Yquemener a écrit :mais pessimiste et râleurs, ça ce sont des piliers de l'identité nationale !
Moins pessimiste et râleur qu'éternels insatisfaits.
Et c'est compréhensible.
Toutes l'identité française moderne est battis sur le mythe de l'égalité entre citoyen et de la justice sociale, bien plus que sur celui de liberté. C'est un mythe républicain qui s'est incrusté très profondément dans la société au point de rendre toute manifestation de privilège suspecte, voir intolérable.
Comme l'égalité complète n'est jamais possible dans aucune société que ce soit, les français sont d'éternels insatisfaits de leurs conditions et de la marche de leur pays et plus généralement de l'ordre du monde qu'ils jugent injustes.
Il y a une réelle phobie des privilèges (tout en n'acceptant pas individuellement d'être privée d'un quelconque droit acquis, même s'il est corporatiste...mais une identité nationale est toujours contradictoire de toute manière... au même titre que les américains battissent leur identité sur la liberté individuelle face à l'Etat, mais accepte quand même la peine de mort, par exemple, c'est à dire de donner à l'Etat le droit d'abattre ses citoyens.)
S'ajoute aussi le fait que la France a construit son espace politique sur l'idée de l'homme providentiel, du chef charismatique auquel adhère ou pas le peuple, et moins sur celui d'une représentativité nationale par des élus qui a des relents, pour la France, de caste privilégiée de politiciens (d'où, à mon sens, l'attrait des partis d'extrêmes en France, qui s'affiche comme anti-système et anti-caste politique et anti-privilégié)
De fait, la critique du pouvoir en place et de sa politique est une expression saine de la politique en France et la manif et la grève en sont des pendants, dans la mesure où l'idée est ancrée que la représentativité du peuple n'existe pas vraiment et que si le peuple doit se faire entendre, ce n'est pas par le vote mais en le disant directement au pouvoir en place, forcement suspect d'autoritarisme.
Même si ça semble incompréhensible pour les étrangers qui y voit un peuple de râleurs permanents et incapables de s'exprimer en démocratie autrement que par la manif et la grève, c'est une façon d'envisager le rapport pouvoir/citoyen.
Quand les français arrêteront de râler sur leur dictateur fantasmé, à mon avis, c'est là que la France sera réellement en dictature...