Dans mon adolescence, je faisais parti d'une joyeuse équipe de bénévoles qui nous occupions d'un vieux cinéma de quartier. Nous étions donc tour a tour opérateur, ouvreur, caissier, barman... Bref, une bonne bande de copains/copines où l'âge variait de 15 ans à 45 ans.
Tous les ans était organisé une marche de nuit pour l'ensemble des membres et ainsi passer un week le plus souvent mémorable.
Nous voilà donc sur les petites routes de campagne, les sacs à dos chargés de munitions... gazeuses
Après quelques heures et surtout pas mal de km dans les jambes, le président du club nous demande si on veut continuer par la route ou couper par les bois ce qui devrait passablement raccourcir notre itinéraire et surtout nous permettre de commencer la 2ème partie de la nuit plus festive autour d'un feu de camp.
Mais, suite à des vols de bois, des bûcherons montent la garde donc il faut rester prudent, ils sont aussi armé de "munitions" pour tenir la nuit mais également de fusil !
La fatigue (et la soif) nous oriente vers les sentiers boisés...
Par précaution, un premier groupe formé des plus anciens partiront en éclaireur, et nous les suivrons ½ d'heure plus tard.
Nous nous mettons donc en marche le temps nécessaire passé. Après 500 m environs dans une obscurité renforcée par les arbres qui nous entourent, nous entendons des vois, apparemment, des individus alcoolisés qui crient après nous, des coups de feu retentissent !
Le président qui était resté avec nous pour nous encadrer nous demande de nous cacher aussitôt dans le bois, les fossés, derrière les arbres.
C'est la totale panique !
Nous voilà tous courant, sautant, trébuchant avec nos sacs qui font de curieux bruit de verre qui s'entrechoquent.
Le silence se fait, nous risquons un oeil pour voir si nous distinguons l'ennemi.
Nos yeux qui s'habituent à la pénombre distinguent des hommes, le fusil en bandoulière, les chiens en laisse (pourvu qu'ils ne les lâchent pas !), certains ont des haches en main ! quel cauchemar, va t-on mourir ce soir ? découpé en stère ?
On ne respire plus, on attend, 1 minute, puis 2, puis 3, on est prêt a prendre racine, bourgeonner, même faire des fruits s'il le faut plutôt que mourir si jeune !
Puis une voix qui nous dit de se rassembler, de profiter que ces "monstres" soient parti vers la gauche pour reprendre notre chemin vers la droite. Alors d'un bon pas, on reprend la marche, et 2 bons km plus loin, nous voici arriver au campement, les anciens nous attendaient dans le silence. Nous allumons un feu, débouchons nos bières autant secouées que nous, et près du feu, nous racontons notre mésaventure: les bûcherons armés d'haches, de fusils et de chiens ! chacun de nous ajoutant un détail que d'autres confirment...
Et, d'une voix chevrotante, (de rire !) notre bon président nous avoue que tout ça n'était qu'une farce, que les anciens nous avaient monté une blague !
Mais les chiens ? les fusils ? les haches ?
Quels chiens ? quels fusils ? quelles haches ? nous répondent t-ils... Il n'y en a jamais eu !!! juste quelques pétards au tout début !
On se regarde tous, dubitatifs, sur d'avoir vu tous ça !
Et pourtant, il faudra se faire une raison, seulement de faux bûcherons, le reste n'était qu'imaginé par notre peur, notre fatigue aussi, une mauvaise vision et surtout une imagination conditionnée par la situation
