Page 1 sur 1

La valeur d'un livre de science

Publié : 07 nov. 2024, 13:59
par Jodie
Hier, je faisais une recherche sur le sujet de la peur et je suis tombé sur un livre de Antonio R. Damasio, acheté il y a plusieurs années. Le livre était déposé sur ma table de chevet, tourné couverture du dessous. J'ai alors remarqué l'étiquette avec le prix du livre qui était de 20.95 $ CA et pour la première fois de ma vie, j'ai réalisé que derrière ce minuscule petit prix, il y avait un immense trésor de connaissances... Composé de plusieurs années d'expérimentation, de recherche et d'échange entre collègues et bien sûr du temps de rédaction pour nous partager une oeuvre pour 20.95 $...

Ça m'a donné un choc, comme si je n'avais jamais réalisé jusqu'à quel point la valeur d'un livre de science pouvait être ridiculement basse.

J'apprécie tous ces gens qui oeuvent pour nous enseigner. Je voulais juste partager ce petit moment de grattitude en cette triste période qui s'annonce suite aux résultats des élections américaines.

Re: La valeur d'un livre de science

Publié : 07 nov. 2024, 14:42
par Gwanelle
Bonjour Jodie,

Et encore ... dans ces 20 euros, combien touche Damasio :a8: ?

Je suis d'accord, nous devons donner aux choses les valeurs qui correspondent à la société juste (récompenser les humains qui font des efforts) et réaliste (concernant l'avenir) pour éviter les guerres à venir .

Si le savoir à une valeur ridiculement basse, alors par comparaison, la ressource matérielle vaut trop.

Et c'est celà (simple exemple) qui fait qu'on se retrouve avec un énorme sentiment d'injustice dans les guyanes en ce moment .
Pourquoi les habitants de guyana (guyane anglaise) devraient ils soudainement devenir beaucoup plus riches, sans effort, que leurs voisins sous prétexte que ce sont dans leurs eaux territoriales qu'ont été découvertes de nouvelles ressources pétrolières ...
Ou ... pourquoi les être humains du 21ème siècle devraient ils être aléatoirement riches ou pauvres en fonction des frontières décidées par les puissances coloniales du 19ème siècles pour délimiter les 5 guyanes ?

Cette absurdité est entièrement due au fait , que dans le monde d'aujourd'hui , le savoir ne vaut plus assez (celà n'a pas toujours le cas dans le passé), donc ne récompense pas assez celui qui fait l'effort de savoir, donc , l'interêt, la récompense pour l'individu de faire l'effort de s'éduquer ne vaut presque rien par rapport à "la chance" d'être "né du bon coté d'une frontière".

Re: La valeur d'un livre de science

Publié : 07 nov. 2024, 15:13
par richard
Gwanelle a écrit : 07 nov. 2024, 14:42 Et encore ... dans ces 20 euros, combien touche Damasio :a8: ?
Pour tous les produits le fabricant achète 1 et vend 3, le distributeur achète 1 et vend 2,5, le détaillant achète 1 et vend 2, si bien que le prix de vente par rapport au prix de "la matière première" est 3 x 2,5 x 2 = 15, l’écrivain reçoit donc environ 7% du prix de vente. Les supermarchés tendent à supprimer la phase distributeur, le circuit court le distributeur et le détaillant.

Re: La valeur d'un livre de science

Publié : 07 nov. 2024, 15:53
par Jodie
Gwanelle a écrit : 07 nov. 2024, 14:42 Et encore ... dans ces 20 euros, combien touche Damasio ?
Sans compter toutes les copies illicites... Je dirais, presque sans rire, qu'on est dans un mauvais western des temps modernes.

Gwanelle a écrit : 07 nov. 2024, 14:42Cette absurdité est entièrement due au fait , que dans le monde d'aujourd'hui , le savoir ne vaut plus assez (celà n'a pas toujours le cas dans le passé), donc ne récompense pas assez celui qui fait l'effort de savoir, donc , l'interêt, la récompense pour l'individu de faire l'effort de s'éduquer ne vaut presque rien par rapport à "la chance" d'être "né du bon coté d'une frontière".
Je sais qu'il ne faut pas tomber dans le pessimiste, mais quand on ouvre grands les yeux, l'injustice est omniprésente et je ne crois pas que quiquonque puisse dire qu'il est heureux dans ce monde. Au mieux, en se protégeant quand on peut, on peut espérer trouver son bien-être, mais ça reste une manière de vivre. La recherche du bonheur, c'est quoi en fin de compte ? La plus grande des illusions ?

Re: La valeur d'un livre de science

Publié : 07 nov. 2024, 18:06
par PhD Smith
Gwanelle a écrit : 07 nov. 2024, 14:42Cette absurdité est entièrement due au fait , que dans le monde d'aujourd'hui , le savoir ne vaut plus assez (celà n'a pas toujours le cas dans le passé), donc ne récompense pas assez celui qui fait l'effort de savoir, donc , l'interêt, la récompense pour l'individu de faire l'effort de s'éduquer ne vaut presque rien par rapport à "la chance" d'être "né du bon coté d'une frontière".
Et puis, depuis internet, on est à l'ère du tout gratuit et il y a quelques années du tout collaboratif avec internet. Donc la connaissance ne vaut plus rien. Wikipédia a détruit le modèle des encyclopédies papiers. Pourquoi payer au prix fort un gars ayant des compétences et des certifications alors qu'un autre type va faire le travail pour 3 x rien. C'est le payement "à la pièce" comme au XIXe s., qui ne comprend pas la préparation du travail. C'est ce que dit Aldo Sterone, un algérien informaticien en Angleterre qui raconte sa vie professionnelle et qui donne des conseils dans sa voiture dans laquelle il vit. Exemple : https://www.youtube.com/watch?v=-MR3TTfqjMM
https://www.youtube.com/watch?v=tZ240J6cb-g
En même temps, le gars dit que nous sommes jamais allés sur la Lune : https://www.amazon.fr/JAMAIS-MARCHE-SUR ... 1979585989
Et la promotion youtubesque qui va très bien : https://www.youtube.com/watch?v=dWzrYNhX-gA
Je suggère aux conjurationnistes lecteurs occasionnels du forum de mettre un pouce bleu.
richard a écrit : 07 nov. 2024, 15:13l’écrivain reçoit donc environ 7% du prix de vente. Les supermarchés tendent à supprimer la phase distributeur, le circuit court le distributeur et le détaillant.
Oui, c'est encore généreux pour celui qui touche 7 % s'il est connu, c'est moins s'il est inconnu. Il faut payer l'éditeur qui reverse les royautés à l'auteur, le distributeur qui prend 50 % du prix et le libraire qui a le privilège de ne pas acheter le livre physiquement et de le stocker seulement et qui peut renvoyer le livre à l'éditeur en cas d'invendus.
Sinon, on peut se passer d'éditeur et faire de l'Amazon avec "CreateSpace Independent Publishing Platform (31 juillet 2024)", c'est-à-dire créer son livre avec Amazon et obtenir un % plus important sur le prix du livre (ici 19,52 € sur le prix papier). Mais c'est à l'auteur de faire la promotion. Comme Aldo a un public assez large, ses ventes doivent être intéressantes.

Re: La valeur d'un livre de science

Publié : 07 nov. 2024, 22:40
par richard
Oui, peut-être que demain il n’y aura plus d’éditeurs ni de librairies. Je crois d’ailleurs qu’il n’y aura plus de petits magasins (ils ferment les uns après les autres) ni de supermarchés non plus (Auchan vient de fermer dix magasins).

Re: La valeur d'un livre de science

Publié : 08 nov. 2024, 08:55
par Dominique18
Le cas d'un auteur littéraire, en France, cas le plus représenté, en termes de quantité de livres vendus:

https://fr.indeed.com/conseils-carriere ... 0les%20cas.
...Dans le prix d'un livre se retrouvent les coûts de tous les éléments qui vont permettre de le fabriquer et de le vendre.
Par exemple, un livre imprimé est vendu au prix de 20 €. Ce tarif ne comprend pas seulement le coût des droits d'auteur et le prix du papier.
Ces 20 € sont répartis ainsi :
de 1,60 à 2,40 € pour l'auteur ;
de 3,40 à 5 € pour l'éditeur ;
2 € pour l'imprimeur ;
6,60 € pour le libraire ;
4,40 € pour le diffuseur ;
1,10 € pour l'État (TVA).

Ces prix indiquent une moyenne et ne s'appliquent pas à tous les livres. Cet exemple montre que les revenus de l'auteur dépendent beaucoup du nombre d'exemplaires vendus. Si votre livre se vend 15 € en librairie, votre gain ne sera que de 1,20 à 1,80 € par ouvrage vendu. Ce gain dépendra aussi du contrat que vous aurez négocié avec votre éditeur. De nombreux éditeurs proposent cependant des pourcentages de rémunération progressifs en fonction du nombre de ventes.

Dans le cas où moins de 1 000 exemplaires sont vendus, l'auteur ne gagne que 6 % du prix de vente de l'ouvrage. Ce dernier exemple concerne la majorité des livres peu connus.

Voici un exemple de pourcentages appliqués par un éditeur :
- pour les 3 000 premiers exemplaires vendus, 6 % sont reversés à l'auteur ;
- à partir du 3 001ème exemplaire vendu, l'éditeur verse 7 % à l'auteur ;
- dès le 6 001ème exemplaire vendu, l'éditeur verse 8 % à l'auteur ;
- à partir du 9 001ème exemplaire vendu, l'auteur reçoit 9 % ;
- l'éditeur verse 10 % entre le 12 001ème et le 30 000ème exemplaire vendu, puis 12 % au-delà du 30 000ème.

Combien de livres pouvez-vous espérer vendre en tant qu'auteur débutant ?
Selon une étude réalisée par le magazine l'Express, les ventes moyennes d'un premier roman varient entre 500 et 800 exemplaires. Cela ne reste qu'une moyenne, car tout dépend du succès de votre livre. Le nombre d'exemplaires vendus peut être beaucoup plus élevé ou plus faible. Ces chiffres prennent en compte le succès de certains auteurs pour qui la vente de leur ouvrage a été bénéfique. Ce n'est pas le cas d'autres écrivains, qui ont pu vendre moins de 300 exemplaires.

Si vous pensez que votre livre ne se vend pas, simplement parce que vous n'êtes pas connu, sachez que la notoriété ne fait pas tout. En effet, le livre de Noël Mamère, La malédiction des justes, ne s'est vendu qu'à 362 exemplaires en 2011. La même année, le livre de Luc Chatel et Jean-Pierre Chevènement, Le Monde qu'on leur prépare n'a fait que 931 ventes...
Pour les auteurs de livres scientifiques, niche spécialisée qui s'adresse à un lectorat ayant le goût de la science, (science et non pseudo-sciences, dont la masse de bouquins affolent les rayonnages), il ne faut pas s'attendre à des miracles sur le plan gains financiers escomptés.

Les livres d'auteurs complotistes, antivax,... anti-"système" en résumé, anti-tout, sont des succès de librairie (il suffit de consulter, sur plusieurs sites, Fnac, Amazon, Babelio,.... les commentaires élogieux, c'est d'ailleurs là que le bât blesse): Didier Raoult, Christian Peronne, Alexandra Henrion-Caude, Aldo Stérone (bien sûr!...), Dominique Michel,... "ils" y sont tous!. Ca tire dans tous les coins, et ça tape sur tout et n'importe quoi, en nourrissant un confusionnisme ahurissant. Grande "spécialité" de ces "maîtres" incontestés, ceux qui "savent", ceux qui "révèlent" les scandales cachés, ceux qui dénoncent la "fausse" science et mettent en lumière la "vraie" *.

Les auteurs scientifiques tels Jean-Pierre Changeux, Stéphane Dehaene, Albert Moukheiber, Lionel Naccache,... (ce ne sont que quelques exemples, dans un domaine de recherche précis) n'atteindront pas, ou très difficilement, ces "sommets" des ventes.
Quoique.... il peut y avoir des exceptions heureuses: par exemple, Jean-Marc Jancovici avec "Le monde sans fin", qui met à bas les propos cdes climato-sceptiques.
Contre vents et marées, la revue trimestrielle de l'Afis, "Sciences et pseudo-sciences" (6000 abonnés), tient toujours le coup, indépendante, sans aucun support publicitaire, mais elle est le fruit de passionnés tous bénévoles. La revue est disponible en kiosque ce qui suppose un lectorat conséquent. Les éditions Book-ebook, rattachées à l'Afis, éditent des livres, une soixantaine de titres. Pas des succès de librairie, pas de buzz médiatiques, mais des références scientifiquement sérieuses.

* ils n'oublient pas de fustiger des personnes comme Elisabeth Bik (spécialiste de l'intégrité scientifique), une "vendue", corps et âme, au "système", aux "lobbies".