José, réglons tout cela une fois pour toute (enfin je dis ça mais j'y crois pas trop lol) :
- I -
A) Quelle est pour toi la probabilité d'existence, a priori, d'un phénomène (psi ou non, soyons large,
mais lié quand même à la psychologie) présentant les caractéristiques suivantes :
A1) il est étayé par de nombreux témoignages qui parfois se recoupent.
A2) il est étayé par des études de cas dans des conditions apparement contrôlées (il semble y avoir peu de place pour des biais à lire le compte-rendu, et pourtant le phénomène semble apparaître avec une certaine ampleur)
A3) il est étayé par des expériences dont le protocole tient la route sur le papier.
MAIS :
A4) il n'est supporté par aucun cadre théorique existant, ou alors de manière vague et approximative.
A5) les résultats qui indiquent son existence en A2) et A3) sont difficilement reproductibles :
- la plupart de ceux qui ont une attitude suspicieuse quant à la réalité de ce phénomène ne parviennent pas à le reproduire ;
- beaucoup de ceux qui ont une attitude d'ouverture quant à la réalité de ce phénomène peuvent le reproduire ;
- certains de ceux qui ont une attitude d'ouverture quant à la réalité de ce phénomène ne parviennent pas à le reproduire (je cite ce cas car il me semble que certains "psys" échouent systématiquement ou presque à obtenir des résultats en faveur du "psi"... j'imagine que tu vas me dire que c'est parce qu'ils font bien leur travail

).
B) Pour comparaison quelle est pour toi la probabilité d'existence, a priori, d'un phénomène (psi ou non, soyons large,
mais lié quand même à la psychologie) présentant les caractéristiques suivantes :
B1) Il est étayé par de nombreux témoignages qui parfois se recoupent.
MAIS :
B2) il n'est supporté par aucun cadre théorique existant, ou alors de manière vague et approximative.
(donc, grosso modo, une "preuve" à la Gatti, voire un peu mieux car Gatti semble avoir une conception très personnelle du recoupement de témoignages pour autant que j'ai pu en juger...)
C) Quelle est la probabilité selon toi, pour qu'une personne puisse déterminer (consciemment ou non), sur un nombre d'essais conséquent, et de manière significativement supérieure au hasard, si elle est regardée ou non, à travers
un système CCTV, en utilisant uniquement des sens/stratégies ordinaires (dans le sens d'officiellement reconnus par la science).
D) Enfin, quelle est pour toi la probabilité d'existence, a priori, d'un phénomène présentant les caractéristiques suivantes :
D1) il est étayé par de nombreux témoignages qui parfois se recoupent.
D2) il est étayé par des études de cas dans des conditions apparement contrôlées (il semble y avoir peu de place pour des biais à lire le compte-rendu, et pourtant le phénomène semble apparaître avec une certaine ampleur)
D3) il est étayé par des expériences dont le protocole tient la route sur le papier.
D4) il est supporté précisément par un cadre théorique solide.
D5) les résultats qui indiquent son existence en D2) et D3) sont systématiquement reproductibles, indépendament de l'expérimentateur.
(ex. : à peu près n'importe quel phénomène dont l'existence est officiellement établie par la communauté scientifique comme par exemple :
les transferts de Na+ et de K+ dans les cellules nerveuses pour la transmission de l'influx nerveux ; mais ce n'est pas cet exemple en particulier que je te demande d'évaluer)
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NB : Merci de ne pas trop arrondir. Je suspecte qqch de proche de 0% pour A) et B) et de proche de 100% pour D) mais je voudrais voir tes nuances de gris
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Je vais te donner mes évaluations en premier, dans un esprit "Rédico"
(Rq : Je te donne mes évaluations toutes nues, débarassées des pourcentages en plus ou moins que je pourrais accorder pour des raisons essentiellement subjectives (ex. : je fais confiance à un tel ou à un autre car c'est un ami, j'ai envie que le psi existe, j'ai vécu un truc bizarre, etc.))
A) 0,1%
B) 20%
C) 0,01%
D) 99,9%
- II -
Pourrais-tu m'expliquer/justifier ensuite tes évaluations pour A, B et C et D ?
Pareil, je vais faire de même en premier :
A) Un phénomène qui n'est étayé que par des témoignages et sort des théories établies doit être accueilli avec scepticisme (fraude, fabulation, mésinterprétation, biais de sélection, wishful thinking, etc.), toutefois, on ne peut pas être sûr à 100% que ce phénomène, aussi rare et étrange semble-t-il à première vue n'existe pas. Puisqu'on n'a pas, de plus, d'arguments appuyant sa non-existence (il n'est pas dit qu'il contredit des théories solidement établies, juste qu'il ne rentre pas dans le cadre de ces théories) et puisqu'on constate un certain recoupement au travers des témoignages, je pense qu'une attitude prudente est de lui donner autour d'une chance sur 1000, a priori, d'être vrai. 1/1000 c'est très peu, mais ce n'est pas non plus incommensurablement peu.
B) Un phénomène appuyé par des études de cas et des expériences de labo est déjà bien plus crédible. Les scientifiques aussi peuvent présenter des biais, mais on peut faire l'hypothèse qu'ils en ont une assez grande conscience en moyenne. Toutefois, si le phénomène n'est pas reproductible indépendament de l'expérimentateur, on a raison d'avoir de gros doutes. Cependant, les phénomènes en rapport avec la psychologie sont connus pour être capricieux. Un effet expérimentateur peut être difficile à mettre en évidence et à éliminer. D'autre part, dans plusieurs cas, le protocole est suffisament bien fait pour que les risques de biais soient infimes. Si le phénomène avait un bon cadre théorique, on pourrait facilement lui donner dans les 90% de chances d'être réel (9 chances sur 10, ce n'est pas excessif pour un phénomènes prédit par une théorie solidement établie). En l'absence de cadre théorique, une probabilité de 20% est raisonnable : elle est largement insuffisante pour avoir de bonnes raisons de tenir le phénomène pour réel mais elle rend justice au sérieux des travaux menés.
C) Il me semble qu'il va de soi que l'observé, s'il devait avoir un indice sensoriel, l'aurait en repérant qqch au niveau de la caméra qui est le seul lien entre celui-ci et l'observateur, placé dans une toute autre pièce. Mais une caméra ne transmet des information que dans un seul sens. De plus, bouger la tête n'est pas qqch d'excessivement bruyant (surtout quand on est dans une autre pièce que celle où qqn bouge la tête) et, même si des sujets peuvent avoir l'ouïe fine, il est raisonnable de supposer que la plupart ne sont guère plus performants en audition que les expérimentateurs. Une fuite sensorielle m'apparaît comme contraire à des données solidement établies concernant le fonctionnement de la perception humaine. Si une telle fuite était possible, elle remettrait en cause ce qu'on croit savoir sur la perception, le fonctionnement des caméra, etc. Bien sûr, ce n'est pas impossible à 100% mais c'est hautement improbable et mon 0,01% me parait largement justifié.
D) Un phénomène démontré de manière indépendante par plusieurs équipes pourrait être faux pour les raisons suivantes :
- tout le monde a été biaisé et de la même façon
- il existe une conspiration/un malin génie/etc. visant à faire croire en certaines choses qui sont fausses
Ces hypothèses, quoique très improbables ne peuvent pas être prouvées fausses. Je ne met donc pas 100% mais seulement 99,9%