Forum Sceptique

Vers une anthropologie "symétrique"

C'est au laboratoire de l’ORSTOM, à Abidjan qu'il étudie les méthodes de terrain empiriques. Il découvre une « bizarrerie » de l’anthropologie : « qui s’intéressait aux marges de la société (patrimoine, fêtes etc.) à ce qui restait archaïque en quelque sorte dans les sociétés, mais qu’elle n’allait pas au cœur de nos sociétés modernes (les sciences et techniques, le droit ou l’économie). » Fort de ce constat, il imagine un programme de recherches d’« anthropologie symétrique », c’est-à-dire appliquer des méthodes d’ethnographie à la production scientifique : « étudier avec les mêmes principes et les mêmes méthodes, à la fois ce qu’on appelle les autres cultures et les modernes car s’il on veut comprendre la source de vérité de nos sociétés contemporaines, ce sont les sciences. » En 1975, il passera deux ans dans le laboratoire de neuroendocrinologie de Roger Guillemin au Salk Institute à San Diego Californie, où il appliquera des méthodes ethnographiques à la pratique scientifique. C'est la notion de construction sociale des savoirs scientifiques qui est analysée. Le fruit de cette enquête donnera lieu à la publication de La Vie de laboratoire (1979) en collaboration avec le sociologue des sciences Steve Woolgar.

Bruno Latour est avant tout connu pour ses travaux en sociologie des sciences et des techniques. Depuis ses premières recherches en anthropologie en Côte d’Ivoire qu’il relate dans le premier épisode de cette série, il a orienté son travail vers la sociologie des sciences. Au cours de cette épisode, le sociologue revient sur ce qui distingue et ce qui rapproche la sociologie des sciences et la philosophie des sciences.