BeRReGoN a écrit :C'est le "problème" de bien des humoristes d'aujourd'hui et d'hier, les gens ne font pas toujours la différence entre le personnage et la personne derrière s'il n'est pas vraiment déguisé.
S'il y a un problème, c'est que la frontière entre "commentateur social" et humoriste tend à disparaître. Les gens n'attendent plus de l'humoriste qu'il les fasse rire, mais qu'il choque du monde, qu'il brise des tabous, qu'il dénonce
quelque chose, qu'il pousse l'enveloppe (anglais)... On ne rit plus parce ce que c'est drôle : on* veut rire parce que ça fait du bien d'entendre quelqu'un dire ce qu'on* pense, parce que quelqu'un règle nos comptes (à notre place) avec la société. Si on* haït les BS (parce qu'on* trouve qu'on paie trop d'impôt et forcément ça va tout aux BS!!), le rire sera un rire de victoire, un rire qui dit "
kin mes estis!"
Bref, ce sont des maîtres à penser que les gens cherchent, de plus en plus, et non des humoristes. Ce n'est pas nouveau.. même avec l'humour de Patrick Huard beaucoup de gens riaient parce qu'il, en quelque sorte, parlait en leur nom (les "hommes").
L'humour social n'est pas nouveau, mais Yvon Deschamps ne faisait pas des capsules YouTube aux 10 jours pour donner son opinion sur tel phénomène social (contrairement à Mercier). Bref, Yvon Deschamps était un humoriste; on se foutait de son opinion sur telle ou telle question sociale et il s'exprimait principalement par son humour, sur scène.
BerReGon a écrit : Doit-il toujours annoncer avec des grands panneaux "Attention Attention, ici je ne suis pas sérieux" quand il déconne et l'inverse quand il dénonce au cas ou des "pas vite" le comprendraient pas?
S'il est incapable de faire en sorte que ce soit évident, c'est que ça fait son affaire de brouiller les pistes. Plus le message est ambigu, plus il peut rejoindre de monde sans rendre de comptes sur le message.
Dans un même numéro, faire une joke sur les "nègres" et une autre sur la droite, c'est tirer à boulets rouges.
BreRegGon a écrit :C'est plus ça que je trouverait débilitant s'il avait à expliquer tout car il croirait que la majorité des gens ne sont pas assez intelligent pour faire la différence.
Mais il reconnait pourtant que beaucoup de gens ne font pas la différence ! Que ce soit 30% ou 51%, le problème est présent. Comme je dis, ça ne le dérange pas plus qu'il faut car ça ne fait que l'avantager (plus d'applaudissements, plus d'éloges, plus de billets vendus, etc).
BerRegGon a écrit :Dans un de ses sketchs, il parlait des assistés sociaux et chialait contre les BS aptes au travail qui refusaient une job. Je suis sur que la majorité des spectateurs était d'accord et le prenait au premier degré sans pour autant penser que tout les assistés sociaux étaient comme le gros cave les décrivait.
Prendre cette information au premier degré est déjà grave. Dire qu'il y a un bon nombre d'assistés sociaux qui refusent des jobs, c'est un commentaire qui n'a rien d'humoristique. Prétendre que ça mérite une joke, c'est prétendre qu'il y en a beaucoup. C'est du défoulement démagogique.
BerRegGon a écrit :Selon toi, il aurait du en faire plus pour faire comprendre à ces gens que son personnage était un gros cave qui "pète une coche" et non un gars qui dénonce ?
J'ai dit à quelque part comment il devrait faire son travail ?
Je pense juste que s'il fait le choix de se faire applaudir pour "dire les vrés afféres" qui frustent le monde, il ne peut pas se réclamer d'un humour qui fait réfléchir ou d'un humour qui dénonce. Il devrait être conséquent et dire : Je suis là pour que les gens puissent se défouler.
BerRegGon a écrit :C'est sur que quand Yvon Deschamps dit des énormités sur scène, on connait bien son style, alors ça passe plus facilement mais je suis sur qu'encore aujourd'hui il y en a qui le prend au premier degré.
Un sktech de Yvon Deschamps "qui dénonce" était ironique du début à la fin. Il n'allait pas jouer le rôle d'un batteur de femme et ensuite, dans le même monologue, dénoncer la droite canadienne.
Bref, Mercier, comme humoriste, ok.. mais je n'embarque pas dans ses explications sophistiquées qui visent à lui donner une image plus intello, du gars qui sait ce qu'il fait, qui fait quelque chose au fond de bien subtil, qu dénonce, etc. En faisant constamment des sorties sur x sujets et pour se justifier, il tombe dans la démagogie.
*"on" exclue ici la personne qui écrit