vingtieme jour du troisieme soleil
Publié : 23 sept. 2005, 20:01
Le scepticisme n'est pas un mode de pensée satisfaisant pour qui s'intéresse à entreprendre de connaître l'univers à la manière du novice qui apprend à connaître le maître. Le point de vue naïf, qui seul permet de toucher le coeur de la réalité des êtres, est en effet une tare pour un point de vue sceptique qui n'a de cesse de se débarrasser une fois pour toute de cette partie de lui-même qui est ignorante, qui n'a de cesse de la faire disparaître en la remplaçant aussi vite que possible par la partie de quelqu'un d'autre qui n'est pas ignorante. L'amalgame d'opinions qui constitue ainsi le point de vue sceptique est malheureusement si étouffant pour la personnalité humaine qu'il ne permet pas d'appréhender le monde dans la sérénité, par soi-même : loin du nid des opinions sceptiques, l'oisillon se fait manger tout cru !
Il n'y a aucun danger -- physique ou intellectuel -- à s'intéresser aujourd'hui aux savoirs ésotériques que l'opinion publique associe encore trop aux dérives sectaires et autres charlatans. Le halo de mépris et/ou de peur et/ou d'ignorance qui entoure les notions de “chakra”, d'“énergie spirituelle” et de “message synchronique“ n'est à l'avantage de personne, puisque ce ne sont que les traditionnelles luttes égotiques d'opinion qui entretiennent la calomnie et la désinformation à ce sujet. Il est d’ailleurs tout à fait possible de ne voir en cela qu’un phénomène similaire à l'illusion qui fait irrationnellement préférer la voiture à l'avion malgré les statistiques qui sont en faveur du deuxième en termes de nombre de morts.
Pour quelle(s) raison(s) l’évidence de l’expérience est-elle dénigrée par le doute de la conscience, sinon pour alimenter un débat dont les participants se « mangent » les uns les autres ? Il est vrai qu’en Occident, le domaine spirituel est longtemps resté la propriété intellectuelle de l’Eglise, et que les scientifiques ont d’abord risqué leur vie par leur volonté d’échapper aux vérités judéo-chrétiennes que leur assénaient leurs propres ancêtres. N’empêche qu’il est temps aujourd’hui que fonde enfin la rancœur que nourrit pour cette raison la Science à l’égard du domaine spirituel, et que soient enfin corroborées par une théorie démontrée, les intuitions communes aux mystiques de toutes époques, de tous lieux et de toutes traditions.
Le sentiment de clandestinité que génère inévitablement autour d’elle l’attitude anti-spirituelle des purs et durs de la Science atteint son paroxysme face à leur très sérieuse complainte coincée du « laissez l’énergie au physicien ». Cependant, il faut bien leur concéder leur ignorance des centaines -- milliers ? -- d’années de recherche spirituelle des peuples d’autres races que la race blanche d’Europe, et donc leur manque total de pratique en la matière puisque ces savoirs méprisés par eux ne sont pour eux bons qu’à « attraper du touriste » -- comprendre : « duper le non-sceptique » -- ce pourquoi ils s’en méfient paranoïaquement comme d’une maladie dangereuse. S’ils avaient ne serait-ce qu’une fois ou deux dans leur vie envisagé de suivre sans se questionner les enseignements ésotériques des érudits de ces peuples d’une autre race que la leur, de faire confiance à la sagesse au lieu de puérilement chercher à la ridiculiser, à s’en amuser, alors ils ne seraient pas aujourd’hui ces vils voleurs qui dépouillent les passants de leur argent/énergie puis les huent et les jettent au mépris collectif au son des très sérieux « de l’argent/énergie ? quel argent/énergie ? voyons, ça n’existe pas l’argent/énergie ! ».
Aujourd’hui, les communautés -- scientifique ou autre -- sont l’occasion pour les gens de se rassembler et de passer du temps avec des personnes qui partagent un engouement commun. Au sein de ces communautés d’hommes et de femmes réunis autour d’un même centre, les relations sont formatées autour du fait qu’il y a un objet de communication que tous et toutes consentent à partager séant. Ces « familles professionnelles » ont cependant l’inconvénient qu’elles stéréotypent l’échange humain, en ce qu’elles imposent à la discussion de tourner autour de l’objet de leur existence, et que, de cette façon, les questions existentielles sont éludées, bien qu’elles soient plus centrales pour le bonheur et l’épanouissement de chacun(e) que les questions de surface dont se nourrit l’objet du rassemblement. Si les questions profondes sont passées sous silence, c’est malheureusement parce que les personnes qui se les sont déjà posées n’ont jadis pas su comment y trouver autre chose que la souffrance de leur propre ignorance, et qu’elles ne veulent pas revivre à nouveau ce sentiment d’impuissance qu’elles ont alors éprouvé face à l’inévitable évidence de leur incapacité à y répondre.
Quand il est question d’entamer l’examen intellectuel d’un document écrit, à l’invitation sympathique d’un autre internaute ou bien au hasard des voyages électroniques dans les masses d’informations disponibles en ligne sur le réseau ou ailleurs, il est toujours avantageux de s’interroger sur sa motivation à soi avant de se laisser pénétrer par ce que contient le dit-document. En effet, il y a un risque de blessure à s’immerger dans la précipitation au sein d’un environnement conceptuel non familier, essentiellement dans le cas où les raisons qui poussent la conscience à se saisir du sens des mots ne trouvent pas leurs racines dans la volonté compatissante de recevoir humblement ce qui est donné mais plutôt dans l’intention de se mettre soi-même sur un piédestale d’où l’auteur du dit-document ne pourra qu’être chassé après avoir été humilié tant son infériorité se sera avérée flagrante par rapport à soi-même -- selon des critères choisis à cet effet. Loin de la raison mais au cœur de l’intuition, la sagesse qui discerne l’acte du juste de l’acte du mécréant ne souffre pas que la bonté d’âme puisse se laisser avarier par la démence qui veut que s’instaure entre deux personnes une relation autre que la reconnaissance mutuelle de leur « bouddhéité » -- comprendre : « perfection innée et par essence imperfectible ».
Le caractère intrinsèquement périssable des conclusions scientifiques soulève un paradoxe difficile à éluder : puisque toute décision prise aujourd’hui en fonction de ces conclusions est susceptible demain, après-demain, la semaine prochaine, dans deux ans, ou dans quelques siècles, de s’avérer être une aberration après que d’autres conclusions aient remplacé les premières -- au vu de nouvelles données expérimentales par exemple. Agir d’après une rationalisation de déductions expérimentales revient donc à prendre son parapluie après avoir seulement observé une parcelle de ciel de seulement un milliardième de toute la surface céleste… Ainsi, celui (celle) qui apparaît aujourd’hui être un(e) imbécile selon la « grille personnelle de catégorisation des gens » d’un(e) quidam donné(e), ce sera demain, après-demain, la semaine prochaine, dans deux ans, ou dans quelques siècles, le (la) quidam lui(elle)-même !
Quand un point de vue ne peut pas être exprimé sans que son auteur estime devoir prendre au préalable des mesures destinées à assurer sa propre sécurité, celui (celle) qui s’estime potentiellement menacé par autrui s’aperçoit rarement que, d’une certaine façon, c’est lui qui est menaçant pour autrui, et que c’est la menace qu’il représente qui va lui valoir d’être inquiété ! Alors plutôt que de préférer « passer chez l’armurier » avant de prononcer un discours pressenti comme dangereux par/pour soi-même, mieux vaut s’apercevoir à temps que la violence qui se manifeste dans le monde n’est que très rarement gratuite, que 90 % du temps il ne s’agit que d’un retour -- mérité ? -- de balancier.
Les recherches autour de l’existence d’une éventuelle activité consciente post-mortem et la mise en lumière du support matériel à cet activité ont un arrière goût de chasse au trésor dans laquelle l’objet de la quête -- la personne décédée -- est malheureusement déshumanisé au profit d’une « course au trophée » un peu écoeurante. Quoi qu’il en soit, les phénomènes de la transition vers l’après-vie sont étudiés depuis très longtemps par les psychonautes du Tibet, et personne ne devrait avancer dans cette direction sans auparavant prendre conscience des résultats de leur « dissection de l’esprit ».
Décrire le point de vue qui est sien, ou décrire le point de vue d’une tierce personne, qu’est-ce qui est le plus facile ? Se ranger derrière l’avis de quelqu’un d’autre, c’est de toute façon une sécurité : ce qui est déjà mis en mots est bien plus compréhensible que ce qui est encore à l’état de pensée. A choisir entre structurer en phrases un murmure à soi jamais mis en mots et disséquer le discours depuis longtemps rôdé d’autrui, bien peu se risqueront à la première alternative.
Dans le bouddhisme zen, il y a un proverbe qui dit -- en substance -- « ne vous évertuez pas à distinguer le vrai du faux, cessez d’avoir une opinion à ce sujet ». Mettre cela en pratique, c’est déjà faire preuve d’une grande humanité puisque le sage et le mécréant se retrouvent ainsi à égalité face à soi. Mais c’est en outre une attitude qui témoigne d’un profond lâcher-prise qui s’avère d’une aide inestimable : la réalité n’a plus à « coller » ou pas à l’opinion…
Faire appel à autrui pour consolider ses opinions à soi est un moyen simple de s’ôter du pied l’épine qui rend faible son propre raisonnement. Mais à tenter ainsi de combler les fondations lézardées d’un édifice intérieur dont l’architecte se pâme à en contempler et à en faire contempler la beauté majestueuse, il y a bien évidemment un risque d’être blessé(e) dans l’effondrement pur et simple de toute la structure : aussi habile artisan qu’il (elle) soit, ses échafaudages de constructions mentales atteignent parfois une hauteur si insensée qu’une réflexion d’enfant de douze ans suffirait à les jeter irrémédiablement à terre.
Si les débats qui ont lieu par écrit ont l’avantage que les intervenants ne peuvent évidemment pas en venir aux mains et s’agresser physiquement, ils ont en contrepartie l’inconvénient que l’échange y est tout sauf naturel. En effet, la malhonnêteté intellectuelle -- l’avidité d’expression ? -- pousse parfois certains à pratiquer le découpage/collage du discours écrit de façon à pouvoir y insérer son « deux’trois’p’tits mots », ce qui est absolument impossible à faire à haute voix : un point de vue peut au mieux être résumé, personne ne repasse des morceaux choisis enregistrés au dictaphone avant de s’exprimer ! La mise en scène écrite savamment orchestrée qui manipule à son insu l’auteur d’un texte de façon à lui faire incarner un rôle dans le scénario que s’invente un lecteur en mal d’expression, cette mise en scène impossible à réaliser à haute voix aurait tout intérêt à être remplacée par la plus silencieuse des méditations…
Il n'y a aucun danger -- physique ou intellectuel -- à s'intéresser aujourd'hui aux savoirs ésotériques que l'opinion publique associe encore trop aux dérives sectaires et autres charlatans. Le halo de mépris et/ou de peur et/ou d'ignorance qui entoure les notions de “chakra”, d'“énergie spirituelle” et de “message synchronique“ n'est à l'avantage de personne, puisque ce ne sont que les traditionnelles luttes égotiques d'opinion qui entretiennent la calomnie et la désinformation à ce sujet. Il est d’ailleurs tout à fait possible de ne voir en cela qu’un phénomène similaire à l'illusion qui fait irrationnellement préférer la voiture à l'avion malgré les statistiques qui sont en faveur du deuxième en termes de nombre de morts.
Pour quelle(s) raison(s) l’évidence de l’expérience est-elle dénigrée par le doute de la conscience, sinon pour alimenter un débat dont les participants se « mangent » les uns les autres ? Il est vrai qu’en Occident, le domaine spirituel est longtemps resté la propriété intellectuelle de l’Eglise, et que les scientifiques ont d’abord risqué leur vie par leur volonté d’échapper aux vérités judéo-chrétiennes que leur assénaient leurs propres ancêtres. N’empêche qu’il est temps aujourd’hui que fonde enfin la rancœur que nourrit pour cette raison la Science à l’égard du domaine spirituel, et que soient enfin corroborées par une théorie démontrée, les intuitions communes aux mystiques de toutes époques, de tous lieux et de toutes traditions.
Le sentiment de clandestinité que génère inévitablement autour d’elle l’attitude anti-spirituelle des purs et durs de la Science atteint son paroxysme face à leur très sérieuse complainte coincée du « laissez l’énergie au physicien ». Cependant, il faut bien leur concéder leur ignorance des centaines -- milliers ? -- d’années de recherche spirituelle des peuples d’autres races que la race blanche d’Europe, et donc leur manque total de pratique en la matière puisque ces savoirs méprisés par eux ne sont pour eux bons qu’à « attraper du touriste » -- comprendre : « duper le non-sceptique » -- ce pourquoi ils s’en méfient paranoïaquement comme d’une maladie dangereuse. S’ils avaient ne serait-ce qu’une fois ou deux dans leur vie envisagé de suivre sans se questionner les enseignements ésotériques des érudits de ces peuples d’une autre race que la leur, de faire confiance à la sagesse au lieu de puérilement chercher à la ridiculiser, à s’en amuser, alors ils ne seraient pas aujourd’hui ces vils voleurs qui dépouillent les passants de leur argent/énergie puis les huent et les jettent au mépris collectif au son des très sérieux « de l’argent/énergie ? quel argent/énergie ? voyons, ça n’existe pas l’argent/énergie ! ».
Aujourd’hui, les communautés -- scientifique ou autre -- sont l’occasion pour les gens de se rassembler et de passer du temps avec des personnes qui partagent un engouement commun. Au sein de ces communautés d’hommes et de femmes réunis autour d’un même centre, les relations sont formatées autour du fait qu’il y a un objet de communication que tous et toutes consentent à partager séant. Ces « familles professionnelles » ont cependant l’inconvénient qu’elles stéréotypent l’échange humain, en ce qu’elles imposent à la discussion de tourner autour de l’objet de leur existence, et que, de cette façon, les questions existentielles sont éludées, bien qu’elles soient plus centrales pour le bonheur et l’épanouissement de chacun(e) que les questions de surface dont se nourrit l’objet du rassemblement. Si les questions profondes sont passées sous silence, c’est malheureusement parce que les personnes qui se les sont déjà posées n’ont jadis pas su comment y trouver autre chose que la souffrance de leur propre ignorance, et qu’elles ne veulent pas revivre à nouveau ce sentiment d’impuissance qu’elles ont alors éprouvé face à l’inévitable évidence de leur incapacité à y répondre.
Quand il est question d’entamer l’examen intellectuel d’un document écrit, à l’invitation sympathique d’un autre internaute ou bien au hasard des voyages électroniques dans les masses d’informations disponibles en ligne sur le réseau ou ailleurs, il est toujours avantageux de s’interroger sur sa motivation à soi avant de se laisser pénétrer par ce que contient le dit-document. En effet, il y a un risque de blessure à s’immerger dans la précipitation au sein d’un environnement conceptuel non familier, essentiellement dans le cas où les raisons qui poussent la conscience à se saisir du sens des mots ne trouvent pas leurs racines dans la volonté compatissante de recevoir humblement ce qui est donné mais plutôt dans l’intention de se mettre soi-même sur un piédestale d’où l’auteur du dit-document ne pourra qu’être chassé après avoir été humilié tant son infériorité se sera avérée flagrante par rapport à soi-même -- selon des critères choisis à cet effet. Loin de la raison mais au cœur de l’intuition, la sagesse qui discerne l’acte du juste de l’acte du mécréant ne souffre pas que la bonté d’âme puisse se laisser avarier par la démence qui veut que s’instaure entre deux personnes une relation autre que la reconnaissance mutuelle de leur « bouddhéité » -- comprendre : « perfection innée et par essence imperfectible ».
Le caractère intrinsèquement périssable des conclusions scientifiques soulève un paradoxe difficile à éluder : puisque toute décision prise aujourd’hui en fonction de ces conclusions est susceptible demain, après-demain, la semaine prochaine, dans deux ans, ou dans quelques siècles, de s’avérer être une aberration après que d’autres conclusions aient remplacé les premières -- au vu de nouvelles données expérimentales par exemple. Agir d’après une rationalisation de déductions expérimentales revient donc à prendre son parapluie après avoir seulement observé une parcelle de ciel de seulement un milliardième de toute la surface céleste… Ainsi, celui (celle) qui apparaît aujourd’hui être un(e) imbécile selon la « grille personnelle de catégorisation des gens » d’un(e) quidam donné(e), ce sera demain, après-demain, la semaine prochaine, dans deux ans, ou dans quelques siècles, le (la) quidam lui(elle)-même !
Quand un point de vue ne peut pas être exprimé sans que son auteur estime devoir prendre au préalable des mesures destinées à assurer sa propre sécurité, celui (celle) qui s’estime potentiellement menacé par autrui s’aperçoit rarement que, d’une certaine façon, c’est lui qui est menaçant pour autrui, et que c’est la menace qu’il représente qui va lui valoir d’être inquiété ! Alors plutôt que de préférer « passer chez l’armurier » avant de prononcer un discours pressenti comme dangereux par/pour soi-même, mieux vaut s’apercevoir à temps que la violence qui se manifeste dans le monde n’est que très rarement gratuite, que 90 % du temps il ne s’agit que d’un retour -- mérité ? -- de balancier.
Les recherches autour de l’existence d’une éventuelle activité consciente post-mortem et la mise en lumière du support matériel à cet activité ont un arrière goût de chasse au trésor dans laquelle l’objet de la quête -- la personne décédée -- est malheureusement déshumanisé au profit d’une « course au trophée » un peu écoeurante. Quoi qu’il en soit, les phénomènes de la transition vers l’après-vie sont étudiés depuis très longtemps par les psychonautes du Tibet, et personne ne devrait avancer dans cette direction sans auparavant prendre conscience des résultats de leur « dissection de l’esprit ».
Décrire le point de vue qui est sien, ou décrire le point de vue d’une tierce personne, qu’est-ce qui est le plus facile ? Se ranger derrière l’avis de quelqu’un d’autre, c’est de toute façon une sécurité : ce qui est déjà mis en mots est bien plus compréhensible que ce qui est encore à l’état de pensée. A choisir entre structurer en phrases un murmure à soi jamais mis en mots et disséquer le discours depuis longtemps rôdé d’autrui, bien peu se risqueront à la première alternative.
Dans le bouddhisme zen, il y a un proverbe qui dit -- en substance -- « ne vous évertuez pas à distinguer le vrai du faux, cessez d’avoir une opinion à ce sujet ». Mettre cela en pratique, c’est déjà faire preuve d’une grande humanité puisque le sage et le mécréant se retrouvent ainsi à égalité face à soi. Mais c’est en outre une attitude qui témoigne d’un profond lâcher-prise qui s’avère d’une aide inestimable : la réalité n’a plus à « coller » ou pas à l’opinion…
Faire appel à autrui pour consolider ses opinions à soi est un moyen simple de s’ôter du pied l’épine qui rend faible son propre raisonnement. Mais à tenter ainsi de combler les fondations lézardées d’un édifice intérieur dont l’architecte se pâme à en contempler et à en faire contempler la beauté majestueuse, il y a bien évidemment un risque d’être blessé(e) dans l’effondrement pur et simple de toute la structure : aussi habile artisan qu’il (elle) soit, ses échafaudages de constructions mentales atteignent parfois une hauteur si insensée qu’une réflexion d’enfant de douze ans suffirait à les jeter irrémédiablement à terre.
Si les débats qui ont lieu par écrit ont l’avantage que les intervenants ne peuvent évidemment pas en venir aux mains et s’agresser physiquement, ils ont en contrepartie l’inconvénient que l’échange y est tout sauf naturel. En effet, la malhonnêteté intellectuelle -- l’avidité d’expression ? -- pousse parfois certains à pratiquer le découpage/collage du discours écrit de façon à pouvoir y insérer son « deux’trois’p’tits mots », ce qui est absolument impossible à faire à haute voix : un point de vue peut au mieux être résumé, personne ne repasse des morceaux choisis enregistrés au dictaphone avant de s’exprimer ! La mise en scène écrite savamment orchestrée qui manipule à son insu l’auteur d’un texte de façon à lui faire incarner un rôle dans le scénario que s’invente un lecteur en mal d’expression, cette mise en scène impossible à réaliser à haute voix aurait tout intérêt à être remplacée par la plus silencieuse des méditations…