LoutredeMer a écrit : 05 févr. 2019, 16:33
Concernant les marques culturelles comme tatouages, accessoires, vetements, on doit laisser faire car la réciprocité joue en permanence.
C'est justement ce genre de truc qui m’ennuie.
On a pas à circonstancier les cas d'usages.
Concernant absolument tout ce qui est autorisé par la loi pour un individu,
on doit laisser faire, car on prône l'égalité des droits pour tous les citoyens.
Je porte des keffieh, en mode foulard pas en coiffe, depuis que j'ai 20 ans, je ne m'approprie pas la culture des arabes, j'utilise un objet fonctionnel, parce que j'aime cet objet.
Celui qui n'est pas content* doit apprendre la tolérance, je viens pas lui dire moi comment il peut ou pas s'habiller.
Je peux comprendre son ressenti, il peut l'exprimer, ça s'arrête là.
Il ne faut pas entrer dans le jeu du ressenti, la loi est la même pour tous.
Voilà le texte du bar qui a refusé la scène au comique
CW : appropriation culturelle, mentions d'oppressions, privilèges
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Explications relativement à notre politique d'inclusivité
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La Coop les Récoltes se veut un espace sécuritaire, exempt de rapports d'oppressions. Nous ne tolérons aucune discrimination ou harcèlement au sein de nos espaces. Eu égard à certains évènements récents, la Coop les Récoltes tient à expliquer ses positions.
Nous avons refusé qu'une personne blanche portant des dreads performe dans le cadre de nos deux soirées d'humour (Snowflake Comedy Club et La soirée d'humour engagée). À la suite de ce refus, un humoriste ayant une tribune dans le milieu a fait une publicaton facebook pour exposer la situation et interpeller certain.es humoristes qui performaient au Snowflake Comedy Club du 11 janvier, afin d'avoir leur avis. Dans les commentaires, on nous reproche le fait de nous affirmer comme un espace inclusif, alors que nous osons exclure une personne.
Petite mise au point : L'appropriation culturelle, c'est le fait qu'une personne issue d'une culture dominante s'approprie des symboles, des vêtements ou encore des coiffures de personnes issues de cultures historiquement dominées. C'est un privilège que de pouvoir porter des dreads en tant que personne blanche et que cela soit vu comme une mode ou comme le fait d'être edgy, alors qu'une personne noire va se voir refuser l'accès à des opportunités d'emplois ou des espaces (logements, écoles, soirées, compétitions sportives, etc.). En effet, les personnes noires doivent trop souvent faire face à l'impératif de changer leur coiffure et de renier leur culture si elles veulent être employables et pouvoir survivre.
Nous vivons dans une société où le racisme systémique est bien présent et où les espaces où les personnes racisées et marginalisées peuvent se sentir en sécurité sont très rares. La Coop les Récoltes aspire à être un espace où ces personnes vont se sentir à l'aise.
Pour un personne issue d'une culture historiquement dominée, voir sa culture être appropriée, c'est-à-dire détournée ou vidée de son sens premier, capitalisée, fétichisée, etc., est une violence. Après des décennies de colonialisme, d'esclavagisme et de génocides culturels où les personnes racisées se sont vues persécutées et interdites de pratiquer leur culture, de porter leurs vêtements et leurs coiffures (on pense ici aux colons anglais qui interdisaient aux yoggis de pratiquer leur spiritualité, aux femmes noires forcées de raser leurs cheveux ou encore aux autochtones dont les pratiques spirituelles et les rites ont été interdit par l'État canadien dans un objectif explicite d'assimilation), c'est une claque au visage de voir que ce pourquoi un groupe a été persécuté, un autre groupe peut se l'approprier sans problèmes ni conséquences.
À ceux et celles qui parlent d'échange culturel, nous aimerions rappeler qu'un échange se fait sur une base égalitaire entre des personnes de différentes cultures, c'est-à-dire lorsqu'il n'existe pas un rapport de pouvoir impliquant la domination d'une culture sur l'autre. À ceux et celles qui disent que les personnes noires font aussi de l'appropriation culturelle en se lissant les cheveux, nous aimerons rappeler la dimension systémique que prend le racisme et que le fait de se lisser les cheveux ne constitue pas un acte d'appropriation, mais bien plutôt un acte de survie, inscrit le plus souvent au sein d'un processus d'adaptation à une société véhiculant les critères de beauté de la blancheur, c'est-à-dire une société où les cheveux des personnes racisées sont très tôt l'objet de moqueries de la part de leurs camarades blanc.hes, où les personnes racisées apprennent assez vite à détester leur corps, leurs cheveux ou leurs vêtements traditionnels et où elles tentent de rentrer dans le moule en se conformant à des critères de beautés eurocentrés.
Dans les cas d'appropriation culturelle, nous comprenons que l'intention d'une personne peut ne pas être raciste. Toutefois, au-delà de l'intention individuelle, l'appropriation culturelle véhicule du racisme dont les conséquences sur les personnes concernées sont réelles. L'appropriation culturelle n'est pas un débat ou une opinion; c'est une forme d'oppression passive, un privilège à déconstruire et surtout, une manifestation de racisme ordinaire. Nous sommes un espace inclusif pour les personnes marginalisées, ce qui implique que nous sommes un espace exclusif pour les personnes qui reproduisent les oppressions systémiques. L'application de notre politique d'inclusivité par rapport à l'appropriation culturelle signifie que nous reconnaissons l'appropriation culturelle comme une forme de racisme.
Lors d'évènement à la Coop les Récoltes, qu'il s'agisse d'un show, d'une soirée d'humour, d'un atelier ou d'une conférence, les personnes faisant de l'appropriation culturelle ne seront pas les bienvenues sur scène, puisqu'elles détiendraient alors un micro, qu'elles auraient le spotlight sur elles (avec tout ce que cela implique en termes de reconnaissance symbolique et sociale), ce qui serait donner un espace supplémentaire dans la société à des personnes qui n'ont aucune difficulté à en trouver ailleurs.
Pour ce qui est des clientes et des clients, nous favorisons une approche de déconstruction et d'éducation, où la personne en question se verra expliquer qu'elle reproduit un comportement raciste. Nous étions (et sommes toujours) en préparation d'un tract à cet effet, bien avant cette polémique. Nous considérons qu'il est plus important de passer par l'éducation face à un tel enjeu, plutôt que de refuser l'accès à notre espace. Nous sommes prêts à avoir cette même discussion avec les personnes qui souhaitent monter sur scène et qui ne comprennent pas que nous décidions, en raison des impacts expliqués ci-haut, de leur refuser ce privilège.
Aux personnes qui n'ont jamais mis les pieds à la Coop les Récoltes et qui disent que nous sommes une bande de SJW qui va trop loin, qui se moquent du concept d'espace sécuritaire ou qui souhaitent nous boycotter, vous pouvez continuer de fréquenter les autres bars, privilège que n'ont pas de nombreuses personnes marginalisées. En tant que personnes privilégiées, l'ensemble de l'espace public vous appartient déjà et c'est précisément cette situation que la Coop les Récoltes, de par sa mission et sa politique d'inclusivité, tente d'inverser.
Aux personnes qui fréquentaient la Coop les Récoltes et qui disent que maintenant elles n'y retourneront plus, nous vous invitons fortement à remettre en question votre position de privilège, à vous informer et à tenter de vous déconstruire si vous vous dîtes réellement allié.es et antiracistes. En outre, nous sommes certain.es que vous comprendrez qu'il est inadmissible de comparer le fait de refuser à une personne une tribune de quelques mètres carrés aux oppressions systémiques vécues par les personnes marginalisées, d'autant plus que cette tribune se situe sur des territoires autochtones volés et non cédés.
À celles et ceux qui nous soutiennent et qui comprennent, nous vous remercions et nous vous invitons à continuer de venir nous voir. Plus particulièrement, aux personnes marginalisées, nous souhaitons continuer à vous être accessible. Cet espace est pour vous. Merci d'exister et merci de nous faire exister.
J'ai souligné le dogme.
Pas de débat possible.
*Il reste pour l'instant théorique, jamais personne ne m'a même suggéré que c'était déplacé.