Gilles a écrit :Ça m'étonne car je ne peux pas croire qu'à Caracas tous les canaux de télé disponibles sont occupés. Que je sache, il y a seulement quatre grandes stations au Venezuela : RCTV que Chavez vient de fermer, Globovision, Venevision (dont la licence venait aussi à expiration le même jour que celle de RCTV) et Televen
D'après l'article
que j'ai proposé: "En 2006, on comptait au Venezuela 20 chaînes hertziennes VHF privées et une publique. On comptait par ailleurs 28 chaînes hertziennes UHF privées, 6 publiques et 44 communautaires. Actuellement, avec l’incorporation de RCTV, le service public disposera de deux chaînes hertziennes VHF, de deux chaînes UHF et de deux chaînes sur la câble."
Je ne sais pas quelle est la répartition des chaînes dans cette partie de l'amérique. Mais, j'envisage qu'avec la présence d'un nombre important de pays autours (dont les USA pas très loin), le choix puisse être limité.
Dans ce que j'ai lu jusqu'à maintenant, le gouvernement justifie son geste en évoquant sa partialité en information (d'après ce que j'ai lu, ils déformaient parfois carrément les informations) et le contenu parfois scabreux ou violent de certaines émissions (ça sent la bigoterie ça!)
D'accord, ces justifications vont du côté de la censure. Mais, crier à la censure est facile même si souvent déplacé (des créationnistes ont conteté la décision de Dover comme invoquant de la censure). C'est pourquoi je réserve mon jugement.
L'autre problème est: est-ce que la censure peut -être justifiée. Tu sembles dire "non, jamais", moi je pense qu'elle peut l'être dans certaines conditions.
Concernant la bigoterie: tu disais toi-même cette télé était probablement débile. Et, particulièrement en tant qu'éducateur, tu dois souvent avoir envie de sabrer dans le programme poubelle abrutissant qui est largement offert sur nos propres ondes (télé, radios, et je ne parle pas du cable). Je suis d'accord que ce n'est pas une raison pour le faire effectivement. Sauf que tu constates que ce programme est dommageable.
Et même s'il n'y avait absolument aucun canal de libre, de quel droit le gouvernement peut-il décider de choisir celui qui doit céder la place au nouveau qu'il veut instaurer?
De celui d'avoir été élu pour faire des changements qu'il pense être un bien pour le pays. Cela ne veut pas dire que c'est vraiment un bien. D'ailleurs, j'ai l'impression que c'est cette volonté de changements, n'allant pas dans le sens ultra-libéral actuel, que démontre Chavez qui fait que cette histoire est montée en épingle et que les épithètes outrancières (par rapport à la situation*) fusent.
Par contre, si Chavez agit autocratiquement, c'est sûr qu'il y a un problème. Dans ce cas-ci, ce qui pourrait me faire penser qu'il s'agit bien d'un geste illégal ou immoral est le "gouvernement par décrets". Sauf que a) cette information provient d'un site peu fiable écrit anonymement, et b) même s'il agit par décrets, je ne connais pas l'impact réel, ni les motivations de ses décrets (ils peuvent très bien être globalement positifs).
Pour revenir avec la RCTV, s'il y avait vraiment de la propagande haineuse envers le gouvernement de chavez, rien n'empechait de poursuivre les auteurs de cette propagande
On peut tirer des conclusions diamétralement opposées de la même observation, à mon avis: le choix d'un "tenté par le totalitarisme" aurait été de faire un procès et d'emprisonner les dirigeants de la RCTV, ce qui aurait eu pour effet de fermer plus efficacement cette station; ce n'est certainement pas les mobiles qui auraient manqués puisque cette station a appuyé les putschistes. C'est pourquoi je trouve que son action de ne pas renouveler la licence est un geste nettement moins totalitaire qu'on cherche à le faire paraître.
Jean-François
* Ce que je veux dire c'est qu'il n'y a pas eu mort d'hommes, pas d'emprisonnement politique, pas de débordements populaires virant à l'émeute (même s'il y a eu des manifestations en faveur de RCTV), la station n'a même pas été fermée dans le sens d'interdite même si son pouvoir de diffusion a été largement limité**, etc.
** S'il est sans doute vrai que la majorité des vénézueliens n'ont ni cable ni internet, la couche la plus aisée - et influente - du pays est certainement connectée. Pour cela, je reste d'accord avec ces remarques de l'article du Monde Diplomatique: "Non, RCTV ne « disparaît » pas : elle peut continuer à émettre sur le câble, par Internet et sur le satellite, et va sans aucun doute le faire. Mais, comme la loi le prévoit, sa fréquence hertzienne et sa couverture nationale reviennent au service public à l’échéance de la concession dont elle bénficiait. Ou bien faudrait-il considérer que cette concession à durée limitée de RCTV était, en fait, à durée illimitée ? Et cela en fermant les yeux sur ses multiples entorses à son cahier des charges qui lui avaient notamment valu d’être fermée pour des durées de 24 heures à 3 jours non pas par les gouvernements de M. Chávez, mais, en 1976, 1980, 1981, 1989 et 1991, par leurs prédécesseurs sociaux-démocrates ou démocrates-chrétiens".