La notion de "big bang", dépassée mais toujours utilisée.
Publié : 15 oct. 2012, 18:21
Bonjour, je voulais faire un petit post sur la notion de "big bang", sans doute l'expression la plus inadaptée et la plus populaire de toute l'astronomie moderne.
Comme vous le savez peut-être, de nombreux physiciens (on peut citer Roland Lehoucq, Hubert Reeves, Etienne Klein ou encore Michel Cassé pour les francophones parmi les plus connus) militent aujourd'hui pour une clarification des termes cosmologiques.
Le terme "big bang" fût inventé et utilisé la première fois par l'astronome Fred Hoyle en 1949, lors d'une émission radio de la BBC, de manière ironique pour se moquer de la conception de l'Univers soutenue majoritairement à l'époque : un modèle d'évolution dynamique (conception concurrente de la sienne, Fred Hoyle soutenait le modèle de l'état stationnaire).
"Cette onomatopée tapageuse a fait mouche, de sorte que les scientifiques l'ont reprise à leur compte et sont ainsi tombés dans à pieds joints dans une sorte de piège sémantique.
Cette expression est en effet des plus trompeuses, puisqu'elle suggère, de façon quasi autoritaire, que l'Univers aurait résulté d'une explosion cataclysmique qui se serait produit en un lieu précis et correspondrait à l'origine de tout ce qui est.
Il arrive aussi que les astrophysiciens eux-mêmes, soucieux d'être plus facilement compréhensibles, ou par désinvolture langagière, voire par désir de faire accroire que l'origine de l'Univers serait à portée de leur vue et de leurs calculs, donnent corps à cette interprétation: ils expliquent par exemple que tel ou tel phénomène s'est produit tant de fractions de secondes après le big bang, laissant entendre que ce dernier a bien été le déclencheur de l'horloge cosmique. Bref rien de moins que l'origine du monde [...]." (Etienne Klein, "discours sur l'Origine de l'Univers", p50, 2010).
On voit ainsi deux choses dans le terme de "big bang":
-Une expression inadaptée sur le plan langagier, simpliste, qui est restée dans le langage commun alors que, paradoxalement, le modèle du "big bang" se perfectionnaient grâce aux observations.
-Une expression inadaptée sur le plan physique, le terme "big bang" ne renvoi a aucune réalité physique. Pire encore, il ne renvoi pas à ce qu'il est censé modéliser: en réalité le modèle du big bang ne fait que décrire la période extrêmement dense et chaude qu'a connu l'Univers avant d'entrer en inflation (quel rapport avec le big et le bang?).
De par un biais culturel de la notion de Création (issu de la culture religieuse de notre civilisation) et un biais scientifique (dans la relativité générale d'Einstein, théorie de la gravitation, les équations décrivent en fin de chaîne une singularité pour l'Univers, que certains ont pris pour l'instant zéro de L'Univers quand bien même cette théorie est incomplète, puisqu'elle laisse de côté les 3 autres interactions fondamentales de la Nature), l'expression "big bang" s'est retrouvée attachée à la notion de naissance et d'origine première de l'Univers quand bien même personne n'a de preuve empirique de cela.
Résultat, "les astrophysiciens sont sans cesse obligés de courir après les mots big et bang pour en corriger le sens [...] Attention, ces mots ne veulent pas du tout dire ce que vous avez compris, ce n'est pas une explosion, ça n'a pas eu lieu en un point donné de l'espace, ni à un moment donné..." (jean-Marc Lévy-Leblond, "La recherche" n°349, p87-89, 2002).
On voit ainsi que non seulement le big bang ne désigne en rien l'origine de l'univers, mais aussi que rien ne permet d'affirmer que l'Univers possède bien une origine première.
"A écouter les scientifiques disserter sur l'origine de l'Univers, on découvre qu'il n'est jamais question dans leur bouche de genèse proprement dite: ils parlent seulement de généalogies, de métamorphoses, de structurations de constituants élémentaires en systèmes plus complexes. En d'autres termes, s'ils disent chercher l'origine, ils n'en révèle jamais que les sous-produits, c'est à dire des transitions d'un état à un autre, des processus permettant de comprendre l'apparition d'un nouvel objet, le commencement de son histoire. Toute origine qu'ils aperçoivent n'est jamais qu'une étape, qu'une origine secondaire, qu'un commencement précédé d'un autre commencement. Ils ne semblent pouvoir identifier des sources qu'en leur associant les rochers d'où elles jaillissent.
Dès lors, les origines dont ils parlent ne constituent pas l'amont premier, mais, à rebours du (bon) sens des mots, se posent plutôt en ultime aval: elles achèvent quelque chose.
la question de l'origine de l'Univers est, par définition, une affaire de transition, la plus radicale de toute puisqu'elle fait passer de l'absence de toute chose à la présence de toute chose. Elle est cette question que nous ne pouvons pas ne pas nous poser en même temps que nous ne disposons pas des armes conceptuelles et des compétences langagières qui nous permettraient de la résoudre [...] Quand nous parlons de l'origine, en effet, nous ne la disons pas puisqu'elle ne désigne rien de concret au sens physique du terme. Lorsqu'il pose la question de l'origine de l'univers, de l'origine de toutes les origines, notre langage se réfracte en lui-même, pour s'abîmer dans ce qui n'est que son ombre". (Etienne Klein, "Discours sur l'origine de l'Univers", p160-161, 2010).
Petit avis perso: Avec les développements de nouvelles théories comme la théorie des cordes ou celle de la gravitation quantique, la notion de big bang tend à disparaître, mais reste malgré tout prégnante dans le milieu populaire, par ignorance mais aussi manipulation de certains milieux (certains milieux religieux qui, en plus d'être ignorants sur les question cosmologiques, font croire que science et religion sont au même niveau en associant toujours big bang et création).
La tâche pour faire oublier le big bang sera rude, car elle est aussi le fruit de nos limitation cognitives: notre cerveau fonctionne sur un principe d'économie, il classe, tri et forme des frontières illusoires. La notion d'origine n'a aucune réalité physique et n'est qu'une limitation arbitraire.
Il est difficile d'imaginer que l'univers EST par des mécanismes que l'on ne connaît pas ou que l'on ne connaîtra peut-être jamais, mais c'est pourtant la seule réponse objective que l'on peut apporter aujourd'hui.
Un lien PDF très intéressant:
http://pasfaux.com/wp-content/uploads/2 ... donner.pdf
Comme vous le savez peut-être, de nombreux physiciens (on peut citer Roland Lehoucq, Hubert Reeves, Etienne Klein ou encore Michel Cassé pour les francophones parmi les plus connus) militent aujourd'hui pour une clarification des termes cosmologiques.
Le terme "big bang" fût inventé et utilisé la première fois par l'astronome Fred Hoyle en 1949, lors d'une émission radio de la BBC, de manière ironique pour se moquer de la conception de l'Univers soutenue majoritairement à l'époque : un modèle d'évolution dynamique (conception concurrente de la sienne, Fred Hoyle soutenait le modèle de l'état stationnaire).
"Cette onomatopée tapageuse a fait mouche, de sorte que les scientifiques l'ont reprise à leur compte et sont ainsi tombés dans à pieds joints dans une sorte de piège sémantique.
Cette expression est en effet des plus trompeuses, puisqu'elle suggère, de façon quasi autoritaire, que l'Univers aurait résulté d'une explosion cataclysmique qui se serait produit en un lieu précis et correspondrait à l'origine de tout ce qui est.
Il arrive aussi que les astrophysiciens eux-mêmes, soucieux d'être plus facilement compréhensibles, ou par désinvolture langagière, voire par désir de faire accroire que l'origine de l'Univers serait à portée de leur vue et de leurs calculs, donnent corps à cette interprétation: ils expliquent par exemple que tel ou tel phénomène s'est produit tant de fractions de secondes après le big bang, laissant entendre que ce dernier a bien été le déclencheur de l'horloge cosmique. Bref rien de moins que l'origine du monde [...]." (Etienne Klein, "discours sur l'Origine de l'Univers", p50, 2010).
On voit ainsi deux choses dans le terme de "big bang":
-Une expression inadaptée sur le plan langagier, simpliste, qui est restée dans le langage commun alors que, paradoxalement, le modèle du "big bang" se perfectionnaient grâce aux observations.
-Une expression inadaptée sur le plan physique, le terme "big bang" ne renvoi a aucune réalité physique. Pire encore, il ne renvoi pas à ce qu'il est censé modéliser: en réalité le modèle du big bang ne fait que décrire la période extrêmement dense et chaude qu'a connu l'Univers avant d'entrer en inflation (quel rapport avec le big et le bang?).
De par un biais culturel de la notion de Création (issu de la culture religieuse de notre civilisation) et un biais scientifique (dans la relativité générale d'Einstein, théorie de la gravitation, les équations décrivent en fin de chaîne une singularité pour l'Univers, que certains ont pris pour l'instant zéro de L'Univers quand bien même cette théorie est incomplète, puisqu'elle laisse de côté les 3 autres interactions fondamentales de la Nature), l'expression "big bang" s'est retrouvée attachée à la notion de naissance et d'origine première de l'Univers quand bien même personne n'a de preuve empirique de cela.
Résultat, "les astrophysiciens sont sans cesse obligés de courir après les mots big et bang pour en corriger le sens [...] Attention, ces mots ne veulent pas du tout dire ce que vous avez compris, ce n'est pas une explosion, ça n'a pas eu lieu en un point donné de l'espace, ni à un moment donné..." (jean-Marc Lévy-Leblond, "La recherche" n°349, p87-89, 2002).
On voit ainsi que non seulement le big bang ne désigne en rien l'origine de l'univers, mais aussi que rien ne permet d'affirmer que l'Univers possède bien une origine première.
"A écouter les scientifiques disserter sur l'origine de l'Univers, on découvre qu'il n'est jamais question dans leur bouche de genèse proprement dite: ils parlent seulement de généalogies, de métamorphoses, de structurations de constituants élémentaires en systèmes plus complexes. En d'autres termes, s'ils disent chercher l'origine, ils n'en révèle jamais que les sous-produits, c'est à dire des transitions d'un état à un autre, des processus permettant de comprendre l'apparition d'un nouvel objet, le commencement de son histoire. Toute origine qu'ils aperçoivent n'est jamais qu'une étape, qu'une origine secondaire, qu'un commencement précédé d'un autre commencement. Ils ne semblent pouvoir identifier des sources qu'en leur associant les rochers d'où elles jaillissent.
Dès lors, les origines dont ils parlent ne constituent pas l'amont premier, mais, à rebours du (bon) sens des mots, se posent plutôt en ultime aval: elles achèvent quelque chose.
la question de l'origine de l'Univers est, par définition, une affaire de transition, la plus radicale de toute puisqu'elle fait passer de l'absence de toute chose à la présence de toute chose. Elle est cette question que nous ne pouvons pas ne pas nous poser en même temps que nous ne disposons pas des armes conceptuelles et des compétences langagières qui nous permettraient de la résoudre [...] Quand nous parlons de l'origine, en effet, nous ne la disons pas puisqu'elle ne désigne rien de concret au sens physique du terme. Lorsqu'il pose la question de l'origine de l'univers, de l'origine de toutes les origines, notre langage se réfracte en lui-même, pour s'abîmer dans ce qui n'est que son ombre". (Etienne Klein, "Discours sur l'origine de l'Univers", p160-161, 2010).
Petit avis perso: Avec les développements de nouvelles théories comme la théorie des cordes ou celle de la gravitation quantique, la notion de big bang tend à disparaître, mais reste malgré tout prégnante dans le milieu populaire, par ignorance mais aussi manipulation de certains milieux (certains milieux religieux qui, en plus d'être ignorants sur les question cosmologiques, font croire que science et religion sont au même niveau en associant toujours big bang et création).
La tâche pour faire oublier le big bang sera rude, car elle est aussi le fruit de nos limitation cognitives: notre cerveau fonctionne sur un principe d'économie, il classe, tri et forme des frontières illusoires. La notion d'origine n'a aucune réalité physique et n'est qu'une limitation arbitraire.
Il est difficile d'imaginer que l'univers EST par des mécanismes que l'on ne connaît pas ou que l'on ne connaîtra peut-être jamais, mais c'est pourtant la seule réponse objective que l'on peut apporter aujourd'hui.
Un lien PDF très intéressant:
http://pasfaux.com/wp-content/uploads/2 ... donner.pdf