Merci pour votre message, Cartaphilus.
Voici deux définitions du terme agnosticisme que vous acceptez probablement :
« Doctrine d'après laquelle tout ce qui est au-delà du donné expérimental (tout ce qui est métaphysique) est inconnaissable. »
Petit Robert
« L’agnosticisme est une attitude de pensée considérant la vérité de certaines propositions concernant notamment l'existence de Dieu ou des dieux comme inconnaissable1,N 1 : à la différence des croyants, considérant probable ou certaine l'existence de telles divinités, ou des athées l'estimant impossible, les agnostiques refusent de trancher2. Si le degré de scepticisme varie selon les individus, les agnostiques s'accordent pour dire qu'il n'existe pas de preuve définitive en faveur de l'existence ou de l'inexistence du divin, et affirment l'impossibilité de se prononcer. »
Wikipedia
Maintenant, voyons vos trois points :
Cartaphilus a écrit :i - Tout d'abord, l'agnosticisme donne fâcheusement l'impression de renvoyer dos à dos le croyant et l'athée : or le premier assoit sa croyance sur des éléments non prouvés (foi, révélation, expérience affective du divin), tandis que le second récuse une telle conception, par défaut de preuves matérielles et d'arguments.
Dans le contexte des définitions du
Petit Robert et de
Wikipedia, l'agnosticisme renvoie effectivement dos à dos les points de vue que vous nommez « croyant » et « athée », ces deux points de vue tombant dans le domaine de la métaphysique.
En effet, la science contemporaine ne sait prouver ou réfuter ce qui relève de la métaphysique, c'est-à-dire ce qui échappe au donné expérimental.
Selon ce point de vue, l'athéisme se fonde sur une croyance, le dogme matérialiste qui nie l'existence de ce que la science contemporaine ne peut explorer. Aussi, on perçoit ici les limites du couple « croyant » / « athée », puisque l'athéisme est en fait aussi une croyance.
Cartaphilus a écrit :ii - Ensuite, la position agnostique ne peut se révéler universelle à l'égard de toute déité, de tout fidéisme, de toute croyance, en tous temps et tous lieux, sinon au risque de ne pouvoir se décider sur l'existence de la licorne rose invisible.
Qu'entendez-vous avec cette phrase ? Que doit-on y comprendre ?
L'exemple fourni parait fort boiteux. Prenons plutôt le cas de l'existence de la conscience une fois le corps détruit. Il y a quand même plus d'un témoignage :
http://www.youtube.com/watch?v=Uk7biSOzr1k
http://www.dailymotion.com/video/x56vqi ... -1-de_news
http://www.dailymotion.com/video/x56via ... rel-page-1
je vous suggère de commenter ces témoignages et on en discutera si l'occasion se présente.
Cartaphilus a écrit :iii - Sur un troisième point, la difficulté repose sur le présupposé d'une vérité inconnaissable, d'un « dieu » incognoscible, voire d'un absolu inaccessible à l'entendement humain.
En effet, l'agnosticisme sait reconnaitre les limites de la connaissance scientifique. Hubert Reeves, que vous avez probablement lu, représente bien ce point de vue.
Au contraire, l'athéisme se prononce orgueilleusement dans ce que la science ne peut explorer, ce qui est un manque de rigueur scientifique comme le faisait les scientistes au 19e siècle.
Ainsi, l'agnosticisme est un exercice d'humilité par opposition à l'athéisme qui nie l'existence de ce qui n'a pas été exploré par la science.
Remarquez pourtant que la frontière entre l'inconnaissable et le connaissable fluctue au moins un peu selon les époques et les individus. Ce qui est inconnu aujourd'hui sera peut-être connu demain.
Dans ce contexte, le fait de nier l'existence de l'inconnu n'est-il pas fondé sur une erreur de raisonnement ?