Allons, calmez-vous un peu et ne vous arrêtez pas à la forme, ça n'a aucune importance en virtuel.
jan idas a écrit :Voyez par exemple les travaux de Goodman (Michigan).
Pourquoi invoquer les mutations génétiques favorables est problématique ? Parce que personne n'est d'accord. C'est comme la proba que la vie apparaisse sur Terre : quelle est la proba qu'une mutation favorable apparaisse dans une espèce donnée ? Personne n'en sait rien !!! Exple : Huxley disait 1 sur 1 million quand Monod disait 1 sur 10 000. Y a comme qui dirait un léger fossé !...
Le fossé est équivalent à la teneur de votre questionnement: un gouffre d'inepties. J'explique mon opinion (c'est pas une insulte) :
jan idas a écrit :quelle est la proba qu'une mutation favorable apparaisse dans une espèce donnée ? Personne n'en sait rien !!!
C'est normal, car cette question est grotesque.
On peut se poser la question sur les différentes probabilités pour qu'une mutation apparaisse **, variable selon différents sujets et modalités **, mais
certainement pas sur l'apparition de "mutations
favorables", car ce paramètre en gras n'est qu'une considération humaine, posée à postériori sur une variation (mutation) :
- c'est le
contexte (la nature) dans lequel vit l'organisme muté qui décidera de son devenir, et
seulement lui via le tri sélectif.
- si celle-ci fut favorable ou délétère (voire adaptativement neutre) est inféodé au devenir de cette mutation au sein de la population souche.
C'est-à-dire que c'est seulement
a posteriori, en constatant une réussite - si la mutation (
exprimée) fait fructifier la lignée mutante en apportant un plus adaptatif
contextuel * - et par le nbre plus élevé de reproducteurs mutés, que l'on peut
cataloguer une mutation de favorable (ou à l'inverse défavorable)..
* Contextuel car variable aussi dans le temps et selon des paramètres imprévisibles :
- un caractère avantageux (mutation favorable exprimée) aujourd'hui peut se révéler défavorable à la saison suivante, et décimer toute une population.
- on ne peut se passer de la génétique des populations et des lois de l'hérédité pour établir des probabilités sur la fixation/variation de fréquence d'un nouveau caractère dans une population.
Votre question révèle un manque d'approfondissement flagrant de la "philosophie" évolutive - notamment des agents, dont la pression sélective. Rien d'étonnant alors que vous perceviez la théorie de l'évolution comme un flou artistique hamiltonien. Ouarff.
** A titre d'exemple, des mutations par substitution, addition ou délétion (perte d'un nucléotide) peuvent toucher au hasard un gène en des sites multiples. Les mutations par addition ou délétion provoquent un décalage du cadre de lecture lors de la traduction et entraînent très rapidement la mise en place d'acides aminés différents, voire un arrêt de la synthèse protéique si un codon stop a été introduit. Ceci peut se quantifier...
Mais les mutations sont à l'origine de l'apparition de nouveaux allèles, dont certains sont fonctionnels et d'autres pas. Déjà plus complexe à faire.
Cela pourrait se modéliser tout de même en termes probabilistes car c'est un processus moléculaire. Certainement pas avec l'ajout "favorable/défavorable". Si l'on veut être sérieux, car cet ajout fout tout calcul par terre : pour une espèce donnée, on ne peut rien quantifier de positif/négatif
sans un contexte (de pression sélective). Ok ?
nota bene : je serais curieux de lire le passage de Monod spéculant sur les probabilités de "mutations favorables". Merci de transmettre !
jan idas a écrit :"car en vérité on ne comprend pas grand chose à la génétique (dans le cas contraire on aurait arrêté les recherches dans ce domaine !)"
Ca c'est argument de marmiton de bénitier.
En vérité, les sciences avancent toutes par des demi-connaissances, et en en attendant, ce "pas grand-chose" permet de couper des bouts de ceci et de les "coller" sur un autre organisme, même d'une autre espèce en se servant des homologies, avec précision, de breveter le tout et de s'en foutre plein les poches en le commercialisant. Ceci = des gènes.
Le "pas grand-chose" est un objet bien subjectif/relatif : je parie que le vôtre est plus petit que celui qu'a un généticien dans le pantalon, qui quant à lui n'a aucune raison d'arrêter ses recherches tant que sa bourse se remplit de (perspectives) de connaissances.
jan idas a écrit :Quand je parle de la théorie de Darwin, je parle de Charles pas de la génétique. Et même, si j'y avais inclus la génétique (nuage de fumée additionnel), je ne suis pas sûr que ça la rende plus crédible car en vérité on ne comprend pas grand chose à la génétique (dans le cas contraire on aurait arrêté les recherches dans ce domaine !).
Tout le monde s'accorde pour dire qu'avec toute la bonne volonté du monde les probas ne peuvent rendre compte de la rapidité constatée de l'évolution.
La théorie de C. Darwin/Wallace est maintenant patrimoine de l'humanité, et a évolué en annexant notamment la génétique (inconnue de leur temps), qui étaye, explique, illustre, complète, affine, confirme et démontre le bien fondé de sa remarquable théorie.
Un exemple concret vaut mieux que mille mots (je l'ai sous les yeux, et c'est très récent) :
Le gène Bmp4 et les pinsons de Darwin - La génétque/embryologie confirme encore la théorie de Darwin, par un de ses plus célèbres exemples.
La diversité de structure du bec dans ce petit groupe d’oiseaux éveilla l’intérêt de Darwin en 1835, qui réalisa, longtemps après son voyage, qu’une espèce-mère s’était modifiée à des fins différentes et pour des adaptations spécifiques. Deux cadres conceptuels théoriques, ou interprétations différentes, se dégagèrent, inspirées des réflexions de Darwin sur les pinsons : l’isolement et la compétition entre individus - la différence de nourriture entre les îles.
Nous allons voir maintenant que seules et telles quelles, ni l'une ni l'autre explication ne sont complètes pour expliquer les becs des pinsons. En revanche, toutes exercent une pression sélective ayant abouti, bien entendu de pair avec l'isolement géographique, à la fixation des caractères et des différents becs des pinsons... Et donc à la spéciation des différents pinsons.
On retiendra déjà que dans cet exemple des pinsons de Darwin, les microévolutions que l'on développe ci-dessous aboutiront à la macroévolution des pinsons... D'où la nécessité d'intégrer que micro et macroévolutions sont imbriquées, la dernière n'étant guère plus que le qualificatif donné sur des microévolutions ayant résulté en spéciation.
Charles Darwin n'avait pas les éléments qui vont suivre en sa possession et ses réflexions se firent donc toutes sur la pression de la sélection naturelle, mais sans aucun des mécanismes de variation actuellement connus, qui tous précèdent le filtrage de la sélection naturelle. Ces mécanismes de variation, intuitivement soupçonnés par Darwin, complètent et confirment le bien fondé de la Théorie de l'évolution darwinienne ; bien qu'ils relèguent le plus souvent au dernier plan (dernier dans son sens chronologique) la pression sélective.
De gauche à droite: Geospiza magnirostris, G. fortis, G. parvula, Certhidea Olivacea
Sur des oeufs de 6 espèces de pinsons du genre Geospiza, Arhat Abzhanov et ses collègues de la Harvard Medical School, Université de Princeton, ont cherché quels facteurs protéiques de croissance étaient exprimés lors du développement facial du crâne des oiseaux (dont Geospiza magnirostris, G. rostris, G. fortis, Certhidea). Voici les résultats :
- Sur les dix facteurs protéiques examinés, un seul - le Bmp4 - est corrélé avec la croissance du bec.
- De plus, une variation d'expression en fonction des espèces fut découverte pour ce gène codant la protéine Bmp4.
- Variation en nette augmentation pour l'espèce au plus gros bec, G. magnirostris.
En clair, cela signifie que les espèces aux becs les plus robustes et conséquents, ceux brisant les graines, expriment plus tôt et plus fortement le gène Bmp4 durant leur développement embryonnaire, que les espèces au bec plus fin.
Même si d'autres facteurs génétiques interviennent probablement dans les différences entre pinsons, les variations d'expression de Bmp4 sont responsables de la morphologie du bec des pinsons ! Désormais, les bases moléculaires de la variation d'un caractère visible sont connues !
C'est-à-dire que pour la première fois, dire «Tel gène est modifié, tel caractère sera changé» n'est plus une spéculation basée sur quelques éléments forts - dont la plupart étaient des pathologies observées sur des multicellulaires -, mais une réalité de la biologie évolutive où le raisonnement et processus évolutif est observé et expliqué.
Les variations d'expression d'un gène durant le développement embryonnaire expliquant la variabilité du bec des pinsons, ce n'est rien de moins que la théorie de la « fœtalisation » de Bolk, qui est aussi démontrée/confirmée, mais surtout la Théorie synthétique de l'évolution, qui est de nouveau prouvée.