de_passage a écrit :Nablator ce n'est pas une "légende JPP", tu te fais peut être de la Science , plus exactement de la communauté scientifique, une image trop idéalisée, trop parfaite. Ce sont aussi des hommes, imparfaits, avec des egos, des budgets à défendre, des mesquineries, des comportements motonniers. Comme ailleurs, comme partout. Ne pas négliger cela.
Oui, mais de là à suggérer qu'il n'y a que le lobby anti-ovni et un effet de mode expliquent l'absence d'intérêt pour le modèle gémellaire...
Le modèle gémellaire ne me parait pas plus ad hoc que les modèles consensuels à la mode.
Un univers invisible collé au notre c'est assez lourd comme supposition; il faudrait de très bonnes raisons pour que ça devienne une théorie valable. Or l'observation typique bien connue depuis longtemps, l'aplatissement des courbes de vitesses au pourtour des galaxies ne correspond pas à une densité nulle de matière gémellaire comme le suggère JPP. Le calcul élémentaire montre que les galaxies devraient baigner dans une soupe avec une densité qui ne s'arrête pas d'augmenter fortement plus on s'éloigne du centre d'une galaxie. Or ce gradient de densité n'a aucune explication. La matière gémellaire devrait au contraire se retrouver concentrée bien loin de la matière normale (ce qu'il dit d'ailleurs, en se gardant bien de calculer la densité - incompatible - de matière gémellaire autour d'une galaxie). Il y a bien une possibilité, c'est que le gradient constaté corresponde à une bête pression gazeuse, l'univers gémellaire étant supposé être très "jeune" et chaud. J'ai fait des calculs là dessus et trouvé que la température doit varier énormément et sans se stabiliser asymptotiquement pour qu'il y ait un équilibre entre la pression et la répulsion matière normale - matière gemellaire. Ce n'est pas crédible, il ne doit pas y avoir de densités importantes de matière gémellaire aussi proche d'une galaxie, ni de transfert de chaleur important dans un milieu raréfié, éclairé par rien. Si j'avais trouvé un équilibre possible avec une température proche d'une constante, ça aurait été intéressant, mais non.
Deuxième vérification, la forte augmentation de densité (déduites) de matière noire au centre des galaxies, le profil "cuspy" ne correspondent à rien dans le modèle de JPP. Ce n'est pas comme si la matière gémellaire pouvait être en orbite autour du centre de la galaxie, il n'y a rien pour la retenir.
Ensuite j'ai fait des calculs concernant les formes de galaxies, censées être expliquées aussi par l'univers gémellaire (selon les Ummites !). Il y a des zones bien séparées, caractérisées par les valeurs propres de la matrice des nabla² du potentiel (d'où le début de mon pseudo). La trace de cette matrice diagonalisée, somme des valeurs propres, c'est le laplacien, dans l'équation de Poisson \nabla^2 \phi = 4 \pi G \rho mais les signes des valeurs propres et les vecteurs propres associés donnent des directions privilégiées de la dispersion ou condensation. Jusque là c'est intéressant, mais là ou ça se gâte, c'est que les zones sont immenses, définies par les lacunes "trous" vides qui seraient en fait remplis de matière gémellaire, et toutes les galaxies proches, d'un même amas, devraient être influencées de la même manière, ce qui n'est manifestement pas le cas... Dommage.
Voilà, ce sont des vérifications élémentaires que j'ai faites, en me basant sur le modèle tout simple de JPP, sans complications. Ce sont des vieux souvenirs, je n'ai plus les détails en tête, j'ai perdu mes notes de calcul après deux déménagements, mais je les retrouverai peut-être un jour.
Il me plaisait bien, le modèle gémellaire. Le seul "petit" problème c'est qu'il n'explique pas convenablement la matière sombre. L'énergie sombre à la rigueur, peut-être, et la structure à grande échelle avec les trous gigantesques. Et encore... on a maintenant des mesures précises des densités de matière noire (par la déviation de la lumière des galaxies plus lointaines) dans des zones où il n'y a apparemment "rien". Cette matière noire, ce serait des trous dans l'univers gémellaire, du vide inexpliqué dans l'interprétation de JPP.
Mais pas la vitesse de rotation des étoiles autour des galaxies, ni la vitesse de rotation des galaxies dans les amas de galaxies. JPP s'en est forcément aperçu, et a manifestement évité tout calcul (pourtant élémentaire) qui permet de vérifier la cohérence de son modèle avec ce qu'on sait.
En particulier la distribution "acceptée" de matière sombre (totalement hypothétique et jamais prouvée) est tout aussi ad hoc. On le dépose ici et là, à l'endroit et avec la quantité exactement nécessaire pour faire "fitter" les modèles avec les observations.
Tout à fait. C'est bien pour ça que le problème de la nature de la matière noire (ou sombre je ne sais pas bien ce qu'il faut dire) n'est toujours pas résolu.
Mais puisque tu dis avoir erfait les calculs toi même peux-tu m'indiquer où je pourrais lire tes/des réfutations de toutes ces erreurs grossières qui sauteraient aux yeux ? Je n'ai probablement pas le niveau mais je suis curieux, sincèrement d'essayer de voir ça.
Il n'y a pas d'erreur, il y a une absence (volontaire à mon avis) de vérification élémentaires et un aveuglement digne de Claude Poher avec ses universons.
Je me rappelle l'initiative qu'il avait lancé de faire un simulateur d'univers en réseau. Ca a été un flop total parce qu'aucun des participants n'avait de notions sur comment le faire fonctionner en minimisant les erreurs (théorème du Viriel, conservation de l'énergie), et surtout comment le paralléliser. Avant de faire une simulation dynamique, des petits calculs auraient suffi à montrer les problèmes. Mais il a choisi de rester sur des schémas qualitatifs simplistes pour garder ses illusions.
J'ai beaucoup appris grâce à JPP, excellent vulgarisateur. J'ai beaucoup apprécié son bouquin
on a perdu la moitié de l'univers. Il m'a donné envie de creuser le sujet. Mais je me suis vite aperçu des quelques problèmes que j'évoque ci-dessus. Pour moi JPP est le Dan Brown de la cosmologie. Il donne envie de s'instruire et de comprendre, mais par des biais peu recommandables, présentés comme factuels : théories marginales, conspirations.
Souriau est mathématicien bien sûr. Mais tu n'es pas sans savoir que la physqiue théorique, la cosmologie et plus généralement les domaines de la Science qui tente depuis 30 ans de comprendre la snature et structure intime de la matière et de notre univers sont désoramis indissociables des Mathématiques. L'une ne marche plus sans l'autre désormais.
Heureusement que JPP ne fait pas de la RG sans Maths ! De là à dire qu'il se base sur les travaux de Souriau, je ne vois pas bien où. La théorie des groupes en physique ce n'est pas Souriau non plus.
A+