Mireille a écrit :Je me demandais si c’était un plus grand nombre de connaissances qui garantissait une plus grande étanchéité au niveau de ce qui peut nous rendre émotif ou si c’était un état naturel ou de naissance, presque une tare au fond..
Ce n'est clairement pas uniquement dû au nombre de connaissances, car il est possible de constater sur n'importe quel forum (ainsi que dans la vie en général) que certaines personnes parfois très instruites ou intellos peuvent également réagir de façon émotionnelle. Il m'est évident que le caractère plus ou moins impulsif d'une personne ne dépend pas uniquement du nombre de connaissances qu'elle possède. Par contre, il est vrai qu'on semble observer plus de gens impulsifs et réactifs émotionnellement chez ceux qui semblent moins instruits (au moins sur les réseaux sociaux). Et, en ce qui concerne le « facteur inné », je suppose que c'est comme pour n'importe quels autres talents, capacités ou traits de caractère : certains sont, fort probablement, plus ou moins avantagés que certains autres.
Maitenant, comment acquérir ou développer sa capacité à ne pas s’énerver (sang-froid) et réduire son impulsivité?
Je sais que certains sceptiques (J-F, entre autres) ne semblent pas partager mon avis à propos du fait que je pense que nos pensées contribuent fortement à « alimenter » nos émotions, mais je vais me permettre de partager mon opinion à ce sujet uniquement en tant que témoignage ou d'opinion personnelle. Je ne prétends donc pas que ce que je vais partager est une vérité ou que cela fonctionne pour tous, mais je prétends que, pour moi en tout cas, cela a eu un effet certain.
Prenons le cas de quelqu'un qui se « masturbe intellectuellement » avec des questions de principe, de valeur ou de morale et qui se créer des scénarios dans sa tête. Si, pendant 15 ans, un mec se dit et se répète mentalement que ce sera une catastrophe et un drame si sa femme le quitte, ben je suis persuadé que cela opère comme une forme d'auto conditionnement et que si la situation se produit, le mec réagira alors selon le réflexe émotif ayant été « nourrit » pendant toutes ces années (en tout cas plus fortement que celui qui ne passe pas de temps à valoriser ou dévaloriser une possible résultante). Pour moi, il m'apparait évident que cela procède exactement de la même façon qu'un sportif ou qu'un artiste qui pratique des mouvements à répétition dans l'espoir que ces derniers s'intègrent et deviennent des réflexes naturels. Il en est de même avec tout ce qui est susceptible de toucher mon ego et mon orgueil lors des débats et des interactions avec autrui. Selon l'éducation reçue, selon les principes et valeurs que nous avons acceptés ou rejetés, et selon l'importance que nous accordons à l'image projetée (par nous même ou déformé et mésinterprété par les autres), nous réagirons en fonction de tous ces micros conditionnement effectué ou entretenu par nous-mêmes au fil des années.
Qu'est-ce que j'ai conclu de ces observations personnelles?
Qu'il est nécessaire d'apprendre à gérer un minimum ses propres pensées et qu'il est inutile d'entretenir, de développer et de nourrir à répétition certaines pensées spécifiques. Donc toutes les pensées qui sont susceptibles de nourrir des réflexes émotionnels touchant mon orgueil, je les laisse passer, mais je ne m'en empare jamais pour les développer inutilement. Je ne prétends aucunement que j'ai le loisir de choisir les pensées qui me viennent spontanément à l'esprit, sauf que lorsque certaines pensées particulières émergent, je me suis progressivement habitué à les observer et à les considérer comme étant simplement de l'information qui passe sur mon « écran mental » (comme les news à la TV). Autrement dit, je réussis à faire une distinction volontaire entre les pensées produites par mon esprit (cerveau) et la conscience émergente qui traite et observe ces dernières (mon « moi »). Cette scission volontaire me permet de ne pas me confondre avec mes propres pensées et il m'est alors beaucoup plus facile de reconnaitre et d'accepter que certaines des pensées qui traversent mon esprit sont parfois inappropriées, complètement inutile ou erronées et donc de faire pareil lorsque d'autres personnes remettent mes pensées ou opinions en cause. (Même si je suis devenu sceptique et que je ne crois pas à l'âme, etc., je ne me considère pas être uniquement mes pensées. Je suis bien une conscience émergente qui a la possibilité et la capacité d'observer ses pensées, ses réactions et de modifier (jusqu'à un certain point) certains comportements au sein de son propre système.)
Autrement dit, mis à part si l'on s'attaque
directement et sans
aucune ambiguïté à ma personne (ou qu'on me fasse des
procès d'intention), j'ai décidé
moi-même de ne plus m'offusquer lorsqu'on « attaque » mes pensées, mes opinions ou mes raisonnements. C'est une façon stratégique comme une autre de ne pas laisser le pouvoir aux autres concernant mes éventuelles et possibles réactions. C'est moi qui décide à l'avance par auto conditionnement. Et même dans le cas d'insultes claires et directes, j'ai réalisé qu'il était préférable, stratégiquement, de ne pas m'énerver, si ce n'est que pour demeurer concentré et pour ne pas risquer de tomber dans le jeu de certains, etc.
J'ai donc pris l'habitude de ne plus développer ou nourrir certaines pensées qui nourrissent mon ego et mon orgueil.
Pas toutes! Pas celles qui sont nécessaire à mon estime personnelle (et à mon équilibre psychologique), mais seulement celles qui pourraient me conditionner à
réagir émotivement et
seulement lors des interactions potentiellement conflictuelles avec autrui (ce qui inclut les débat sur les forums, entre autres).
Pourquoi fais-je ceci?
Avant tout, certains pourront peut-être faire des parallèles avec ce que je partage et certains éléments de certaines philosophies orientales. C'est vrai et, étant un ancien zozo, je me suis déjà effectivement intéressé à certaines d'entre elles. Sauf que, maintenant, je fais ce que je partage uniquement dans le cadre d'une stratégie me permettant de diminuer l'emprise de certains biais ou de certaines réactions émotionnelles. J’y trouve donc une application logique, utile et pratique qui n'est pas basée sur des considérations strictement religieuses, philosophiques ou moralistes.
Qu'est-ce que cela m'apporte concrètement?
— Psychologiquement : un certain détachement et le recul nécessaire me permettant de ne pas réagir systématiquement par réflexe ou habitude lorsque ce n'est de toute façon pas nécessaire ou constructif.
— Biochimiquement : l'absence de libération de certaines hormones (et/ou de réactions physiologiques) qui affectent nécessairement mon corps et mon cerveau et donc mes comportements, ma concentration et mes pensées.
— Sratégiquement : minimiser la possibilité que des gens intelligents puissent utiliser mes schèmes et patterns réactifs émotionnels afin de me faire réagir ou dans le but de me manipuler.
...Parce que dès que l'on réagit systématiquement de la même façon face à des circonstances similaires (par réaction émotionnelle ou par simple habitude), nous créons en quelque sorte une constante et, comme tout ce qui est reproductible, ça devient un élément concret pouvant être manipulé par des « intelligences » et des sciences (neuromarketing, etc.).
Bref, pour faire plus simple et pour sortir de mes explications personnelles Mireille, c'est comme la pratique de n'importe quels activités ou sports. Les sportifs de haut niveau s'entrainent physiquement, mais aussi mentalement pour ne pas se laisser perturber par l'intimidation de leurs adversaires, par la foule ou par quoi que ce soit. Ce n'est pas le temps de pogner les nerfs en compétition, car ça déconcentre inutilement. Commence à pratiquer, c'est le « secret » de toute maitrise : pratiquer, pratiquer et pratiquer!
Aussi, je t'avais déjà suggéré de laisser passer une nuit de sommeil au lieu de poster une réponse immédiatement quand ton orgueil est touché dans une discussion ou un débat. Personnellement, ça m'arrive encore parfois d'enregistrer mes écrits et de les poster uniquement après une nuit de sommeil, juste pour prendre un minimum de recul. Juste cette année, il y a au moins une dizaine de réponses que j'ai foutues à la corbeille après relecture le lendemain.