Kraepelin a écrit :Je vous offre pourtant le texte d'un auteur bien français ici. Si vous avez raison et que l'expérience français est si différente, apparemment lui ne s'en est pas rendu compte.
Parlons de ton
article éditorial. Choses justes, généralisations, inexactitudes, subjectivité.
Le point avec lequel je suis d’accord pour renforcer une vigilance envers les mouvements puritains (qu’il faut toujours craindre) :
- Interdiction de la prostitution en France : pénalisation pour la prostituée et le client. Ce qui est bien entendu une totale absurdité.
Mais il manque l’autre point essentiel à son article : le recul des droits à l’avortement avec les difficultés grandissantes des centres et des patientes. Pas fort d’oublier ça. Car si l’on veut parler de crainte d’un (néo)-puritanisme, c’est l’argument que je mettrais en premier…
Tu dénonces une instrumentalisation par les puritains de l’acte sexuel ou assimilé, non consenti quand moi je vois une avancée de certains droits de la femme. Probablement te réfères-tu à cette phrase totalement subjective de l’article que tu cites : «
La loi française a accompagné la répression accrue du sexe, au risque d’une infantilisation des femmes elles-mêmes, qui se retrouvent maintenant maternées par la justice d’Etat comme elles étaient autrefois paternées par leur mari. » (!) La justice ne materne pas, elle rend justice, que ce soit pour une affaire sexuelle ou non. Elle prend en compte des sévices ou des atteintes sexuelles, physiques et psychologiques qui ne l’étaient pas auparavant, ce qui est un progrès notable. Elle demande des preuves, il y a avocats, jury dans les affaires de viol, jugement et application du jugement. Comme dans n’importe quelle affaire. Où est le maternage là-dedans ?
Tu vas me répondre:
« et les droits de l’enfant maltraité (non sexuellement) ?" Parce que le travail qui a été fait dans les années 70,80 et 90 sur les droits sexuels des femmes n’a pas encore été achevé sur les droits des enfants à une éducation décente. Il y a quand meme la
Convention des Droits de l’Enfant en 1989 avec ajouts de protocoles après les années 2000. Et une nette différence dans l’éducation actuelle et celle d’il y a 40 ans, au niveau du respect et de la permissivité pour l’épanouissement de celui-ci. Il y a la mise en avant du bien-etre de l’enfant et l’acquisition par celui-ci d’une place à part entière dans la société. L’enfant n’a jamais eu autant de cadeaux de marque, très chers, il a son role dans l’économie (on le voit fréquemment dans les publicités par ex). Il bénéficie de bons soins pédiatriques, de structures (garderies, crèches), on verse des allocations pour son éducation, etc Donc c’est en route, les tabous il en reste, mais ils tombent progressivement.
Quand Thibault dit : »
Or, si le sexe jouit en définitive d’un statut à part dans notre société, et que nous le cloisonnons dans une sphère rigoureusement compartimentée de notre existence, nous pouvons en déduire que nous devenons sans doute nous-mêmes davantage puritains ! »? L’enfance est tout aussi compartimentée, que ce soit autrefois où il n’avait qu’à obéir et se taire, ou maintenant où il a une forme de pouvoir. Ce monsieur est bien pressé et ignore sciemment les progrès . Et le puritanisme je le vois davantage dans le fait de cacher les violences sur enfant qu’on entend de l’autre coté du mur que dans le domaine sexuel (c’est leur vie, ça ne me regarde pas etc…).
« on remarque toutefois que le nouveau Code pénal de 1992 ne parle plus d’«attentats aux mœurs», mais d’«agressions sexuelles», et s’étend non seulement à la violence physique, mais aussi à la violence morale ou psychologique,
Jusque-là, ça va.
quitte à instaurer un véritable «flicage» des relations humaines dans ce qu’elles peuvent avoir de plus intime. »
Donc si je comprends bien ce monsieur, il faudrait se borner à pénaliser la violence physique visible et ignorer la violence morale et psychologique par peur d’une enquete qui est selon lui « un flicage ». Et c’est justement là qu’on retombe dans le tabou d’il y a 40 ans. Le meme tabou que tu déplores pour les enfants maltraités.
notre ministre avait répliqué dans le New York Times du 3 mai 1992 qu’elle conseillait aux femmes qui se sentaient harcelées par de simples collègues de répondre avec une «bonne paire de claques».
Alors là c’est le pompon. Dois-je vraiment dire pourquoi ?
«Non seulement la pornographie est-elle publiquement reléguée dans les marges honteuses de la société de consommation, «
Ton monsieur oublie que si la pornographie, toujours présente, est plus discrète, c’est qu’il y a eu un phénomène civilisationnel des médias incontournable : le VHS, suivi du DVD. On regarde les films à la maison plutôt qu’au cinéma (qu’ils soient porno ou généralistes). Un peu d'histoire :
Internet : la pornographie 2.0
http://www.filsantejeunes.com/histoire- ... phie-12430
Depuis des siècles, la pornographie se cachait et se faisait discrète. Sur la toile internet, les images, les films et les récits pornographiques non réglementés, sont facilement (et quasiment librement) accessibles à tous.
Mais c’est aussi le royaume du secret. L’industrie du X favorise désormais une consommation strictement privée de ces productions. La pornographie n’en est pas moins un commerce qui rapporte énormément d’argent. Devenue un objet de consommation privée, elle tente de s’adapter à chacun et à chaque fantasme. C’est peut être pour cela qu’elle est difficilement définissable car elle a de multiples visages (plus ou moins violents, plus ou moins bizarres).
La pornographie quotidienne
Dans les publicités, dans les films, dans les séries, on voit de plus en plus de références aux films pornographiques. Il suffit de regarder certains clips pour comprendre qu’ils sont inspirés de l’industrie du X. Les corps huilés, sans poils, les pratiques sexuelles les plus inventives ou extrêmes, sont banalisés et «tout le monde» est censé savoir de quoi il s’agit. La difficulté de notre époque est de rappeler sans cesse la différence entre virtuel et IRL (In Real Life, dans la vie réelle)… Faire l’amour, ce n’est pas tourner dans un film X !
« c’est plus largement la sexualité elle-même qui devient un objet d’opprobre. Au cinéma, tout au plus le héros et l’héroïne peuvent-ils échanger un chaste baiser avant le happy end final. »
N’importe quoi. On assiste depuis 2000 dans le cinéma grand public à une vision normalisée de sujets tabous jamais abordés avant sauf dans le cinéma d’auteur et on voit meme des films sexuels/érotiques au Festival de Cannes de nos jours. Homosexualité masculine (Le secret de Brokeback mountain), féminine (La vie d’Adèle, Sex crimes, Vicky Cristina Barcelona),bisexualité, plaisir sexuel (Nymphomaniac, 50 shades of grey, L'Inconnu du lac, Saint Laurent), Enter the Void, American Pie, Passion, etc
http://www.doctissimo.fr/sexualite/diap ... tupid-love .
Egalement on trouve une ou plusieurs scènes de sexe dans de nombreux films dont ce n’est pas le thème de base, le faisant ainsi considérer comme ce qu’il est : un élément faisant partie de la vie normale.
« Que le féminisme androphobe ait connu une telle pro-motion médiatique et parlementaire en dit long sur l’atmosphère présente de l’opinion, »(...)
« Il existe en tout cas désormais un véritable communautarisme féministe, qui n’est plus différentialiste et tolérant, mais proprement androphobe, »
Thibault focalise sur le féminisme androphobe comme si c’était la norme actuellement (en s’inspirant de courants américains). C’est ignorer tout le reste, qui est majoritaire. Il présente de cette façon une vision clivante et sectaire du féminisme. Il se focalise comme le font ces féministes extremistes sur le scandale sexuel. C’est ignorer et faire injure à toutes les femmes qui pratiquent un féminisme soft et quotidien, au niveau de leur famille, leur entourage, leur travail etc… Non les féministes en général ne sont pas des harpies. Et encore une fois, c’est plutôt lui que je qualifierais de puritain dans cette démarche. « La peur de l’excès ». Non, les femmes en général n’ont pas envie de couper les c… de leur compagnon ou de leurs collègues… Il ne fait que stigmatiser l’extreme et sa vision réductrice n’est réaliste qu’à un petit pourcentage.
« [androphobie] qui répond en quelque sorte à la misogynie persistante d’une part de l’opinion masculine (tout en l’entretenant d’ailleurs par réaction) »
Il est clair que le féminisme est une réponse, sinon il n’aurait aucune raison d’exister…
« Il est moins question en effet dans une large part du féminisme dominant de demander une meilleure considération envers les femmes, ou même de prôner un dialogue plus ouvert entre valeurs symboliquement masculines et valeurs symboliquement féminines, que de distinguer de façon manichéenne et partiale entre une essence masculine pernicieuse, voire presque diabolique, et une essence féminine perpétuellement victimisée. »
Encore une remarque subjective, non sourcée et fausse. Thibault devrait quitter son pc portable et sortir un peu en regardant autour, cela lui ferait du bien.
« En ce XXIe siècle néo-libéral, […]on ne se préoccupe guère de la dégradation générale des conditions de travail, qui s’accompagne d’une montée objective des statistiques relatives au stress, à la dépression et au suicide en entreprise ; »
Encore faux. Il n’y a jamais eu autant d’initiatives sur l’amélioration des conditions de travail, du stress. La protection des conditions du travail s’est améliorée. Des coachs pour le stress on en rencontre à tous les coins de rue. La présence meme de stats en la matière montre qu’il y a préoccupation et prise en compte. Exemple : l’
ANACTqui est l’agence nationale en France pour l’amélioration des conditions de travail.
En conclusion, le puritanisme et les extrêmes sont à surveiller, mais ta source n’est pas convaincante car subjective et mal informée. J’irai meme jusqu’à dire que c’est Isabel Thibault qui diabolisant le féminisme avec des amalgames et des erreurs, joue le role du puritain.