carlito a écrit :BeetleJuice a écrit :Bref, c'est très naïf et je ne suis même pas sur que ça parte d'une intention si louable, sachant qu'il s'agit plus ici de punir les banques (qui même si elles ont spéculé, sont loin d'être les seuls responsables de la crise, le comportement irresponsables d'un certain nombre de consommateurs est aussi en cause)
Vous pouvez préciser vôtre pensée?
C'est assez simple. L'économie fonctionne en cercle vicieux/vertueux, ce qui veut dire qu'il n'y a jamais un seul fautif dans le cas d'une crise et un seul bon élève quand les choses s'améliore. La responsabilité des crises et la responsabilité des succès est toujours partagés.
Une crise n'est jamais que le passage d'un cercle vertueux (vertueux dans le sens de "générateur de croissance", il ne s'agit pas ici de moral), à un cercle vicieux, parce que le cercle vertueux arrive au bout de ses capacités et cède sous la pression.
Dans le cas de la crise actuelle, qui est une crise du crédit, les banques sont aussi fautives pour avoir spéculer à outrance que les emprunteurs pour avoir empruntés sans discernement.
Pour faire simple, la crise qu'on dit des sub-prime repose sur une dynamique de crédit facile qui s'est développé dans les années 1980-2000. Les USA et l'Europe ont, pendant ses années là, connue une relative bonne croissance, notamment soutenue par le fort développement de la finance.
Ce développement a entrainé d'important profit dans le monde de la finance qui a permit à celle-ci d'offrir des prêts à des taux assez bas et ça a permit à plein de gens d'emprunter facilement, stimulant encore d'avantage la croissance, permettant aux états eux même de s'endetter à des taux bas.
Là où le cercle vertueux devient vicieux, c'est quand le mécanisme n'arrive plus à augmenter le profit (rendu nécessaire pour continuer à soutenir la croissance et à permettre l'emprunt facile).
Faute de pouvoir encore faire marcher le mécanisme, les banques, pour répondre encore à l'offre de demande d'emprunt à faible taux malgré une croissance en berne, donc un affaiblissement des moyens de leurs clients, ont complexifié leurs produits financiers pour éviter d'entamer leur croissance en devant revenir à des taux d'emprunt plus haut (la pression de la demande étant forte, la première banque à relever ses taux aurait subit une chute évidente de sa clientèle vers d'autres banques plus conciliantes)
Sauf que, à force de tirer sur la corde et de permettre artificiellement aux taux d'emprunt de demeurer bas en racolant une clientèle toujours moins riche, ils ont finit par viser une clientèle réellement trop peu riche pour rembourser, se retrouvant avec des produits financier invendable à nouveau et des tas de saisis de bien tout aussi invendables, provoquant la crise de 2007-2008, qui a ensuite été suivit par la crise des emprunt d'Etat.
En effet, les Etats sont censé se porter garant pour les banques en défauts de paiement, afin d'éviter que les clients ne perdent leur argent. De plus, la faillite des banques signifient aussi d'énorme difficulté pour les entreprises qui dépendent de leurs crédits.
Donc les Etats, pour surtout éviter un effondrement généralisés des banques, ayant un effet désastreux sur l'économie en générale, ont transformé les problèmes des banques en dette d'Etat.
Sauf que, la fin du cercle vertueux de l'emprunt facile a rattrapé les Etat, qui, après s'être endetté fortement en 2007 pour sauver l'économie, se sont retrouvé avec des créanciers qui avaient, eux, tiré les leçons de 2007 et ne voulait plus prêtter d'argent à des taux bas à n'importe qui, vu que la croissance n'était plus là, relevant les taux d'emprunt des Etats les plus faibles parmi ceux qui était jadis de gros emprunteur, provoquant la crise de 2009-2011.
Ce qu'on voit dans tout ça, c'est que la faute n'est pas que celle des banques, qui ont spéculé, certes, pour le profit, mais aussi dans l'optique de maintenir leur croissance et donc leur capacité à fournir des emprunts faciles, emprunts demandés par les consomateurs.
La faute est donc autant
-aux clients des banques, qui, par leur demande de taux faibles, font pression sur les banques qui doivent s'assurer une croissance apte à soutenir cette demande (sans quoi, incapable de la soutenir, les banques perdent fatalement des clients, puis des actionnaires.)
-aux actionnaires de ces banques, qui ont imposé d'avoir d'important dividende (mettant encore plus la pression sur celle-ci pour être en bonne croissance)
-aux gestionnaires des banques, qui ont magouillé pour soutenir cette pression tout en s'assurant quand même un chiffre d'affaire important
Et on pourrait en fait multiplier la liste des fautifs pour y inclure quasiment tout le monde, dans la mesure où c'est un ensemble de comportements économiques, du bas de l'échelle (le consommateur de base, adepte du crédit à la consommation) jusqu'au plus haut (le chef d'un Etat qui veut endetter son pays à un taux bas) en passant par tous les acteurs entres leur deux qui ont promu un système qui ne marche qu'en période de croissance et provoque une crise si on essaie de le continuer quand la croissance est plus faible.
Bien sur, ça n'excuse pas les magouilles, les arnaques et l'immoralité d'activité financière, mais le principal mécanisme de la crise n'est pas ça. Les magouilles, les arnaques, l'immoralité sont d'avantage l'expression de la perpétuation artificielle du mécanisme financier alors que la crise couvent déjà, que le moteur de la crise elle même.
(un calé sur l'économie me corrigera si j'ai dit une connerie).