ID PROJEKT / Changement de paradigme en sciences du vivant.
Publié : 21 déc. 2005, 12:21
Texte publié sur mon blog, soumis à vos critiques, bonne journée à tous
Intelligent design, spéciation, sélection, mutation, horloges, IC, ID, changement de paradigme
Un coup d’œil sur le dictionnaire atteste de la traduction de design par dessein. Ce qui est ennuyeux vu l’option philosophique que j’assume. A cause l' idée d’un « dessein » la mouvance de l’ID suscite autant sinon plus de réactions sur les controverses du Kansas et de Dover que sur son contenu « scientifique ». C’est à dessein que je mets les guillemets, sorte de bouclier protecteur pour éviter de voir une meute de laborantins me remonter les bretelles sous prétexte que l’ID n’est pas testable. Ce qui du reste m’oblige à serrer la ceinture vu l’absence de financements. Dans une certaine mesure, il faudrait habiller de guillemets un mot sur deux lorsqu’on parle de l’ID, par précaution et puis, le roi de l’évolution « desseinnée » est nu disent les scientistes ou plutôt, le roi c’est Dieu, monarque absolu ayant conçu à dessein les espèces et l’homme.
Suite à une présentation de ma doctrine téléologique sans dessein, accompagnée d’une argumentation la plus directe qui soit, je m’en tiendrai à nouveau à un discours spartiate dont l’objectif sera de banaliser l’hypothèse de l’Intelligent design telle qu’elle peut s’insérer comme complément explicatif du néo-darwinisme.
C’est quoi l’évolution ? Conformément à la doctrine néo-darwinienne, l’évolution se conçoit comme un processus de spéciation accompagné de sélection naturelle. Cette doctrine joue ni plus ni moins que le rôle de l’Histoire dans le champ des sciences humaines. Nul besoin de lire le dictionnaire du darwinisme de Patrick Tort. La théorie de l’évolution est une reconstitution de l’Histoire des espèces, autrement dit de la spéciation, et rien de plus. La spéciation, c’est un peu le registre d’acte de naissance des spécimens, le tout étalé sur des millions d’années, avec quelques précision sur des mécanismes de mutation génique et des recombinaisons. Les espèces sont le résultat d’un processus de descendance. Il suffit de rajouter le milieu. D’abord sa géographie, son climat, bref des facteurs physiques et environnementaux ; puis des facteurs vitaux, les plantes, les sources de nourriture ; enfin, le grand jeu de la concurrence entre espèces pour se reproduire, occuper un espace, chasser les proies ou échapper aux prédateurs. Voilà l’Histoire de l’évolution. L’Histoire des hommes prévoit des guerres, celle des animaux une sélection naturelle. Les hommes occupent les cités et les terres, les espèces la Nature selon la loi de l’équilibre ponctué.
Le reste, autrement dit ce qui remplit les milliers de pages de textes sur l’évolution, c’est une affaire de détails concernant les espèces, fruit d’un énorme travail d’observation des scientifiques. Comme dans les livres d’Histoire, il y a des divergences portant sur le récit de l’évolution. Petites variations ou grands sauts parfois ? C’est une affaire de croyance plus que de science, on adhère à l’une ou l’autre des possibilités selon l’idée que l’on croit être la plus plausible. Il n’y a pas de registres ni de témoins. Juste quelques traces paléographiques dans la roche.
Sans l’apport de la génétique, la théorie néo-darwinienne ne serait que darwinienne. Qu’il y a-t-il de plus ? Des analyses du génomes montrant comment les séquences d’ADN sont conservées en fonction de la proximité phylogénique des espèces. Le génome de l’homme est plus proche de celui du singe mais plus éloigné de celui de la souris. Des mutations de gène ont aussi été observées. C’est le cas chez la bactérie autant que chez l’homme. Cela dit, on ne peut prendre ces résultats pour preuve d’un mécanisme évolutif. Les gènes mutés sont en général responsables de maladies. En laboratoire, le bricolage génétique permet de modifier des spécimens de rats ou de mouche sans qu’il y ait transformation d’espèce. A la limite, cela pourrait coller avec la thèse graduationniste. Analyser l’ADN, c’est extraire le disque dur d’une espèce pour en déterminer les informations codées avec les quatre bases. En usant d’une métaphore, cela reviendrait à mettre bout à bout toutes les informations codées en langage binaire sur un disque d’ordinateur. On sait juste deux ou trois choses de l’ADN (pardon pour cette boutade). Son fonctionnement est complexe et s’effectue dans le noyau. L’ADN est une hyper-structure fractale, il se réplique, se transcrit en ARN qui va coder pour les protéines, chacune ayant une fonction dans la cellule. C’est surtout le mécanisme d’expression des gènes qui est complexe. On connaît même des transcriptions illégitimes, autrement dit des gènes s’exprimant de manière infime pour donner des ARN dont les protéines ne sont pas présentes dans la cellule spécialisée concernée. Voilà, on ne sait pas grand chose. Juste que la dérive des gènes peut être mise en correspondance avec la transformation des espèces. On a alors pensé établir des corrélations entre la pression sélective, la variabilité des espèces et le processus de dérives des gènes attesté par une fixation des allèles. Autrement dit, plus le milieu presse, plus ça se transforme et plus le disque dur modifie ses informations. C’est un peu plus complexe mais l’idée c’est que la sélection naturelle est corrélée aux modifications de l’ADN
Les travaux de Motoo Kimura ont infirmé cette hypothèse. La plupart des mutations sont neutres autrement dit, indépendantes de la sélection naturelle. Les allèles se fixent sans qu’on sache pourquoi. De manière aléatoire suggère-t-on, ce qui est l’explication la plus triviale. Inutile de se creuser les neurones, c’est aléatoire, point. Ces résultats n’ont pas remis en cause la théorie néo-darwinienne. Ils sont contestés et discutés. La distribution des allèles n’est pas celle qu’on attend si le moteur de l’évolution est la sélection naturelle mais elle n’est pas plus en adéquation avec une théorie purement neutraliste dissociant la sélection des mécanismes de dérive génique constitué par l’apparition de nouveau allèles destinés à être éliminés à l’exclusion de ceux qui sont fixés (Les avatars du gène, P.-H. Gouyon et al. Belin, p. 150) Ces débats sont très techniques. A la spéciation, sélection naturelle, descendance, autrement dit le darwinisme classique avec ses variantes saltationniste et gradualiste, est venu s’ajouter une seconde théorie, celle de l’évolution moléculaire.
Ce qu’on doit retenir, c’est que l’interprétation du disque dur de la Vie est sujette à caution, bien plus que la traduction des textes en grec classique. Comment lire les gènes, leurs dérives, leurs mutations aux vitesses sélectives selon la nature de la protéine codée, le polymorphisme important ? La pensée parvient à lire une pensée exprimée avec des signes mais s’agissant de l’impensé de la Vie, elle défaille. Selon Jean Chaline, la théorie de Kimura devra être intégrée pour aboutir à une super théorie néo-darwinienne. Il existe des horloges mutationnelles si on lit les résultats de Kimura. De plus, les récentes données sur les gènes de positionnement des membres, les homéogènes, confirment la thèse d’une horlogerie mutationnelle, phylogénique et ontogénique. Bref, il existe une sorte de déterminisme temporel dont le support serait l’ADN. Un déterminisme qui est cependant filtré par les règles de la sélection naturelle. L’ADN ne pense pas, ni l’intelligence du vivant, et donc le polymorphisme génétique ne se traduit pas nécessairement par une contrepartie dans l’ordre de la spéciation. C’est ce qu’a explicité Gouyon quand il expose les limites de l’hypothèse neutraliste.
Ce qui était pressenti avec l’apparition de la génétique est en train de s’accomplir. Le mécanisme aléatoire et aveugle de la sélection darwinienne semble plus déterminé qu’on ne le pensait. C’est la thèse que défend Jean Chaline et d’ailleurs, celui-ci est intéressé par les travaux d’Anne Dambricourt sur le sphénoïde, ce qu’on comprend aisément puisque le déterminisme morphogénétique crâno-facial aurait un élément explicatif d’ordre génétique.
Les choses sont claires. Nul ne remet en cause la scientificité des hypothèses de Chaline qui pourtant, reconnaît un déterminisme dans les horloges mutationnelles. Déterminisme ou dessein, la signification est proche, sauf sur le plan herméneutique. Déterminisme est un concept scientifiquement neutre, spécifiant une loi dans l’évolution d’un phénomène, que celui-ci soit du monde physique ou vivant. Le dessein renvoie à une signification anthropologique. Une intention, un projet. L’homme religieux voit dans la Nature un projet dont l’explication lui échappe alors il conçoit un Dieu qui lui aussi est investi d’un dessein et le tour est joué pour les néo-créationnistes.
Le point d’orgue de ce propos, c’est la question du déterminisme qui, hypostasié dans la mécanique génique, est recevable par la communauté scientifique mais qui, hypostasié dans une cause intelligente, n’a plus droit au chapitre. Autrement dit, les scientifiques s’arrogent la légitimité d’invoquer un dessein génique (Chaline) voire un déterminisme mécanique aveugle (voir Dawkins) mais se refusent à ce que ce dessein soit hétérologue au domaine épistémique qu’ils reconnaissent. Pour le dire autrement, les biologistes sont prêts à élaborer une « mythologie du gène » mais sont offusqué à ce qu’une « théologie du design » soit invoquée. Ce qui permet de conclure en affirmant que la science reconnaît la légitimité de faire appel à des hypostases qu’elle conçoit rationnellement mais se refuse à examiner les possibilités d’hypostases qui sont étrangères à son paradigme mécaniste et génétiste. Mais le plus souvent, les biologistes s’en tiennent à une position neutre, se contentant du pouvoir descriptif de la théorie néo-darwinienne et des corrélations établies entre génétiques des populations et spéciations par transformation sélectionnées par la « sélection naturelle »
Ainsi, sur un plan épistémologique, la question du statut de l’Intelligent design est on ne peut plus clair, comme celui concernant ma propre théorie. L’Evolution est une longue histoire recomposée à partir des données empiriques et consignée dans la théorie néo-darwinienne qui décrit très bien le comment, la spéciation et la sélection naturelle, ainsi que des données sur le disque dur des espèces actuelles, résultats de cette évolution au niveau moléculaire. On sait le comment mais pas le pourquoi. La thèse la plus facile est celle de l’horloger aveugle. Elle dispense de pousser plus en avant la compréhension.
La question la plus essentielle, c’est de savoir si tout n’est que mécanisme ou bien si d’autres causes, non mécaniques, interviennent dans le fonctionnement du Vivant, et par voie de conséquence, dans son évolution. Le postulat de l’ID, cause intelligente, n’est donc pas exclusif. Le ressort théorique, c’est la complexité du vivant mais les causes sont à la discrétion de l’imagination scientifique. Comprendre la boîte noire qui n’est pas tant celle de Darwin que celle de Claude Bernard, pape de la biologie expérimentale et à son corps défendant, père de l’ignorance scientiste. L’Intelligent design a besoin d’être subverti. L’évolution n’a pas à expliquer la complexité de la Vie mais la Vie complexe doit être interprétée en invoquant des causes non mécaniques et de ce fait, tenter d’expliquer aussi comment les transformations ont pu avoir lieu, autrement dit, le processus de spéciation, la différenciation en autant d’organismes complexes qui tous, sont viables, pour preuve, ils sont présents et fonctionnent à merveille !
En gros, la sélection naturelle c’est l’équivalent du marché. Elle explique la répartition des espèces comme il existe des part des marchés pour les groupes industriels. Les mécanismes de marché sont de même nature que ceux de la sélection naturelle. Le marché explique par exemple la répartitions des véhicules de marque Peugeot et Opel selon les lois de la séduction naturelle. Mais pas le secret de fabrication des modèles automobile. Le néo-darwinisme n’explique le secret de transformation des espèces. C’est pas plus compliqué. Analyser le disque dur du Vivant ne représente qu’une part infime du secret de fabrication du Vivant. Les causes non mécaniques peuvent être invoquées. C’est une démarche toute scientifique, sauf si on se réclame d’une science positiviste. A ce compte-là, que l’on médite sur Auguste Comte qui jugeait non scientifique la recherche des atomes.
L’ID ne fait qu’évoquer quelques hypothèses sur le secret de conception du Vivant, dans le simple objectif de refuser le « circulez il y a rien à voir ! » des partisans de l’horloger aveugle qui n’est aveugle que parce que les évolutionnistes se sont enivrés des résultats de la génétique, trépignant à la moindre découverte de mécanismes, sans prendre conscience que derrière tout cela, il y a certainement des causes non mécaniques que toute démarche qui se veut scientifique chercherait à expliciter et formaliser, même au prix de difficultés épistémologiques telles que celles rencontrées par le physicien Bohr alors qu’il s’étonnait de ce monde quantique tout en étant en quête de principes de correspondances pour faire la jonction avec le monde physique classique. J’ai employé à dessein cette caricature des néo-darwiniens en aveugles mais si on reste honnête, on doit reconnaître que ce qui fait la force de la théorie synthétique de l’évolution, c’est qu’elle est réponds aux questions pour lesquelles elle est habilitée à répondre, selon les dires de Michel de Pracontal, et que l’ID pose des questions pour lesquelles elle n’a peut-être pas les moyens de répondre alors il est plus simple pour les scientifiques de caricaturer ce courant de pensée et de laisser accroire que la réponse est, Dieu, ou du moins, néo-créationnisme.
Résumons les différentes options qui sont compatibles avec le fait évolutif, le créationnisme étant évidemment rejeté comme hors science. A une extrémité, le néo-darwinisme de Dawkins évoque un horloger aveugle, non sans accorder un rôle prépondérant aux gènes. A une autre extrémité, les gènes ne seraient que les instruments gérés par une cause non mécanique (j’avance prudemment) ou un dessein naturel intelligent (voilà l’ID, et la source de la controverse). Au centre, une position intermédiaire mais résolument inscrite dans le néo-darwinisme, celle de Chaline et son horloge déterministe.
Néo-darwinisme complet : spéciation-sélection, avec évolution moléculaire sélectivement neutre ou pas selon le type
Néodarwinisme théoriquement enrichi : adjonction d’un déterminisme temporel portant sur l’évolution moléculaire
Intelligent design : spéciation-sélection avec évolution moléculaire et cause intelligente de la complexité mécanique (dite irréductible)
ID projekt : spéciation-sélection avec évolution moléculaire et cause non-mécanique présente à tous les niveaux, cellule, organisme, ontogenèse. En quelque sorte, l’équivalent d’une carte mère d’ordinateur.
En un coup d’œil on voit osciller la balance épistémologique de chaque dispositif. Plus on met l’accent sur la cause non mécanique moins le rôle de la sélection est présent. A la limite, la sélection pourrait de plus représenter qu’un terme subsidiaire, accessoire, pour expliquer la spéciation mais utile pour expliquer la distribution des espèces et le rôle accumulé des conditions physiques et éthologiques à chaque étape de l’évolution. Les causes non mécaniques sont à déterminer au fil d’un programme de recherches scientifiques. Interviendront des correspondances avec les champs quantiques, des hypothèses de calculs non-computables, d’une téléologie due à la matérialité réflexive de la substance technique où la tendance se constitue de manière immanente (ou pas), substance par ailleurs désirante. Sur le schéma qui suit, on peut se déplacer et augmenter la puissance des causes non mécaniques ce qui sur la gauche, permet de décrocher avec la sélection naturelle. A l’inverse, si la sélection tire de son côté, elle entraîne l’horloger aveugle et tend à se délester des causes non mécaniques. C’est ce que font du reste les opposants farouches à l’Intelligent design mouvance.
<-Sélection-spéciation-> évolution moléculaire -> « horloger aveugle » ou « cause non mécanique »
Voici un autre schéma où je positionne au centre le pivot épistémologique autour duquel va basculer le dispositif théorique
Sélection « Horloger aveugle » Evolution compléxulaire « Causes non mécaniques » Spéciation
L’axe autour duquel va basculer le paradigme de l’évolution tient en un mot, « évolution compléxulaire », contraction de évolution moléculaire et complexe. Autrement dit, science de la complexité et de la magie de son évolution. Nous sommes ici dans un dispositif statique et non plus dynamique comme dans le schéma précédent. Tout se joue sur la balance et ce qu’on y a mis. Descartes disait qu’il ne peut y avoir plus de choses dans l’effet que dans la cause. Le résultat de l’évolution n’échappe pas à ce sage précepte. La sélection naturelle a fini par devenir une théorie figée se nourrissant de l’évolution moléculaire. Celle-ci subvertie en évolution compléxulaire induit la nécessité d’introduire des causes non mécaniques et de faire pencher la balance vers la spéciation. Il est même possible de boucler le schéma et tracer une flèche de la spéciation vers la sélection. La réciproque est impossible en l’état actuel des connaissances. Ce serait reconnaître que la pression sélective induit une intention d’adaptation et par voie de conséquence, une efficace dans le moteur de l’évolution moléculaire. Vous commencer à comprendre en visualisant ce seul schéma comment un changement de paradigme va s’opérer. Les constructions de l’ID ne sont que le début d’un processus de théorisation scientifique qui va faire pencher la balance sur le côté droit, appuyant sur les causes non mécaniques ce qui a pour effet de réduire le poids de l’horloger aveugle et donc de la sélection naturelle. Vous pouvez visualiser le changement et vous représenter l’état des puissances motrices autant que statiques. La sélection n’a plus rien à mettre dans la balance sauf à renforcer ses fables et son pourvoir d’affabulation qui ne pèsera plus lourd lorsque de l’autre côté les post-darwiniens vont mettre dans la balance leurs schèmes spéculatifs théoriques et formels. L’ID n’est que le début de ce basculement de paradigme. Les théoriciens de l’ID n’ont pas toutes les clés et c’est certain, mais ils ont-ils accompli un pas dans le chemin vers la vérité ? Non sans que des faucons et autres vautours mal intentionnés s’emparent de ce joyaux scientifique. Les opposants à la mouvance de l’ID sont-ils des chasseurs de faucons eux-même chassés jusque dans les tribunaux ?. En admettant qu’ils réussissent, ils auront éliminé les faucons mais auront-ils récupéré les joyaux de la nouvelle science évolutionniste ? Non ! Il se peut bien que cette controverse sur l’ID se réduise à une partie de chasse et que la science n’ait rien à voir dans cette affaire.
L’Histoire des sciences retiendra sans doute que l’horloger aveugle n’est pas tant dans la Nature qu’en l’homme de science, cet évolutionniste qui se sait pas s’émerveiller devant tant de complexité et beauté, aveugle au point de conférer à la sélection naturelle un pouvoir qu’elle n’a pas. Il y a quatre siècles, les savants de l’époque, on les appelait des théologiens, furent aussi aveugles à leur manière, refusant de regarder à travers la lunette de Galilée. Cela dit, la lunette qui permet de voir dans la boîte sombre de la Vie est une lunette non physique mais conceptuelle. Si on ne la produit pas soi-même avec les plans construits par les éclaireurs, on ne peut l’utiliser et par conséquent, on reste aveugle.
La partie ne se joue plus sur la science de laboratoire qui est achevée ou en voie de l’être. Il n’y aura plus de découvertes majeure dans le cadre du paradigme mécaniste. D’ailleurs il n’y en a pas eu depuis 20 ans ! Excepté semble-t-il les protéines scaffold, sorte de commutateurs intracellulaires, ce qui nous plonge dans un paradigme informationnel où la biologie est entrée depuis quelques décennies. De plus, la complexité de la cellule ne fait qu’augmenter ce qui ne peut que renforcer le ressort des hypothèses sur des causes non-mécaniques harmonisant les processus « compléxulaires »
Intelligent design, spéciation, sélection, mutation, horloges, IC, ID, changement de paradigme
Un coup d’œil sur le dictionnaire atteste de la traduction de design par dessein. Ce qui est ennuyeux vu l’option philosophique que j’assume. A cause l' idée d’un « dessein » la mouvance de l’ID suscite autant sinon plus de réactions sur les controverses du Kansas et de Dover que sur son contenu « scientifique ». C’est à dessein que je mets les guillemets, sorte de bouclier protecteur pour éviter de voir une meute de laborantins me remonter les bretelles sous prétexte que l’ID n’est pas testable. Ce qui du reste m’oblige à serrer la ceinture vu l’absence de financements. Dans une certaine mesure, il faudrait habiller de guillemets un mot sur deux lorsqu’on parle de l’ID, par précaution et puis, le roi de l’évolution « desseinnée » est nu disent les scientistes ou plutôt, le roi c’est Dieu, monarque absolu ayant conçu à dessein les espèces et l’homme.
Suite à une présentation de ma doctrine téléologique sans dessein, accompagnée d’une argumentation la plus directe qui soit, je m’en tiendrai à nouveau à un discours spartiate dont l’objectif sera de banaliser l’hypothèse de l’Intelligent design telle qu’elle peut s’insérer comme complément explicatif du néo-darwinisme.
C’est quoi l’évolution ? Conformément à la doctrine néo-darwinienne, l’évolution se conçoit comme un processus de spéciation accompagné de sélection naturelle. Cette doctrine joue ni plus ni moins que le rôle de l’Histoire dans le champ des sciences humaines. Nul besoin de lire le dictionnaire du darwinisme de Patrick Tort. La théorie de l’évolution est une reconstitution de l’Histoire des espèces, autrement dit de la spéciation, et rien de plus. La spéciation, c’est un peu le registre d’acte de naissance des spécimens, le tout étalé sur des millions d’années, avec quelques précision sur des mécanismes de mutation génique et des recombinaisons. Les espèces sont le résultat d’un processus de descendance. Il suffit de rajouter le milieu. D’abord sa géographie, son climat, bref des facteurs physiques et environnementaux ; puis des facteurs vitaux, les plantes, les sources de nourriture ; enfin, le grand jeu de la concurrence entre espèces pour se reproduire, occuper un espace, chasser les proies ou échapper aux prédateurs. Voilà l’Histoire de l’évolution. L’Histoire des hommes prévoit des guerres, celle des animaux une sélection naturelle. Les hommes occupent les cités et les terres, les espèces la Nature selon la loi de l’équilibre ponctué.
Le reste, autrement dit ce qui remplit les milliers de pages de textes sur l’évolution, c’est une affaire de détails concernant les espèces, fruit d’un énorme travail d’observation des scientifiques. Comme dans les livres d’Histoire, il y a des divergences portant sur le récit de l’évolution. Petites variations ou grands sauts parfois ? C’est une affaire de croyance plus que de science, on adhère à l’une ou l’autre des possibilités selon l’idée que l’on croit être la plus plausible. Il n’y a pas de registres ni de témoins. Juste quelques traces paléographiques dans la roche.
Sans l’apport de la génétique, la théorie néo-darwinienne ne serait que darwinienne. Qu’il y a-t-il de plus ? Des analyses du génomes montrant comment les séquences d’ADN sont conservées en fonction de la proximité phylogénique des espèces. Le génome de l’homme est plus proche de celui du singe mais plus éloigné de celui de la souris. Des mutations de gène ont aussi été observées. C’est le cas chez la bactérie autant que chez l’homme. Cela dit, on ne peut prendre ces résultats pour preuve d’un mécanisme évolutif. Les gènes mutés sont en général responsables de maladies. En laboratoire, le bricolage génétique permet de modifier des spécimens de rats ou de mouche sans qu’il y ait transformation d’espèce. A la limite, cela pourrait coller avec la thèse graduationniste. Analyser l’ADN, c’est extraire le disque dur d’une espèce pour en déterminer les informations codées avec les quatre bases. En usant d’une métaphore, cela reviendrait à mettre bout à bout toutes les informations codées en langage binaire sur un disque d’ordinateur. On sait juste deux ou trois choses de l’ADN (pardon pour cette boutade). Son fonctionnement est complexe et s’effectue dans le noyau. L’ADN est une hyper-structure fractale, il se réplique, se transcrit en ARN qui va coder pour les protéines, chacune ayant une fonction dans la cellule. C’est surtout le mécanisme d’expression des gènes qui est complexe. On connaît même des transcriptions illégitimes, autrement dit des gènes s’exprimant de manière infime pour donner des ARN dont les protéines ne sont pas présentes dans la cellule spécialisée concernée. Voilà, on ne sait pas grand chose. Juste que la dérive des gènes peut être mise en correspondance avec la transformation des espèces. On a alors pensé établir des corrélations entre la pression sélective, la variabilité des espèces et le processus de dérives des gènes attesté par une fixation des allèles. Autrement dit, plus le milieu presse, plus ça se transforme et plus le disque dur modifie ses informations. C’est un peu plus complexe mais l’idée c’est que la sélection naturelle est corrélée aux modifications de l’ADN
Les travaux de Motoo Kimura ont infirmé cette hypothèse. La plupart des mutations sont neutres autrement dit, indépendantes de la sélection naturelle. Les allèles se fixent sans qu’on sache pourquoi. De manière aléatoire suggère-t-on, ce qui est l’explication la plus triviale. Inutile de se creuser les neurones, c’est aléatoire, point. Ces résultats n’ont pas remis en cause la théorie néo-darwinienne. Ils sont contestés et discutés. La distribution des allèles n’est pas celle qu’on attend si le moteur de l’évolution est la sélection naturelle mais elle n’est pas plus en adéquation avec une théorie purement neutraliste dissociant la sélection des mécanismes de dérive génique constitué par l’apparition de nouveau allèles destinés à être éliminés à l’exclusion de ceux qui sont fixés (Les avatars du gène, P.-H. Gouyon et al. Belin, p. 150) Ces débats sont très techniques. A la spéciation, sélection naturelle, descendance, autrement dit le darwinisme classique avec ses variantes saltationniste et gradualiste, est venu s’ajouter une seconde théorie, celle de l’évolution moléculaire.
Ce qu’on doit retenir, c’est que l’interprétation du disque dur de la Vie est sujette à caution, bien plus que la traduction des textes en grec classique. Comment lire les gènes, leurs dérives, leurs mutations aux vitesses sélectives selon la nature de la protéine codée, le polymorphisme important ? La pensée parvient à lire une pensée exprimée avec des signes mais s’agissant de l’impensé de la Vie, elle défaille. Selon Jean Chaline, la théorie de Kimura devra être intégrée pour aboutir à une super théorie néo-darwinienne. Il existe des horloges mutationnelles si on lit les résultats de Kimura. De plus, les récentes données sur les gènes de positionnement des membres, les homéogènes, confirment la thèse d’une horlogerie mutationnelle, phylogénique et ontogénique. Bref, il existe une sorte de déterminisme temporel dont le support serait l’ADN. Un déterminisme qui est cependant filtré par les règles de la sélection naturelle. L’ADN ne pense pas, ni l’intelligence du vivant, et donc le polymorphisme génétique ne se traduit pas nécessairement par une contrepartie dans l’ordre de la spéciation. C’est ce qu’a explicité Gouyon quand il expose les limites de l’hypothèse neutraliste.
Ce qui était pressenti avec l’apparition de la génétique est en train de s’accomplir. Le mécanisme aléatoire et aveugle de la sélection darwinienne semble plus déterminé qu’on ne le pensait. C’est la thèse que défend Jean Chaline et d’ailleurs, celui-ci est intéressé par les travaux d’Anne Dambricourt sur le sphénoïde, ce qu’on comprend aisément puisque le déterminisme morphogénétique crâno-facial aurait un élément explicatif d’ordre génétique.
Les choses sont claires. Nul ne remet en cause la scientificité des hypothèses de Chaline qui pourtant, reconnaît un déterminisme dans les horloges mutationnelles. Déterminisme ou dessein, la signification est proche, sauf sur le plan herméneutique. Déterminisme est un concept scientifiquement neutre, spécifiant une loi dans l’évolution d’un phénomène, que celui-ci soit du monde physique ou vivant. Le dessein renvoie à une signification anthropologique. Une intention, un projet. L’homme religieux voit dans la Nature un projet dont l’explication lui échappe alors il conçoit un Dieu qui lui aussi est investi d’un dessein et le tour est joué pour les néo-créationnistes.
Le point d’orgue de ce propos, c’est la question du déterminisme qui, hypostasié dans la mécanique génique, est recevable par la communauté scientifique mais qui, hypostasié dans une cause intelligente, n’a plus droit au chapitre. Autrement dit, les scientifiques s’arrogent la légitimité d’invoquer un dessein génique (Chaline) voire un déterminisme mécanique aveugle (voir Dawkins) mais se refusent à ce que ce dessein soit hétérologue au domaine épistémique qu’ils reconnaissent. Pour le dire autrement, les biologistes sont prêts à élaborer une « mythologie du gène » mais sont offusqué à ce qu’une « théologie du design » soit invoquée. Ce qui permet de conclure en affirmant que la science reconnaît la légitimité de faire appel à des hypostases qu’elle conçoit rationnellement mais se refuse à examiner les possibilités d’hypostases qui sont étrangères à son paradigme mécaniste et génétiste. Mais le plus souvent, les biologistes s’en tiennent à une position neutre, se contentant du pouvoir descriptif de la théorie néo-darwinienne et des corrélations établies entre génétiques des populations et spéciations par transformation sélectionnées par la « sélection naturelle »
Ainsi, sur un plan épistémologique, la question du statut de l’Intelligent design est on ne peut plus clair, comme celui concernant ma propre théorie. L’Evolution est une longue histoire recomposée à partir des données empiriques et consignée dans la théorie néo-darwinienne qui décrit très bien le comment, la spéciation et la sélection naturelle, ainsi que des données sur le disque dur des espèces actuelles, résultats de cette évolution au niveau moléculaire. On sait le comment mais pas le pourquoi. La thèse la plus facile est celle de l’horloger aveugle. Elle dispense de pousser plus en avant la compréhension.
La question la plus essentielle, c’est de savoir si tout n’est que mécanisme ou bien si d’autres causes, non mécaniques, interviennent dans le fonctionnement du Vivant, et par voie de conséquence, dans son évolution. Le postulat de l’ID, cause intelligente, n’est donc pas exclusif. Le ressort théorique, c’est la complexité du vivant mais les causes sont à la discrétion de l’imagination scientifique. Comprendre la boîte noire qui n’est pas tant celle de Darwin que celle de Claude Bernard, pape de la biologie expérimentale et à son corps défendant, père de l’ignorance scientiste. L’Intelligent design a besoin d’être subverti. L’évolution n’a pas à expliquer la complexité de la Vie mais la Vie complexe doit être interprétée en invoquant des causes non mécaniques et de ce fait, tenter d’expliquer aussi comment les transformations ont pu avoir lieu, autrement dit, le processus de spéciation, la différenciation en autant d’organismes complexes qui tous, sont viables, pour preuve, ils sont présents et fonctionnent à merveille !
En gros, la sélection naturelle c’est l’équivalent du marché. Elle explique la répartition des espèces comme il existe des part des marchés pour les groupes industriels. Les mécanismes de marché sont de même nature que ceux de la sélection naturelle. Le marché explique par exemple la répartitions des véhicules de marque Peugeot et Opel selon les lois de la séduction naturelle. Mais pas le secret de fabrication des modèles automobile. Le néo-darwinisme n’explique le secret de transformation des espèces. C’est pas plus compliqué. Analyser le disque dur du Vivant ne représente qu’une part infime du secret de fabrication du Vivant. Les causes non mécaniques peuvent être invoquées. C’est une démarche toute scientifique, sauf si on se réclame d’une science positiviste. A ce compte-là, que l’on médite sur Auguste Comte qui jugeait non scientifique la recherche des atomes.
L’ID ne fait qu’évoquer quelques hypothèses sur le secret de conception du Vivant, dans le simple objectif de refuser le « circulez il y a rien à voir ! » des partisans de l’horloger aveugle qui n’est aveugle que parce que les évolutionnistes se sont enivrés des résultats de la génétique, trépignant à la moindre découverte de mécanismes, sans prendre conscience que derrière tout cela, il y a certainement des causes non mécaniques que toute démarche qui se veut scientifique chercherait à expliciter et formaliser, même au prix de difficultés épistémologiques telles que celles rencontrées par le physicien Bohr alors qu’il s’étonnait de ce monde quantique tout en étant en quête de principes de correspondances pour faire la jonction avec le monde physique classique. J’ai employé à dessein cette caricature des néo-darwiniens en aveugles mais si on reste honnête, on doit reconnaître que ce qui fait la force de la théorie synthétique de l’évolution, c’est qu’elle est réponds aux questions pour lesquelles elle est habilitée à répondre, selon les dires de Michel de Pracontal, et que l’ID pose des questions pour lesquelles elle n’a peut-être pas les moyens de répondre alors il est plus simple pour les scientifiques de caricaturer ce courant de pensée et de laisser accroire que la réponse est, Dieu, ou du moins, néo-créationnisme.
Résumons les différentes options qui sont compatibles avec le fait évolutif, le créationnisme étant évidemment rejeté comme hors science. A une extrémité, le néo-darwinisme de Dawkins évoque un horloger aveugle, non sans accorder un rôle prépondérant aux gènes. A une autre extrémité, les gènes ne seraient que les instruments gérés par une cause non mécanique (j’avance prudemment) ou un dessein naturel intelligent (voilà l’ID, et la source de la controverse). Au centre, une position intermédiaire mais résolument inscrite dans le néo-darwinisme, celle de Chaline et son horloge déterministe.
Néo-darwinisme complet : spéciation-sélection, avec évolution moléculaire sélectivement neutre ou pas selon le type
Néodarwinisme théoriquement enrichi : adjonction d’un déterminisme temporel portant sur l’évolution moléculaire
Intelligent design : spéciation-sélection avec évolution moléculaire et cause intelligente de la complexité mécanique (dite irréductible)
ID projekt : spéciation-sélection avec évolution moléculaire et cause non-mécanique présente à tous les niveaux, cellule, organisme, ontogenèse. En quelque sorte, l’équivalent d’une carte mère d’ordinateur.
En un coup d’œil on voit osciller la balance épistémologique de chaque dispositif. Plus on met l’accent sur la cause non mécanique moins le rôle de la sélection est présent. A la limite, la sélection pourrait de plus représenter qu’un terme subsidiaire, accessoire, pour expliquer la spéciation mais utile pour expliquer la distribution des espèces et le rôle accumulé des conditions physiques et éthologiques à chaque étape de l’évolution. Les causes non mécaniques sont à déterminer au fil d’un programme de recherches scientifiques. Interviendront des correspondances avec les champs quantiques, des hypothèses de calculs non-computables, d’une téléologie due à la matérialité réflexive de la substance technique où la tendance se constitue de manière immanente (ou pas), substance par ailleurs désirante. Sur le schéma qui suit, on peut se déplacer et augmenter la puissance des causes non mécaniques ce qui sur la gauche, permet de décrocher avec la sélection naturelle. A l’inverse, si la sélection tire de son côté, elle entraîne l’horloger aveugle et tend à se délester des causes non mécaniques. C’est ce que font du reste les opposants farouches à l’Intelligent design mouvance.
<-Sélection-spéciation-> évolution moléculaire -> « horloger aveugle » ou « cause non mécanique »
Voici un autre schéma où je positionne au centre le pivot épistémologique autour duquel va basculer le dispositif théorique
Sélection « Horloger aveugle » Evolution compléxulaire « Causes non mécaniques » Spéciation
L’axe autour duquel va basculer le paradigme de l’évolution tient en un mot, « évolution compléxulaire », contraction de évolution moléculaire et complexe. Autrement dit, science de la complexité et de la magie de son évolution. Nous sommes ici dans un dispositif statique et non plus dynamique comme dans le schéma précédent. Tout se joue sur la balance et ce qu’on y a mis. Descartes disait qu’il ne peut y avoir plus de choses dans l’effet que dans la cause. Le résultat de l’évolution n’échappe pas à ce sage précepte. La sélection naturelle a fini par devenir une théorie figée se nourrissant de l’évolution moléculaire. Celle-ci subvertie en évolution compléxulaire induit la nécessité d’introduire des causes non mécaniques et de faire pencher la balance vers la spéciation. Il est même possible de boucler le schéma et tracer une flèche de la spéciation vers la sélection. La réciproque est impossible en l’état actuel des connaissances. Ce serait reconnaître que la pression sélective induit une intention d’adaptation et par voie de conséquence, une efficace dans le moteur de l’évolution moléculaire. Vous commencer à comprendre en visualisant ce seul schéma comment un changement de paradigme va s’opérer. Les constructions de l’ID ne sont que le début d’un processus de théorisation scientifique qui va faire pencher la balance sur le côté droit, appuyant sur les causes non mécaniques ce qui a pour effet de réduire le poids de l’horloger aveugle et donc de la sélection naturelle. Vous pouvez visualiser le changement et vous représenter l’état des puissances motrices autant que statiques. La sélection n’a plus rien à mettre dans la balance sauf à renforcer ses fables et son pourvoir d’affabulation qui ne pèsera plus lourd lorsque de l’autre côté les post-darwiniens vont mettre dans la balance leurs schèmes spéculatifs théoriques et formels. L’ID n’est que le début de ce basculement de paradigme. Les théoriciens de l’ID n’ont pas toutes les clés et c’est certain, mais ils ont-ils accompli un pas dans le chemin vers la vérité ? Non sans que des faucons et autres vautours mal intentionnés s’emparent de ce joyaux scientifique. Les opposants à la mouvance de l’ID sont-ils des chasseurs de faucons eux-même chassés jusque dans les tribunaux ?. En admettant qu’ils réussissent, ils auront éliminé les faucons mais auront-ils récupéré les joyaux de la nouvelle science évolutionniste ? Non ! Il se peut bien que cette controverse sur l’ID se réduise à une partie de chasse et que la science n’ait rien à voir dans cette affaire.
L’Histoire des sciences retiendra sans doute que l’horloger aveugle n’est pas tant dans la Nature qu’en l’homme de science, cet évolutionniste qui se sait pas s’émerveiller devant tant de complexité et beauté, aveugle au point de conférer à la sélection naturelle un pouvoir qu’elle n’a pas. Il y a quatre siècles, les savants de l’époque, on les appelait des théologiens, furent aussi aveugles à leur manière, refusant de regarder à travers la lunette de Galilée. Cela dit, la lunette qui permet de voir dans la boîte sombre de la Vie est une lunette non physique mais conceptuelle. Si on ne la produit pas soi-même avec les plans construits par les éclaireurs, on ne peut l’utiliser et par conséquent, on reste aveugle.
La partie ne se joue plus sur la science de laboratoire qui est achevée ou en voie de l’être. Il n’y aura plus de découvertes majeure dans le cadre du paradigme mécaniste. D’ailleurs il n’y en a pas eu depuis 20 ans ! Excepté semble-t-il les protéines scaffold, sorte de commutateurs intracellulaires, ce qui nous plonge dans un paradigme informationnel où la biologie est entrée depuis quelques décennies. De plus, la complexité de la cellule ne fait qu’augmenter ce qui ne peut que renforcer le ressort des hypothèses sur des causes non-mécaniques harmonisant les processus « compléxulaires »