La Gnose, une tentative de réconcilier science et religion
Publié : 23 mai 2013, 14:57
Bonjour,
J'ouvre ce fil parce que je pense qu'opposer systématiquement science et religion est contre-productif.
J'ouvre ce fil parce que je pense qu'un individu, totalement dénué de spiritualité, comme un individu totalement dénué d'esprit scientifique, est un individu qui boite.
J'ouvre ce fil parce qu'à la lecture de nombreux posts, la religion me semble bien trop caricaturée (sans doute parce que mal connue) sur ce forum.
J'ouvre ce fil pour répondre à plusieurs sceptiques qui me demandent à quoi peut bien servir la religion, ce qu'elle peut nous apprendre.
J'ouvre ce fil parce qu'on dit tout et n'importe quoi sur plusieurs fils en mélangeant allégrement spiritualité, religion, mystique, ésotérisme, occultisme... J'aimerais essayer de démêler ces notions avec mes quelques connaissances.
Même si c'est un voeu pieux, j'aimerais autant que possible que les gens qui interviendront sur ce fil viennent avec l'esprit ouvert et qu'on évite au maximum les caricatures, railleries et l'ironie facile.
Pour savoir d'où je parle, je rappelle ma "profession de foi" (quelque peu modifiée) fait sur un autre fil afin d'éviter les méprises.
Je ne crois pas en un Dieu révélé par une des religions monothéistes qui interviendrait dans les affaires des hommes;
Je ne crois pas plus aux divinités orientales, grecques ou païennes;
Je crois que le religieux nous en apprend plus sur l'homme que sur Dieu;
Je crois que le religieux nous en apprend autant sur l'homme que la science;
Je crois à l'interdépendance universelle;
Je crois que l'esprit transcende la matière;
Je crois que l'existence a un sens mais sais que je mourrai sans savoir lequel.
Je ne vais pas tout aborder dans ce premier post mais je peux commencer ainsi :
Dans les trois grandes religions monothéistes, en marge des textes dits sacrés et révélés (Torah, Nouveau Testament, Coran) il existe une Tradition séculaire d'enseignements dits ésotériques (Kabbale, Gnose, Soufisme). Ces enseignements constituent le coeur vivant de ces religions.
Je parlerai plus ici de la Gnose chrétienne (à ne pas confondre avec le gnosticisme) parce que c'est celle que je connais le mieux. Cependant, la pensée ésotérique considère que la Tradition est Une, qu'il existe une unité essentielle qui transcende leurs différences. Si cette Unité n'est pas toujours facilement repérable, c'est parce que cette Tradition a été et est toujours présenté sous des formes multiples dont chacune est minutieusement adaptée à la mentalité et à l'esprit du groupe humain auquel elle s'adresse.
La Tradition ésotérique chrétienne se base sur le Canon, sur le Rite, sur le Ménologe (tradition orientale du christianisme) et enfin sur la Doctrine. Cette dernière est un ensemble de règles, de traités et de commentaires dus aux docteurs de l'Eglise oecuménique. Ces textes ont été en grande partie réunis dans un recueil appelé Philocalie. Il faut ajouter à ces sources des écrits isolés d'auteurs anciens et modernes, religieux et laïcs.
La Gnose veut libérer l'homme des dogmes qu'elle estime mortifères. Le dogme, de par ce qu'il se prétend incontestable, n'est qu'un moyen pour l'Eglise d'asseoir son autorité politique. C'est pourquoi la Gnose est hors des Eglises et si mal accueillie par elles.
Contrairement aux textes canoniques, la Gnose se veut vivante, non figée, elle évolue dans le temps, s'intéresse et s'adapte aux découvertes scientifiques. Elle n'est pas en lutte contre la science, elle s'en estime complémentaire.
La Gnose considère qu'il y a deux types de connaissances à unir : la connaissance extérieure et la connaissance intérieure. Main gauche et main droite.
La philosophie positive étudie l'homme en général, autrement dit, l'homme abstrait; la philosophie ésotérique s'applique à l'homme concret : c'est l'investigateur lui-même qui est l'objet de ses études. Partant de cette constatation que l'homme est inconnu, son but est de faire connaître l'homme à lui-même, tel qu'il est et tel qu'il pourrait, dans certaines conditions devenir.
La méthode de la science ésotérique est la même que celle de la science : l'observation, l'analyse critique des données observées, la déduction rigoureuse à partir des faits établis. Cependant, cette similitude de méthode comporte une différence d'application due au caractère intime d'une grande partie des travaux ésotériques, caractère qui ne permet pas toujours d'exposer les résultats des expériences vécues et d'en débattre publiquement la validité.
C'est sur ce point précis que la plupart des sceptiques invalide et dénigre la démarche ésotérique. Je comprends leur raisonnement mais j'estime qu'ils se privent d'une connaissance qui n'a rien à envier à la connaissance scientifique.
J'arrête là cette trop longue (?) introduction pour donner un exemple de la façon dont la Tradition ésotérique considère l'homme, et ce, bien avant la psychanalyse.
Elle distingue trois concepts :
- le Moi du corps (physique)
- le Moi de la personnalité (psychique)
- le Moi réel (spirituel)
Elle utilise également le symbole de l'Attelage. Cette image représente par un attelage la structure de l'homme :
Le corps physique est figuré par le carrosse;
les chevaux représentent les sensations, les sentiments et les passions;
le cocher est l'ensemble des facultés intellectuelles;
la personne assise à l'intérieur du carrosse est le maître.
Dans son état normal, le système tout entier est en parfait état de fonctionnement: le cocher tient fermement les rênes et conduit l'équipage en suivant la route que lui a indiquée le maître.
Mais ce n'est pas ainsi que les choses se passent dans la majorité des cas. Tout d'abord, le maître est absent. L'équipage doit aller le chercher pour se mettre à sa disposition. Tout est en mauvais état : les essieux ne sont pas graissés et crissent; les roues sont mal fixées; les chevaux bien que de race noble sont sales et mal nourris; les harnais sont usés et les rênes ne sont pas solides. Le cocher dort. Ses mains ont glissé sur ses genoux et tiennent à peine les rênes qui peuvent à tout moment leur échapper.
L'attelage avance malgré tout, mais d'une manière qui ne présage rien d'heureux. En effet, abandonnant la route, il s'engage sur une pente de sorte que le carrosse pousse maintenant les chevaux qui n'arrivent pas à le retenir. Plongé dans un profond sommeil, le cocher oscille sur son siège et risque de tomber. Un triste sort attend évidemment un tel attelage.
Dans cette analogie, le maître serait la partie de l'individu qui aspire à la Connaissance, le cocher, celui qui aspire à la connaissance, le carrosse et les chevaux représentant la conscience.
Un homme "accompli", élevé spirituellement, doit parvenir à faire coïncider ces trois éléments.
Cet accomplissement est extrêmement rare. On trouve le plus souvent trois types d'individus :
- l'homme 1 : celui dont le centre de gravité psychique réside dans le centre moteur. C'est l'homme d'ACTION.
- l'homme 2 : celui dont le centre de gravité psychique réside dans le centre émotif. C'est l'homme EMOTIF, sentimental, artiste, romantique...
- l'homme 3 : celui dont le centre de gravité psychique réside dans le centre intellectuel. C'est l'homme qui CALCULE, cherche.
Bien évidemment, ceci est un schéma et chaque individu peut naviguer entre ces centres.
NB : Pour ceux qui s'intéresseraient à la Gnose, je leur conseille les trois tomes de Gnôsis de Boris Mouravieff, oeuvre sur laquelle j'appuie plusieurs de mes considérations.
J'ouvre ce fil parce que je pense qu'opposer systématiquement science et religion est contre-productif.
J'ouvre ce fil parce que je pense qu'un individu, totalement dénué de spiritualité, comme un individu totalement dénué d'esprit scientifique, est un individu qui boite.
J'ouvre ce fil parce qu'à la lecture de nombreux posts, la religion me semble bien trop caricaturée (sans doute parce que mal connue) sur ce forum.
J'ouvre ce fil pour répondre à plusieurs sceptiques qui me demandent à quoi peut bien servir la religion, ce qu'elle peut nous apprendre.
J'ouvre ce fil parce qu'on dit tout et n'importe quoi sur plusieurs fils en mélangeant allégrement spiritualité, religion, mystique, ésotérisme, occultisme... J'aimerais essayer de démêler ces notions avec mes quelques connaissances.
Même si c'est un voeu pieux, j'aimerais autant que possible que les gens qui interviendront sur ce fil viennent avec l'esprit ouvert et qu'on évite au maximum les caricatures, railleries et l'ironie facile.
Pour savoir d'où je parle, je rappelle ma "profession de foi" (quelque peu modifiée) fait sur un autre fil afin d'éviter les méprises.
Je ne crois pas en un Dieu révélé par une des religions monothéistes qui interviendrait dans les affaires des hommes;
Je ne crois pas plus aux divinités orientales, grecques ou païennes;
Je crois que le religieux nous en apprend plus sur l'homme que sur Dieu;
Je crois que le religieux nous en apprend autant sur l'homme que la science;
Je crois à l'interdépendance universelle;
Je crois que l'esprit transcende la matière;
Je crois que l'existence a un sens mais sais que je mourrai sans savoir lequel.
Je ne vais pas tout aborder dans ce premier post mais je peux commencer ainsi :
Dans les trois grandes religions monothéistes, en marge des textes dits sacrés et révélés (Torah, Nouveau Testament, Coran) il existe une Tradition séculaire d'enseignements dits ésotériques (Kabbale, Gnose, Soufisme). Ces enseignements constituent le coeur vivant de ces religions.
Je parlerai plus ici de la Gnose chrétienne (à ne pas confondre avec le gnosticisme) parce que c'est celle que je connais le mieux. Cependant, la pensée ésotérique considère que la Tradition est Une, qu'il existe une unité essentielle qui transcende leurs différences. Si cette Unité n'est pas toujours facilement repérable, c'est parce que cette Tradition a été et est toujours présenté sous des formes multiples dont chacune est minutieusement adaptée à la mentalité et à l'esprit du groupe humain auquel elle s'adresse.
La Tradition ésotérique chrétienne se base sur le Canon, sur le Rite, sur le Ménologe (tradition orientale du christianisme) et enfin sur la Doctrine. Cette dernière est un ensemble de règles, de traités et de commentaires dus aux docteurs de l'Eglise oecuménique. Ces textes ont été en grande partie réunis dans un recueil appelé Philocalie. Il faut ajouter à ces sources des écrits isolés d'auteurs anciens et modernes, religieux et laïcs.
La Gnose veut libérer l'homme des dogmes qu'elle estime mortifères. Le dogme, de par ce qu'il se prétend incontestable, n'est qu'un moyen pour l'Eglise d'asseoir son autorité politique. C'est pourquoi la Gnose est hors des Eglises et si mal accueillie par elles.
Contrairement aux textes canoniques, la Gnose se veut vivante, non figée, elle évolue dans le temps, s'intéresse et s'adapte aux découvertes scientifiques. Elle n'est pas en lutte contre la science, elle s'en estime complémentaire.
La Gnose considère qu'il y a deux types de connaissances à unir : la connaissance extérieure et la connaissance intérieure. Main gauche et main droite.
La philosophie positive étudie l'homme en général, autrement dit, l'homme abstrait; la philosophie ésotérique s'applique à l'homme concret : c'est l'investigateur lui-même qui est l'objet de ses études. Partant de cette constatation que l'homme est inconnu, son but est de faire connaître l'homme à lui-même, tel qu'il est et tel qu'il pourrait, dans certaines conditions devenir.
La méthode de la science ésotérique est la même que celle de la science : l'observation, l'analyse critique des données observées, la déduction rigoureuse à partir des faits établis. Cependant, cette similitude de méthode comporte une différence d'application due au caractère intime d'une grande partie des travaux ésotériques, caractère qui ne permet pas toujours d'exposer les résultats des expériences vécues et d'en débattre publiquement la validité.
C'est sur ce point précis que la plupart des sceptiques invalide et dénigre la démarche ésotérique. Je comprends leur raisonnement mais j'estime qu'ils se privent d'une connaissance qui n'a rien à envier à la connaissance scientifique.
J'arrête là cette trop longue (?) introduction pour donner un exemple de la façon dont la Tradition ésotérique considère l'homme, et ce, bien avant la psychanalyse.
Elle distingue trois concepts :
- le Moi du corps (physique)
- le Moi de la personnalité (psychique)
- le Moi réel (spirituel)
Elle utilise également le symbole de l'Attelage. Cette image représente par un attelage la structure de l'homme :
Le corps physique est figuré par le carrosse;
les chevaux représentent les sensations, les sentiments et les passions;
le cocher est l'ensemble des facultés intellectuelles;
la personne assise à l'intérieur du carrosse est le maître.
Dans son état normal, le système tout entier est en parfait état de fonctionnement: le cocher tient fermement les rênes et conduit l'équipage en suivant la route que lui a indiquée le maître.
Mais ce n'est pas ainsi que les choses se passent dans la majorité des cas. Tout d'abord, le maître est absent. L'équipage doit aller le chercher pour se mettre à sa disposition. Tout est en mauvais état : les essieux ne sont pas graissés et crissent; les roues sont mal fixées; les chevaux bien que de race noble sont sales et mal nourris; les harnais sont usés et les rênes ne sont pas solides. Le cocher dort. Ses mains ont glissé sur ses genoux et tiennent à peine les rênes qui peuvent à tout moment leur échapper.
L'attelage avance malgré tout, mais d'une manière qui ne présage rien d'heureux. En effet, abandonnant la route, il s'engage sur une pente de sorte que le carrosse pousse maintenant les chevaux qui n'arrivent pas à le retenir. Plongé dans un profond sommeil, le cocher oscille sur son siège et risque de tomber. Un triste sort attend évidemment un tel attelage.
Dans cette analogie, le maître serait la partie de l'individu qui aspire à la Connaissance, le cocher, celui qui aspire à la connaissance, le carrosse et les chevaux représentant la conscience.
Un homme "accompli", élevé spirituellement, doit parvenir à faire coïncider ces trois éléments.
Cet accomplissement est extrêmement rare. On trouve le plus souvent trois types d'individus :
- l'homme 1 : celui dont le centre de gravité psychique réside dans le centre moteur. C'est l'homme d'ACTION.
- l'homme 2 : celui dont le centre de gravité psychique réside dans le centre émotif. C'est l'homme EMOTIF, sentimental, artiste, romantique...
- l'homme 3 : celui dont le centre de gravité psychique réside dans le centre intellectuel. C'est l'homme qui CALCULE, cherche.
Bien évidemment, ceci est un schéma et chaque individu peut naviguer entre ces centres.
NB : Pour ceux qui s'intéresseraient à la Gnose, je leur conseille les trois tomes de Gnôsis de Boris Mouravieff, oeuvre sur laquelle j'appuie plusieurs de mes considérations.