Un nouvel article sceptique sur la PSYCHANALYSE
Publié : 06 juin 2010, 19:08
(Première approximation)
PSYCHANALYSE
Le terme psychanalyse désigne quatre choses : une méthode de recherche; une méthode thérapeutique, une théorie de la personnalité et du développement et un mouvement parascientifique navigant dans le milieu de la psychiatrie et des services psychologiques.
Histoire
La psychanalyse a été fondée par Sigmund Freud au début du 20e siècle et s'est développée sous l'impulsion de ses nombreux élèves. Freud cherchait à répondre aux besoins d'une clientèle de patients qui hantaient les salles d'attente des neurologues et dont les problèmes n'étaient pas neurologiques et ne connaissait pas de traitement. Il a d'abord utilisé la méthode hypnotique pratiquée par le psychiatre français Charcot. Ensuite, il a développé sa propre méthode en s'inspirant de la catharsis de Joseph Breuer1. Elle consistait à écouter ses patients et à faire des liens que Freud soupçonnait exister entre leurs symptômes et des préoccupations "inconscientes" (souvent de nature sexuelle et agressive).
La psychanalyse est aujourd'hui un mouvement parascientifique qui se divise en différentes écoles qui s'opposent sur des questions de théorie ou de pratiques.
1) Jones E (1953) La vie et l'oeuvre de Sigmund Freud
Méthode de recherche
La psychanalyse est une méthode de recherche clinique préscientifique. Le psychanalyste demande à son patient de verbaliser librement tout ce qui lui passe par la tête sans rien censurer. Le psychanalyste reste attentif aux contiguïtés sémantiques et chronologiques entre les différents contenus verbalisés, souvenirs, préoccupations transférentielles, actes manqués, rêves et symptômes manifestes. Il construit ses hypothèses sur l'observation de récurrences de ces contiguïtés chez un même patient et d'un patient à l'autre.
Cette méthode est préscientifique parce que les contiguïtés observées sont largement tributaires de la subjectivité du psychanalyste et ne sont pas directement vérifiables. Les contiguïtés sont des observations abstraites qui ne sont reliables à leur base factuelle (les verbalisations) que subjectivement. Elles se prêtent mal à une opérationnalisation empirique. Les hypothèses psychanalytiques ont peu fait l'objet de recherches expérimentales spécifiques.
Par ailleurs, sur la base de sa propre théorie de l'inconscient, la psychanalyse a développé ses propres considérations épistémologiques sur les obstacles à la connaissance. Ainsi, l'observation des liens serait tributaire des "résistances" (défenses) psychologues de l'observateur. Bien que, pour les psychanalystes, tous les observateurs soient potentiellement porteurs de semblables "résistances", certains psychanalystes sont prompts à en taxer leurs détracteurs et à n'attribuer le rejet des hypothèses psychanalytiques qu'à des mobiles psychologiques inconscients. Ils entrent, de ce fait, dans une "argumentation quasi circulaire" par laquelle ils montrent négativement le bien-fondé de la théorie en se reposant sur la théorie elle-même.
Méthode thérapeutique
La méthode thérapeutique se confond avec la méthode de recherche. Schématiquement, le psychanalyste souligne au patient les liens apparents entre ses verbalisations ou son comportement. Le psychanalyste croit ainsi aider le patient à faire surgir dans le champ de sa conscience des préoccupations jusque-là refoulées et à ainsi libérer les charges qui entretenaient les symptômes.
À une époque où les psychiatres disposaient d'assez peu de moyens pour traiter les troubles mentaux, la "nouvelle thérapie" psychanalytique a été "essayée" pour presque tous les troubles et tous les types de clientèles. Il est assez tôt apparu qu'elle avait un effet bénéfique pour les troubles névrotiques et certains troubles de la personnalité. Il est aussi apparu qu'elle était contre-indiquée pour certaines clientèles et pour certains types de problèmes. Aujourd'hui, pour beaucoup de désordres mentaux, la thérapie psychanalytique rencontre des méthodes concurrentes qui se montrent plus efficaces ou aussi efficaces mais à moindre coût. Elle est encore utilisée cependant parce qu'elle répond à certains types de besoins et de clientèles.
Au plan épistémologique, cependant, l'efficacité relative d'un procédé thérapeutique ne témoigne en rien de la valeur scientifique des hypothèses théoriques qui la sous-tend. Bien que la psychothérapie psychanalytique ait une certaine efficacité et des hypothèses internes cherchant à expliquer son effet thérapeutique, il est tout à fait possible que son efficacité réelle soit attribuable à d'autres facteurs dont les thérapeutes et les patients sont tout à fait inconscients.
Pour une revue de l'état de la question voir:
Leichsenring F, Leibing E.(2007) Psychodynamic psychotherapy: a systematic review of techniques, indications and empirical evidence. Psychol Psychother. 2007 Jun;80(Pt 2):217-28.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17535596
Leichsenring F, Hiller W, Weissberg M, Leibing E. (2006) Cognitive-behavioral therapy and psychodynamic psychotherapy: techniques, efficacy, and indications. Am J Psychother. 2006;60(3):233-59.
Valbak K. (2004) Suitability for psychoanalytic psychotherapy: a review. Acta Psychiatr Scand. 2004 Mar;109(3):164-78
THURIN JM. (2004) Études d'évaluation de l'approche psychodynamique (psychanalytique). In : Psychothérapie : Trois approches évaluées. Expertise collective (O. Canceil, J. Cottraux, B. Falissard, M. Flament, J. Miermont, J. Swendsen, M. Teherani, J.-M. Thurin), Paris, INSERM, 2004
INSERM (2004) " Psychothérapie, trois approches évaluées " - Une Expertise Collective de l'Inserm (dossier de presse - synthèse INSERM - bon de commande )
http://www.legislation-psy.com/IMG/pdf/ ... ychoth.pdf
Théorie de la personnalité et du développement
C'est comme théorie du développement que la psychanalyse traditionnelle a été la plus mise à mal. Freud avait développé son modèle de développement à partir des souvenirs de ses clients, ce qui ne lui offrait qu'une base chancelante. Ce sont ses élèves qui ont d'abord cherché à "compléter" sa théorie en construisant des modèles à partir d'observations directes d'enfants. Avec les décennies, ces modèles se sont ensuite progressivement détachés du modèle original. Certaines écoles se sont même détachées complètement de la psychanalyse pour adopter une méthodologie conforme aux exigences scientifiques rigoureuses. Sur la base d'observations empiriques bien documentées, les modèles actuels montrent que la théorie freudienne était beaucoup trop simple pour rendre compte de la complexité des phénomènes observables au cours du développement. Elle ne semble mettre en lumière qu'une "ligne de développement" bien spécifique (le développement psychosexuel). Contrairement à ce que croyait Freud, le reste du développement psychologique ne se subsume pas à cette ligne de développement.
Comme théorie de la personnalité et du fonctionnement psychique adulte, cependant, la psychanalyse est encore considérée avec attention. Bien que critiquée comme préscientifique par beaucoup de chercheurs et de cliniciens, elle est encore enseignée et utilisée parce qu'elle propose une explication sensée des phénomènes observables en clinique. Par exemple, on ne connaît pas de modèle aussi pratique pour expliquer des phénomènes comme les mécanismes de défense (déni, projection, clivage, dénégation, etc...) que les psychiatres de toutes écoles sont bien obligés de constater. Il en va de même pour les manifestations transférentielles et contre-transférentielles de base qui font parti de la formation de n'importe quelle psychothérapeute de toute école. Comme il n'y a pas de théorie de la personnalité concurrente avec un aussi large spectre, la psychanalyse gagne donc encore "par forfait".
Au plan épistémologique, cependant, l'utilité "intellectuelle" de la théorie psychanalytique ne témoigne en rien de sa valeur scientifique. La théorie psychanalytique est une architecture complexe qu'il est presque impossible de relier avec sa base empirique à partir de la littérature savante. Les psychanalystes doivent faire l'expérience de l'auto-analyse et des analyses supervisées pour se mettre en contact avec les faits empiriques sous-jacents ce qui introduit des biais épistémologiques potentiellement vicieux.
Critiques
La psychanalyse et son fondateur ont été les objets de critiques nombreuses et vives.
Dans le registre épistémologique, le fait que la littérature savante psychanalytique mette rarement ses hypothèses en lien avec les observations dont elles sont issues enlève à la psychanalyse toute apparence empirique. Et le fait que les "chercheurs" psychanalystes soient contraint de transiter par la technique pour se mettre en rapport avec les observations n'arrange pas les apparences.
D'un point de vue épistémologique, toujours, c'est surtout en référence au critère de Popper1 que l'on reproche à la psychanalyse sont absence de "falsifiabilité". Comme nous l'avons vue plus haut, le fait que les psychanalystes présument l'existence de résistances à la connaissance des liens les expose à des arguments circulaires dans lesquels plusieurs sont tombés. Par contre, il est exagéré de dire que les hypothèses psychanalytiques sont infalsifiables dans leur substance. Elles peuvent être mises à l'épreuve de façon externe par la vérification d'hypothèses concurrentes. Mais cela ne fait par pour autant de la psychanalyse une science puisque, justement, ce n'est pas par sa démarche interne que vient la vérification ou la falsification. Cette dépendance à des critères externes montre encore une fois toutes les limites de sa méthode de recherche.
Dans le registre ontologique, c'est l'étroitesse et le simplisme de ses présupposés sur le déterminisme et dynamisme psychique. C'est sur ce terrain que des modèles scientifiques concurrents se sont montré capable d'expliquer plus et mieux (développement de l'enfant, rêves, symptômes dissociatifs, atteinte neurologique, trouble psychiatrique héréditaire, etc) que ne le font les modèles psychanalytiques orthodoxes.
Plus récemment, des spécialistes particulièrement compétents2 ont mis à mal le travail de Freud lui-même. Ils ont montré que plusieurs indices laissaient croire que Freud avait maquillé certains de ses "histoires de cas" pour ses fins propres, jetant ainsi le discrédit sur le père de la psychanalyse et soulevant des doutes sur la valeur de l'ensemble de son oeuvre.
Des critiques légitimes ont finalement été adressés certains auteurs et acteurs qui agissent en se revendiquant de la psychanalyse. Ces comportements abusifs peuvent toujours êtres expliqués par une méconnaissance des acteurs ou par leurs propres troubles mentaux, mais il n'en demeure pas moins que l'absence de systématisation de la démarche psychanalytique ouvre en elle-même toutes grandes les portes à de semblables abus.
Les autres critiques adressées à Freud ou à la psychanalyse sont de nature, politiques, religieuses et morales ou se construisent sur des arguments tendancieux ou contradictoires qui montrent l'ignorance de l'objet de la critique ou une mauvaise fois qui jettent plus le discrédit sur leurs auteurs que sur la psychanalyse elle-même.
1) Karl Popper, Conjectures et réfutations et Le Réalisme et la science
2) Par exemple: Mikkel Borch-Jacobsen (Souvenirs d'Anna O.: une mystification centenaire, 1996; Folies à plusieurs : de l'hystérie à la dépression, 2002. Le Livre noir de la psychanalyse, 2005)
PSYCHANALYSE
Le terme psychanalyse désigne quatre choses : une méthode de recherche; une méthode thérapeutique, une théorie de la personnalité et du développement et un mouvement parascientifique navigant dans le milieu de la psychiatrie et des services psychologiques.
Histoire
La psychanalyse a été fondée par Sigmund Freud au début du 20e siècle et s'est développée sous l'impulsion de ses nombreux élèves. Freud cherchait à répondre aux besoins d'une clientèle de patients qui hantaient les salles d'attente des neurologues et dont les problèmes n'étaient pas neurologiques et ne connaissait pas de traitement. Il a d'abord utilisé la méthode hypnotique pratiquée par le psychiatre français Charcot. Ensuite, il a développé sa propre méthode en s'inspirant de la catharsis de Joseph Breuer1. Elle consistait à écouter ses patients et à faire des liens que Freud soupçonnait exister entre leurs symptômes et des préoccupations "inconscientes" (souvent de nature sexuelle et agressive).
La psychanalyse est aujourd'hui un mouvement parascientifique qui se divise en différentes écoles qui s'opposent sur des questions de théorie ou de pratiques.
1) Jones E (1953) La vie et l'oeuvre de Sigmund Freud
Méthode de recherche
La psychanalyse est une méthode de recherche clinique préscientifique. Le psychanalyste demande à son patient de verbaliser librement tout ce qui lui passe par la tête sans rien censurer. Le psychanalyste reste attentif aux contiguïtés sémantiques et chronologiques entre les différents contenus verbalisés, souvenirs, préoccupations transférentielles, actes manqués, rêves et symptômes manifestes. Il construit ses hypothèses sur l'observation de récurrences de ces contiguïtés chez un même patient et d'un patient à l'autre.
Cette méthode est préscientifique parce que les contiguïtés observées sont largement tributaires de la subjectivité du psychanalyste et ne sont pas directement vérifiables. Les contiguïtés sont des observations abstraites qui ne sont reliables à leur base factuelle (les verbalisations) que subjectivement. Elles se prêtent mal à une opérationnalisation empirique. Les hypothèses psychanalytiques ont peu fait l'objet de recherches expérimentales spécifiques.
Par ailleurs, sur la base de sa propre théorie de l'inconscient, la psychanalyse a développé ses propres considérations épistémologiques sur les obstacles à la connaissance. Ainsi, l'observation des liens serait tributaire des "résistances" (défenses) psychologues de l'observateur. Bien que, pour les psychanalystes, tous les observateurs soient potentiellement porteurs de semblables "résistances", certains psychanalystes sont prompts à en taxer leurs détracteurs et à n'attribuer le rejet des hypothèses psychanalytiques qu'à des mobiles psychologiques inconscients. Ils entrent, de ce fait, dans une "argumentation quasi circulaire" par laquelle ils montrent négativement le bien-fondé de la théorie en se reposant sur la théorie elle-même.
Méthode thérapeutique
La méthode thérapeutique se confond avec la méthode de recherche. Schématiquement, le psychanalyste souligne au patient les liens apparents entre ses verbalisations ou son comportement. Le psychanalyste croit ainsi aider le patient à faire surgir dans le champ de sa conscience des préoccupations jusque-là refoulées et à ainsi libérer les charges qui entretenaient les symptômes.
À une époque où les psychiatres disposaient d'assez peu de moyens pour traiter les troubles mentaux, la "nouvelle thérapie" psychanalytique a été "essayée" pour presque tous les troubles et tous les types de clientèles. Il est assez tôt apparu qu'elle avait un effet bénéfique pour les troubles névrotiques et certains troubles de la personnalité. Il est aussi apparu qu'elle était contre-indiquée pour certaines clientèles et pour certains types de problèmes. Aujourd'hui, pour beaucoup de désordres mentaux, la thérapie psychanalytique rencontre des méthodes concurrentes qui se montrent plus efficaces ou aussi efficaces mais à moindre coût. Elle est encore utilisée cependant parce qu'elle répond à certains types de besoins et de clientèles.
Au plan épistémologique, cependant, l'efficacité relative d'un procédé thérapeutique ne témoigne en rien de la valeur scientifique des hypothèses théoriques qui la sous-tend. Bien que la psychothérapie psychanalytique ait une certaine efficacité et des hypothèses internes cherchant à expliquer son effet thérapeutique, il est tout à fait possible que son efficacité réelle soit attribuable à d'autres facteurs dont les thérapeutes et les patients sont tout à fait inconscients.
Pour une revue de l'état de la question voir:
Leichsenring F, Leibing E.(2007) Psychodynamic psychotherapy: a systematic review of techniques, indications and empirical evidence. Psychol Psychother. 2007 Jun;80(Pt 2):217-28.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17535596
Leichsenring F, Hiller W, Weissberg M, Leibing E. (2006) Cognitive-behavioral therapy and psychodynamic psychotherapy: techniques, efficacy, and indications. Am J Psychother. 2006;60(3):233-59.
Valbak K. (2004) Suitability for psychoanalytic psychotherapy: a review. Acta Psychiatr Scand. 2004 Mar;109(3):164-78
THURIN JM. (2004) Études d'évaluation de l'approche psychodynamique (psychanalytique). In : Psychothérapie : Trois approches évaluées. Expertise collective (O. Canceil, J. Cottraux, B. Falissard, M. Flament, J. Miermont, J. Swendsen, M. Teherani, J.-M. Thurin), Paris, INSERM, 2004
INSERM (2004) " Psychothérapie, trois approches évaluées " - Une Expertise Collective de l'Inserm (dossier de presse - synthèse INSERM - bon de commande )
http://www.legislation-psy.com/IMG/pdf/ ... ychoth.pdf
Théorie de la personnalité et du développement
C'est comme théorie du développement que la psychanalyse traditionnelle a été la plus mise à mal. Freud avait développé son modèle de développement à partir des souvenirs de ses clients, ce qui ne lui offrait qu'une base chancelante. Ce sont ses élèves qui ont d'abord cherché à "compléter" sa théorie en construisant des modèles à partir d'observations directes d'enfants. Avec les décennies, ces modèles se sont ensuite progressivement détachés du modèle original. Certaines écoles se sont même détachées complètement de la psychanalyse pour adopter une méthodologie conforme aux exigences scientifiques rigoureuses. Sur la base d'observations empiriques bien documentées, les modèles actuels montrent que la théorie freudienne était beaucoup trop simple pour rendre compte de la complexité des phénomènes observables au cours du développement. Elle ne semble mettre en lumière qu'une "ligne de développement" bien spécifique (le développement psychosexuel). Contrairement à ce que croyait Freud, le reste du développement psychologique ne se subsume pas à cette ligne de développement.
Comme théorie de la personnalité et du fonctionnement psychique adulte, cependant, la psychanalyse est encore considérée avec attention. Bien que critiquée comme préscientifique par beaucoup de chercheurs et de cliniciens, elle est encore enseignée et utilisée parce qu'elle propose une explication sensée des phénomènes observables en clinique. Par exemple, on ne connaît pas de modèle aussi pratique pour expliquer des phénomènes comme les mécanismes de défense (déni, projection, clivage, dénégation, etc...) que les psychiatres de toutes écoles sont bien obligés de constater. Il en va de même pour les manifestations transférentielles et contre-transférentielles de base qui font parti de la formation de n'importe quelle psychothérapeute de toute école. Comme il n'y a pas de théorie de la personnalité concurrente avec un aussi large spectre, la psychanalyse gagne donc encore "par forfait".
Au plan épistémologique, cependant, l'utilité "intellectuelle" de la théorie psychanalytique ne témoigne en rien de sa valeur scientifique. La théorie psychanalytique est une architecture complexe qu'il est presque impossible de relier avec sa base empirique à partir de la littérature savante. Les psychanalystes doivent faire l'expérience de l'auto-analyse et des analyses supervisées pour se mettre en contact avec les faits empiriques sous-jacents ce qui introduit des biais épistémologiques potentiellement vicieux.
Critiques
La psychanalyse et son fondateur ont été les objets de critiques nombreuses et vives.
Dans le registre épistémologique, le fait que la littérature savante psychanalytique mette rarement ses hypothèses en lien avec les observations dont elles sont issues enlève à la psychanalyse toute apparence empirique. Et le fait que les "chercheurs" psychanalystes soient contraint de transiter par la technique pour se mettre en rapport avec les observations n'arrange pas les apparences.
D'un point de vue épistémologique, toujours, c'est surtout en référence au critère de Popper1 que l'on reproche à la psychanalyse sont absence de "falsifiabilité". Comme nous l'avons vue plus haut, le fait que les psychanalystes présument l'existence de résistances à la connaissance des liens les expose à des arguments circulaires dans lesquels plusieurs sont tombés. Par contre, il est exagéré de dire que les hypothèses psychanalytiques sont infalsifiables dans leur substance. Elles peuvent être mises à l'épreuve de façon externe par la vérification d'hypothèses concurrentes. Mais cela ne fait par pour autant de la psychanalyse une science puisque, justement, ce n'est pas par sa démarche interne que vient la vérification ou la falsification. Cette dépendance à des critères externes montre encore une fois toutes les limites de sa méthode de recherche.
Dans le registre ontologique, c'est l'étroitesse et le simplisme de ses présupposés sur le déterminisme et dynamisme psychique. C'est sur ce terrain que des modèles scientifiques concurrents se sont montré capable d'expliquer plus et mieux (développement de l'enfant, rêves, symptômes dissociatifs, atteinte neurologique, trouble psychiatrique héréditaire, etc) que ne le font les modèles psychanalytiques orthodoxes.
Plus récemment, des spécialistes particulièrement compétents2 ont mis à mal le travail de Freud lui-même. Ils ont montré que plusieurs indices laissaient croire que Freud avait maquillé certains de ses "histoires de cas" pour ses fins propres, jetant ainsi le discrédit sur le père de la psychanalyse et soulevant des doutes sur la valeur de l'ensemble de son oeuvre.
Des critiques légitimes ont finalement été adressés certains auteurs et acteurs qui agissent en se revendiquant de la psychanalyse. Ces comportements abusifs peuvent toujours êtres expliqués par une méconnaissance des acteurs ou par leurs propres troubles mentaux, mais il n'en demeure pas moins que l'absence de systématisation de la démarche psychanalytique ouvre en elle-même toutes grandes les portes à de semblables abus.
Les autres critiques adressées à Freud ou à la psychanalyse sont de nature, politiques, religieuses et morales ou se construisent sur des arguments tendancieux ou contradictoires qui montrent l'ignorance de l'objet de la critique ou une mauvaise fois qui jettent plus le discrédit sur leurs auteurs que sur la psychanalyse elle-même.
1) Karl Popper, Conjectures et réfutations et Le Réalisme et la science
2) Par exemple: Mikkel Borch-Jacobsen (Souvenirs d'Anna O.: une mystification centenaire, 1996; Folies à plusieurs : de l'hystérie à la dépression, 2002. Le Livre noir de la psychanalyse, 2005)