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Re:Inné contre acquis ?


Re: Inné contre acquis ? -- Emmanuel H.
Posted by Sébastien , Dec 14,2000,15:12 Index  Forum

"La part de l'inné n'est pas négligeable. N'est pas Prix Nobel qui veut, même avec un bon apprentissage par exemple."

Je pense que personne ne pourrait prouver cela, ni même son contraire. C'est tellement compliqué, que le mieux que l'on puisse faire, c'est d'identifier les éléments majeurs, comme l'apprentissage. Les 'pédagogiciens' sont les premiers à dire aux enseignants et aux professeurs de ne pas se laisser séduire par les conclusions scientifiques qui conduisent trop facilement vers des interprétations erronées. C'est un peu comme si les recherches en génétiques et en neurologie (neurophysio ou wahtever, toute étude du cerveau en somme) formaient la théorie et que l'art d'enseigner était la pratique. Un domaine où les expérimentateurs (i.e. enseignants et professeurs) ont une gigantesque longueur d'avance sur les théoriciens.

Donc ces derniers par expérimentation peuvent facilement identifier à postériori les éléments favorable au développement d'un individu. Cela comprend tout ce qui touche à l'apprentissage pour le plus grande partie. Le reste on en a parler beaucoup: milieu économique, social, familial, etc. Tout ce qui touche à la génétique ne nous permet pas de faire vraiment de projections ou de prédictions. Ni même, je pense, d'explication. C'est presque la réponse magique, un peu comme les dons. Elle peut par contre éliminer des mythes. Comme par exemple le fait qu'on est démontrer que le cerveau ne cesse pas de se développer après la naissance. Le fait que l'intelligence (le QI*) puisse varier (en mieux ou en pire !), etc. Mais il ne permet pas de dire: ok voyons si cette personne a ce qu'il faut pour faire ci ou ça.

Donc je ne crois pas qu'il sera un jour possible d'utiliser la génétique pour émettre des jugements de valeurs sur des individus. Sur des faits peut-être (i.e. l'identification des criminels par leur code génétique, du genre: " Oui monsieur X, vous étiez là car les prélèvement de sang pris sur la vitime sont en accord avec les prises de sang faites sur vous, donc vous étiez là " et non pas " Nous lisons ici dans votre code génétique que vous êtes un méchant homme ! `A la chaise !"), mais pas sur des états de conscience ou d'esprit, sur la moralité ou sur l'être.

Un être se défini par ses actions, pas sur ces 'potentiels de ci ou ça'. Je ne crois pas qu'il existe un seul être sur terre qui n'a pas à faire d'effort pour être morale. Il serait naïf de croire le contraire, à mon avis.

Alors pour répondre à la question : "qu'est-ce qui caractérise un criminel en puissance ?" Je répondrais rien d'autre que ses actions. La façon de penser ne peut pas être légiféré, que ce soit au sens morale ou éthique ni même légal. La façon d'agir peut l'être. La bonne question devrait être "qu'est-ce qui pousse un criminel en puissance à agir de la sorte ?" Tous et chacun est susceptible de devenir criminel. Qu'elle soit génétique ou non, n'importe qui pourrait être sujet à une crise de folie, par exemple.

En conclusion, je dirais qu'il faut faire bien attention de ne pas trop accorder d'importance à la génétique dans la détermination et le développement d'une personne. Si je ne m'abuse les plus récentes découvertes en génétique tendent à dire que ces gènes ne nous définissent pas, mais qu'elles nous limites. Ce qui constitue une grande nuance. Ces découvertes tendent à dire que ces limites sont plutôt propres à l'espèce qu'à l'individu. Mais encore une fois, il faut faire bien attention de ne pas prendre ces indices pour des faits scientifiques. Il s'agit plutôt d'interprétation plus ou moins gratuite de faits scientifiques. Notre avenir n'est pas écrit sur une chaîne d'ADN. Et le système qui le définit est si complexe qu'il s'apparente beaucoup plus à un modèle aléatoire qu'à un modèle détreministe. Mais ce hasard, bien qu'incontrôlable peut être influencé positivement ou négativement. La sagesse (donc la réflexion et le plus grand bagage de connaissances qu'il est possible d'amasser) permet de choisir le positif plutôt que le négatif. Que chaque désision voit tout les facteurs connu l'influencer différemment de n'importe quelle autre décision, et que chacun de nos choix influence notre vie beaucoup plus qu'on ne le pense.

Ok je vous invite à faire la part des choses dans ce message constitué d'à peu près autant d'opinions que de faits. Mais sachez que certaines idées lancées ici m'ont étés inspirées (ou provienne directement dans certains cas) de la lecture de la revue "vie pédagogique" alors il n'y a pas que magie et science infuse dans ce message.

* Le QI est effectivement culturellement déterminé, c'est-à-dire que pour mesurer le QI, d'une culture à l'autre, il faut changer le test car cette notion n'est que trop vague (cela ne signifie évidemment pas que certaines cultures ont en moyenne un moins bon QI que d'autres, cela signifie seulement que la notion d'itteligence est fortement lié à la culture que l'on considère. Autrement dit les formes d'intellectualité sont propres à la culture. Encore dit différement: il n'existe pas d'échelle absolue de mesure de l'intelligence. L'intelligence est cette capacité d'utiliser ses connaissances antérieurs pour faire face à une situation, ou une problématique nouvelle. N'oublions pas aussi que la pédagogie est une science humaine, et qu'au niveau épistémologique et au niveau des sciences fondamentales, elle vaut ce qu'elle vaut. Et j'ajouterais même 'intrinsèquement'.


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