Jodie a écrit : 06 juin 2024, 19:41Il ne faut pas négliger tous les gens qui utilisent comme moi le mot paranomale pour parler d'une expérience sans nécessairement inventer ou rêver
Il y a des méprises (par exemple quand les gens confondent la lune avec une soucoupe volante). Mais, ça ne semble pas être ce à quoi vous pensez vu cet exemple:
Si je sors de mon corps et que je vois Boudha, c'est que mon cerveau aura donné cette forme à une perception, mais la perception, elle, est bien réelle et qui peut dire d'où elle origine ?
Ça, c'est au contraire un exemple de ce qui tient d'un "rêve" ou, du moins, d'une forme d'hallucination. C'est clairement une invention parce que vous n'avez aucun moyen de savoir à quoi "Bouddha" ressemble vraiment. (Surtout que "Bouddha" ne ressemble à personne en particulier puisque c'est un titre qui désigne différentes personnes. Vous pourriez rêver d'un chien qui tient des propos d'une sagesse extraordinaire* et le baptiser Bouddha

) C'est une hallucination sous influence culturelle. Et l'origine n'est pas très difficile à deviner: c'est votre cerveau qui produit cette impression de rencontre avec Bouddha.
Sinon, la plupart du temps les gens ne mentent pas. Il y a des menteurs, impossible de le nier, mais les gens sont souvent sincères. Sauf que dire la vérité n'est pas automatiquement offrir une analyse correcte de comment un événement s'est déroulé. C'est même rarement le cas. Dire [ce qu'on tient pour] la vérité n'est pas un gage de compétence sur ce dont on se prononce. Pour montrer qu'on possède cette compétence, il faut être en mesure d'amener des arguments rationnels et factuels. C'est en amenant ces arguments qu'on montre qu'on a vérifié ce qu'on dit.
Je reviens sur ce point, pour ajouter quelque chose:
Certaines croyances sont basées sur ce qu'on vous apprend et d'autres sur ce que l'on ''sait'' au fond de soi et qui se confirme dans l'exprérience ou du moins dans notre interprértation
À mon avis, ce que l'on "sait au fond de soit" n'est jamais très différent d'une invention imaginaire. Et quand on le "vérifie" par expérience personnelle ou interprétation personnelle, on fait jouer à fond les biais cognitifs, particulièrement les biais de sélection et de confirmation. Et c'est une excellente manière de prendre son ignorance pour de la connaissance puisqu'on n'a pas besoin de se renseigner sérieusement pour obtenir une réponse qui nous satisfasse: il suffit de se répéter que ça doit être vrai parce que "on le sait au fond de soi".
Malheureusement et je dis ça parce que je le déplore, je n'ai jamais compris pourquoi le doute qu'il s'agisse d'autres choses puisse mettre les croyants sur la défensive
Il y a différentes raisons. L'une d'entre elles est justement le fait "qu'ils savent au fond d'eux-même qu'ils ont raison". Ça fait en sorte qu'un de leur argument pour soutenir leur croyance est eux-même. Dans un sens, quand on dit "je pense que", l'argument est "je". Mettre en doute leur croyance va donc être perçu comme une attaque personnelle. Les gens capables d'argumenter sur la base d'arguments (le plus) objectifs (possible) mettent une distance entre eux et ce en quoi ils croient. Quand on attaque la croyance, ils se sentent beaucoup moins attaqués personnellement.
Remarquez que je n'ai pas de statistique qui me dit combien se laisse influencer sans chercher, mais dans le milieu que je côtois encore, peu cherche à douter de ce qu'ils ont vécus
Ce qui est parfaitement normal. Apprendre à douter de ce qu'on pense vrai de manière constructive n'est pas facile (et il faut le vouloir). Tout comme apprendre à raisonner juste n'est pas facile (et il faut le vouloir). Et comme les biais cognitifs sont sous influence culturelle, ils sont renforcés si on vit dans un milieu qui ne fait pas attention à la manière dont ces biais déforment la perception de la réalité.
Je suis prêt à gager que dans ce milieu, les discussions tournent plus souvent d'affirmations invérifiables - du moins non-vérifiées - et fortement teintées de "je pense que", avec quelques figures charismatiques qui disent des trucs pour lesquels il faut les croire sur parole. Un peu comme le
milieu ufologique décrit dans cette vidéo.
Quelque chose que je veux vous faire remarquer, tout ne peut être vérifié par la science; puisqu'elle ne sait pas tout ce qu'il y a à savoir sur ces phénomènes, donc que les croyants interprètent ce qu'ils vivent selon leur croyance c'est normal, surtout si ils n'ont pas accès à des données ou à une éducation scientifique
Oui, c'est normal. Mais ça ne fait pas de leurs croyances des descriptions justes de la réalité. Et on peut le dire: non?
Sinon, l'application du scepticisme devrait en premier lieu être dirigé vers soi-même. C'est en quelque sorte se dire que l'on souhaite apprendre à distinguer le vrai du faux, le réel de l'imaginaire. Faire cette distinction ne veut pas automatiquement dire qu'il faut dénigrer le faux ou l'imaginaire, car il y a des domaines/situations où ils jouent un rôle important voire nécessaire (l'art, par exemple**). Mais cela veut dire être en mesure de se raccrocher au vrai et au réel lorsque la situation le demande. Par exemple, quand on essaie de déterminer ce qui tient du rêve, de l'invention imaginaire de ce qui est réel.
Jodie a écrit : 07 juin 2024, 12:51Si on se permet de douter, que l'on se trouve d'un côté comme de l'autre, j'imagine qu'on fini par avoir une quasi certitutde que l'on voit juste, enfin je l'espère
Il est facile de s'illusionner. Mais ce qui fait que la science progresse en permettant des découvertes alors que les "zozotérismes" ne découvrent jamais rien (même s'ils profitent des découvertes scientifiques), c'est que les scientifiques*** ne recherchent pas des "certitudes" illusoires mais à comprendre comment les choses fonctionnent. Et pour en arriver à ça, il faut faire la part de ce qui tient des biais cognitifs et ce qui tient de l'observation reproductible de la réalité des choses.
Jean-François
* Propos que vous êtes incapable de répéter une fois réveillée,
évidemment 
** Il y a des applications plus complexes à expliquer: par exemple, si quelqu'un vit des épisodes psychotiques, il peut être nécessaire d'accepter sa vision faussée des choses pour le soutenir. Mais on ne l'aidera jamais en pensant que sa vision faussée est vraie/réelle.
*** Les bons scientifiques, du moins.