treizième jour du cinquième soleil
Publié : 26 oct. 2005, 18:47
http://forum.sceptiques.qc.ca/viewtopic.php?t=2174
Il apparaît qu'existent des gens qui ne s'intéressent pas à l'image qu'ils ont auprès d'autrui. Quand certains n'arrivent pas à voir en la relation autre chose qu'une joute dans laquelle il y a forcément un(e) vainqueur et un(e) perdant(e), d'autres ont cessé d'adopter le comportement qui veut perpétuellement donner raison à celui-ci et tort à celui-là, ce comportement nuisible qui classe les interlocuteurs(-trices) en catégories selon qu'ils caressent l'égo dans le bon ou dans le mauvais sens du poil.
Les luttes d'opinions tranchées qui occupent toute l'attention de ceux qui les alimentent et qui n'ont pas d'autre origine que le manque de lâcher-prise et l'intolérance des protagonistes, ces luttes sont aussi épuisantes que vaines tant la motivation qui anime les guérilléros(-as) prend sa source loin de toute compassion, loin de tout altruisme et loin de toute dévotion.
L'essence d'une opinion est l'expression : ne peut se concevoir aucun avis qui ne soit destiné à être exprimé. Avoir une opinion mais ne pas l’exprimer, c’est comme se retenir d’aller aux toilettes... à cette petite différence près que personne ne s’amuse à comparer les odeurs fécales entre elles, ni à demander au (à la) voisin(e) comment il (elle) caractérise la fétidité des excréments d’untel(le). Mais personne ne va chercher à faire l’unanimité quant à l’odeur que lui(elle)-même répand quand il (elle) va se soulager !
Les groupes d’opinions se forment dans le but d’offrir à chaque individu la sécurité animale de la meute, du troupeau : une sécurité toute illusoire quand il ne s’agit que d’offrir au prédateur de se saisir d’un autre du groupe en lieu et place de soi-même ; une sécurité très efficace quand il s’agit d’être sûr de ne pas laisser s’échapper une proie...
Les luttes intestines pour le pouvoir et l'influence rongent de l'intérieur même la plus petite des communautés humaines. Ce qui pourrit l'intention première de l'individu qui s'adresse de l'intérieur à un autrui collectif est la tentative de se faire reconnaître en tant que membre de la collectivité à laquelle il se veut appartenir : le profil moyen d'un groupe de personnes selon l'approximation statistique commune est une illusion, un fantôme sans substance, une chimère à but lucratif que s'invente un parasite trop pressé de se vendre au plus grand nombre !
Une autre aspect néfaste de la relation individu isolé / groupe englobant se manifeste quand l'individu se confond avec la représentation que les autres ont de lui (elle) -- du moins son estimation de cette représentation. Plus la différence est grande entre l'image de soi que renvoie autrui au sein du groupe et l'image de soi que l'individu souhaite se voir renvoyer, et plus ce(tte) dernier(-ière) s'attache à corriger l'écart entre les deux : dès lors, ses actes sont intéressés par ce but qui sous-tend sa motivation à agir, et il (elle) leur joue un personnage au lieu de simplement être, sans aucun attribut du sujet...
L'introspection est un voyage mental vers le centre de soi-même, un voyage durant lequel les mots font office de paysage. Etre à la fois la route et le véhicule est très déstabilisant quand il s'agit de construire un itinéraire, mais si au départ il semble bien plus facile de laisser à autrui le choix du décor, de se concentrer uniquement sur la conduite, avec l'expérience il s'avère bien plus efficace d'oublier toute notion de position et de préférer considérer la totalité au lieu de l'individualité. De cette façon, il est en effet possible de ne pas se blesser en traversant « les régions dangereuses de l'intérieur de soi-même », « là où ça fait (encore) mal ».
Pour quelle raison laisser le vent rider la surface paisible du lac intérieur ? Pourquoi penser à quelque chose plutôt qu’à rien ? L’état « zéro » de l’activité intellectuelle, c’est bel-et-bien la paix du cœur...
LA question fondamentale face à l’existence des groupes d’opinion, c’est « pourquoi appartenir à celui-ci et pas à celui-là ? », puisque toute problématique de cohabitation tolérante des opinions divergentes part de cette simple question. Une fois qu’un groupe est choisi, il ne faut pas en même temps faire des « ennemis » du groupe, ses « ennemis » personnels à soi. Pour s’en convaincre, il suffira de revenir à l’état où aucun groupe n’a été choisi, quand il n’y a aucune étiquette à défendre contre vents et marées, au moment où parmi les étiquettes proposées aucune n’a encore été préférée à une autre.
Le disciple qui oriente chacun de ses actes vers la reconnaissance de son état de perfection par le(s) maître(s), ce disciple se conçoit à chaque instant d’une façon différente de l’instant précédent. Il n’a pas une image de lui-même figée, définitive, une image qu’il polit et fait briller dès qu’un échange verbal -- oral ou écrit -- le lui permet. Pour lui, la relation est au contraire l’occasion permanente de s’approcher du maître du maître [NDR : le maître du maître], de progresser vers un but qui change au fur et à mesure que le disciple change, mais qui en essence reste le même saison après saison, année après année : améliorer le nombre et la force des qualités humaines dont il fait preuve jour après jour. Mais il confie au monde qui l’entoure le rôle de témoin, il n'estime surtout pas cela par lui-même.
Eprouver de la jalousie à l'égard de quelqu'un d'autre est un comportement compulsif et obsédant qu'il est facilement possible de s'éviter en cessant totalement de se concevoir, en cessant totalement de se représenter soi-même en tant que sujet d'une quelconque action. Cela ne demande rien d'autre que l'honnêteté intellectuelle de ne pas se voiler la face et de s'observer sans vouloir voir autre chose que ce qui est manifestement visible. Ainsi seulement le mental peut cesser de vouloir se venger pour cette souffrance qu'il s'inflige lui-même, ce qu'est la jalousie.
Quand enfin il n'est plus question en soi-même ni d'autrui ni de soi-même, quand enfin le coeur de ce qui préoccupe l'intellect n'est plus ni autrui ni soi-même, alors s'entrouvre la porte du couloir qui mène vers l'absence d'objet à l'activité intellectuelle, vers l'activité intellectuelle sans but, sans début ni fin. Puis, avec un peu de courage et de patience, toute cette activité va enfin pouvoir cesser d'être provoquée, et va juste être subie, à chaque instant, instant après instant. A s'observer passivement plutôt qu'à s'influencer activement, chacun(e) pourra alors s'apercevoir quel rôle dérisoire il (elle) joue vraiment dans l'agencement des idées qui lui traversent l'esprit : d'une certaine façon, c'est la pensée qui fait le penseur et non l'inverse !
Il apparaît qu'existent des gens qui ne s'intéressent pas à l'image qu'ils ont auprès d'autrui. Quand certains n'arrivent pas à voir en la relation autre chose qu'une joute dans laquelle il y a forcément un(e) vainqueur et un(e) perdant(e), d'autres ont cessé d'adopter le comportement qui veut perpétuellement donner raison à celui-ci et tort à celui-là, ce comportement nuisible qui classe les interlocuteurs(-trices) en catégories selon qu'ils caressent l'égo dans le bon ou dans le mauvais sens du poil.
Les luttes d'opinions tranchées qui occupent toute l'attention de ceux qui les alimentent et qui n'ont pas d'autre origine que le manque de lâcher-prise et l'intolérance des protagonistes, ces luttes sont aussi épuisantes que vaines tant la motivation qui anime les guérilléros(-as) prend sa source loin de toute compassion, loin de tout altruisme et loin de toute dévotion.
L'essence d'une opinion est l'expression : ne peut se concevoir aucun avis qui ne soit destiné à être exprimé. Avoir une opinion mais ne pas l’exprimer, c’est comme se retenir d’aller aux toilettes... à cette petite différence près que personne ne s’amuse à comparer les odeurs fécales entre elles, ni à demander au (à la) voisin(e) comment il (elle) caractérise la fétidité des excréments d’untel(le). Mais personne ne va chercher à faire l’unanimité quant à l’odeur que lui(elle)-même répand quand il (elle) va se soulager !
Les groupes d’opinions se forment dans le but d’offrir à chaque individu la sécurité animale de la meute, du troupeau : une sécurité toute illusoire quand il ne s’agit que d’offrir au prédateur de se saisir d’un autre du groupe en lieu et place de soi-même ; une sécurité très efficace quand il s’agit d’être sûr de ne pas laisser s’échapper une proie...
Les luttes intestines pour le pouvoir et l'influence rongent de l'intérieur même la plus petite des communautés humaines. Ce qui pourrit l'intention première de l'individu qui s'adresse de l'intérieur à un autrui collectif est la tentative de se faire reconnaître en tant que membre de la collectivité à laquelle il se veut appartenir : le profil moyen d'un groupe de personnes selon l'approximation statistique commune est une illusion, un fantôme sans substance, une chimère à but lucratif que s'invente un parasite trop pressé de se vendre au plus grand nombre !
Une autre aspect néfaste de la relation individu isolé / groupe englobant se manifeste quand l'individu se confond avec la représentation que les autres ont de lui (elle) -- du moins son estimation de cette représentation. Plus la différence est grande entre l'image de soi que renvoie autrui au sein du groupe et l'image de soi que l'individu souhaite se voir renvoyer, et plus ce(tte) dernier(-ière) s'attache à corriger l'écart entre les deux : dès lors, ses actes sont intéressés par ce but qui sous-tend sa motivation à agir, et il (elle) leur joue un personnage au lieu de simplement être, sans aucun attribut du sujet...
L'introspection est un voyage mental vers le centre de soi-même, un voyage durant lequel les mots font office de paysage. Etre à la fois la route et le véhicule est très déstabilisant quand il s'agit de construire un itinéraire, mais si au départ il semble bien plus facile de laisser à autrui le choix du décor, de se concentrer uniquement sur la conduite, avec l'expérience il s'avère bien plus efficace d'oublier toute notion de position et de préférer considérer la totalité au lieu de l'individualité. De cette façon, il est en effet possible de ne pas se blesser en traversant « les régions dangereuses de l'intérieur de soi-même », « là où ça fait (encore) mal ».
Pour quelle raison laisser le vent rider la surface paisible du lac intérieur ? Pourquoi penser à quelque chose plutôt qu’à rien ? L’état « zéro » de l’activité intellectuelle, c’est bel-et-bien la paix du cœur...
LA question fondamentale face à l’existence des groupes d’opinion, c’est « pourquoi appartenir à celui-ci et pas à celui-là ? », puisque toute problématique de cohabitation tolérante des opinions divergentes part de cette simple question. Une fois qu’un groupe est choisi, il ne faut pas en même temps faire des « ennemis » du groupe, ses « ennemis » personnels à soi. Pour s’en convaincre, il suffira de revenir à l’état où aucun groupe n’a été choisi, quand il n’y a aucune étiquette à défendre contre vents et marées, au moment où parmi les étiquettes proposées aucune n’a encore été préférée à une autre.
Le disciple qui oriente chacun de ses actes vers la reconnaissance de son état de perfection par le(s) maître(s), ce disciple se conçoit à chaque instant d’une façon différente de l’instant précédent. Il n’a pas une image de lui-même figée, définitive, une image qu’il polit et fait briller dès qu’un échange verbal -- oral ou écrit -- le lui permet. Pour lui, la relation est au contraire l’occasion permanente de s’approcher du maître du maître [NDR : le maître du maître], de progresser vers un but qui change au fur et à mesure que le disciple change, mais qui en essence reste le même saison après saison, année après année : améliorer le nombre et la force des qualités humaines dont il fait preuve jour après jour. Mais il confie au monde qui l’entoure le rôle de témoin, il n'estime surtout pas cela par lui-même.
Eprouver de la jalousie à l'égard de quelqu'un d'autre est un comportement compulsif et obsédant qu'il est facilement possible de s'éviter en cessant totalement de se concevoir, en cessant totalement de se représenter soi-même en tant que sujet d'une quelconque action. Cela ne demande rien d'autre que l'honnêteté intellectuelle de ne pas se voiler la face et de s'observer sans vouloir voir autre chose que ce qui est manifestement visible. Ainsi seulement le mental peut cesser de vouloir se venger pour cette souffrance qu'il s'inflige lui-même, ce qu'est la jalousie.
Quand enfin il n'est plus question en soi-même ni d'autrui ni de soi-même, quand enfin le coeur de ce qui préoccupe l'intellect n'est plus ni autrui ni soi-même, alors s'entrouvre la porte du couloir qui mène vers l'absence d'objet à l'activité intellectuelle, vers l'activité intellectuelle sans but, sans début ni fin. Puis, avec un peu de courage et de patience, toute cette activité va enfin pouvoir cesser d'être provoquée, et va juste être subie, à chaque instant, instant après instant. A s'observer passivement plutôt qu'à s'influencer activement, chacun(e) pourra alors s'apercevoir quel rôle dérisoire il (elle) joue vraiment dans l'agencement des idées qui lui traversent l'esprit : d'une certaine façon, c'est la pensée qui fait le penseur et non l'inverse !