à l'examen de cerveaux de patients déprimés qui montrait des taux faibles de ces deux neurotransmetteurs. Le hic c'est qu'il faut 3-4 semaines de traitement pour que les antidépresseurs soient efficaces, ce qui laisse penser que le mécanisme d'action de ces médicaments ne suit pas une logique du type : antidépresseur => élévation immédiate des taux de sérotonine => amélioration. Il semble plutôt que l'effet passe par une modification à moyen terme de la régulation des neurones à sérotonine, qui entrainerait une élévation durable des taux de sérotonine.
Poulpeman