Dérive du terme "sélection naturelle" en mémétique
Publié : 22 août 2009, 14:15
(et ailleurs)
Des mémétistes prétendent que notre culture et notre pensée résultent de l'action de la sélection naturelle sur les mèmes.
Dans l'Origine des espèces où le terme sélection naturelle est apparu, cette sélection se fait par la survie du mieux adapté à travers la reproduction sexuée, avec ce que ça implique de compétition et de transmission de caractères génétiques.
Sans la partie biologique (hérédité - même si pas encore tout à fait expliquée du temps de Darwin- et sexualité) de la sélection naturelle, le terme survie du mieux adapté ne devient qu'une tautologie. Le travail de Darwin est colossal au niveau des observations, de la biologie, zoologie, comparaison de fossiles, etc. Son oeuvre ne se limite pas à avoir pensé à la sélection naturelle comme Maxwell a pensé à modifier une équation pour la rendre symétrique avec une autre et avoir ainsi réalisé l'électromagnétisme (j'exagère), mais à avoir démontré une évolution graduelle entre espèces qui rend ce mécanisme plausible.
D'où l'adjectif naturel, qui au 19e siècle et il n'y a pas si longtemps encore, désignait "ce qui a trait à la nature". Par exemple, la physique est une science de la nature, tout comme la biologie, contrairement à la psychologie qu'on dit aujourd'hui science humaines.
Certes cette division entre humain et nature (animaux non humains) n'est pas fondamentale et est davantage une manière de classer des champs de connaissance. À l'époque de Darwin toutefois l'idée d'une division fondamentale entre homme et autres animaux (idée que des travaux de Darwin ont justement permis de corriger à la longue) régnait, et Darwin utilisait naturel au sens de dans la nature, ie, sans intervention de l'homme, conformément aux usages de son temps.
Ce naturel de sélection naturelle ne peut pas avoir un autre sens que celui du 19e siècle, car si on l'applique au niveau culturel tout est artificiel (au sens où on l'entendait du temps de Darwin) ou naturel (selon le degré de profondeur) et le surnaturel ne semble pas exister (deviendrait-il naturel si c'était le cas..). Il conviendrait de parler, pour ceux qui veulent appliquer ce principe en-dehors de la nature sauvage, ou éviter de propager une certaine dualité archaïque, de sélection tout-court.
À mon avis on ajoute naturel à sélection en mémétique pour se donner plus de crédibilité par association à la science (biologie). J'ai l'impression que la mémétique s'en vient de plus en plus un champ de spéculation stérile détaché de la réalité.
Pour se reproduire un mème n'a besoin que d'un support tel un morceau de papier, une bande magnétique, un ordinateur, etc. C'est plus tard qu'intervient la compétition et éventuellement la domination d'un mème plutôt qu'un autre. Mais entre temps ce support matériel a une durée de vie pratiquement infinie, qui repose de un sur a technologie, le hasard et très peu sur une sorte d'adaptation au milieu. Je ne vois pas le lien avec la sélection naturelle. Sinon que tout est sélection et de le dire n'explique rien.
Je m'inquiète de ces dérives dans un champ de pensée associé à un groupe de personnes ayant des liens avec les sciences et de qui rayonne une crédibilité intelectuelle du fait d'avoir été parmi les plus grand pourfendeurs de la religion et du paranormal (tandis que d'autres plus ou moins brillants avaient autre chose à faire, comme par exemple, de la science). Je ressens la même chose quand je vois Cyrille Barrette (par exemple) à la télé y aller de ses théories sociobiologiques non prouvées qu'il tente de faire passer pour de la bio, voire, de la science.
Les types qui "suivent" ces auteurs auraient peut-être le sens critique nécessaire pour analyser ce qu'ils proposent, mais l'autorité de ces derniers en la matière obnubile chez le "disciple" cette faculté. D'un autre côté, ceux qui habituellement critiquent les idées zozotes sont portés à ne pas trop regarder ces trucs d'un oeil critique puisqu'ils viennent du "bon camp" et qu'il y a ailleurs pire comme idée tordue à pourfendre.
Des mémétistes prétendent que notre culture et notre pensée résultent de l'action de la sélection naturelle sur les mèmes.
Dans l'Origine des espèces où le terme sélection naturelle est apparu, cette sélection se fait par la survie du mieux adapté à travers la reproduction sexuée, avec ce que ça implique de compétition et de transmission de caractères génétiques.
Sans la partie biologique (hérédité - même si pas encore tout à fait expliquée du temps de Darwin- et sexualité) de la sélection naturelle, le terme survie du mieux adapté ne devient qu'une tautologie. Le travail de Darwin est colossal au niveau des observations, de la biologie, zoologie, comparaison de fossiles, etc. Son oeuvre ne se limite pas à avoir pensé à la sélection naturelle comme Maxwell a pensé à modifier une équation pour la rendre symétrique avec une autre et avoir ainsi réalisé l'électromagnétisme (j'exagère), mais à avoir démontré une évolution graduelle entre espèces qui rend ce mécanisme plausible.
D'où l'adjectif naturel, qui au 19e siècle et il n'y a pas si longtemps encore, désignait "ce qui a trait à la nature". Par exemple, la physique est une science de la nature, tout comme la biologie, contrairement à la psychologie qu'on dit aujourd'hui science humaines.
Certes cette division entre humain et nature (animaux non humains) n'est pas fondamentale et est davantage une manière de classer des champs de connaissance. À l'époque de Darwin toutefois l'idée d'une division fondamentale entre homme et autres animaux (idée que des travaux de Darwin ont justement permis de corriger à la longue) régnait, et Darwin utilisait naturel au sens de dans la nature, ie, sans intervention de l'homme, conformément aux usages de son temps.
Ce naturel de sélection naturelle ne peut pas avoir un autre sens que celui du 19e siècle, car si on l'applique au niveau culturel tout est artificiel (au sens où on l'entendait du temps de Darwin) ou naturel (selon le degré de profondeur) et le surnaturel ne semble pas exister (deviendrait-il naturel si c'était le cas..). Il conviendrait de parler, pour ceux qui veulent appliquer ce principe en-dehors de la nature sauvage, ou éviter de propager une certaine dualité archaïque, de sélection tout-court.
À mon avis on ajoute naturel à sélection en mémétique pour se donner plus de crédibilité par association à la science (biologie). J'ai l'impression que la mémétique s'en vient de plus en plus un champ de spéculation stérile détaché de la réalité.
Pour se reproduire un mème n'a besoin que d'un support tel un morceau de papier, une bande magnétique, un ordinateur, etc. C'est plus tard qu'intervient la compétition et éventuellement la domination d'un mème plutôt qu'un autre. Mais entre temps ce support matériel a une durée de vie pratiquement infinie, qui repose de un sur a technologie, le hasard et très peu sur une sorte d'adaptation au milieu. Je ne vois pas le lien avec la sélection naturelle. Sinon que tout est sélection et de le dire n'explique rien.
Je m'inquiète de ces dérives dans un champ de pensée associé à un groupe de personnes ayant des liens avec les sciences et de qui rayonne une crédibilité intelectuelle du fait d'avoir été parmi les plus grand pourfendeurs de la religion et du paranormal (tandis que d'autres plus ou moins brillants avaient autre chose à faire, comme par exemple, de la science). Je ressens la même chose quand je vois Cyrille Barrette (par exemple) à la télé y aller de ses théories sociobiologiques non prouvées qu'il tente de faire passer pour de la bio, voire, de la science.
Les types qui "suivent" ces auteurs auraient peut-être le sens critique nécessaire pour analyser ce qu'ils proposent, mais l'autorité de ces derniers en la matière obnubile chez le "disciple" cette faculté. D'un autre côté, ceux qui habituellement critiquent les idées zozotes sont portés à ne pas trop regarder ces trucs d'un oeil critique puisqu'ils viennent du "bon camp" et qu'il y a ailleurs pire comme idée tordue à pourfendre.