Nous sommes tous des homéopathes
Publié : 05 juil. 2014, 15:29
Nous sommes tous des homéopathes!
LE CARCAN COGNITIF
Pour des raisons fonctionnelles probablement lié à l'évolution de l'espèce, l'esprit humain appréhende le réel à travers des schémas cognitivo- émotionnels et comportementaux préfigurés. Nous avons l'impression de considérer le réel pour ce qu'il est (comme un dessin sur une feuille blanche) alors qu'en fait nous ne faisons, la plupart du temps, que l'assimiler aux schémas que nous nous sommes construits durant les premières années de notre vie (comme un dessin préimprimé d'un cahier à colorier que nous nous contentons de remplir de couleurs).
LES SCIENCES PHYSIQUES PARADIGMATIQUES
Les sciences physiques elles-mêmes ne sont pas "libres" de cet esclavage intellectuel. Dans La structure des révolutions scientifiques, Thomas Kuhn explique que l'histoire des sciences physiques montre qu'elles évoluent par le biais de "paradigmes" qui sont des théories explicatives qui servent de modèles "modèles" pour la recherche. Lorsqu'un chercheur enregistre des données non-conformes au paradigme dominant, ses résultats sont simplement considérés comme des singularités, des étrangetés qui attendent d'être interprétées. Il n'arrive que très rarement et très péniblement que les sciences physiques abandonnent un paradigme pour en adopter une autre mieux adaptée au l'ensemble des données. Il se produit alors une "révolution scientifique".
SCIENCES MÉDICALES ET SOCIALES
En sciences médicales et sociales, c'est carrément la débandade puisqu'il n'y a souvent même pas de paradigme assez dominant pour assembler les écoles. La médecine "officielle", comme les charlatans aiment la désigner, est un peu plus structurée depuis le début du 20e siècle. Louis Pasteur a établi une théorie explicative des maladies infectieuses si éclairante et ayant de si nombreuses applications pratiques, qu'elle a brisé à presque 90% les frontières qui séparaient les écoles. Il reste pourtant des survivants, des écoles, comme l'homéopathie, qui résistent "courageusement"(sic) à l'attraction pasteurienne.
Au plan personnelle, c'est pire! Les scientifiques ne sont pas du tout à l'abri des carcan cognitif. Pour en avoir eu quelques uns dans la clientèle en thérapie cognitive, j'ai constaté qu'ils étaient tout aussi résistants à abandonner leurs schémas cognitifs dépressifs que le sont les chauffeurs de taxi (attention sélective, inférence arbitraire, magnification des preuves "pour", minimisation des preuves "contres", etc.
LA RÉSISTANCE PSYCHOLOGIQUE À LA CONTRE-PREUVE
L'intérêt pour les sceptiques de connaître ce fonctionnement par schémas cognitivo-émotionnels est qu'il explique bien la résistance psychologique de nos interlocuteurs lorsque nous démontrons la fragilité de leurs "preuves"(sic) ou lorsque nous leur exposons des contre-preuves qui (dans notre esprit) devraient être convaincantes.
J'aime l'exemple de l'homéopathie parce que c'est mon principal cheval de bataille. Je crois avoir rencontré tout l'éventail des partisans de l'homéopathie, du plus con au plus brillant et de connaître tous leurs arguments par cœur. Je me suis cassé les dents pendant 20 ans à essayer de tirer de leurs croyances absurdes. Je n'y suis pas parvenu, mais ma dialectique avec les homéopathes m'a appris beaucoup de choses. Les résistances cognitivo-émotionnelles des homéopathes n'ont rien d'inédit. Elles sont simplement un témoin du fonctionnement psychologique normal des êtres humains. En ce sens, les partisans de l'homéopathie ne sont pas plus cons que nous ne le sommes probablement nous-mêmes.
Dans notre dialectique avec les zozos, nous sommes prompts à conclure à la «mauvaise foi» de nos interlocuteurs et à nous enflammer lorsqu'ils esquivent nos questions ou tombent dans les sophismes et à jouer les vierges offensées lorsque l'interaction passait en mode "attaques personnelles". Nous avons belle-jambe parce que dans ces débats, nous prenons le parti de la logique et de la preuve empirique. Mais nous avons tort de prendre de haut nos interlocuteurs zozos parce que nous nous conduisons probablement exactement de la même façon lorsque nous quittons le terrain solide de "thèmes sceptiques" consacrés.
NOTRE MAUVAISE FOI
Et, en effet, j'ai observé que les résidents sceptiques de ce forum fonctionnaient exactement de la même façon lorsqu'ils entraient dans une discussion où c'étaient leurs croyances qui étaient mises en doute. En ce sens, nous fonctionnons tous comme des partisans de l'homéopathie. Lorsque nos croyances (les plus émotionnellement investies) sont ébranlées, nous résistons psychologiquement aux contre-preuves.
J'aurais aimé trouve "l'ultime stratégie rhétorique". J'aurais aimé trouver le levier qui forcerait un croyant à abandonner la résistance au changement cognitif, à accepter de remettre sa croyance en question. Je ne l'ai pas trouvé.
MA MAUVAISE FOI
J'ai trouvé une petite "discipline personnelle" pour chercher à ébranler mes propres croyances, mais je suis mauvais juge de son efficacité parce que si elle ne marche pas bien, mon auto aveuglément ne me permettra pas de le constater.
NOUS SOMMES TOUS LES HOMÉOPATHES DE NOS PROPRES CROYANCES.
LE CARCAN COGNITIF
Pour des raisons fonctionnelles probablement lié à l'évolution de l'espèce, l'esprit humain appréhende le réel à travers des schémas cognitivo- émotionnels et comportementaux préfigurés. Nous avons l'impression de considérer le réel pour ce qu'il est (comme un dessin sur une feuille blanche) alors qu'en fait nous ne faisons, la plupart du temps, que l'assimiler aux schémas que nous nous sommes construits durant les premières années de notre vie (comme un dessin préimprimé d'un cahier à colorier que nous nous contentons de remplir de couleurs).
LES SCIENCES PHYSIQUES PARADIGMATIQUES
Les sciences physiques elles-mêmes ne sont pas "libres" de cet esclavage intellectuel. Dans La structure des révolutions scientifiques, Thomas Kuhn explique que l'histoire des sciences physiques montre qu'elles évoluent par le biais de "paradigmes" qui sont des théories explicatives qui servent de modèles "modèles" pour la recherche. Lorsqu'un chercheur enregistre des données non-conformes au paradigme dominant, ses résultats sont simplement considérés comme des singularités, des étrangetés qui attendent d'être interprétées. Il n'arrive que très rarement et très péniblement que les sciences physiques abandonnent un paradigme pour en adopter une autre mieux adaptée au l'ensemble des données. Il se produit alors une "révolution scientifique".
SCIENCES MÉDICALES ET SOCIALES
En sciences médicales et sociales, c'est carrément la débandade puisqu'il n'y a souvent même pas de paradigme assez dominant pour assembler les écoles. La médecine "officielle", comme les charlatans aiment la désigner, est un peu plus structurée depuis le début du 20e siècle. Louis Pasteur a établi une théorie explicative des maladies infectieuses si éclairante et ayant de si nombreuses applications pratiques, qu'elle a brisé à presque 90% les frontières qui séparaient les écoles. Il reste pourtant des survivants, des écoles, comme l'homéopathie, qui résistent "courageusement"(sic) à l'attraction pasteurienne.
Au plan personnelle, c'est pire! Les scientifiques ne sont pas du tout à l'abri des carcan cognitif. Pour en avoir eu quelques uns dans la clientèle en thérapie cognitive, j'ai constaté qu'ils étaient tout aussi résistants à abandonner leurs schémas cognitifs dépressifs que le sont les chauffeurs de taxi (attention sélective, inférence arbitraire, magnification des preuves "pour", minimisation des preuves "contres", etc.
LA RÉSISTANCE PSYCHOLOGIQUE À LA CONTRE-PREUVE
L'intérêt pour les sceptiques de connaître ce fonctionnement par schémas cognitivo-émotionnels est qu'il explique bien la résistance psychologique de nos interlocuteurs lorsque nous démontrons la fragilité de leurs "preuves"(sic) ou lorsque nous leur exposons des contre-preuves qui (dans notre esprit) devraient être convaincantes.
J'aime l'exemple de l'homéopathie parce que c'est mon principal cheval de bataille. Je crois avoir rencontré tout l'éventail des partisans de l'homéopathie, du plus con au plus brillant et de connaître tous leurs arguments par cœur. Je me suis cassé les dents pendant 20 ans à essayer de tirer de leurs croyances absurdes. Je n'y suis pas parvenu, mais ma dialectique avec les homéopathes m'a appris beaucoup de choses. Les résistances cognitivo-émotionnelles des homéopathes n'ont rien d'inédit. Elles sont simplement un témoin du fonctionnement psychologique normal des êtres humains. En ce sens, les partisans de l'homéopathie ne sont pas plus cons que nous ne le sommes probablement nous-mêmes.
Dans notre dialectique avec les zozos, nous sommes prompts à conclure à la «mauvaise foi» de nos interlocuteurs et à nous enflammer lorsqu'ils esquivent nos questions ou tombent dans les sophismes et à jouer les vierges offensées lorsque l'interaction passait en mode "attaques personnelles". Nous avons belle-jambe parce que dans ces débats, nous prenons le parti de la logique et de la preuve empirique. Mais nous avons tort de prendre de haut nos interlocuteurs zozos parce que nous nous conduisons probablement exactement de la même façon lorsque nous quittons le terrain solide de "thèmes sceptiques" consacrés.
NOTRE MAUVAISE FOI
Et, en effet, j'ai observé que les résidents sceptiques de ce forum fonctionnaient exactement de la même façon lorsqu'ils entraient dans une discussion où c'étaient leurs croyances qui étaient mises en doute. En ce sens, nous fonctionnons tous comme des partisans de l'homéopathie. Lorsque nos croyances (les plus émotionnellement investies) sont ébranlées, nous résistons psychologiquement aux contre-preuves.
J'aurais aimé trouve "l'ultime stratégie rhétorique". J'aurais aimé trouver le levier qui forcerait un croyant à abandonner la résistance au changement cognitif, à accepter de remettre sa croyance en question. Je ne l'ai pas trouvé.
MA MAUVAISE FOI
J'ai trouvé une petite "discipline personnelle" pour chercher à ébranler mes propres croyances, mais je suis mauvais juge de son efficacité parce que si elle ne marche pas bien, mon auto aveuglément ne me permettra pas de le constater.
NOUS SOMMES TOUS LES HOMÉOPATHES DE NOS PROPRES CROYANCES.