Lawrence Tisdall en spectacle
Publié : 15 janv. 2004, 18:59
Je viens de jeter un oeil à l'interview télévisée de Tisdall sur une petite chaîne chrétienne canadienne (100 Huntley Strict), liée (indirectement) à partir de la page d'accueil de l'ASCQ. (à cette page : http://www.crossroads.ca/broadcas/program.htm Tisdall n'apparaît qu'à la 26e minute)
Dans l'ensemble, c'est la même chose que les bêtises qu'on lit sur le site de l'ASCQ, avec le son et les images en plus. Il n'a pratiquement pas évoqué de problèmes scientifiques, mais je me demande comment Julien concilierait son envolée finale sur la Bible et l'importance de Jésus au quotidien avec l'affirmation selon laquelle le créationnisme est une théorie scientifique religieusement neutre (c'est d'autant plus gênant que tous les créationnistes sont prêts à tenir ce genre de discours et qu'aucun n'est dépourvu de sentiments religieux exacerbés dans ce genre : il n'y a pas d'agnostiques, par exemple).
A part ça, nous avons eu droit au fameux argument sur la démographie humaine (qui, je le rappelle, consiste à projeter le taux d'accroissement naturel de l'humanité actuel dans le passé - comme si celui-ci n'avait pas augmenté de manière très rapide avec les progrès de la médecine et des conditions de vie - pour en conclure que notre dernier ancêtre commun n'a pas pu vivre avant -4000 ans*). J'ai particulièrement apprécié l'affirmation selon laquelle les trilobites seraient considérés comme "les animaux les plus primitifs" et le petit couplet sur leur oeil très complexe (alors que l'oeil schizochroal, extrêmement complexe en effet, n'existe que chez certains trilobites tardifs ; les autres ont bêtement un oeil d'arthropode standard en version calcifiée, qui est déjà assez complexe mais n'est pas propre aux trilobites et n'a jamais été considéré par personne comme primitif). Il nous dit également que L'origine des espèces affirme la possibilité de l'abiogenèse, ce qui nous confirme qu'il ne l'a jamais lue : Darwin n'a jamais écrit une seule ligne sur l'origine de la vie (à l'exception d'une lettre souvent citée où il parle d'une "mare d'eau chaude", explicitement à titre de spéculation, et d'un de ses carnets de jeunesse où il dit que s'interroger sur l'origine de la vie est vain et stérile. En tout cas, "L'origine" n'en parle pas). Enfin, l'assimilation abiogenèse/génération spontanée, évolution/abiogenèse et le merveilleux non-sens : "Ce n'est pas de l'évolution, mais de la sélection naturelle" ne nous sont pas non plus épargnés. Ça n'a somme toute rien de très original.
* J'ignore comment ils concilient ça avec les multiples allèles coexistant pour un même locus dans l'ensemble de l'humanité, au niveau, notamment, du système HLA. Il faudrait imaginer un taux de mutations absurdement élevé. Quant au fait que certains de ces allèles soient partagés avec les chimpanzés, ce qui impliquerait que les mêmes mutations se soient produites indépendamment et de suite dans les deux lignées si nous n'avons pas d'ancêtre commun, n'en parlons même pas.
Dans l'ensemble, c'est la même chose que les bêtises qu'on lit sur le site de l'ASCQ, avec le son et les images en plus. Il n'a pratiquement pas évoqué de problèmes scientifiques, mais je me demande comment Julien concilierait son envolée finale sur la Bible et l'importance de Jésus au quotidien avec l'affirmation selon laquelle le créationnisme est une théorie scientifique religieusement neutre (c'est d'autant plus gênant que tous les créationnistes sont prêts à tenir ce genre de discours et qu'aucun n'est dépourvu de sentiments religieux exacerbés dans ce genre : il n'y a pas d'agnostiques, par exemple).
A part ça, nous avons eu droit au fameux argument sur la démographie humaine (qui, je le rappelle, consiste à projeter le taux d'accroissement naturel de l'humanité actuel dans le passé - comme si celui-ci n'avait pas augmenté de manière très rapide avec les progrès de la médecine et des conditions de vie - pour en conclure que notre dernier ancêtre commun n'a pas pu vivre avant -4000 ans*). J'ai particulièrement apprécié l'affirmation selon laquelle les trilobites seraient considérés comme "les animaux les plus primitifs" et le petit couplet sur leur oeil très complexe (alors que l'oeil schizochroal, extrêmement complexe en effet, n'existe que chez certains trilobites tardifs ; les autres ont bêtement un oeil d'arthropode standard en version calcifiée, qui est déjà assez complexe mais n'est pas propre aux trilobites et n'a jamais été considéré par personne comme primitif). Il nous dit également que L'origine des espèces affirme la possibilité de l'abiogenèse, ce qui nous confirme qu'il ne l'a jamais lue : Darwin n'a jamais écrit une seule ligne sur l'origine de la vie (à l'exception d'une lettre souvent citée où il parle d'une "mare d'eau chaude", explicitement à titre de spéculation, et d'un de ses carnets de jeunesse où il dit que s'interroger sur l'origine de la vie est vain et stérile. En tout cas, "L'origine" n'en parle pas). Enfin, l'assimilation abiogenèse/génération spontanée, évolution/abiogenèse et le merveilleux non-sens : "Ce n'est pas de l'évolution, mais de la sélection naturelle" ne nous sont pas non plus épargnés. Ça n'a somme toute rien de très original.
* J'ignore comment ils concilient ça avec les multiples allèles coexistant pour un même locus dans l'ensemble de l'humanité, au niveau, notamment, du système HLA. Il faudrait imaginer un taux de mutations absurdement élevé. Quant au fait que certains de ces allèles soient partagés avec les chimpanzés, ce qui impliquerait que les mêmes mutations se soient produites indépendamment et de suite dans les deux lignées si nous n'avons pas d'ancêtre commun, n'en parlons même pas.