les perceptions lors des EMI sont-elles des hallucinations ?
Publié : 12 mars 2015, 23:05
Bonjour,
J'ai mis longtemps à ouvrir ce post parce que je ne savais pas comment m'y prendre. Finalement, j'ai décidé de commencer en postant des bribes de témoignages, après tout c’est la matière première dans les recherches sur les EMI.
Je suis depuis 2 ans bénévole dans l'association IANDS-France. Si je n'en ai pas parlé lors de ma présentation c'est parce que je ne pensais pas que cela serait nécessaire. Et surtout, je ne me suis pas inscrite ici pour faire la promotion de quoi que ce soit ni de qui que ce soit.
Dans cette association, je transcris des témoignages: je transcris d'anciens témoignages dans la nouvelle version du questionnaire pour qu’ils soient ensuite automatiquement mis dans la synthèse qui permettra l'étude statistique des caractéristiques.
Si je raconte tout cela c’est pour dire que j’ai sur mon ordi quelques témoignages dont certains ont déjà été rendus publics dans le livre Deadline du docteur Jourdan. Je peux donc me permettre de les poster sur ce forum, à la condition de respecter l'anonymat des personnes.
C'est un peu (très) différent de lire le résumé d'un témoignage tel qu'il peut apparaitre sur internet que de lire le témoignage brut d'une personne qui se confie à un chercheur. Le "ton" de la personne, le choix des mots, les hésitations etc sont importants, me semble-t-il pour se faire une idée.
Je m'excuse de ce long préambule...
Les EMI sont vécues par des hommes et des femmes, de tout âge, y compris des enfants, de toute culture, niveau social, croyance préalable.
Voici le tout début du témoignage de X, témoignage enregistré puis retranscrit à l’écrit.
J’ai souligné ce qui est typique du mode de perception (j’en reparlerai après si cela intéresse.) ou ce qui me paraît important, pour ce post.
Je commence par la manière dont j'ai voulu arrêter de vivre, je crois que c'est important au niveau de la suite. Je travaillais dans un hôpital en tant qu'infirmier, je suivais des études de psycho et je faisais une analyse. Trois choses en même temps et, arrivé à un certain stade, je ne me suis plus supporté par rapport à plein de choses qui m'étaient renvoyées dans la figure et j'ai décidé d'arrêter de vivre… de ne plus avoir cette...tout ça. Bon, je suis chrétien, catholique mais à l'époque j'avais arrêté; je ne pratiquais plus.
Donc j'étais marié, j'avais une fille et j'ai donc décidé d'arrêter et ma femme, qui était infirmière également devait rentrer à 22 H après avoir pris notre fille à la crèche. Donc j'avais décidé de faire ça à 18 H comme ça en rentrant elle me trouvait mort, puisque j'avais la dose presc… enfin une dose claire, nette. Et je n'ai pas pensé que ma fille aînée, et ça je pense que c'est un petit appel de je ne sais pas où, a eu une fièvre. La crèche a appelé sa mère et elle l'a ramenée à la maison. Ce qui veut dire qu'elle m'a trouvé dans un état inconscient, mais je n’étais pas mort. On m'a transporté à l'hôpital. Là je ne me souviens pas sauf ce que je peux savoir de mes parents et de ma femme.
On m'a mis en salle de réanimation, j'étais très faible, parait-il, d'après ce qu'ils me disaient. Ils ont fait un lavage d'estomac, ça ne servait à rien puisque c'était déjà ingéré depuis longtemps et ils m'ont branché un peu de partout et ils ont essayé de faire quelque chose et puis moi je suis mort cliniquement. Pour eux j'étais mort cliniquement. Alors moi à ce moment là je peux raconter ce que j'ai vu. Ça c'était ce qu'ont raconté mes parents et ma femme. Tandis que ce que j'ai vécu moi c'est autre chose et ça correspond à comment ils m'ont dit que j'étais au niveau des tuyaux et des machins sur le lit.
Donc je me suis vu...Oui c'est important aussi, je n'avais jamais ni lu ni entrepris quelque chose au niveau ésotérisme ou autre. Moi j'étais psycho avec toutes les limites qu'on peut avoir en étant en deuxième année de psycho. Et puis l'analyse en plus, analyse freudienne et je m'orientais vers Lacan alors que j'ai arrêté après. C'est tout un chemin qui a changé par rapport à ce qui s'est passé.
Donc je me suis vu sur un lit d'hôpital avec des tuyaux, j'ai rien compris avec ma femme et mes parents et des infirmières qui étaient là.
Il n'y avait pas d'homme, même le médecin était une femme.
Et je ne comprenais rien du tout parce que je me voyais comme ça et je me disais mais qu'est ce qu'il se passe, et puis un truc très drôle qui m'est arrivé c'est que j’ai vu ce que pensaient mes parents et ma femme. Qui après s'est réalisé ... enfin s'est concrétisé par rapport à ce que j'avais pu percevoir. Donc, j'ai vu ma femme penser : “J'espère qu'il va y passer". Et mes parents complètement attristés en essayant de… Ma mère était surveillante générale à l'hôpital donc elle connaissait les histoires et elle voulait absolument faire quelque chose, mon père qui était militaire, lui il voulait que tout le monde fasse... Bon vous imaginez un peu comment ça se passait. J'ai vu les sentiments qu’ils avaient les uns et les autres. Et je n'ai pas voulu le croire après mais la vie m'a donné raison, enfin dans ce que j'avais vu tout au moins.
Q: Quand vous dites vu, c'est...?
Perçu. C'est bizarre parce que je les voyais mais je sentais quelque chose qu'ils pensaient. C'est ce que je ne comprenais pas, parce que au niveau des entretiens on voit la personne, on imagine, on projette alors que là c'était pas ça; je le voyais... est-ce-que c'est voyais? Je sentais. Je voyais physiquement les personnes telles qu'elles étaient et d'autre part, je les déshabillais quoi quelque part, je sentais ce qu'ils pensaient.
Et puis progressivement je partais, enfin comme si je m'envolais, enfin je montais, mais je n'avais pas la notion de la dimension de la pièce, ça c'est important. Et puis je me suis retrouvé dans un tunnel, alors moi j'aime pas trop ça, parce que j'aimais pas ça, parce que j'aime pas dans la vie être engoncé ; donc j'étais pas bien, j'étais très mal là et je montais, comme si je montais. Je montais pas hein, mais la sensation de monter. C'était pas comme dans un ascenseur, on le sent au niveau du corps. Là j'avais l'impression de monter, de me déplacer, sans pour autant me déplacer. Et je percevais, c'est pas de la visualisation, je percevais une lumière, comme s'il fallait que je...Si vous voulez quand on est sous l'eau au moment ou on étouffe, on remonte. Alors moi j'avais un appel comme ça de cette lumière. Lumière ou présence, je ne sais pas comment on peut le dire mais j'avais l'impression d'une lumière à l'époque (…)
Là c’est une petite partie du témoignage très connu de Nicole Dron. C’est aussi pour varier les sources. Même si elle a témoigné à IANDS-France, ce résumé, je l’ai copié du site de IANDS-Québec. Et c’est un résumé, pas le témoignage brut.
… Tout d’abord, je me souviens m’être trouvée à la hauteur du plafond. J’étais là avec toutes mes pensées, mes émotions, mes impressions, avec tout ce qui constitue mon être profond. J’ai pris conscience de voir de tous les côtés à la fois, mais surtout j’éprouvais un sentiment nouveau et incroyable : celui d’exister en dehors de mon corps. (...)
Je ne me suis pas trop attardée dans cette salle d’opération, car j’ai pensé à mon mari et à mon beau-père qui attendaient dans la salle d’attente. En pensant à eux, instantanément, je me suis trouvée près d’eux. J’ai pris conscience de traverser les murs. Tout m’a paru naturel, parce que sur le coup, on ne pense pas, on est dans l’action tout simplement. Plus tard je me suis demandé : comment est-ce possible ? Comment ai-je pu traverser les murs et trouver cette salle d’attente, car je ne connaissais même pas le chemin qui y conduisait, n’ayant jamais eu l’occasion de m’y rendre !
Dans cette salle d’attente, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de siège. Mon mari me l’a confirmé plus tard. Je voyais qu’ils arpentaient la pièce et moi j’essayais de me manifester à eux, en vain. Ils ne me voyaient pas. Je ne comprenais pas. J’éprouvais une sorte de désespérance, celle de ne pas pouvoir communiquer avec ceux que j’aimais. En désespoir de cause, j’ai posé la main (du corps plus subtil dans lequel j’étais) sur l’épaule de mon beau-père et ma main a traversé son corps !
Mais, en même temps, je prenais conscience d’une faculté nouvelle, celle de pénétrer tout ce qui est. Je n’ai jamais perdu la notion d’être "moi", mais j’avais l’impression de prendre plus d’espace et je me suis trouvée dans le coeur de mon mari. Je connaissais toutes ses pensées, mais aussi l’essence de son être, ce qu’il valait en tant qu’être humain. (...) La même chose s’est produite avec mon beau-père. (...) Et là, dans le coeur de mon beau-père, je me rendais compte de toute la compassion et de toute l’affection qu’il avait pour moi et j’étais capable de voir au-delà de mes propres projections… http://www.iandsquebec.com/index.php/emi-de-nicole
Là je poste le témoignage d'une femme qui a vécu la première phase d'une EMI, celle dite OBE, lors d'un avortement à une époque où celui-ci était illégal. Cette femme était déjà âgée lorsqu'elle a témoigné, sans doute est-elle décédée à ce jour. Si j'ai choisi celui-ci, c'est parce qu'il me semble comporter une indéniable acquisition d'informations; ce n'est pas pour polémiquer sur le sujet de l'avortement.
Donc voici le témoignage de Mme C:, enregistré en 1988 sur cassette puis transcrit au mot près, y compris avec les hésitations et les redondances:
Selon la première personne que vous avez contactez à IANDS France, vous avez récemment ou il y a un peu plus longtemps eu une expérience lors d'une intervention chirurgicale.
Pouvez-vous me dire comment cela est arrivé?
Oui, ça s'est passé exactement en 1965. Il faut que je vous dise que j'avais fait plusieurs interruptions de grossesse auparavant, au préalable, auparavant et que cette fois j'étais, j'avais un retard de règles d'environ sept semaines. Je suis sage-femme. J'ai décidé de faire faire donc une interruption volontaire de grossesse. Donc l'expérience que j'ai vécu n'est pas intervenue au cours d'un accident, C'est intervenu au cours de cette fameuse interruption volontaire de grossesse que j'ai faite faire par un ami chirurgien qui est évidemment connu sur la place de Paris et donc, bien entendu, je ne dirai par le nom et cette intervention est intervenue dans son cabinet médical, un soir alors que lui-même était bien sûr là, mon mari et moi-même. Donc bien sûr, j'étais un petit peu anxieuse parce qu'on fait jamais ce genre d'interruption sans quelques problèmes d'abord moraux et quelques problèmes d'anxiété et je suis arrivée sur une table d'opération et surtout je me demandais comment cela allait intervenir (je sais bien comment ça se passe une interruption volontaire, je savais très bien puisque, je répète, je suis sage-femme), mais je n'en avais plus vue depuis quelques années auparavant parce que je n'exerçais pas à ce moment-là mon métier en clinique et que bon je me demandais comment cela allait intervenir dans un appartement, dans une salle de cabinet médical sachant bien quand même que j'allais avoir une anesthésie générale. Je ne savais pas avec quel produit cette anesthésie allait être faite.
Donc j'avais certaines angoisses et sur l'anesthésie et sur l'acte lui-même. Mais, comme je faisais confiance à mon ami, je suis quand même, je suis quand même montée sur la table qui n'était bien entendu pas une table d'opération et je me suis laissée endormir.
Alors, moi l'expérience que j'ai vécue, je n'ai donc pas du tout l'impression de quelque chose de grave, que, que, mais je n'avais quand pas l'impression que je mettais ma vie en danger. Donc, on m'a fait une piqûre intraveineuse et le chirurgien m'a dit "vous allez dormir, je vais vous faire une anesthésie très courte, une anesthésie générale" . Donc je me suis laisser piquer. J'avais quand même une certaine confiance en lui, je répète.
Alors, j'ai vu, j'ai eu… je pense que c'est tout de suite cette période d'apnée. J'ai eu tout de suite donc l'impression de descendre à la verticale dans un immense puit, pas dans un tunnel, je suis descendue à la verticale. Je suis descendue, je ne peux pas mesurer en nombre de mètres mais, vraiment, vraiment, c'était très long et alors tout d'un coup, je me suis retrouvée dans une salle très très très éclairée et au-dessus de mon corps à peu près à un mètre et demi. Je n'ai donc pas eu du tout l'impression de, d'avoir eu un accident, d'avoir eu quelque chose de mauvais, simplement cette descente verticale, très verticale et dans un trou très noir , dans un puits. Et quand je me suis retrouvée à un mètre et demi au-dessus de mon corps, je me suis trouvée alors là très très très très bien. Je me suis trouvée très très bien et je dois dire que, moi, mon impression c'était que je dormais. Quand je dormais, mais que j'étais complètement détachée de mon corps, et alors j'avais une perception générale de tout ce qui se passait, j'entendais tout ce qui se passait, je voyais tous ce qui se passait, et c'est là que mon expérience peut être très intéressante parce que, en fait, elle n'est pas très intéressante sur le vécu de ce moment-là, mais elle est intéressante dans la mesure où maintenant c'est une affaire qui s'est passée depuis 23 ans, il y a eu une évolution de ma vie à partir de ce moment-là, tout m'est expliqué et c'est en ça que l'expérience que j'ai vécue est très intéressante.
Donc je me suis retrouvée donc à un mètre et demi au-dessus de mon corps, et je n'étais pas étrangère à mon corps. Je savais que c'était mon corps qui était là. Je savais que c'était sur moi qu'on pratiquait une intervention et j'étais très très intéressée par la façon de pratiquer de ce chirurgien. Et je me suis dit ben je vais regarder, je me souviens très bien avoir très très bien observer, mais même sans pratiquement observer, ça c'est passé d'une façon, je dirai presque involontaire, mais tout de même je savais que je voulais voir comment il pratiquait, comment il s'y prenait, ça m'intéressait dans un appartement une anesthésie avec un chirurgien qui allait faire tout seul, disons un curetage, et cela m'a beaucoup intéressée.
A un certain moment, je me suis dit mais je connais ce cabinet, mais je connais pas le reste du cabinet médical et je me suis dit tiens je vais aller voir un peu, puis comme c'était, je suis allée, j'ai traversé la cloison, je me demande comment j'ai bougé et puis j'ai regardé, mais la pièce à côté était sombre et noire, je me suis dit c'est un cabinet , c'est vraiment pas son appartement, il n'habite pas là. Et maintenant, je préfère aller regarder, voir comment il pratique ce curetage et donc j'ai traversé la cloison une deuxième fois et, et je me suis retrouvée dans cette pièce très éclairée, mais tout de même d'une lumière qui ne me gênait pas du tout, je me trouvais très très bien, je me suis dit qu'est-ce que je suis bien, après tout c'est très bien, je j'ai pas froid, je me sens à une température très agréable, euh... euh... je me souviens très bien, le médecin m'a touché deux ou trois fois le bras et j'ai trouvé ce contact plutôt agréable, et, mais surtout j'ai très très bien regardé sa façon de pratiquer l'anesthésie, le produit qu'il m'avait fait, je crois que c'est du NESDONAL, et les curettes qu'il utilisait, je savais bien comment, le genre de curettes qu'on utilisait, mais euh.. sa façon de faire et c'est très très et ça été très très drôle parce que j'ai pensé qu'il me rendait vraiment un grand grand service, qu'il était très chic de faire ce curetage, que malgré tout ça pouvait être, cela aurait pu être dangereux, qu'il pourrait m'arriver quelque chose, mais je me suis dit non non, non. Il a une telle façon de faire, il a que, non non non je n'aurai pas d'accident, je n'aurai pas de suite désagréable, ça va se passer très très bien, j'étais très sûre de moi, j'étais très très très très bien. Je me sentais très bien.
La lumière, j'ai bien regardé souvent regardé la lumière, mal is Je me suis dit ce scialytique là il éclaire tout à fait normalement, plutôt bien, d'une lumière agréable et puis, vraiment je ne voulais plus me réveiller, je dormais, enfin je me disais que je dormais et que j'étais très très très bien et là je me souviens que tout d'un coup le chirurgien a dit, donc j'ai suivi la conversation entre le chirurgien et mon mari qui était présent, et à un moment donné il a quand même dit ah il faut qu'on la réveille et puis elle dort vraiment bien, il faut qu'on la réveille. Je sais. J'ai vu, il m'a fait une autre piqûre pour me réveiller. La dessus, j'ai été réveillée très mécontente. Je lui ai dit mais pourquoi vous m'avez pas laissé un peu dormir, mais je me suis dit il discutait tous les deux, ils auraient bien pu continuer à discuter, parce que finalement ils ont bien discuté au moins, c'est difficile de dire le temps, mais j'avais l'impression qu'un quart d'heure, dix minutes à un quart d'heure peut être vingt minutes, ils ont discuté à la fin de l'intervention, après la fin de l'intervention et pendant ce temps là, moi, je me disais mais tout de même, et c'est là que je pense que' l'expérience commence à devenir intéressante, je me disais mais tout de même, je ne suis pas catholique très pratiquant, mais tout de même les interruptions volontaires, le Vatican est contre, peut être que... et pourtant Dieu m'a soutenu dans cette affaire et j'ai été très très aidée par Dieu, parce que c'est vraiment formidable une interruption de grossesse, c'est rien, c'est très facile à faire quand on sait le faire, quand on le fait bien et, mais moi, j'ai vu, je serai capable de faire des interruptions volontaires, c'est vraiment pour rendre service, c'est vraiment extraordinaire et je ne comprends pas comment, je pense parce que j'ai été aidée par Dieu, est que Dieu m'a aidée, là j'ai commencé à mon réveil à me poser des, questions, mais pourquoi est-ce que Dieu était intervenu, j'avais l'impression que Dieu était intervenu positivement. Il m'avait aidée.
Et, euh.... Je suis partie sur cette idée, alors que j'ai creusé, que j'ai terriblement creusé où Dieu accepte les interruptions volontaires, j'ai été aidée, aidée, aidée. Dieu m'a aidée, c'est pas possible parce que ça c'est trop bien passé et j'ai été trop bien et puis, la dessus, après, donc, après la piqûre, j'ai été réveillée. Ma première idée ça été: mais tu es complètement ridicule, tu as rêvé à Dieu. Voilà. Je me suis réveillée sur cette idée, tu as rêvé et tu as fait un rêve extraordinaire, tu as rêvé. Et, c'est à partir de ce moment-là que j'ai pensé que j'avais fait un rêve, un doux rêve, un rêve extraordinaire, qui avait été, qui aurait été provoqué par l'anesthésie générale et donc j'ai pensé que c'était du NESDONAL et par le NESDONAL.
Et puis, donc là à ce moment-là, eh bien j'ai exercé, je travaillais à ce moment là dans l'administration, euh... euh.... je travaillais très exactement au Ministère de l'Intérieur et puis progressivement, mes idées ont évoluées, j'ai rêvé mais je n'ai pas rêvé mais Dieu intervient dans l'histoire de la, de l'interruption volontaire de grossesse, je ne comprends pas, parce que moi j'ai été aidée par Dieu, il faudrait rendre service aux femmes, etc.. etc... Et je suis partie. Et moi je sais très bien faire un curetage, j'ai eu une expérience extraordinaire, je sais comment cela se fait, je sais que cela peut se faire dans un appartement, je sais que Dieu n'est pas contre. Et à partir de ce moment-là, bon, et bien il y a une femme qui m'a demandé de lui faire une interruption volontaire de grossesse, et je l'ai faite comme je l'avais vue faire par ce chirurgien et puis une deuxième, une troisième, une quatrième. Et je suis arrivée à une période de ma vie, disons que cela s'est passé 4 à 5 ans après ma propre expérience où j'avais une technique de l'interruption volontaire de grossesse qui était remarquable. J'ai du pratiquer plusieurs centaines interruptions volontaires de grossesse dans un bureau, selon la pratique que j'avais vu quand j'avais moi-même été anesthésiée. Je suis.
J'ai jamais eu d'accident avec ces femmes auxquelles j'avais pratiqué des interruptions volontaires de grossesse. Je l'ai toujours fait avec l'idée de rendre service et, à partir de ce moment-là, donc je voulais rendre service et je l'ai fait. Euh... Cà a duré plusieurs années. Je n'ai pas eu d'incident à moins que, une de ces femmes là en ait eu d'incident, mais ne m'en ait pas parlé. Ces interruptions de grossesse se sont passées dans des conditions extraordinaires, jamais aucune femme, je répète, n'a eu d'incident. Et j'ai toujours pratiqué la méthode que j'avais vue au cours de cette fameuse anesthésie. Ce qui prouve bien que, vraiment j'en ai gardé une excellente leçon. Mais aux cours des années, il est arrivé d'abord, euh, comme je disais, comme je dit bien que je pensais que Dieu m'aidait et je sais pas pourquoi, mais je le pensais, mais il ya une intervention de Dieu, je n'ai pas d'accident, je le fais pour rendre service, mais tout de même, c'était arrivé, ça venait à une cadence (parce que je commençai à être connue) et les femmes m'envoyaient leurs amies etc... etc... et puis au bout de 4 à 5 ans, donc j'ai évolué dans le sens opposé. Toujours avec l'idée, l'esprit et le et le souvenir de ma propre expérience, je me suis dit à partir d'un certain moment" ah, oui, mais d'accord, mais toi c'était vraiment pour te rendre service, et puis, vraisemblablement Dieu était présent mais parce que c'était vraiment un ami etc... qui avait fait ça très occasionnellement, mais toi ça devient, pour toi ça devient vraiment, je n'avais plus temps, j'avais tellement de demandes, on me téléphonait à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, je n'osais pas refuser. Je ne pouvais pas refuser. Les interruptions, c'étaient pas encore légales. Je parle de ça, c'était en 1970 à peu près, 71 et donc j'ai évolué en sens inverse et j'ai commencé à me dire alors là ce n'est plus les conditions, tu travailles, tu fais des interruptions volontaires de grossesse, mais plus dans les conditions où toi tu as fait la tienne, et ma propre expérience m'a permis avec le souvenir que j'en avais, d'évoluer à ce moment-là et de me dire non tu dois un jour arrêter vraiment, tu ne les fais plus dans ces mêmes conditions et par conséquent, je commençais à diminuer la cadence, malgré les grandes demandes que j'en avais et j'ai arrêté tout à fait, alors tout fait volontairement, avec beaucoup de difficultés car, je le répète j'avais beaucoup de demandes, en 1973, fin 1973. Et alors j'ai continué à évoluer sur le plan, toujours avec, je répète, avec le souvenir de l'expérience. J'ai. Pendant ce temps là, j'ai continué à évoluer sur le plan de la religion, et sur le plan de la.... Je suis devenue maintenant catholique très pratiquante, euh... Plutôt tout à fait contre les interruptions volontaires de grossesse, malgré que la loi quand, quand la loi de Simone Veil a dit libérée cet acte, je n'ai pas été du tout d'accord, parce que c'était un acte qui devenait généralisée, euh, qui n'était plus un acte occasionnel et que j'ai pensé, à ce moment-là, que l'intervention de Dieu ne pouvait plus agir et euh...
je dois dire que j'ai essayé de me retrouver à plusieurs moments, dans l'état où je me suis trouvée, décorporée , comme je m'étais trouvée au cours de cette anesthésie, que je ne suis jamais arrivée. Je suis peut être arrivée assez proche, d'une façon assez proche, mais j'ai toujours eu peur au dernier moment de me relaxer complètement. je voulais absolument refaire cette expérience, parce que, bon, c'était vraiment un souvenir extraordinaire pour moi, mais je n'y suis jamais arrivée. Voilà c'est tout, c'est une petite expérience, mais c'est la mienne.
Bon
J'ajoute une petite partie de l'entretien qui suit avec le chercheur qui pose les questions du questionnaire:
10° Avez-vous perçu des bruits, des sons ou autre chose?
J'ai entendu tout ce qui se passait dans la pièce. j'ai entendu. j'entendais très très bien.
C'est ça qui est extraordinaire, j'ai appris une leçon terrible de cette pratique d'interruption volontaire de grossesse, et c'est en ça que c'est vraiment remarquable, c'est que j'ai tout vu, j'entendais très bien et je me souviens bien encore les bruits des curettes qui tombaient sur le plat, qu'on mettaient sur le plateau, et je voyais bien qu'on entourait plus petit (vous savez il y a tout une technique de curetage, du curetage, que j'ai vraiment suivie et qui a été pour moi un enseignement. Et, je répète bien, j'ai vu et j'ai entendu, j'entendais le bruit des curettes, un curetage ça fait un certain bruit, quand on manie la curette, c'est des petites bruits, euh, des petits bruits qui sont, qui sont vraiment subtils, qu'on apprend, qu'on sait pas, qu'on, qu'on apprend, quand on le voit. Et là, là j'ai vraiment appris, j'ai vraiment appris à faire les curetages.
J’espère ne choquer personne avec ce témoignage, ce n’est pas mon but.
(Mon but n'est pas non plus de faire du prosélytisme. Cette femme parle souvent de "Dieu" mais c'est son interprétation. D'autres témoins ne parlent pas du tout en ces termes.)
Je vous remercie de respecter les témoins dans vos éventuels commentaires.
Je pourrai en poster bien d’autres trouvés sur internet ou de IANDS mais je m’arrête là pour le moment sinon le message va être beaucoup trop long.
Cordialement,
Emmanuelle
J'ai mis longtemps à ouvrir ce post parce que je ne savais pas comment m'y prendre. Finalement, j'ai décidé de commencer en postant des bribes de témoignages, après tout c’est la matière première dans les recherches sur les EMI.
Je suis depuis 2 ans bénévole dans l'association IANDS-France. Si je n'en ai pas parlé lors de ma présentation c'est parce que je ne pensais pas que cela serait nécessaire. Et surtout, je ne me suis pas inscrite ici pour faire la promotion de quoi que ce soit ni de qui que ce soit.
Dans cette association, je transcris des témoignages: je transcris d'anciens témoignages dans la nouvelle version du questionnaire pour qu’ils soient ensuite automatiquement mis dans la synthèse qui permettra l'étude statistique des caractéristiques.
Si je raconte tout cela c’est pour dire que j’ai sur mon ordi quelques témoignages dont certains ont déjà été rendus publics dans le livre Deadline du docteur Jourdan. Je peux donc me permettre de les poster sur ce forum, à la condition de respecter l'anonymat des personnes.
C'est un peu (très) différent de lire le résumé d'un témoignage tel qu'il peut apparaitre sur internet que de lire le témoignage brut d'une personne qui se confie à un chercheur. Le "ton" de la personne, le choix des mots, les hésitations etc sont importants, me semble-t-il pour se faire une idée.
Je m'excuse de ce long préambule...
Les EMI sont vécues par des hommes et des femmes, de tout âge, y compris des enfants, de toute culture, niveau social, croyance préalable.
Voici le tout début du témoignage de X, témoignage enregistré puis retranscrit à l’écrit.
J’ai souligné ce qui est typique du mode de perception (j’en reparlerai après si cela intéresse.) ou ce qui me paraît important, pour ce post.
Je commence par la manière dont j'ai voulu arrêter de vivre, je crois que c'est important au niveau de la suite. Je travaillais dans un hôpital en tant qu'infirmier, je suivais des études de psycho et je faisais une analyse. Trois choses en même temps et, arrivé à un certain stade, je ne me suis plus supporté par rapport à plein de choses qui m'étaient renvoyées dans la figure et j'ai décidé d'arrêter de vivre… de ne plus avoir cette...tout ça. Bon, je suis chrétien, catholique mais à l'époque j'avais arrêté; je ne pratiquais plus.
Donc j'étais marié, j'avais une fille et j'ai donc décidé d'arrêter et ma femme, qui était infirmière également devait rentrer à 22 H après avoir pris notre fille à la crèche. Donc j'avais décidé de faire ça à 18 H comme ça en rentrant elle me trouvait mort, puisque j'avais la dose presc… enfin une dose claire, nette. Et je n'ai pas pensé que ma fille aînée, et ça je pense que c'est un petit appel de je ne sais pas où, a eu une fièvre. La crèche a appelé sa mère et elle l'a ramenée à la maison. Ce qui veut dire qu'elle m'a trouvé dans un état inconscient, mais je n’étais pas mort. On m'a transporté à l'hôpital. Là je ne me souviens pas sauf ce que je peux savoir de mes parents et de ma femme.
On m'a mis en salle de réanimation, j'étais très faible, parait-il, d'après ce qu'ils me disaient. Ils ont fait un lavage d'estomac, ça ne servait à rien puisque c'était déjà ingéré depuis longtemps et ils m'ont branché un peu de partout et ils ont essayé de faire quelque chose et puis moi je suis mort cliniquement. Pour eux j'étais mort cliniquement. Alors moi à ce moment là je peux raconter ce que j'ai vu. Ça c'était ce qu'ont raconté mes parents et ma femme. Tandis que ce que j'ai vécu moi c'est autre chose et ça correspond à comment ils m'ont dit que j'étais au niveau des tuyaux et des machins sur le lit.
Donc je me suis vu...Oui c'est important aussi, je n'avais jamais ni lu ni entrepris quelque chose au niveau ésotérisme ou autre. Moi j'étais psycho avec toutes les limites qu'on peut avoir en étant en deuxième année de psycho. Et puis l'analyse en plus, analyse freudienne et je m'orientais vers Lacan alors que j'ai arrêté après. C'est tout un chemin qui a changé par rapport à ce qui s'est passé.
Donc je me suis vu sur un lit d'hôpital avec des tuyaux, j'ai rien compris avec ma femme et mes parents et des infirmières qui étaient là.
Il n'y avait pas d'homme, même le médecin était une femme.
Et je ne comprenais rien du tout parce que je me voyais comme ça et je me disais mais qu'est ce qu'il se passe, et puis un truc très drôle qui m'est arrivé c'est que j’ai vu ce que pensaient mes parents et ma femme. Qui après s'est réalisé ... enfin s'est concrétisé par rapport à ce que j'avais pu percevoir. Donc, j'ai vu ma femme penser : “J'espère qu'il va y passer". Et mes parents complètement attristés en essayant de… Ma mère était surveillante générale à l'hôpital donc elle connaissait les histoires et elle voulait absolument faire quelque chose, mon père qui était militaire, lui il voulait que tout le monde fasse... Bon vous imaginez un peu comment ça se passait. J'ai vu les sentiments qu’ils avaient les uns et les autres. Et je n'ai pas voulu le croire après mais la vie m'a donné raison, enfin dans ce que j'avais vu tout au moins.
Q: Quand vous dites vu, c'est...?
Perçu. C'est bizarre parce que je les voyais mais je sentais quelque chose qu'ils pensaient. C'est ce que je ne comprenais pas, parce que au niveau des entretiens on voit la personne, on imagine, on projette alors que là c'était pas ça; je le voyais... est-ce-que c'est voyais? Je sentais. Je voyais physiquement les personnes telles qu'elles étaient et d'autre part, je les déshabillais quoi quelque part, je sentais ce qu'ils pensaient.
Et puis progressivement je partais, enfin comme si je m'envolais, enfin je montais, mais je n'avais pas la notion de la dimension de la pièce, ça c'est important. Et puis je me suis retrouvé dans un tunnel, alors moi j'aime pas trop ça, parce que j'aimais pas ça, parce que j'aime pas dans la vie être engoncé ; donc j'étais pas bien, j'étais très mal là et je montais, comme si je montais. Je montais pas hein, mais la sensation de monter. C'était pas comme dans un ascenseur, on le sent au niveau du corps. Là j'avais l'impression de monter, de me déplacer, sans pour autant me déplacer. Et je percevais, c'est pas de la visualisation, je percevais une lumière, comme s'il fallait que je...Si vous voulez quand on est sous l'eau au moment ou on étouffe, on remonte. Alors moi j'avais un appel comme ça de cette lumière. Lumière ou présence, je ne sais pas comment on peut le dire mais j'avais l'impression d'une lumière à l'époque (…)
Là c’est une petite partie du témoignage très connu de Nicole Dron. C’est aussi pour varier les sources. Même si elle a témoigné à IANDS-France, ce résumé, je l’ai copié du site de IANDS-Québec. Et c’est un résumé, pas le témoignage brut.
… Tout d’abord, je me souviens m’être trouvée à la hauteur du plafond. J’étais là avec toutes mes pensées, mes émotions, mes impressions, avec tout ce qui constitue mon être profond. J’ai pris conscience de voir de tous les côtés à la fois, mais surtout j’éprouvais un sentiment nouveau et incroyable : celui d’exister en dehors de mon corps. (...)
Je ne me suis pas trop attardée dans cette salle d’opération, car j’ai pensé à mon mari et à mon beau-père qui attendaient dans la salle d’attente. En pensant à eux, instantanément, je me suis trouvée près d’eux. J’ai pris conscience de traverser les murs. Tout m’a paru naturel, parce que sur le coup, on ne pense pas, on est dans l’action tout simplement. Plus tard je me suis demandé : comment est-ce possible ? Comment ai-je pu traverser les murs et trouver cette salle d’attente, car je ne connaissais même pas le chemin qui y conduisait, n’ayant jamais eu l’occasion de m’y rendre !
Dans cette salle d’attente, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de siège. Mon mari me l’a confirmé plus tard. Je voyais qu’ils arpentaient la pièce et moi j’essayais de me manifester à eux, en vain. Ils ne me voyaient pas. Je ne comprenais pas. J’éprouvais une sorte de désespérance, celle de ne pas pouvoir communiquer avec ceux que j’aimais. En désespoir de cause, j’ai posé la main (du corps plus subtil dans lequel j’étais) sur l’épaule de mon beau-père et ma main a traversé son corps !
Mais, en même temps, je prenais conscience d’une faculté nouvelle, celle de pénétrer tout ce qui est. Je n’ai jamais perdu la notion d’être "moi", mais j’avais l’impression de prendre plus d’espace et je me suis trouvée dans le coeur de mon mari. Je connaissais toutes ses pensées, mais aussi l’essence de son être, ce qu’il valait en tant qu’être humain. (...) La même chose s’est produite avec mon beau-père. (...) Et là, dans le coeur de mon beau-père, je me rendais compte de toute la compassion et de toute l’affection qu’il avait pour moi et j’étais capable de voir au-delà de mes propres projections… http://www.iandsquebec.com/index.php/emi-de-nicole
Là je poste le témoignage d'une femme qui a vécu la première phase d'une EMI, celle dite OBE, lors d'un avortement à une époque où celui-ci était illégal. Cette femme était déjà âgée lorsqu'elle a témoigné, sans doute est-elle décédée à ce jour. Si j'ai choisi celui-ci, c'est parce qu'il me semble comporter une indéniable acquisition d'informations; ce n'est pas pour polémiquer sur le sujet de l'avortement.
Donc voici le témoignage de Mme C:, enregistré en 1988 sur cassette puis transcrit au mot près, y compris avec les hésitations et les redondances:
Selon la première personne que vous avez contactez à IANDS France, vous avez récemment ou il y a un peu plus longtemps eu une expérience lors d'une intervention chirurgicale.
Pouvez-vous me dire comment cela est arrivé?
Oui, ça s'est passé exactement en 1965. Il faut que je vous dise que j'avais fait plusieurs interruptions de grossesse auparavant, au préalable, auparavant et que cette fois j'étais, j'avais un retard de règles d'environ sept semaines. Je suis sage-femme. J'ai décidé de faire faire donc une interruption volontaire de grossesse. Donc l'expérience que j'ai vécu n'est pas intervenue au cours d'un accident, C'est intervenu au cours de cette fameuse interruption volontaire de grossesse que j'ai faite faire par un ami chirurgien qui est évidemment connu sur la place de Paris et donc, bien entendu, je ne dirai par le nom et cette intervention est intervenue dans son cabinet médical, un soir alors que lui-même était bien sûr là, mon mari et moi-même. Donc bien sûr, j'étais un petit peu anxieuse parce qu'on fait jamais ce genre d'interruption sans quelques problèmes d'abord moraux et quelques problèmes d'anxiété et je suis arrivée sur une table d'opération et surtout je me demandais comment cela allait intervenir (je sais bien comment ça se passe une interruption volontaire, je savais très bien puisque, je répète, je suis sage-femme), mais je n'en avais plus vue depuis quelques années auparavant parce que je n'exerçais pas à ce moment-là mon métier en clinique et que bon je me demandais comment cela allait intervenir dans un appartement, dans une salle de cabinet médical sachant bien quand même que j'allais avoir une anesthésie générale. Je ne savais pas avec quel produit cette anesthésie allait être faite.
Donc j'avais certaines angoisses et sur l'anesthésie et sur l'acte lui-même. Mais, comme je faisais confiance à mon ami, je suis quand même, je suis quand même montée sur la table qui n'était bien entendu pas une table d'opération et je me suis laissée endormir.
Alors, moi l'expérience que j'ai vécue, je n'ai donc pas du tout l'impression de quelque chose de grave, que, que, mais je n'avais quand pas l'impression que je mettais ma vie en danger. Donc, on m'a fait une piqûre intraveineuse et le chirurgien m'a dit "vous allez dormir, je vais vous faire une anesthésie très courte, une anesthésie générale" . Donc je me suis laisser piquer. J'avais quand même une certaine confiance en lui, je répète.
Alors, j'ai vu, j'ai eu… je pense que c'est tout de suite cette période d'apnée. J'ai eu tout de suite donc l'impression de descendre à la verticale dans un immense puit, pas dans un tunnel, je suis descendue à la verticale. Je suis descendue, je ne peux pas mesurer en nombre de mètres mais, vraiment, vraiment, c'était très long et alors tout d'un coup, je me suis retrouvée dans une salle très très très éclairée et au-dessus de mon corps à peu près à un mètre et demi. Je n'ai donc pas eu du tout l'impression de, d'avoir eu un accident, d'avoir eu quelque chose de mauvais, simplement cette descente verticale, très verticale et dans un trou très noir , dans un puits. Et quand je me suis retrouvée à un mètre et demi au-dessus de mon corps, je me suis trouvée alors là très très très très bien. Je me suis trouvée très très bien et je dois dire que, moi, mon impression c'était que je dormais. Quand je dormais, mais que j'étais complètement détachée de mon corps, et alors j'avais une perception générale de tout ce qui se passait, j'entendais tout ce qui se passait, je voyais tous ce qui se passait, et c'est là que mon expérience peut être très intéressante parce que, en fait, elle n'est pas très intéressante sur le vécu de ce moment-là, mais elle est intéressante dans la mesure où maintenant c'est une affaire qui s'est passée depuis 23 ans, il y a eu une évolution de ma vie à partir de ce moment-là, tout m'est expliqué et c'est en ça que l'expérience que j'ai vécue est très intéressante.
Donc je me suis retrouvée donc à un mètre et demi au-dessus de mon corps, et je n'étais pas étrangère à mon corps. Je savais que c'était mon corps qui était là. Je savais que c'était sur moi qu'on pratiquait une intervention et j'étais très très intéressée par la façon de pratiquer de ce chirurgien. Et je me suis dit ben je vais regarder, je me souviens très bien avoir très très bien observer, mais même sans pratiquement observer, ça c'est passé d'une façon, je dirai presque involontaire, mais tout de même je savais que je voulais voir comment il pratiquait, comment il s'y prenait, ça m'intéressait dans un appartement une anesthésie avec un chirurgien qui allait faire tout seul, disons un curetage, et cela m'a beaucoup intéressée.
A un certain moment, je me suis dit mais je connais ce cabinet, mais je connais pas le reste du cabinet médical et je me suis dit tiens je vais aller voir un peu, puis comme c'était, je suis allée, j'ai traversé la cloison, je me demande comment j'ai bougé et puis j'ai regardé, mais la pièce à côté était sombre et noire, je me suis dit c'est un cabinet , c'est vraiment pas son appartement, il n'habite pas là. Et maintenant, je préfère aller regarder, voir comment il pratique ce curetage et donc j'ai traversé la cloison une deuxième fois et, et je me suis retrouvée dans cette pièce très éclairée, mais tout de même d'une lumière qui ne me gênait pas du tout, je me trouvais très très bien, je me suis dit qu'est-ce que je suis bien, après tout c'est très bien, je j'ai pas froid, je me sens à une température très agréable, euh... euh... je me souviens très bien, le médecin m'a touché deux ou trois fois le bras et j'ai trouvé ce contact plutôt agréable, et, mais surtout j'ai très très bien regardé sa façon de pratiquer l'anesthésie, le produit qu'il m'avait fait, je crois que c'est du NESDONAL, et les curettes qu'il utilisait, je savais bien comment, le genre de curettes qu'on utilisait, mais euh.. sa façon de faire et c'est très très et ça été très très drôle parce que j'ai pensé qu'il me rendait vraiment un grand grand service, qu'il était très chic de faire ce curetage, que malgré tout ça pouvait être, cela aurait pu être dangereux, qu'il pourrait m'arriver quelque chose, mais je me suis dit non non, non. Il a une telle façon de faire, il a que, non non non je n'aurai pas d'accident, je n'aurai pas de suite désagréable, ça va se passer très très bien, j'étais très sûre de moi, j'étais très très très très bien. Je me sentais très bien.
La lumière, j'ai bien regardé souvent regardé la lumière, mal is Je me suis dit ce scialytique là il éclaire tout à fait normalement, plutôt bien, d'une lumière agréable et puis, vraiment je ne voulais plus me réveiller, je dormais, enfin je me disais que je dormais et que j'étais très très très bien et là je me souviens que tout d'un coup le chirurgien a dit, donc j'ai suivi la conversation entre le chirurgien et mon mari qui était présent, et à un moment donné il a quand même dit ah il faut qu'on la réveille et puis elle dort vraiment bien, il faut qu'on la réveille. Je sais. J'ai vu, il m'a fait une autre piqûre pour me réveiller. La dessus, j'ai été réveillée très mécontente. Je lui ai dit mais pourquoi vous m'avez pas laissé un peu dormir, mais je me suis dit il discutait tous les deux, ils auraient bien pu continuer à discuter, parce que finalement ils ont bien discuté au moins, c'est difficile de dire le temps, mais j'avais l'impression qu'un quart d'heure, dix minutes à un quart d'heure peut être vingt minutes, ils ont discuté à la fin de l'intervention, après la fin de l'intervention et pendant ce temps là, moi, je me disais mais tout de même, et c'est là que je pense que' l'expérience commence à devenir intéressante, je me disais mais tout de même, je ne suis pas catholique très pratiquant, mais tout de même les interruptions volontaires, le Vatican est contre, peut être que... et pourtant Dieu m'a soutenu dans cette affaire et j'ai été très très aidée par Dieu, parce que c'est vraiment formidable une interruption de grossesse, c'est rien, c'est très facile à faire quand on sait le faire, quand on le fait bien et, mais moi, j'ai vu, je serai capable de faire des interruptions volontaires, c'est vraiment pour rendre service, c'est vraiment extraordinaire et je ne comprends pas comment, je pense parce que j'ai été aidée par Dieu, est que Dieu m'a aidée, là j'ai commencé à mon réveil à me poser des, questions, mais pourquoi est-ce que Dieu était intervenu, j'avais l'impression que Dieu était intervenu positivement. Il m'avait aidée.
Et, euh.... Je suis partie sur cette idée, alors que j'ai creusé, que j'ai terriblement creusé où Dieu accepte les interruptions volontaires, j'ai été aidée, aidée, aidée. Dieu m'a aidée, c'est pas possible parce que ça c'est trop bien passé et j'ai été trop bien et puis, la dessus, après, donc, après la piqûre, j'ai été réveillée. Ma première idée ça été: mais tu es complètement ridicule, tu as rêvé à Dieu. Voilà. Je me suis réveillée sur cette idée, tu as rêvé et tu as fait un rêve extraordinaire, tu as rêvé. Et, c'est à partir de ce moment-là que j'ai pensé que j'avais fait un rêve, un doux rêve, un rêve extraordinaire, qui avait été, qui aurait été provoqué par l'anesthésie générale et donc j'ai pensé que c'était du NESDONAL et par le NESDONAL.
Et puis, donc là à ce moment-là, eh bien j'ai exercé, je travaillais à ce moment là dans l'administration, euh... euh.... je travaillais très exactement au Ministère de l'Intérieur et puis progressivement, mes idées ont évoluées, j'ai rêvé mais je n'ai pas rêvé mais Dieu intervient dans l'histoire de la, de l'interruption volontaire de grossesse, je ne comprends pas, parce que moi j'ai été aidée par Dieu, il faudrait rendre service aux femmes, etc.. etc... Et je suis partie. Et moi je sais très bien faire un curetage, j'ai eu une expérience extraordinaire, je sais comment cela se fait, je sais que cela peut se faire dans un appartement, je sais que Dieu n'est pas contre. Et à partir de ce moment-là, bon, et bien il y a une femme qui m'a demandé de lui faire une interruption volontaire de grossesse, et je l'ai faite comme je l'avais vue faire par ce chirurgien et puis une deuxième, une troisième, une quatrième. Et je suis arrivée à une période de ma vie, disons que cela s'est passé 4 à 5 ans après ma propre expérience où j'avais une technique de l'interruption volontaire de grossesse qui était remarquable. J'ai du pratiquer plusieurs centaines interruptions volontaires de grossesse dans un bureau, selon la pratique que j'avais vu quand j'avais moi-même été anesthésiée. Je suis.
J'ai jamais eu d'accident avec ces femmes auxquelles j'avais pratiqué des interruptions volontaires de grossesse. Je l'ai toujours fait avec l'idée de rendre service et, à partir de ce moment-là, donc je voulais rendre service et je l'ai fait. Euh... Cà a duré plusieurs années. Je n'ai pas eu d'incident à moins que, une de ces femmes là en ait eu d'incident, mais ne m'en ait pas parlé. Ces interruptions de grossesse se sont passées dans des conditions extraordinaires, jamais aucune femme, je répète, n'a eu d'incident. Et j'ai toujours pratiqué la méthode que j'avais vue au cours de cette fameuse anesthésie. Ce qui prouve bien que, vraiment j'en ai gardé une excellente leçon. Mais aux cours des années, il est arrivé d'abord, euh, comme je disais, comme je dit bien que je pensais que Dieu m'aidait et je sais pas pourquoi, mais je le pensais, mais il ya une intervention de Dieu, je n'ai pas d'accident, je le fais pour rendre service, mais tout de même, c'était arrivé, ça venait à une cadence (parce que je commençai à être connue) et les femmes m'envoyaient leurs amies etc... etc... et puis au bout de 4 à 5 ans, donc j'ai évolué dans le sens opposé. Toujours avec l'idée, l'esprit et le et le souvenir de ma propre expérience, je me suis dit à partir d'un certain moment" ah, oui, mais d'accord, mais toi c'était vraiment pour te rendre service, et puis, vraisemblablement Dieu était présent mais parce que c'était vraiment un ami etc... qui avait fait ça très occasionnellement, mais toi ça devient, pour toi ça devient vraiment, je n'avais plus temps, j'avais tellement de demandes, on me téléphonait à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, je n'osais pas refuser. Je ne pouvais pas refuser. Les interruptions, c'étaient pas encore légales. Je parle de ça, c'était en 1970 à peu près, 71 et donc j'ai évolué en sens inverse et j'ai commencé à me dire alors là ce n'est plus les conditions, tu travailles, tu fais des interruptions volontaires de grossesse, mais plus dans les conditions où toi tu as fait la tienne, et ma propre expérience m'a permis avec le souvenir que j'en avais, d'évoluer à ce moment-là et de me dire non tu dois un jour arrêter vraiment, tu ne les fais plus dans ces mêmes conditions et par conséquent, je commençais à diminuer la cadence, malgré les grandes demandes que j'en avais et j'ai arrêté tout à fait, alors tout fait volontairement, avec beaucoup de difficultés car, je le répète j'avais beaucoup de demandes, en 1973, fin 1973. Et alors j'ai continué à évoluer sur le plan, toujours avec, je répète, avec le souvenir de l'expérience. J'ai. Pendant ce temps là, j'ai continué à évoluer sur le plan de la religion, et sur le plan de la.... Je suis devenue maintenant catholique très pratiquante, euh... Plutôt tout à fait contre les interruptions volontaires de grossesse, malgré que la loi quand, quand la loi de Simone Veil a dit libérée cet acte, je n'ai pas été du tout d'accord, parce que c'était un acte qui devenait généralisée, euh, qui n'était plus un acte occasionnel et que j'ai pensé, à ce moment-là, que l'intervention de Dieu ne pouvait plus agir et euh...
je dois dire que j'ai essayé de me retrouver à plusieurs moments, dans l'état où je me suis trouvée, décorporée , comme je m'étais trouvée au cours de cette anesthésie, que je ne suis jamais arrivée. Je suis peut être arrivée assez proche, d'une façon assez proche, mais j'ai toujours eu peur au dernier moment de me relaxer complètement. je voulais absolument refaire cette expérience, parce que, bon, c'était vraiment un souvenir extraordinaire pour moi, mais je n'y suis jamais arrivée. Voilà c'est tout, c'est une petite expérience, mais c'est la mienne.
Bon
J'ajoute une petite partie de l'entretien qui suit avec le chercheur qui pose les questions du questionnaire:
10° Avez-vous perçu des bruits, des sons ou autre chose?
J'ai entendu tout ce qui se passait dans la pièce. j'ai entendu. j'entendais très très bien.
C'est ça qui est extraordinaire, j'ai appris une leçon terrible de cette pratique d'interruption volontaire de grossesse, et c'est en ça que c'est vraiment remarquable, c'est que j'ai tout vu, j'entendais très bien et je me souviens bien encore les bruits des curettes qui tombaient sur le plat, qu'on mettaient sur le plateau, et je voyais bien qu'on entourait plus petit (vous savez il y a tout une technique de curetage, du curetage, que j'ai vraiment suivie et qui a été pour moi un enseignement. Et, je répète bien, j'ai vu et j'ai entendu, j'entendais le bruit des curettes, un curetage ça fait un certain bruit, quand on manie la curette, c'est des petites bruits, euh, des petits bruits qui sont, qui sont vraiment subtils, qu'on apprend, qu'on sait pas, qu'on, qu'on apprend, quand on le voit. Et là, là j'ai vraiment appris, j'ai vraiment appris à faire les curetages.
J’espère ne choquer personne avec ce témoignage, ce n’est pas mon but.
(Mon but n'est pas non plus de faire du prosélytisme. Cette femme parle souvent de "Dieu" mais c'est son interprétation. D'autres témoins ne parlent pas du tout en ces termes.)
Je vous remercie de respecter les témoins dans vos éventuels commentaires.
Je pourrai en poster bien d’autres trouvés sur internet ou de IANDS mais je m’arrête là pour le moment sinon le message va être beaucoup trop long.
Cordialement,
Emmanuelle