Cartaphilus a écrit :Je dois avouer que je n'ai guère compris la subtilité de la
démonstration ; il faut dire que l'auteur de cette
divagation théorie est plutôt avare de détails, notamment dans ce qu'il appelle « la zone douleur » du cerveau
Je ne suis pas certain d'avoir compris moi-même (et l'auteur, donc...). Ce que je pense qu'il dit c'est que si la perception de la douleur est un phénomène subjectif et, donc, que l'on ne perçoit (directement) que la douleur qui nous est propre, c'est qu'il y a: "AUTRE CHOSE, qui a su trouver votre corps parmi des milliards (cf. le corps rouge sur le schéma) qui n’est pas d’ordre physique mais bien d’ordre métaphysique. Quelque chose qui n’appartient PAS au monde sensible !" Donc, si vous vous cognez le petit orteil sur le pied du lit, ça appelle - on ne sait pas comment - une sorte de "démon de la douleur" qui vient vous faire sentir mal. La logique qui relie le caractère subjectif de la douleur et le "démon/esprit/âme/conscience/
whatsoever métaphysique" est plutôt ténue... c'est même franchement un gouffre de pensée magique.
Enfin, son problème fondamental tient en... beaucoup de choses, mais le plus essentiel est qu'il ne comprend pas grand-chose aux mécanismes de la sensation douloureuse et qu'il essaie de greffer de la pata-philosophie (amalgamant points de vue objectif et subjectif) sur cette science mal digérée.
Aparté: sont pas mal, hein, les petits bonshommes avec le squelette qui dépasse du corps musculeux. On voit que l'auteur à de sérieuses connaissances en anatomie
3000 euros, ce n'est pas cher payé quand on voit l'importance du travail à réaliser...
Même s'il me semble facile de mettre le doigt sur où il se trompe*, je suis tout à fait d'accord que le travail d'éducation serait long et pénible. Surtout qu'on peut parier qu'il dispose de
vaseline rhétorique et autres mécanismes de dissonance cognitive pour éviter de comprendre. En fait, il devrait utiliser ses 3000 euros pour prendre des cours.
Ajout: j'ai feuilleté un peu plus son livre "Le corps ne suffit toujours pas!!! (sic)" (on a accès à quelques pages du livre). Il est prétentieux au point qu'on peut se demander si ce n'est pas une manière d'attirer l'attention sur sa petite personne. S'il est sérieux, il est évident que c'est un champion hors catégorie en termes de blocage cognitif: ses contradicteurs sont baptisés "menteurs" ou "fous" (lire le gratiné 1 février 2008, p. 27: "comment dialoguer avec les fous?"), il se demande s'il est le seul sur Terre à comprendre ce qu'est la conscience (25 janvier 2008, p. 23), il est très fier de ses ridicules animations flash (résumé: "Manquent aussi les formidables animations Flash utilisées pour illustrer ma démonstration"), etc.). C'est franchement très céhoenne. Une sorte de Julien pour la prétention et la religiosité, mais en moins intelligent et avec une monomanie légèrement différente.
Il me fait vraiment penser à zaber. Ce dernier était convaincu que le modèle scientifique de la vision n'explique rien: il n'a jamais été clair là-dessus, mais il semblait penser qu'il y avait "AUTRE CHOSE" qui faisait la navette entre l'oeil et l'objet vu. (Je pense que Platon a proposé un modèle semblable pour la vision; mais Platon n'était pas particulièrement à la fine pointe de la science moderne

) Question vaseline rhétorique empêchant la "comprenure", zaber est un excellent exemple.
Jean-François
* Le point le plus illogique n'est pas forcément son "[o]r vérifier une production de douleur, c'est avoir mal", c'est plus:
"Et donc, est-ce que les corps sont capables à eux seuls de fabriquer la douleur?
Si c'était vrai, à chaque fois qu'on frapperait un corps, de la douleur serait produite".
C'est comme si l'auteur pensait qu'une stimulation des centres responsables de la perception de la douleur chez une personne donnée devait produire une douleur généralisée, ressentie aussi par les voisins de cette personne. C'est pourquoi je faisais le rapport avec une stimulation des aires visuelles qui entrainerait l'ouverture de la lumière de la pièce dans laquelle se trouverait le patient.