Nicolas78 a écrit :Mais je plussoies à tes explications, largement plus parcimonieuses et étayées que les hypothèses d'ABC.
En fait, une hypothèse A plus parcimonieuse qu'une hypothèse B, ça signifie quoi ? Que l'hypothèse A est jugée plus plausible que l'hypothèse B.
Dit comme ça c'est vague et subjectif. Pour être plus précis, une hypothèse envisagée est d'autant plus parcimonieuse qu'elle est selon moi (par ordre décroissant de notation du critère de parcimonie)
- 1/ compatible, sans capilotractage (ou le moins possible), avec le ou les faits (supposé avoir été) observés
2/ considérée comme reposant sur des faits considérés comme avérés au sein de la profession considérée comme compétente pour porter un jugement fiable à ce sujet
3/ compatible avec des observations fréquentes et avec l'interprétation d'une majorité de personnes (mais n'ayant pas le même degré de légitimité que celles évoquées au point 2/)
4/ compatible avec des observations fréquentes et avec l'interprétation d'une minorité de personnes (sans qu'elles possèdent de compétences ou d'appartenance socio-professionnelle donnant du crédit à leur affirmation-interprétation)
5/ compatible avec des observations peu fréquentes et avec l'interprétation sujette à caution d'une minorité de personnes (sans qu'elles possèdent de compétences ni d'appartenance socio-professionnelle donnant du crédit à leur affirmation-interprétation)
6/ compatible avec les observations fréquentes à pas si fréquentes que ça d'une personne donnée et de son entourage proche.
Il est évident qu'une hypothèse présentant un mauvais degré de parcimonie pourra cependant, pour une personnes donnée, prendre le dessus sur une hypothèse plus parcimonieuse du point de vue de l'échelle de notation ci-dessus dès lors que cette personne s'est trouvée elle-même impliquée.
Pour ce qui est des "explications" que j'ai proposées, le qualificatif d'explication est sympa mais trop généreux. Disons simplement que, pour ma part, je n'ai pas réellement de doute sur le fait que des bribes d'information nous parviennent d'un de nos futurs possibles (je ne crois pas qu'il y en ait un seul possible. Le déterminisme et l'unitarité des évolutions dynamiques est remis en cause,
même en physique classique, dans le cas des grands systèmes non intégrables de Poincaré si l'on en croit Petrosky et Prigogine et je commence à penser qu'ils ont probablement raison).
Comme je crois profondément en la puissance explicative et prédictive de la science, je me dis qu'il doit forcément y avoir une explication scientifique, même si celle-ci nous échappe pour l'instant. Toutefois, il y a très très très très loin de la coupe aux lèvres entre un ensemble handwaving de très vagues hypothèses et un vrai modèle mathématique cohérent, basé sur des hypothèses physiques validées par les faits d'observation et, dans toute la mesure du possible, ayant fait la preuve de son aptitude à prédire des résultats qui n'avaient pas encore été observés.
Par contre, même si l'absence de possibilité d'accéder à des souvenirs du futur est considérée comme une hypothèse solide car conforme aux faits d'observation, il est à noter, à titre d'exemple, que l'hypothèse atomique a fait l'objet de critiques elle aussi (hypothèse qualifiée de métaphysique par Mach comme par Lord Kelvin dans le conflit les opposant à Boltzmann) avant qu'Einstein ne prouve la validité de l'hypothèse atomique par l'étude du mouvement brownien.
D'autre part, si l'on attribue un certain crédit à l'hypothèse de symétrie CPT des lois de la physique, on se trouve embêté pour expliquer de façon parcimonieuse le paradoxe de la violation d'unitarité que constitue l'écoulement irréversible du temps...
...ainsi que l'absence de souvenirs du futur.
Pourquoi ? Parce que l'apparition de l'irréversibilité repose sur la notion d'
entropie pertinente (cf Balian), c'est à dire la manque d'information de l'
observateur macroscopique. Il s'agit du manque d'information sur l'état microscopique d'un système observé quand cet état est connu par un ensemble de grandeurs dites macroscopiques (c'est à dire, le logarithme du nombre d'états microscopiques perçus, par l'observateur macroscopique, comme identiques en raison de sa myopie d'observateur macroscopique).
Il existe cependant une solution au paradoxe de la
violation de symétrie CPT par l'écoulement irréversible du temps. Cette solution confère un caractère objectif à l'écoulement irréversible du temps. Elle repose sur les travaux de Petrosky et Prigogine. Selon eux dans le cas (par exemple) du processus d'absorption-émission d'un photon par un atome en interaction avec un champ électromagnétique, le bon modèle demande une extension du formalisme de Liouville classique.
Dans le modèle proposé par Prigogine et Petrosky, l'Hamiltonien du système atome-champ possède des valeurs propres complexes (la partie imaginaire de ces valeurs propres étant la signature d'une irréversibilité objective, c'est à dire une fuite d'information valide à toutes les échelles d'observation). La conséquence, c'est que la dynamique d'évolution n'est alors plus gérée par
un groupe unitaire mais par
deux semi-groupes : l'un modélisant l'évolution présent futur, l'autre l'évolution présent passé. L'unitarité des évolutions dynamique est alors violée. Selon Prigogine, c'est le cas pour la majorité des systèmes physiques, les systèmes intégrables (respectant eux le caractère unitaire des évolutions dynamiques) constituant l'exception et non la règle.
Toutefois, la fuite d'information (et donc l'écoulement irréversible du temps qui en découle) pertinent à notre échelle d'observation se situe à un niveau beaucoup, beaucoup plus grossier que le niveau très fin auquel une irréversibilité vraiment objective semble se manifester. Or il n'y a pas
une entropie. Il y a
des entropies correspondant à des niveaux de description de plus en plus fins au fur et à mesure que l'on détaille la modélisation de l'état des systèmes observés.
En terme de longueur, l'échelle de Planck c'est 10^(-35) m alors que la taille d'un noyau atomique est de l'ordre de 10^(-15) m (le femto-mètre). L'écoulement irréversible du temps, l'enregistrement irréversible de données (dans un appareil de mesure ou dans notre mémoire) repose sur l'entropie pertinente à notre échelle d'observation.
L'écoulement irréversible du temps associé à une échelle d'observation se situant vers le centième de micron (10^(-8) m) est il nécessairement le même que celui correspondant à l'échelle de Planck (10^(-35) m) ?
Pas sûr que ce soit si parcimonieux que ça d'en faire l'hypothèse...
...Cela dit, supposer que les
éventuelles informations enregistrées à un niveau de description plus fin pourraient nous être accessible sous une forme restant à découvrir (avec comme porteuse, par exemple, le
Zitterbewegung ? L'agitation inobservable à très très haute fréquence de l'onde Broglienne d'énergie mc² associée à une particule de masse m ?) c'est une hypothèse supplémentaire et elle n'est pas du tout du tout parcimonieuse vis à vis de la grille de notation proposée en début de post (elle se situe en dessous du 5/). Bon... Tant pis.