deynek a écrit :Est-ce faux de dire que parmi les besoins vitaux communs à toutes les espèces: se nourrir, respirer, dormir ; dormir se démarque des deux autres par le fait qu'il ne serve pas à alimenter nos cellules?
C'est mal dit, effectivement. Le sommeil a un côté réparateur qui peut être décrit en termes d'"alimentation". Mais, de toute façon, pourquoi les "besoins vitaux" des organismes concerneraient-ils la seule alimentation des cellules? Par exemple, qu'est-ce que vous faites de la reproduction? C'est un besoin vital qui ne sert pas à "alimenter" les cellules.
Les êtres vivants étant tous composés de cellules on comprend bien qu'il respirent et se nourrissent tous, mais dormir! c'est inventé! une simple complexification cellulaire devrait être capable de passer outre vous ne pensez pas?
Est-ce que vous remarquez que vous faites des passages illogiques entre l'organisme et les cellules qui le composent? Vous parlez des besoins des organismes, puis vous sautez aux cellules comme si les cellules dormaient. Ce changement d'échelle est un des problèmes qui font que votre réflexion est posée sur de mauvaises bases.
C'est sûr que ces mauvaises bases peuvent faciliter le saut vers l'absurde que vous tentez de faire (i.e., "le sommeil ne s'explique pas, donc l'âme existe peut-être"). Elles n'en deviennent pas bonnes pour autant. Si vous voulez voir les choses au niveau cellulaire, décrivez le "sommeil" au niveau cellulaire... vous verrez que la question est plus complexe que vous ne le pensez. (Surtout si vous voulez arriver à greffer votre histoire d'âme là-dessus.)
Bon alors admettons que j'aille trop vite en besogne en parlant de l'âme aux sceptiques chevronnés que vous êtes
Il est fort douteux que vous arriveriez à prouver l'existence de l'âme en raisonnant par la négative comme vous le faites. Ce n'est pas en supposant que l'âme existe, et que c'est la solution par défaut à un manque d'explication, que vous arriverez à grand-chose. Cela ne vous conduira qu'à une pétition de principe, à un défaut de solution.
Si vous voulez prouver l'âme de manière convaincante, il faut faire une démonstration positive. C'est à dire trouver des arguments qui démontrent l'existence de l'âme (que vous aurez préalablement bien définie), et non des arguments qui démontrent une absence d'explication sur un sujet particulier... absence que vous remplissez avec votre concept d'âme, bien flou et modulable à l'infini. Même si votre démonstration du problème était bien faite - ce qui n'est même pas le cas dans votre exemple du sommeil - cela ne voudrait pas dire que la conclusion vers laquelle vous tendez est la bonne.
Par ailleurs, expliquez-moi comment tient votre histoire d'âme dans ce cas-ci (
exemple que j'ai déjà donné):
Si on présente à certaines personnes qui ont subi une section du corps calleux* (un grand faisceau d'axones reliant les deux hémisphères cérébraux) un objet de manière à ce que celui-ci ne soit visible que dans le champs visuel gauche, ces personnes sont capables de pointer dans la direction de l'objet mais incapables de le nommer. Si on présente l'objet de manière à ce qu'il soit visible dans les deux champs la personne est capable de nommer l'objet. L'explication scientifique est que la perception de l'objet est faite au niveau de l'hémisphère droit (qui analyse le champs visuel gauche) mais que les échanges entre les deux hémisphères ayant été interrompu, l'information traitée du côté droit ne parvient pas aux aires, situées du côté gauche, qui servent à la vocalisation (autant donner un nom que l'énoncer verbalement).
J'insiste sur quelques points:
- la personne est consciente;
- la personne voit;
- la personne est capable de nommer l'objet;
Si l'âme existait et était bien connectée au cerveau, par on ne sait quel moyen, elle aurait
en tout temps a) l'accès aux informations visuelles et b) la capacité de nommer les objets. Il m'apparaît donc
incompréhensible que la personne callosotomisée ne soit pas capable de nommer l'objet.
Généralement, quand je donne cet exemple, les partisans de l'âme n'offrent pas d'explication solide. Au mieux**, j'obtiens un vague "je suppose que le cerveau doit être intact pour que l'âme se manifeste correctement". Sauf que cela ne répond à rien: la personne est consciente donc l'âme, censée être à l'origine de cette conscience, devrait se manifester.
Jean-François
* Une callosotomie dans le jargon neurologique.
** Au pire, j'obtiens un discours parfaitement irrationnel, tout en spéculations absurdes.