Orphée,
Bon. Pour une fois je vais faire un réel effort pour te répondre en détail sur le fond en essayant de partir du principe que tu seras capable de comprendre. Ca va être long mais tant pis, ce sera la première et probablement la dernière fois.
Orphée a écrit :
La rationalité est l'élimination de tout ce qui n'est pas mesurable
L'amour n'est pas mesure, il ne s'attache pas à déterminer la raison, l'orientation ou la finalité mais constate. C'est ce que j'entendais par "ne pas comprendre".
L'élimination de tout ce qui n'est pas mesurable ? Pas du tout. Si c'était le cas un rationaliste se devrait d'éliminer les sentiments. Or je ne vois pas qui, rationaliste ou pas, voudrait les éliminer, à moins d'être fou. Tu fonctionnes toujours sur la base d'à-priori du genre «
les sceptiques, les rationalistes, sont incapables de ceci ou de cela, il ne peuvent pas comprendre, imaginer, ressentir, créer, ou je ne sais quoi », ces préjugés avec lesquels tu nous rabats les oreilles depuis des mois.
C'est complètement à côté de la réalité.
En essayant de confondre « zozoterie » avec émotion ou humanité ; et rationalisme avec insensibilité, tu fais juste un amalgame grossier et insultant de plus. Ne peux-tu pas comprendre que ce qui énerve ici, ce qui te vaut d'être agressé, c'est ça, cette caricature permanente, aussi insistante qu'injustifiée, dans laquelle tu veux enfermer le scepticisme « rationaliste » ? Je maintiens que ce sont des préjugés du même niveau que « l
es femmes conduisent mal » ou «
les arabes sont paresseux ».
Je ne sais combien de fois j'ai eu a faire face à ces préjugés anti-rationalistes lors de discussions face à des « zozos ». L'idée du refus du non-mesurable, et puis sortir l'exemple de l'amour, crois-tu que tu sois le premier à avoir la prétention de venir nous « éclairer » avec
ça ? Je ne saurais pas dire combien de fois j'ai entendu
ça. Beaucoup trop souvent en tout cas, un peu comme, dans le même ordre d'idée, ceux qui veulent à tout prix confondre le matérialisme au sens philosophique (le monisme matérialiste) avec le matérialisme au sens usuel (le goût pour la possession de choses matérielles et, pas loin derrière, l'immoralisme). Les deux n'ont rien en commun, et pourtant, si tu savais le nombre de zozos persuadés que c'est presque la même chose - et qui en conséquence se permettent de porter un jugement moral à priori sur une personne en usant de cet amalgame sans fondement...
Et quand on est à la fois rationaliste et matérialiste (combinaison assez fréquente) certains traduisent par « insensible et immoral ». La discussion devient alors impossible car ils sont mal partis pour faire l'effort de comprendre.
Orphée a écrit :Le seul élément qui peut justifier la non-réaction agressive à ce type de post est: "il souffre déja, pas la peine d'en rajouter".
Or c'est une position boiteuse: qui pourrait se prévaloir de connaître la vie de chacun et donc de savoir le moment propice à la destruction de ses convictions ou espoirs ?
Alors je vais t'expliquer pourquoi, moi, je n'ai pas répondu à ce post. J'ai hésité, mais je ne l'ai pas fait. Et pas du tout pour les raisons que tu imagines.
Parce que quand je l'ai lu, voilà ce que je me suis dit (et je me trompais, si tu es sincère dans ton dernier message) : «
Bon. Il veux jouer sur les émotions. C'est juste un troll et il est un peu isolé, alors soit il veut montrer sa sensibilité pour s'attirer des sympathies, soit il espère des réactions sceptiques hostiles pour pouvoir dire « ahah ! Voilà, scepticisme=insensibilité, etc ».
Je penchais plutôt pour cette seconde hypothèse, la remarque «
vous ne pouvez pas comprendre » semblant spécifiquement conçue pour provoquer des réactions hostiles, et ça paraissait cohérent avec l'ensemble de ta production sur ce forum puisque la plupart de tes messages comportent au moins une remarque purement provocatrice de ce genre.
Ce «
vous ne pouvez pas comprendre », je n'ai pas un instant pensé que cela puisse réellement signifier que tu pensais que nous ne pouvions pas comprendre les sentiments, l'amour, l'affection pour un animal, etc. Honnêtement, j'ai beau être habitué à ce genre de critiques, elles me semble si profondément absurdes que malgré l'expérience du passé je n'arrive jamais à croire à priori que quelqu'un puisse utiliser d'aussi mauvais arguments (je me trompais). Non, moi je croyais que ton « vous ne pouvez pas comprendre » se rapportait à la motivation de ton message.
Donc, ne pouvant pas envisager que que ce message vise réellement à exposer des idées aussi manifestement fausses que l'amalgame rationalisme/insensiblité, je pensais que par «
vous ne pouvez pas comprendre », tu voulais juste dire «
vous ne pouvez pas comprendre pourquoi je poste ce message ». C'est un peu fou comme déduction, mais franchement, ça me paraissait l'option la plus logique, tant l'autre était vulgaire.
Et à partir de là, comme en plus ton message n'apportait ni informations, ni idées susceptible de faire l'objet d'une critique ou d'une réponse argumentée, et semblait être juste un post provocateur de plus, j'ai décidé de ne pas répondre. Par contre la motivation que tu supposes être la seule possible pour justifier une non-réponse ("il souffre déja, pas la peine d'en rajouter"), ne m'est même pas venue à l'esprit, d'autant que je ne pensais pas que la souffrance était récente, ton post ne portant aucune indication permettant de croire que la mort de Zoé venait de survenir, je pensais que c'était juste un événement ancien que tu utilisais sur ce forum dans le cadre d'une stratégie précise pour toucher les forumeurs les plus sensibles.
Voilà... A par ça, pour ce qui est de ma sensibilité et de mon rapport aux animaux, je me sens tout à fait en accord avec ce que tu écris là :
Orphée a écrit :
Les animaux, n'en déplaise à Denis, ne sont pas qu'une zoothérapie: ils sont aussi une découverte, un enseignement sur la vie, sur les relations qui existent et dépassent le "ronron" ou le dépôt d'odeur. A supposer que ce ne soit pas le cas nous en sommes une copie parfaite et nos actes sont ceux des robots.
J'adore les animaux. En particulier les animaux urbains, moineaux, pigeons, chats, etc. Quand je me déplace en ville, soit je rêvasse la tête en l'air, soit mon attention est placée sur un oiseau ou un autre animal. En général un pigeon. Je les trouve beaux, drôles, fascinants, remarquablement adaptés (rares sont les animaux qui ont choisi de vivre au milieu des hommes sans que personne ne les ait invités). J'évite de les effrayer, je fais des détours pour ne pas les déranger. Les moineaux aussi sont fabuleux. Avec un peu de technique, il est facile de les amener à se poser dans la main. Une telle confiance est étonnante.
J'ai souvent les yeux en l'air à la recherche de nids. Voir les formes, les matériaux, les habitants. Je suis attentif aux chants, j'essaie de voir d'où ça vient. Si je vois un animal qui semble malade, je m'arrête. Tiens par exemple : l'année dernière, avec ma conjointe, nous étions en vacances à Bordeaux. Dans la rue, elle trouve une sorte de minuscule rongeur, grand comme la dernière phalange du pouce, qui ne s'enfuyait pas et ne bougeait presque pas. Il n'avait pas l'air très en forme. Nous l'avons recueilli et avons passé la moitié de nos vacances à nous en occuper. Le vétérinaire fut incapable de nous dire quelle race de rongeur c'était, quel problème il avait, ou s'il avait des chances de survie. Durant trois jours, il agonisa de façon horrible, en se tordant dans tous les sens, trempé de sueur, avant de finir par mourir. Nous étions malheureux. Nous avions en partie gâché nos vacances pour un improbable rongeur non-identifié trouvé par terre, et pourtant nous ne regrettions rien.
Est-ce là le genre de comportement qu'on attendrait de l'illusoire rationaliste modèle que tu viens pourfendre ici ? Et que dis ton post si ce n'est «
un rationaliste ne peut pas comprendre ça » ?
Eh bien tu te plantes complètement depuis le début. Et, j'espère - je n'y crois pas, mais j'espère (et c'est pourquoi j'écris ce message) - que tu finiras enfin par comprendre que si tu te fais tant taper dessus ici, c'est justement à cause de l'insistante répétition de cette erreur.